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Scène première |
Le thèâtre représente une cour intérieur du palais d'Atar. Au milieu est un bûcher; au pied du bûcher, un billot, des chaînes, des haches, des massues, et autres instruments d'un supplice. Atar, Eunuques, Suite. |
Q
Atar, Eunuques, Un eunuque, Suite
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| (Atar examine avec avidité le bûcher et tous les apprêts du supplice de Tarare.) | |
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ATAR
Fantôme vain ! idole populaire,
dont le nom seul excitait ma colère,
Tarare !... enfin tu mourras cette fois !
Ah ! pour Atar, quelle bien céleste,
d'immoler l'objet qu'il déteste,
avec le fer souple des loix !
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ATAR |
(aux Eunuques)
Trouve-t-on Calpigi ?
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UN EUNUQUE |
Seigneur, on suit sa trace.
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ATAR |
A qui l'arrêtera, je donnerai sa place.
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| (Les Eunuques sortent en courant.) | Eunuques, Un eunuque ->
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Scène deuxième |
Atar, Arthénée. Deux files des prêtres le suivent; l'une en blanc, dont le premier prêtre porte un drapeau blanc, où sont écrits, en lettres d'or, ces mots: la vie. L'autre file de prêtres est en noir, couverte de crêpes, dont le premier prêtre porte un drapeau noir, où sont écrits ces mots, en lettres d'argent: la mort |
<- Arthénée, Prêtres
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ARTHÉNÉE |
(s'avance, bien sombre)
Que veux-tu, roi d'Ormus ? et quel nouveau malheur
te force d'arracher un père à sa douleur ?
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ATAR |
Ah ! si l'espoir d'une prompte vengeance
peut l'adoucir, reçois-en l'assurance.
Dans mon serrail on a surpris
l'affreux meurtrier de ton fils.
Je tiens la victime enchaînée,
et veux que par toi-même elle soit condamnée.
Dis un mot, le trépas l'attend.
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ARTHÉNÉE |
Atar, c'était en l'arrêtant...
sans avoir l'air de la connaître,
il fallait poignarder le traître:
je tremble qu'il ne soit trop tard !
Chaque instant, le moindre retard,
sur ton bras peut fermer le piège.
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ATAR |
Quel démon, quel dieu le protège ?
Tout me confond de cette part !
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ARTHÉNÉE |
Son démon, c'est une âme forte,
un cœur sensible et généreux,
que tout émeut, que rien n'emporte;
un tel homme est bien dangereux !
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Scène troisième |
Atar, Arthénée, Tarare enchaîné, Soldats, Esclaves, Suite, Prêtres de la vie et de la mort. |
<- Tarare, Soldats, Esclaves
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ATAR |
Approche, malheureux ! viens subir le supplice,
qu'un crime irrémissible arrache à ma justice.
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TARARE |
Qu'elle soit juste ou non, je demande la mort.
De tes plaisirs j'ai violé l'asile,
sans y trouver l'objet d'une audace inutile,
mon Astasie !... O ce fourbe Altamort !
Il l'a ravie à mon séjour champêtre,
sans la présenter à son maître !
trahissant tout, honneur, devoir...
il a payé sa double perfidie;
mais ton Irza n'est point mon Astasie.
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ATAR |
(avec fureur)
Elle n'est pas en mon pouvoir ?
(Aux Eunuques.)
Que l'on m'amène Irza. Si ta bouche en impose,
je la poignarde devant toi.
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TARARE |
La voir mourir est peu de chose;
tu te puniras, non pas moi.
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ATAR |
De sa mort la tienne suivie...
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TARARE |
(fièrement)
Je ne puis mourir qu'une fois.
Qu'en je m'engageai sous tes lois,
Atar, je te donnai ma vie;
elle est toute entière à mon roi;
au lieu de la perdre pour toi,
c'est par toi qu'elle m'est ravie.
J'ai rempli mon sort, suis ton choix;
je ne puis mourir qu'une fois.
Mais souhaite qu'un jour ton peuple te pardonne.
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ATAR |
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TARARE |
Il s'en étonne !
Roi féroce ! as-tu donc compté,
parmi les droits de ta couronne,
celui du crime et de l'impunité ?
Ta fureur ne peut se contraindre,
et tu veux n'être pas haï !
Tremble d'ordonner...
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ATAR |
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TARARE |
De te voir toujours obéi;
jusqu'à l'instant où l'effrayante somme
de tes forfaits déchaînant leur courroux...
tu pouvais tout contre un seul homme;
tu ne pourras rien contre tous.
