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Scène première |
La décoration est la même que dans l'acte précédent. Jupiter, Mercure. |
Q
Jupiter, Mercure
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MERCURE |
N'en doutez point, Neptune à sa flame renonce
sur l'oracle qu'icy je vous ay rapporté,
j'ay voulu du Destin apprendre la réponse,
par mes avis il l'avoit consulté.
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JUPITER |
Quel oracle cruel ! que je suis agité !
J'ay puny mon rival, Thétis ambitieuse
auroit pû l'oublier après quelqùes soûpirs;
mais d'un fils trop puissant la naissance odieuse
seroit l'effet de mes desirs.
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Mon trouble est extrême,
vous m'entraînez tour a tour,
trop charmant amour,
doux attraits du sang suprême.
Helàs ! faut-il que dans mon cœur,
dans le cœur de Jupiter même,
l'amour balance la grandeur ?
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MERCURE |
Le cœur de Jupiter n'est fait que pour la gloire,
l'amour n'y peut long-temps disputer la victoire.
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JUPITER
Non, il ne la dispute plus,
c'en est fait, ses nœuds sont rompus.
Pour monter sur ce trône ou le ciel me révère,
j'en fis tomber mon père,
un fils ambitieux le vangeroit sur moy,
je connois les désirs qu'un si beau rang inspire,
mon propre exemple doit suffire
pour me remplir d'effroy.
Mais quel souvenir me retrace
des charmes trop doux et trop chers ?
Ma grandeur disparoist, tout son éclat s'efface;
faudra-t'íl succomber et rentrer dans mes fers ?
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Scène seconde |
Jupiter, Mercure, Thétis. |
<- Thétis
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THÉTIS |
Voyez de mes douleurs toute la violence,
voyez, maitre des dieux, quelle est vôtre vengeance.
Si mes tourmens étoient moins rigoureux,
j'aurois moins d'esperance
de toucher un cœurr genereux.
Vous-même vous devez approuver ma constance,
n'auriez-vous de l'amour éprouvé la puissance,
que pour rendre à jamais deux amans malheureux ?
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Scène troisième |
Jupiter, Mercure, Thétis, Doris. |
<- Doris
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DORIS (à Jupiter) |
Un juste repentir m'agite et me tourmente,
j'ay troublé deux amans dans leur flame innocente,
j'ay poussé vôtre bras, et j'ay conduit vos traits;
que ne puis-je du moins par ma douleur pressante
reparer les maux que j'ay faits ?
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THÉTIS (à Jupiter) |
En vain vôtre rigueur accable.
L'Amant dont je receus la foy,
vous me le rendez plus animable
par tout ce qu’il föústre pout moy.
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THÉTIS ET DORIS |
Que vôtre haine cesse,
laissez-vous émouvoir.
| S
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MERCURE |
La gloire vous en presse.
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THÉTIS |
L'amour même, l’amour vous en fait un devoir.
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THÉTIS, DORIS, MERCURE |
Que vôtre haine cesse,
laissez-vous émouvoir.
La gloire vous en presse.
L'amour même, l’amour vous en fait un devoir.
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JUPITER |
Vents, partez, et que la déesse
revoye en ce moment l'objet de sa tendresse.
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Doris sort. | Doris ->
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THÉTIS |
Ah ! quel généreux retour !
Quel bonheur pou mon amour !
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MERCURE ET THÉTIS
Les grands dieux quelquefois écoutent leur colère,
mais la bonté peut encor plus sur eux,
ils n’ont rien dans leur sort qui doive plus leux plaire,
que le pouvoir de contenter nos vœux.
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Scène quatrième |
Jupiter, Mercure, Thétis, Pélée, ramené par les Vents |
<- Pélée, Les Vents
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PÉLÉE (à Thétis) |
Dois-je, en croire mes yeux ? ô ciel ! est-il possible ?
Belle Thetis je vous revoy !
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THÉTIS |
Le souverain des dieux daigne vous rendre à moy,
mes larmes l’ont trouvé sensible.
