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I - Scène première |
La chambre de Marguerite. Marguerite, seul. |
Q
Marguerite
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[N. 19 - Marguerite au rouet] | N
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| (Elle s'approche de la enêtre et écoute) | |
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Elles ne sont plus là ! ~ Je riais avec elles
autrefois !... maintenant...
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VOIX DE JEUNES FILLES (dans la rue) |
Les amours ont des ailes !...
Le galant étranger s’enfuit...et court encor !
Ah ! ah ! ah ! ah ! ah !
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| (Les jeunes filles s’éloignent en riant.) | |
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MARGUERITE |
Elles se cachaient ! ah ! cruelles !
Je ne trouvais pas d’outrage assez fort
jadis pour les péchés des autres !...
Un jour vient où l’on est sans pitié pour les nôtres !
Je ne suis que honte à mon tour !
et pourtant, dieu le sait, je n’étais pas infâme;
tout ce que t’y porta, mon âme,
n’était que tendresse et qu’amour !
(Elle s’assied devant son rouet et file.)
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Il ne revient pas !...
j’ai peur, je frissonne,
je languis !... ~ hélas !
en vain l’heure sonne,
il ne revient pas !...
Où donc peut-il être ?...
Seule à ma fenêtre,
je plonge là-bas
mon regard !... ~ hélas !
Où donc peut-il être ?
il ne revient pas !...
Je n’ose me plaindre;
il faut me contraindre !
je pleure tout bas !...
S’il pouvait connaître
ma douleur !... hélas !
Où donc peut-il être ?
il ne revient pas !...
Oh ! le voir !... entendre
le bruit de ses pas !
Mon cœur est si las,
si las de l’attendre !...
Il ne revient pas !...
Mon seigneur ! mon maître !...
s’il allait paraître,
quelle joie !... ~ hélas !
Où donc peut-il être ?
il ne revient pas !...
| S
(♦)
(♦)
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| (Elle laisse tomber sa tête sur sa poitrine et fond en larmes. Le fuseau s’échappe de ses mains.) | |
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I - Scène deuxième |
Marguerite, Siébel. |
<- Siébel
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[N. 20 - Scène et Récitatif] | N
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SIÉBEL |
(s'approchant doucement de Marguerite)
Marguerite !
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MARGUERITE |
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SIÉBEL |
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MARGUERITE |
(se levant)
Hélas
vous seul ne me maudissez pas !
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SIÉBEL |
Je ne suis qu’un enfant, mais j’ai le cœur d’un homme
et je vous vengerai de son lâche abandon !
Je le tuerai !
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MARGUERITE |
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SIÉBEL |
Faut-il que je le nomme ?
L’ingrat qui vous trahit !...
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MARGUERITE |
Non !... taisez-vous !...
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SIÉBEL |
Pardon !
Vous l’aimez encore ?...
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MARGUERITE |
Oui !... je l'attends !... et je pleure !...
Je vei le nuit et jour; j'écoute passer l'heure !...
mais ce n’est pas à vous de plaindre mon ennui.
J’ai tort, Siébel, de vous parler de lui !...
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SIÉBEL
I
Versez vos chagrins dans mon âme !
Mon fol amour s'est endormi !
Il ne m'est resté de sa flamme
que la tendresse d'un ami !
II
Hélas ! ne mettez pas en doute
ce dévoûment silencieux !...
Mon cœur a reçu goutte à goutte
les pleurs qui tombent de vos yeux !...
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MARGUERITE
Soyez béni, Siébel ! votre amitié m’est douce !
Ceux dont la main cruelle me repousse,
n’ont pas fermé pour moi la porte du saint lieu;
j’y vais pour mon enfant.. et pour lui prier dieu !
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| (Elle sort; Siébel la suit à pas lents.) | Marguerite, Siébel ->
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II - Scène première |
L’église. Marguerite, puis Méphistophélès |
Q
<- Marguerite, Femmes
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[N. 21 - Scene de l’église] | N
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| (Quelques femmes traversent la scène et entrent dans l'église. Marguerite entre après d'elles et s’agenouille.) | |
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MARGUERITE |
Seigneur, daignez permettre à votre humble servante
de s’agenouiller devant vous !
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UNE VOIX |
Non !... tu ne priras pas !... frappez-la d'épouvante !
Esprits du mal, accourrez tous !
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VOIX DE DÉMONS INVSIBLES |
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MARGUERITE |
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LES VOIX |
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MARGUERITE |
Je chancelle !...
Je meurs ! ~ dieu bon ! dieu clément !
est-ce déjà l'heure du châtiment ?
