Acte quatrième

 

Scene premiere

Le théâtre représente un bois consacré à Diane sur le rivage de la mer.
Hippolyte.

 Q 

Hippolyte

 

Ah ! faut-il en un jour, perdre tout ce que j’aime !  

mon pere pour jamais me bannit de ces lieux;

si cheris de Diane même,

je ne verrai plus les beaux yeux

qui faisoient mon bonheur suprême:

ah ! faut-il en un jour, perdre tout ce que j’aime !

 

Scene deuxiesme

Hippolyte, Aricie.

<- Aricie

 

ARICIE

Cc’en est donc fait, cruel, rien n’arrête vos pas,  

vous desesperez votre amante.

HIPPOLYTE

Helas ! plus je vous vois, plus ma douleur augmente,

je sens mieux tous mes maux quand je vois tant d’appas.

ARICIE

Quoi ! l’inimitié de la reine,

vous fait-elle quitter l’objet de votre amour ?

HIPPOLYTE

Non ! je ne fuirois pas de cet heureux séjour

si je n’y craignois que sa haine.

ARICIE

Que dites-vous...

HIPPOLYTE

Dites-vous... gardez d’osez porter les yeux

sur le plus horrible mystere,

le respect me force à me taire;

j’offenserois le roi, Diane, et tous les dieux.

ARICIE

Ah; c’est m’en dire assez, ô crime !

Mon cœur en est glacé d’épouvante et d’horreur.

Cependant vous partez, et de Phedre en fureur

je vais devenir la victime.

(à part)

Dieux; pourquoi séparer deux cœurs

que l’amour a faits l’un pour l’autre !

(à Hippolyte)

Eh ! quelle autre main que la vôtre,

si vous m’abandonnez, pour essuyer mes pleurs ?

 

 

(à part)  

Dieux; pourquoi séparer deux cœurs

que l’amour a faits l’un pour l’autre ?

 

HIPPOLYTE

Hé bien daignez me suivre.  

ARICIE

Bien daignez me suivre. o ciel ! que dites-vous ?

moi vous suivre !

HIPPOLYTE

Vous suivre ! cessez de croire

que je puisse oublier le soin de votre gloire.

En suivant votre amant, vous suivez votre époux;

venez... quel silence funeste !

ARICIE

Ah ! prince, croyez-en l’amour que j’en atteste,

je ferois mon suprême bien

d’unir votre sort et le mien;

mais Diane est inéxorable

pour l’amour et pour les amans.

HIPPOLYTE

A d’innocens désirs Diane est favorable

qu’elle préside à nos sermens.

 

HIPPOLYTE, ARICIE

Nous allons nous jurer une immortelle foi:  

viens, reine des forêts, viens former notre chaîne;

que l’encens de nos vœux s’éleve jusqu’à toi,

sois toujours de nos cœurs l’unique souveraine.

 
On entend un bruit de cors.
 

HIPPOLYTE

Le sort conduit ici les sujets fortunés;  

unissons-nous aux jeux qui lui sont destinés.

 

Scene troisiesme

Hippolyte, Aricie, Chasseurs et Chasseresses.

<- Chasseurs, Chasseresses, Une chasseresse

 

CHŒUR

Faisons par tout voler nos traits.    

Animons-nous à la victoire;

que les antres les plus secrets

retentissent de notre gloire.

S

Sfondo schermo () ()

 
On danse.
 

UNE CHASSERESSE

Amans, quelle est votre foiblesse ?  

voyez ! l’amour sans vous allarmer;

ces mêmes traits dont il vous blesse,

contre nos cœurs n’osent plus s’armer.

Malgré ses charmes

les plus doux,

bravez ses armes,

faites comme nous;

osez, sans allarmes,

attendre ses coups;

si vous combattez, la victoire est à vous,

amans, quelle est votre foiblesse ?

Voyez ! l’amour sans vous allarmer;

ces mêmes traits dont il vous blesse,

contre nos cœurs n’osent plus s’armer.

Vous vous plaignez qu’il a des rigueurs,

et vous aimez tous les traits qu’il vous lance !

C’est vous qui les rendez vainqueurs;

pourquoi sans défense

livrer vos cœurs ?

Amans, quelle est votre foiblesse,

etc.

 
On danse.
 