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ATAR |
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| (Les Esclaves l'entourent. Tarare va s'assessoir sur le billot, au pied du bûcher, la tête appuyé sur ses mains, et ne regard plus rien.) | |
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Scène quatrième |
Astasie voilée, Atar, Arthénée, Tarare, Spinette, Esclaves des deux sexes, Soldats. |
<- Astasie, Spinette
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ATAR |
(à Astasie)
Ainsi donc, abusant de vos charmes,
fausse Irza, par de feintes larmes,
vous triomphiez de me tromper ?
Je prétends, avant de frapper,
savoir comment ma puissance jouée...
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SPINETTE |
Une esclave fidèle, hélas ! substituée,
innocemment causa le désordre et l'erreur.
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TARARE (à part) |
(tenent sa tête dans ses mains)
Ah ! cette voix me fait horreur !
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ATAR |
Il est donc vrai, cet échange funeste !
j'adorais sous le nom d'Irza...
(À Astasie.)
Va, malheureuse, je déteste
l'indigne amour qui pour toi m'embrasa.
A la rigueur des loix, avec lui, sois livrée !
(Au grand prêtre.)
Pontife, décidez leur sort.
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ARTHÉNÉE |
Ils sont jugés: levez l'étendard de la mort.
De leurs jours criminels la trame est déchirée.
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Le grand prêtre déchire la bannière de la vie. Le prêtre en deuil éleve la bannière de la mort. On entend un bruit funèbre d'instruments déguisés. | |
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| (Astasie se jette à genuox, et prie pendant le chœur. On apporte au grand-prêtre le livre des arrêts, couvert d'un crêpe. Il signe l'arrêt de mort. Deux enfants en deuil lui remettent chacun un flambeau. Quatre prêtres en duil lui présentent deux grands vases pleins d'eau lustrale. Il éteint dans ces vases le deux flambeaux en les renversant. | |
| Pendant ce tems, les prêtres de la vie se retirent en silence. Le drapeau de la vie déchiré, traîne a terre.) | |
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CHŒUR FUNÈBRE DES ESCLAVES |
Avec tes décrets infinis,
grand dieu, si ta bonté s'accorde,
ouvre à ces coupables punis
le sein de ta miséricorde !
| S
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ARTHÉNÉE |
(prie)
Brama ! de ce bûcher, par la mort réunis,
ils montent vers le ciel; qu'ils n'en soient point bannis !
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| (Astasie se releve, et s'avance au bûcher, où Tarare est abîmé de douleur.) | |
ASTASIE (à Tarare) |
Ne m'impute pas, étranger,
ta mort que je vais partager.
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TARARE |
(se releve avec feu)
Qu'entends-je ? Astasie !
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ASTASIE |
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| (Ils se jettent dans les bras l'un de l'autre.) | |
ARTHÉNÉE |
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ATAR |
(furieux)
Qu'on les sépare.
Qu'un seul coup les fasse périr.
Non... C'est trop tôt briser leurs chaînes;
ils seraient heureux de mourir.
Ah ! je me sens altéré de leurs peines,
et j'ai soif de les voir souffrir.
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ASTASIE
(avec dédain, au roi)
Ô tigre ! mes dédains ont trompé ton attente,
et, malgré toi, je goûte un instant de bonheur:
j'ai bravé ta faim dévorante,
le rugissement de ton cœur.
Pour prix de ta lâche entreprise,
vois, Atar, je l'adore, et mon cœur te méprise.
(Elle embrasse Tarare.)
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ATAR |
(vivement aux Soldats)
Arrachez-la tous de ses bras.
Courez. Qu'il meure et qu'elle vive !
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ASTASIE |
(tire un poignard, qu'elle approche de son sein)
Si quelqu'un vers lui fait un pas,
je suis morte avant qu'il arrive.
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ATAR |
(aux Soldats)
Arrêtez-vous !
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ASTASIE, TARARE, ATAR |
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TARARE, ASTASIE |
Encore une minute,
et notre amour constant
ne sera plus en butte
aux coups d'un noir sultan.
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| (Les Soldats font un mouvement.) | |
ATAR |
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ASTASIE |
Je me frappe à l'instant
que sa loi s'exécute.
Sur ton cœur palpitant,
tu sentiras ma chute,
et tu mourras content.
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ATAR |
O rage ! affreux tourment !
