Après dix ans de guerre et d'un siège inutile,
les Grecs désespérant de renverser la ville
de Priam, renonçant à venger Ménélas,
feignirent de partir en amplorant Pallas;
laissant sur le rivage,
comme un pieux hommage
offert à la déesse irritèe, un cheval
de bois, immense, colossal.
Cette œuvre étrange, incroyable, inouïe,
d'hommes armés était remplie.
Les prêtres et le peuple et le roi des Troyens,
trompés par l'artifice
d'un des soldats d'Ulysse
abandonné, disait-il, par les siens,
dans leurs murs aussitôt voulurent introduire
la redoutable offrande avec dévotion,
en pompe la conduire
au temple d'Ilion.
En vain Cassandre l'inspirée,
la noble sœur d'Hector, de la foule égarée
veut-elle ouvrir les yeux,
tous la traitent de folle, aveuglés par le dieux.
« Abattons les remparts ! couvrons de fleurs la voie !
s'écriaient les guerriers, formez cortége, enfants,
et que jusque dans Troie
la trompette et la lyre accompagnent vos chants. »
Avant qu'un funèbre silence
fut venu succéder aux accens triomphaux
de ce peuple en démence,
ecoutez de quels sons frémirent les échos.