UNE CHASSERESSE

À la chasse, à la chasse,  

armez-vous.

CHŒUR

Courons tous à la chasse;

armons-nous.

UNE CHASSERESSE

Dieu des cœurs, cédez la place;

non, non, ne regnez jamais.

Que Diane préside;

que Diane nous guide,

dans le fond des forêts;

sous ses loix nous vivons en paix.

À la chasse,

etc.

Nos asyles

sont tranquilles,

non, non, rien n’a plus d’attraits.

Les plaisirs sont parfaits,

auncun soin n’embarrasse,

on y rit des amours,

on y passe les plus beaux jours.

À la chasse,

etc.

 
On danse.
 
La mer s'agite; on en voit sortir un monstre horrible.
 

CHŒUR

Quel bruit ! quels vents ! quelle montagne humide !  

Quel monstre elle enfante à nos yeux ?

Ô Diane, accourez; volez du haut des cieux.

 
Hippolyte s'avance vers le monstre.
 

HIPPOLYTE

Venez, qu’à son défaut je vous serve de guide.  

ARICIE

Arrête.

CHŒUR

Dieux ! quelle flamme l’environne !

ARICIE

Quel nuages épais ! tout se dissipe; hélas ?

Hippolyte ne paroît pas... Je meurs.

 
Aricie tombe évanouie.
 

CHŒUR

Ô disgrace cruelle !  

Hippolyte n’est plus.

 

Hippolyte, Aricie ->

 

Scene quatriesme

Phedre, Chasseurs et Chasseresses.

<- Phedre

 

PHEDRE

Quelle plainte en ces lieux m’appelle !    

S

CHŒUR

Hippolyte n’est plus.

PHEDRE

Il n’est plus ! o douleur mortelle !

CHŒUR

Ô regrets superflus !

PHEDRE

Quel sort l’a fait tomber dans la nuit éternelle !

CHŒUR

Un monstre furieux sorti du sein des flots,

vient de vous ravir ce héros.

 

PHEDRE

Non, sa mort est mon seul ouvrage;  

dans les enfers, c’est par moi qu’il descend;

Neptune de Thésée a crû venger l’outrage;

j’ai versé le sang innocent.

Qu’ai-je fait ? quels remords ! ciel ! j’entens le tonnerre.

Quel bruit ! quels terribles éclats ?

Fuyons; où me cacher ? je sens trembler la terre;

les enfers s’ouvrent sous mes pas.

Tous les dieux conjurez, pour me livrer la guerre,

arment leurs redoutables bras.

Dieux cruels, vengeurs implacables,

suspendez un courroux qui me glace d’effroi;

ah ! si vous êtes équitables,

ne tonnez pas encor sur moi;

la gloire d’un héros que l’imposture opprime;

vous demande un juste secours;

laissez-moi révéler à l’auteur de ses jours,

et son innocence et mon crime.

CHŒUR

Ô remords superflus !

Hippolyte n’est plus.

 

Fin (Acte quatrième)

Acte premier Acte second Acte troisième Acte quatrième Acte cinquième

Un bois consacré à Diane sur le rivage de la mer.

Hippolyte
 
Hippolyte
<- Aricie

C’en est donc fait, cruel, rien n’arrête vos pas

Hé bien daignez me suivre. / Ô ciel! que dites-vous?

Le sort conduit ici les sujets fortunés

Hippolyte, Aricie
<- Chasseurs, Chasseresses, Une chasseresse
Une chasseresse, Chœur
À la chasse, à la chasse

(La mer s'agite; on en voit sortir un monstre horrible.)

Venez, qu’à son défaut je vous serve de guide

(Aricie tombe évanouie)

Chasseurs, Chasseresses, Une chasseresse
Hippolyte, Aricie ->
Chasseurs, Chasseresses, Une chasseresse
<- Phedre

Non, sa mort est mon seul ouvrage

 
Scene premiere Scene deuxiesme Scene troisiesme Scene quatriesme
Un temple consacré à Diane: on y voit un autel. L'entrée des enfers Une partie du palais de Thésée, sur le rivage de la mer Un bois consacré à Diane sur le rivage de la mer. Un jardin délicieux, qui forme les avenuës de la forêt d'Aricie: on y voit Aricie, couchée sur un lit de...
Acte premier Acte second Acte troisième Acte cinquième

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