C'est moi, c'est moi qui lutte,
et leur cœur est content.
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ASTASIE |
Sur ton cœur palpitant
tu sentiras ma chute,
et tu mourras content.
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TARARE |
Sur mon cœur palpitant
je sentirai ta chute,
et je mourrai content.
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Scène cinquième |
Acteurs précédents, une Foule d'esclaves des deux sexes, accourt avec frayeur, et se serre à genoux autour d'Atar. |
<- Foule d'esclaves
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CHŒUR D'ESCLAVES EFFRAYÉS
Atar, défends-nous, sauve-nous.
Du palais la garde est forcée;
du serrail la porte enfoncée.
Notre asyle est à tes genoux;
ta milice en fureur redemande Tarare.
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Scène sixième |
Les précédents, toute la Milice le sabre à la main, Calpigi, Urson. |
<- La milice, Calpigi, Urson, Un eunuque
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| (Les prêtres de la mort se retirent.) | |
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CHŒUR DE SOLDATS
(furieux. Ils renversent le bûcher)
Tarare, Tarare, Tarare;
rendez-nous notre général.
Son trépas, dit-on, se prépare.
Ah ! s'il reçoit le coup fatal,
nous en punirons ce barbare.
(Ils s'avancent vers Atar.)
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TARARE |
(enchaîné, écarte les Esclaves)
Arrêtez, soldats, arrêtez.
Quel ordre ici vous a portés ?
Ô l'abominable victoire !
On sauverait mes jours, en flétrissant ma gloire !
Un tas de rebelles mutins
de l'état ferait les destins !
Est-ce à vous de juger vos maîtres ?
N'ont-ils soudoyé que des traîtres ?
Oubliez-vous, soldats, usurpant le pouvoir,
que le respect des rois est le premier devoir ?
Armes bas, furieux ! votre empereur vous casse.
(Ils se jettent tous à genoux.)
Seigneur, ils sont soumis; je demande leur grâce.
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ATAR |
(hors de lui)
Quoi ! toujours ce fantôme entre mon peuple et moi !
(aux Soldats.)
Défenseurs du serrail, suis-je encore votre roi ?
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UN EUNUQUE |
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CALPIGI |
(le menace du sabre)
Non.
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TOUS LES SOLDATS |
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TOUT LE PEUPLE |
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CALPIGI |
(montrant Tarare)
C'est lui.
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TARARE |
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LES SOLDATS |
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TOUT LE PEUPLE |
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ATAR |
(avec désespoir, à Tarare)
Monstre !... Ils te sont vendus... Règne donc à ma place.
(Il se poignarde, et tombe.)
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TARARE |
(avec douleur)
Ah ! malheureux !
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ATAR |
(se releve dans les angoisses)
La mort est moins dure à mes yeux...
que de régner par toi... sur ce peuple odieux.
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| (Il tombe mort dans les bras des Eunuques, qui l'emportent. Urson les suit.) | Urson, Un eunuque, Atar ->
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Scène septième |
Les acteurs précédents, excepté Atar et Urson. |
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CALPIGI |
(crie au peuple)
Tous les torts de son règne, un seul mot les répare:
il laisse le trône à Tarare.
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TARARE |
(vivement)
Et moi je ne l'accepte pas.
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CHŒUR GÉNÉRAL |
(exalté)
Tous les torts de son règne, un seul mot les répare:
il laisse le trône à Tarare.
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TARARE
(avec dignité)
Le trône est pour moi sans appas:
je ne suis point né votre maître.
Vouloir être ce qu'on n'est pas,
c'est renoncer à tout ce qu'on peut être.
Je vous servirai de mon bras:
mais laissez-moi finir en paix ma vie
dans la retraite avec mon Astasie.
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| (Il lui tend les bras, elle s'y jette.) | |
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Scène huitième |
Les acteurs précédents, Urson tenant dans sa main la couronne d'Atar. |
<- Urson
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URSON |
(prend la chaiîne de Tarare)
Non, par mes mains, le peuple entier
te fait son noble prisonnier:
il veut que de l'état tu saisisses les rênes.
Si tu rejetais notre foi,
nous abuserions de tes chaînes
pour te couronner malgré toi.
(Au grand- prêtre.)
Pontife, à ce grand homme, Atar lègue l'Asie;
consacrez le seul bien qu'il ait fait de sa vie:
prenez le diadème, et réparez l'affront
que le bandeau des rois a reçu de son front.
