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Scene premiere |
Le théâtre représente une partie du palais de Thésée, sur le rivage de la mer. Phedre. |
Q
Phedre
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Cruelle mere des amours,
ta vengeance a perdu ma trop coupable race,
n’en suspendras-tu point le cours ?
Ah ! du moins, à tes yeux, que Phedre trouve grace.
Je ne te reproche plus rien,
si tu rends à mes vœux Hippolyte sensible;
mes feux me font horreur, mais mon crime est le tien;
tu dois cesser d’être inflexible.
Cruelle mere des amours,
etc.
Mais pourquoi tous ces vains remords !
Ah ! si j’en crois Arcas, mon cœur peut tout prétendre,
Thésée a vû les sombres bords.
L’enfer, pour me punir, pourroit-il me le rendre !...
| S
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Scene deuxiesme |
Phedre, Hippolyte, Œnone. |
<- Œnone, Hippolyte
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HIPPOLYTE |
Reine, sans l’ordre exprès, qui dans ces lieux m’appelle,
quand le ciel vous ravit un époux glorieux,
je respecterois trop votre douleur mortelle,
pour vous montrer encore un objet odieux.
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PHEDRE |
Vous, l’objet de ma haine ! ô ciel ! quelle injustice !
Je dois dissiper cette erreur;
helas ! si vous croyez que Phedre vous haïsse,
que vous connoissez mal son cœur !
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HIPPOLYTE |
Qu’entens-je ? a mes desirs Phedre n’est plus contraire !
Ah ! les plus tendres soins de votre auguste époux
dans mon cœur désormais vont revivre pour vous.
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PHEDRE |
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HIPPOLYTE |
A votre fils je tiendrai lieu de pere;
j’affermirai son trône, et j’en donne ma foi.
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PHEDRE |
Vous pourriez jusques-là vous attendrir pour moi !
C’en est trop; et le trône, et le fils, et la mere,
je range tout sous votre loi.
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HIPPOLYTE |
Non; dans l’art de regner je l’instruirai moi-même;
je céde sans regret la suprême grandeur.
Aricie est tout ce que j’aime;
et si je veux regner, ce n’est que dans sons cœur.
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PHEDRE |
(à Hippolyte)
Que dites-vous ?
(à part)
Ô ciel ! quelle étoit mon erreur !
(à Hippolyte)
Malgré mon trône offert, vous aimez Aricie !
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HIPPOLYTE |
Quoi ! votre haine encor n’est donc pas adoucie ?
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PHEDRE |
Tu viens d’en redoubler l’horreur...
Puis-je trop haïr ma rivale ?
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HIPPOLYTE |
Votre rivale ! je fremis;
Thésée est votre époux, et vous aimez son fils !
Ah ! je me sens glacer d’une horreur sans égale.
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Terribles ennemis des perfides humains,
dieux, si prompts autrefois à les réduire en poudre,
qu’attendez-vous ? lancez la foudre.
Qui la retient entre vos mains ?
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PHEDRE |
Ah ! cesse par tes vœux d’allumer le tonnerre.
Eclatte; éveille-toi; sors d’un honteux repos;
rends-toi digne fils d’un heros,
que de monstres sans nombre a délivré la terre;
il n’en est échappé qu’un seul à sa fureur;
frappe; ce monstre est dans mon cœur.
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HIPPOLYTE |
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PHEDRE |
Tu balances encore !
Etouffe dans mon sang un amour que j’abhorre.
Je ne puis obtenir ce funeste secours !
Cruel ! quelle rigueur extrême !
Tu me hais, autant que je t’aime;
mais, pour trancher mes tristes jours,
je n’ai besoin que de moi-même.
(Elle prend l'épée d'Hippolyte.)
Donne...
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HIPPOLYTE |
En lui arrachant l'épée.
Que faites-vous ?
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PHEDRE |
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Thésée paroît. | <- Thésée
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Scene troisiesme |
Thésée, et les acteurs de la scene précédente. |
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THÉSÉE |
Que vois-je ? quel affreux spectacle !