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| (Méphistophélès parait derrière un pilir et se penche à l'oreille de Marguerite.) | <- Méphistophélès
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MÉPHISTOPHÉLÈS |
Souviens-toi du passé quand, sous l’aile des anges
abritant ton bonheur,
tu venais dans son temple, en chantant des louanges,
adorer le seigneur !
Lorsque tu bégayais une chaste prière
d’une timide voix,
et portais dans ton cœur les baisers de la mère,
et dieu tout à la fois !...
C'en est fait !... les élus ont détourné leur face
de ton sombre chemin,
le ciel t'a condamnée, et le juste qui passe
ne te tend plus la main ! ~
Écoute ces clameurs ! c’est l’enfer qui t’appelle !...
c’est l’enfer qui te suit !
c’est l’éternel remords, c’est l’angoisse éternelle
dans l’éternelle nuit !
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MARGUERITE |
Dieu ! quelle est cette voix qui me parle dans l’ombre ?
Dieu tout-puissant !
quel voile sombre
sur moi descend !
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| Chant religieux (accompagné par l'orgues). | |
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CHŒUR |
Quand du seigneur le jour luira,
sa croix au ciel resplendira,
et l’univers s’écroulera...
| S
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MARGUERITE |
Hélas ! ce chant pieux est plus terrible encore !...
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MÉPHISTOPHÉLÈS |
Non !
Dieu pour toi n’a plus de pardon !
pour toi, le ciel n’a plus d’aurore !
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CHŒUR |
Que dirais-je alors au seigneur ?
où trouverai-je un protecteur,
quand l’innocent n’est pas sans peur ?
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MARGUERITE |
Ah ! ce chant m’étouffe et m’oppresse !
je suis dans un cercle de fer !
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MÉPHISTOPHÉLÈS |
Adieu les nuits d’amour et les jours pleins d’ivresse !
À toi l’enfer !...
(Il disparaît.)
| Méphistophélès ->
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MARGUERITE, CHŒUR |
Seigneur, accueillez la prière
des cœurs malheureux !
Qu’on rayon de votre lumière
descende sur eux !
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VOIX DES DÉMONS |
Marguerite !
Sois maudite !
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MARGUERITE |
Quel sinistre éclair
traverse la nuit ! la voûte s'embrase !...
elle s'abaisse.. et m'écrase !...
De l'air !... de l'air !...
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VOIX DES DÉMONS |
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| (Marguerite pousse un cri et tombe évanouie sur les dalles. Le rideau tombe et laisse voir en se relevant une rue; à gauche, la maison de Marguerite.) | |
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III - Scène première |
La rue. Valentin, Soldats, puis Siébel. |
Q
Valentin, Soldats
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[N. 22 - Chœur des soldats] | N
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CHŒUR
Déposons les armes;
dans nos foyers enfin nous voici revenus !
Nos mères en larmes,
nos mères et nos sœurs ne nous attendront plus.
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| <- Siébel
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VALENTIN (apercevant Siébel) |
Eh ! parbleu ! c’est Siébel !...
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SIÉBEL |
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VALENTIN |
Viens vite !
Viens dans mes bras !
(Il l’embrasse.)
Et Marguerite ?
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SIÉBEL |
Elle est à l’église, je crois.
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VALENTIN |
Oui, priant dieu pour moi !
Chère sœur, tremblante et craintive,
comme elle va prêter une oreille attentive
au récit de nos combats !
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CHŒUR
Oui, c’est plaisir dans les familles,
de conter aux enfants qui frémissent tout bas,
aux vieillards, aux jeunes filles,
la guerre et ses combats !...
Gloire immortelle
de nos aïeux,
sois-nous fidèle !
mourons comme eux !
Et sous ton aile,
soldats vainqueurs,
dirige nos pas, enflamme nos cœurs !
Pour toi, mère patrie,
affrontant le sort,
tes fils, l’âme aguerrie,
ont bravé la mort !
Ta voix sainte nous crie:
en avant, soldats !
le fer à la main, courez aux combats !
Gloire immortelle
de nos aïeux,
sois-nous fidèle !
mourons comme eux !
Et sous ton aile,
soldats vainqueurs,
dirige nos pas, enflamme nos cœurs !
Vers nos foyers hâtons le pas !
on nous attend: la paix est faite !
Plus de soupirs ! ne tardons pas !
notre pays nous tend les bras !
l’amour nous rit ! l’amour nous fête !
Et plus d’un cœur frémit tout bas
au souvenir de nos combats !
Gloire immortelle
de nos aïeux,
sois-nous fidèle !
mourons comme eux !
Et sous ton aile,
soldats vainqueurs,
dirige nos pas, enflamme nos cœurs !