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ARTHÉNÉE |
(prenant le diadème des mains d'Urson)
Tarare, il faut céder !
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TOUT LE PEUPLE |
(s'écrie)
Tarare, il faut céder !
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ARTHÉNÉE |
Leurs désirs sont extrêmes
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TOUT LE PEUPLE |
Nos désirs sont extrêmes.
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ARTHÉNÉE |
Sois donc le roi d'Ormus.
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TOUT LE PEUPLE |
Sois, sois le roi d'Ormus.
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ARTHÉNÉE |
(lui met la couronne sur la tête au bruit d'une fanfare)
Il est des dieux suprêmes.
(Il sort.)
| Arthénée ->
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Scène neuvième |
Tous les précédents, excepté le grand-prêtre. |
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TARARE |
(pendant qu'on le déchaîne)
Enfants, vous m'y forcez, je garderai ces fers;
ils seront à jamais ma royale ceinture.
De tous mes ornements devenus les plus chers,
puissent-ils attester à la race future
que, du grand nom de roi si j'acceptai l'éclat,
ce fut pour m'enchaîner au bonheur de l'état !
(Il s'enveloppe le corps de ses chaînes.)
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CHŒUR GÉNÉRAL
(avec ivresse)
Quel plaisir de nos cœurs s'empare !
Vive notre grand roi Tarare !
Tarare, Tarare, Tarare !
La belle Astasie et Tarare !
Nous avons le meilleur des rois:
jurons de mourir sous ses lois.
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Des mouvements d'une joie effrénté, sort une danse tumultueuse, pendant que le chœur répète, a grand cris, les vers ci-dessus. Ils entourent, ils entraînent Astasie et le roi. La musique diminue de bruit, change d'effet, et reprend un caractère aérien. Des nuages couvrent le spectacle; on en voit sortir dans les air, La Nature productrice, et le Génie qui préside au soleil. | |
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Scène dixième |
Les précédents, La Nature et Le Génie du Feu sur le nuages. |
<- La Nature, Le Génie du Feu
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LE GÉNIE DU FEU |
Nature, quel exemple imposant et funeste !
Le soldat monte au trône, et le tyran est mort !
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LA NATURE |
Les dieux ont fait leur premier sort:
leur caractère a fait le reste.
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LE GÉNIE DU FEU |
Encore un généreux effort.
Dans le cœur das humains, d'un trait inaltérable,
gravons ce précepte admirable.
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CHŒUR GÉNÉRAL |
(très-éloigné)
De ce grand bruit, de cet éclat,
ô ciel ! apprends-nous le mystère !
| (♦)
(♦)
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LA NATURE, LE GÉNIE DU FEU |
(Dans les nuages, à l'unisson, et parlant fortement.)
Mortel, qui que tu sois, prince, brame ou soldat;
homme ! ta grandeur sur la terre,
n'appartient point à ton état;
elle est toute à ton caractère.
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A mesure que la Nature et le Génie pronuncent les verses ci-dessus, ils se peignent en caractéres de feu, dans les nuages. | |
Le trompettes sonnent; le tonnerre reprend; les nuages les couvrent; il disparaissent. La toile tombe. | |
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Je proposerais cette fin... |
Dans un siecle et dans un pay où l'on regarderait comme une manque de respect pour l'opéra, de le finir autrement que par une fête, je proposerais cette fin, quoìque je préfèr la première. |
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Après le chœur: | |
Quel plaisir de nos cœurs s'empare ! | |
Vive notre grand roi Tarare ! Etc. | |
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URSON |
(viendrait dire)
Les fiers Européans marchent vers ces états;
inaugurons Tarare, et courons au combat.
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URSON, CALPIGI |
Roi, nous mettons la liberté
aux pieds de ta vertu suprême.
Règne sur ce peuple qui t'aime,
par les lois et par l'équité.
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DEUX FEMMES |
Et vous, reine, épouse sensible,
qui connûtes l'adversité,
du devoir souvent inflexible
adoucissez l'austérité.
Tenez son grand cœur accessible
aux soupirs de l'humanité.
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CHŒUR GÉNÉRAL |
Roi, nous mettons la liberté
aux pieds de ta vertu suprême;
règne sur ce peuple qui t'aime,
par les lois et par l'équité.
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Danse générale, et la toile tomberait. | |
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| Cette fin est mise en musique par m. Salieri. Mais je préfère la première, qui est bien plus philosophique, et encadre mieux le sujet. Choisissez; ma tâche est finie. | |
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