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HIPPOLYTE |
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PHEDRE |
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THÉSÉE |
(à part)
Ô trop fatal oracle !
Je trouve les malheurs que ma prédits l’enfer.
(à Phedre)
Reine, dévoilez-moi ce funeste mystére.
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PHEDRE |
(à Thésée)
N’approchez point de moi; l’amour est outragé;
que l’amour soit vengé.
| Phedre ->
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Scene quatriesme |
Thésée, Hippolyte, Œnone. |
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THÉSÉE |
(à Hippolyte)
Sur qui doit tomber ma colere ?
Parlez, mon fils, parlez, nommez le criminel.
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HIPPOLYTE |
(à part)
Seigneur... dieux ! Que vais-je lui dire ?
(à Thésée)
Permettez que je me retire;
ou plutôt, que j’obtienne un exil éternel.
(Hippolyte sort.)
| Hippolyte ->
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Scene cinquiesme |
Thésée, Œnone. |
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THÉSÉE |
(à part)
Quoi ? tout me fuit ! tout m’abandonne !
(à Œnone)
Mon épouse ! mon fils ! ciel ! demeurez, Œnone;
c’est à vous seule à m’éclairer
sur la trahison la plus noire.
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ŒNONE |
(à part)
Ah ! sauvons de la reine et les jours et la gloire.
(à Thésée)
Un desespoir affreux... pouvez-vous l’ignorer ?
Vous n’en avez été qu’un témoin trop fidéle.
Je n’ose accuser votre fils;
mais, la reine... seigneur, ce fer armé contre elle,
ne vous en a que trop appris.
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THÉSÉE |
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ŒNONE |
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THÉSÉE |
C’en est assez; épargne-moi le reste.
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| Œnone ->
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Scene sixiesme |
Thésée. |
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Qu’ai-je appris ? tout mes sens en sont glacez d’horreur.
Vengeons-nous; quel projet ! je fremis quand j’y pense.
Qu’il en va coûter à mon cœur !
A punir un ingrat d’où vient que je balance ?
Quoi ? ce sang, qu’il trahit, me parle en sa faveur !
Non, non, dans un fils si coupable,
je ne vois qu’un monstre effroyable:
qu’il ne trouve en moi qu’un vengeur.
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Puissant maître des flots, favorable Neptune,
entens ma gémissante voix;
permets que ton fils t’importune,
pour la derniere fois.
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Hippolyte m’a fait le plus sanglant outrage;
rempli le serment qui t’engage;
préviens par son trépas un desespoir affreux;
ah ! si tu refusois de venger mon injure,
je serois parricide, et tu serois parjure;
nous serions coupables tous deux.
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La mer s'agite. | |
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Mais de courroux l’onde s’agite.
Tremble; tu vas périr, trop coupable Hippolyte.
Le sang a beau crier, je n’entens plus sa voix.
Tout s’apprête à punir une offense mortelle;
Neptune me sera fidéle,
c’est aux dieux à venger les rois.
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On vient de mon retour rendre grace à Neptune,
et je voudrois encore être dans les enfers:
fuyons une foule importune;
ne puis-je disparoître aux yeux de l’univers !
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Scene septiesme |
Thésée, Peuples et Matelots. |
<- Peuples, Matelots, Une matelote
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CHŒUR
Que ce rivage retentisse
de la gloire du dieu des flots:
qu’à ses bienfaits tout applaudisse;
il rend à l’univers le plus grand des heros.
Que ce rivage retentisse
de la gloire du dieu des flots.
| S
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On danse. | |
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UNE MATELOTE
L’amour, comme Neptune,
invite à s’embarquer;
pour tenter la fortune,
on ose tout risquer.
Malgré tant de naufrages,
tous les cœurs sont matelots;
on quitte le repos;
on vole sur les flots;
on affronte les orages;
l’amour ne dort
que dans le port.
| (♦)
(♦)
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On danse. | |
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