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| (Les soldats se séparent et se dispersent de différents côtés. femmes et enfants accourent à leur rencontre et s'éloignent avec eux. Valentin et Siébel restent seuls en scène.) | Soldats ->
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III - Scène deuxième |
Valentin, Siébel. |
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[N. 23 - Récitatif] | N
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VALENTIN |
Allons, Siébel ! entrons dans la maison !
le verre en main, tu me feras raison !
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SIÉBEL (vivement) |
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VALENTIN |
Pourquoi ?... ~ tu détournes la tête ?
Ton regard fuit le mien !... ~ Siébel, explique-toi !
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SIÉBEL |
Eh bien !... ~ non, je ne puis !
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VALENTIN |
Que veux-tu dire ?
(Il se dirige vers la maison.)
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SIÉBEL |
(l’arrêtant)
Arrête !
Sois clément,Valentin !
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VALENTIN (furieux) |
Laisse-moi ! laisse-moi !
(Il entre dans la maison.)
| Valentin ->
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SIÉBEL |
Pardonne-lui !...
(Seul.)
Mon dieu ! je vous implore !
Mon dieu, protégez-la !...
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| (Il s’éloigne. Méphistophélès et Faust entrent en scène, Méphistophélè tient une guitare à la main.) | Siébel ->
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III - Scène troisième |
Faust, Méphistophélès. |
<- Faust, Méphistophélès
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| (Faust se dirige vers la maison de Marguerite et s’arrête.) | |
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MÉPHISTOPHÉLÈS |
Qu’attendez-vous encore ?
Entrons dans la maison.
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FAUST |
Tais-toi, maudit !... j’ai peur
de rapporter ici la honte et le malheur !
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MÉPHISTOPHÉLÈS |
À quoi bon la revoir, après l’avoir quittée ?
Notre présence ailleurs serait bien mieux fêtée !
Le sabbat nous attend !
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FAUST |
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MÉPHISTOPHÉLÈS |
Je vois
que mes avis sont vains et que l’amour l’emporte !
Mais, pour vous faire ouvrir la porte,
vous avez grand besoin du secours de ma voix !
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| (Faust, pensif, se tient à l'écart. Méphistophélè s'accocmpagne sur sa guitare.) | |
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[N. 24 - Sérénade] | N
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I
« Vous qui faites l’endormie,
n’entendez-vous pas,
ô Catherine, ma mie,
ma voix et mes pas ?... »
Ainsi ton galant t’appelle,
en ton cœur l’en croit !...
N’ouvre ta porte, ma belle,
que la bague au doigt !
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| |
FAUST |
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MÉPHISTOPHÉLÈS |
Bon !
Ce n'est qu'une plaisanterie !
Laissez-moi, je vous prie,
achever ma chanson !
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II
« Catherine que j’adore,
pourquoi refuser
à l’amant qui vous implore,
un si doux baiser ?... »
Ainsi ton galant supplie,
et ton cœur l’en croit !
Ne donne un baiser, ma mie,
que la bague au doigt !
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| (Valentin sort de la maison.) | |
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III - Scène quatrième |
Les mêmes, Valentin. |
<- Valentin
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[N. 25 - Scène et Trio du duel] | N
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VALENTIN |
Que voulez-vous, messieurs !...
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MÉPHISTOPHÉLÈS |
Pardon ! mon camarade,
mais ce n’est pas pour vous qu’était la sérénade !
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VALENTIN |
Ma sœur l’écouterait mieux que moi, je le sais !
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| (Il dégaîne et brise la guitare de Méphistophélès d’un coup d’épée.) | |
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FAUST |
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MÉPHISTOPHÉLÈS (à Valentin) |
Quelle mouche vous pique ?
Vous n’aimez donc pas la musique ?
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VALENTIN |
Assez d’outrage !... assez !...
À qui de vous dois-je demander compte
de mon malheur et de ma honte ?...
Qui de vous deux doit tomber sous mes coups ?
(Faust tire son épée.)
C'est lui !...
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MÉPHISTOPHÉLÈS |
Vous le voulez ?... ~ Allons, docteur, à vous !...
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VALENTIN |
Redouble, ô dieu puissant,
ma force et mon courage !
Permets que dans son sang
je lave mon outrage !
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FAUST (à part) |
Terrible et frémissant,
il glace mon courage !
Dois-je verser le sang
du frère que j’outrage ?...
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MÉPHISTOPHÉLÈS |
De son air menaçant,
de son aveugle rage,
je ris !... mon bras pouissant
va détourner l'orage !...
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VALENTIN |
(tirant de son sein la médaille que lui a donné Marguerite)
Et toi qui préservas mes jours,
toi qui me viens de Marguerite,
je ne veux plus de ton secours,
médaille maudite !...
(Il jette la médaille loin de lui.)
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MÉPHISTOPHÉLÈS (à part) |
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VALENTIN |
En garde !... et défends-toi !...