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THÉTIS ET PÉLÉE |
Que nos cœurs unis à jamais
sentent par leur bon-heur le prix de ses bienfaits.
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JUPITER |
Vôtre amour est content, un doux succès le flâte,
mais il faut que ma gloire en ce beau jour éclate,
je veux que vôtre hymen se célèbre à mes yeux,
je veux que ce lieu s'embellisse
et qu'une fête y réunisse
les dieux les plus puissants de la terre et des cieux.
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Le théâtre change et représente l'appareil du festin des nôces de Thétis et de Pélée. Les dieux célestes sont placez de tous côtés sur des nuages, et les dieux terrestres font en bas. | |
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Scène cinquième |
Jupiter, Thétis, Pélée, Troupe de dieux célestes, Troupe de dieux terrestres. |
<- Dieux du ciel, Dieux de la terre, Vertumne, Flore, Bergers, Bergères, Pan, Palés, Faunes, Silvains, Bacchue, Ménades
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JUPITER |
Ècoutez-moy, troupe immortelle.
Quand l'amour à Thétis me fit rendre des soins,
une flame si belle
eût tout les mortels pour témoins.
Mais j'ay sacrifié mon amour à ma gloire,
je cède a mon rival ce que j'aime le mieux,
je veux avoir tous les dieux
pour témoins de ma victoire.
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DIEUX DU CIEL |
Célébrons tous par des concerts charmans
du souverain des dieux le triomphe suprême.
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DIEUX DE LA TERRE |
Célébrons le bonheur extrême
de deux parfaits amans.
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DIEUX DU CIEL |
Quels honneurs Jupiter ne doit-il pas attendre ?
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DIEUX DE LA TERRE |
Que ces heureux amans sont charmez en ce jour !
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DIEUX DU CIEL |
Qu'il est beau de vaincre l'amour !
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DIEUX DE LA TERRE |
Qu'il est doux de s'y rendre !
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DIEUX DU CIEL ET DE LA TERRE |
Célébrons tous par des concerts charmans
du souverain des dieux le triomphe suprême,
célébrons le bonheur extrême
de deux parfaits amans.
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Les dieux terrestres se partagent en trois quadrilles qui font des danses accompagnées de récits. | |
La première quadrille est celle de Vertumne et de Flore, suivis de bergers et de bergères. La seconde est celle de Pan et de Palés, avec les faunes et es silvains. La troisième est celle de Bachus et de ses ménades. | |
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Récit de Flore. | |
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Tous vos vœux sont satisfaits,
amans, ne changez jamais.
Une flame contente
n'en doit pas être moins ardente,
l'amour ne vous rend pas heureux
pour vous rendre moins amoureux.
Que toûjours les Zephirs et Flore
vous trouvent à leur retour,
plus charmez encore
d'un mutuel amour.
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Récit de Pan et de Palés. | |
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Belle Thétis, que vôtre choix
sera celebré dans nos bois !
Vous avez d’un Mortel recompensé la flâme,
l'éclat le plus brillant n’a point touche vôtre ame.
Belle Thétis, que vôtre choix
sera celebré dans nos bois !
C'est ainsi que l’amour nous guide et nous inspire,
de la fiere grandeur nous ignorons l’empire.
Belle Thétis, que vôtre choix
sera celebré dans nos bois!
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Récit de Bacchus. | |
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Mélons nôtre douce folie
aux transports de ces cœurs si contents de leur sort;
Bacchus avec l’Amour est aisément d’accotd.
Heureuse une ame remplie
de mes aimables fureurs,
ou de ses tendres langueurs !
C'est par nous qu’on peut se defaire
d’une raison triste et severe,
les bien-faits des autres dieux
ne sont pas si precieux.
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CHŒUR DE TOUS LES DIEUX
Vivez heureux, tendres amans,
vivez, vivez heureux, oubliez vos tourmens.
Un beau nœud vous unit, jouissez de ses charmes.
Vous les avez payez par toutes vos allarmes.
Du sort des plus grands dieux ne soyez point jaloux,
ils ont peu de plaisirs, s'ils n'aiment comme vous.
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Fin du cinquième et dernier acte. | |
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