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Scène première |
Le théâtre représente le jardin et le berceau de Pomone. Béroé seule. |
Q
Béroé
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Sors de mon cœur,
folle fureur,
aveugle frénésie.
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Brutale ardeur, maudite jnlousie,
peste des cœurs, dont le poison
détruit l'amour et la raison,
sors de mon cœur et de ma fantaisie;
c'est trop d'affronts soufferts,
rompons, brisons nos fers,
vengeons-nous de qui nous méprise,
et renversons du moins toute son entreprise.
Mais le voici qui médite en son cœur
de nouveaux artifices;
il n'a pas épuisé sa ruse et ses malices,
observons ses desseins; fourbe, lâche, imposteur.
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Scène deuxième |
Vertumne, Béroé cachée. |
<- Vertumne
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VERTUMNE |
Amour dis-moi, que dois-je faire,
pour la fléchir et pour lui plaire ?
En qui me transformer ? Des plus puissants des dieux,
cette insensible a méprisé les vœux.
Mais pourquoi l'attaquer sous la forme d'un autre ?
Peut-être pourrions-nous lui plaire sous la nôtre,
tâchons de la surprendre une dernière fois.
Prenons de Béroé la figure et la voix.
Cette vieille insensée
possède entièrement son cœur et sa pensée,
et si dans cet habit je ne puis la tenter,
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Je veux me présenter,
et lui parler moi-même
de mon amour extréme:
je veux... mais la voici.
(Il se cache.)
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Scène troisième |
Pomone, Flore, Vertumne, et Béroé cachée. Flore soupire. |
<- Pomone, Flore
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POMONE |
Qui cause ce soupir
de langueur et de flamme ?
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FLORE |
L'absence de zéphir
qui tourmente mon âme.
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POMONE |
Pour calmer les ennuis,
dont elle est travaillée,
allons sous la verte feuillée,
voir danser nos cueilleurs de fruits.
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| (Vertumne s'avance transformé en Béroé.) | |
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Scène quatrième |
Pomone, Flore, Vertumne en Béroé, Béroé cachée. |
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POMONE |
Mais te voilà, nourrice,
hé qui t'a fait absenter si longtemps !
Il faut qu'un baiser t'en punisse.
(elle le baise)
Mets-toi là, bonne mère, et vois nos passe-temps.
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Pomone, Flore, Vertumne en Béroé, vont s'asseoir sous la feuillée. Des cueilleurs de fruits, la hotte sur le dos, viennent danser. | |
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Scène cinquième |
Pomone, Flore, Vertumne en Beroé, Béroé cachée, Cueilleurs et Cueilleuses de fruits. |
<- Cueilleurs et Cueilleuses de fruits
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Danse de cueilleurs de fruits. | Cueilleurs et Cueilleuses de fruits ->
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Scène sixième |
Pomone, Flore, Vertumne en Béroé, Béroé cachée. |
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POMONE (à Flore) |
Hé bien que dis-tu, ma sœur,
de notre charmante vie ?
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FLORE |
Je dis que sa douceur
me donne pou d'envie...
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FLORE |
Sans le plaisir d'amour, tous les autres plaisirs
lassent facilement nos cœurs et nos désirs.
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POMONE |
Tu me conseilles donc désormais de le suivre ?
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FLORE |
Qui commence d'aimer, commence aussi de vivre.
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POMONE (à Vertumne en Béroé) |
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VERTUMNE (en Béroé) |
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POMONE |
Je les ai jusqu'ici fidclement suivis.
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VERTUMNE (en Béroé) |
Je détestais l'amour et traitais ses délices
de crime et de supplices:
mais depuis que j'ai vu Vertumne ton amant
j'ai bien changé de sentiment.
Qu'il a d'amour ! qu'il a de charmes !
Il me dit l'autre jour les peines qu'il ressent,
d'un air si doux, si languissant,
qu'il m'attendrit et me tira des larmes.
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Je le dis franchement,
si j'étais jeune et belle,
mon cœur à cet amant
ne serait point rebelle.
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BÉROÉ |
(cachée)
Le rusé, l'imposteur !
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POMONE |
Il serait à mes yeux
le plus parfait des dieux,
qu'à son amour je serais insensible;
non, mon cœur est invincible.
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BÉROÉ |
(cachée)
Allons le démentir.
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VERTUMNE (en Béroé) |
Souvent le plus confiant
s'ébranle en un instant.
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BÉROÉ |
(courant à lui)
Je te tiens, fourbe, lâche !
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Vertumne reprend soudainement sa figure naturelle. | |
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Scène septième |
Pomone, Flore, Vertumne, Béroé. |
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VERTUMNE (à Béroé) |
De quoi m'accuses-tu, quel crime ai-je commis ?
Ah ! n'ai-je pas sans toi, d'assez fiers ennemis ?
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BÉROÉ (à l'écart) |
Hélas ! en le voyant ma fureur se relâche.
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POMONE (à l'écart) |
Qu'il a l'air fier et doux, ha ! qu'est-ce que je sens !
Un mouvement secret me transporte les sens.
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VERTUMNE |
J'ai failli toutefois, je suis un téméraire,
d'aspirer, ô déesse, à l'honneur de te plaire.
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BÉROÉ (à l'écart) |
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VERTUMNE |
Aussi jusqu'à ce jour
le respect m'a contraint de cacher mon amour:
mais enfin, emporté par son ardeur extrême,
je viens à tes genoux te dire que je t'aime.
(il se jette aux genoux de la déesse)
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POMONE (à l'écart) |
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VERTUMNE |
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POMONE (à l'écart) |
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VERTUMNE |
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POMONE (à l'écart) |
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VERTUMNE |
et d'autant plus cruelles;
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POMONE |
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VERTUMNE |
que la mort ne peut les terminer.
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POMONE |
(se tournard vers lui)
et je sens...
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VERTUMNE |
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POMONE |
...ce que je n'ose dire;
en le relevant
et je sens que mon cœur partage ton martyre.
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Scène huitième |
Pomone, Flore, Vertumne, Béroé, Venilie, Faune, Le dieu des jardins. |
<- Le dieu des jardins, Faune, Venilie
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POMONE, FLORE, VERTUMNE |
Ô puissance d'amour, ô divin changement !
Ce que l'esprit et la finesse
ont tenté vainement,
l'amour et la beauté le font en un moment.
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| Pomone, Flore, Vertumne ->
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Scène neuvième |
Faune, Le dieu des jardins, Béroé, Venilie. |
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FAUNE (au Dieu des jardins) |
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LE DIEU DES JARDINS |
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FAUNE |
(en lui présentant Béroé)
Voici ce que le ciel te réserve en partage.
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LE DIEU DES JARDINS |
(en montrant Venilie)
Voici le mien.
(en lui montrant les cornes qu'il porte au front)
Voilà le tien.
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FAUNE |
(en lui montrant sa bouteille)
Voici le mien.
(en lui montrant Béroé)
Voilà le tien.
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FAUNE ET LE DIEU DES JARDINS |
Voici le mien.
Voilà le tien.
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VENILIE (au Dieu des jardins) |
Si d'un Vulcain aussi difforme
le ciel me faisait la Vénus,
il en aurait le front, aussi bien que la forme,
et ne céderait point aux dieux les plus cornus.
(en montrant Faune)
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