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MÉPHISTOPHÉLÈS (à Faust) |
Serrez-vous contre moi !...
et poussez seulement, cher docteur !... moi, je pare...
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VALENTIN |
| |
MÉPHISTOPHÉLÈS |
Très-bien ! et l'autre aussi !...
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VALENTIN |
| |
FAUST |
Laisse-nous !... de toi je me sépare !...
Va-t'en ! va-t'en !
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MÉPHISTOPHÉLÈS |
Non pas !
si vous rompez d'un pas,
vous ête mort !
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VALENTIN |
| |
MÉPHISTOPHÉLÈS |
| |
VALENTIN |
| |
MÉPHISTOPHÉLÈS |
| |
VALENTIN |
Ma main s'engourdit !...
(Il s'enferre.)
Ah !
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FAUST |
Qu'as-tu fait, maudit ?...
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| |
| (Valentin tombe.) | |
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MÉPHISTOPHÉLÈS |
Voici notre héros étendu sur le sable !...
Au large maintenant ! au large !...
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| (Il entraîne Faust. Arrivent Marthe et des bourgeois portant des torches.) | Méphistophélès, Faust ->
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III - Scène cinquième |
Marthe, Bourgeois, Valentin, puis Marguerite et Siébel. |
<- Marthe, Bourgeois
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[N. 26 - Mort de Valentin] | N
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MARTHE, BOURGEOIS |
Par ici !...
par ici, mes amis ! on se bat dans la rue !... ~
L’un d’eux est tombé là ! ~ Regardez... le voici !...
Il n’est pas encor mort !... ~ on dirait qu’il remue !... ~
Vite, approchez !... il faut le secourir !
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VALENTIN |
(se soulevant avec effort)
Merci !
Des vos plaintes faites-moi grâce !...
J’ai vu, morbleu ! la mort en face
trop souvent pour en avoir peur !...
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| (Marguerite paraît soutenue par Siébel.) | <- Marguerite, Siébel
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MARGUERITE |
Valentin !... Valentin !...
(Elle écarte la foule et tombe à genoux près de Valentin.)
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VALENTIN |
Marguerite ! ma sœur !
(Il la repousse.)
Que me veux-tu ?... va-t’en !
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MARGUERITE |
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VALENTIN |
Je meurs par elle !...
J’ai sottement
cherché querelle
à son amant !
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LA FOULE (à demi-voix, montrant Marguerite) |
Il meurt frappé par son amant !
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MARGUERITE |
Douleur nouvelle !
Ô châtiment !...
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SIÉBEL (à Valentin) |
Grâce pour elle !...
Soyez clément !
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VALENTIN |
(soutenu par ceux que l'entouret)
Écoute-moi bien, Marguerite !...
Ce qui doit arriver arrive à l’heure dite !
La mort nous frappe quand il faut,
et chacun obéit aux volonté d’en haut !...
~ Toi !... te voilà dans la mauvaise voie !...
Tes blanches mains ne travailleront plus !
Te renîras, pour vivre dans la joie,
tous les devoirs et toutes les vertus !...
Poursuis ta route !... allons ! courage !...
je vois déjà le temps
où les honnêtes gens
reculent devant toi pour te livrer passage !...
et le mépris public te soufflète au visage !...
Oses-tu bien encor,
oses-tu, misérable,
garder ta chaîne d’or !...
(Marguerite arrache la chaîne qu’elle porte au cou et la jette loin d’elle.)
Va ! la honte t’accable !
le remords suit tes pas !...
Meurs enfin !... l’heure sonne !
et si dieu te pardonne
sois maudite ici-bas !
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MARGUERITE |
Mon frère !... mon frère !... hélas !...
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LA FOULE |
Ô blasphème !
à ton heure suprême,
infortuné !
Songe, hélas ! à toi-même...
pardonne, si tu veux être un jour pardonné !...
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VALENTIN |
Marguerite ! Marguerite !
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MARGUERITE |
| |
VALENTIN |
Sois maudite !...
La mort t’attend sur ton grabat !...
moi je meurs de ta main !... et je tombe en soldat !
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| (Il meurt. Siébel entraîne Marguerite éperdue. La toile tombe) | Marguerite, Siébel ->
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I - Scène deuxième (supplement) |
Supplement par Charles Gounod. |
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Romance | Siébel
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SIÉBEL
Si le bonheur à sourire t'invite,
joyeux alors, je sens un doux émoi,
si la douleur t'accable, Marguerite,
ô Marguerite ! ô Marguerite !
je pleure alors, je pleure comme toi.
Comme deux fleurs sur une même tige
notre destin suivait le même cours
de tes chagrins en frère je m'afflige,
ô Marguerite ! ô Marguerite !
comme une sœur je t'aimerai toujours !
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