Acte troisième

 

Scène première

Le jardin de Marguerite.
Au fond, un mur percé d’une petite porte. À gauche, un bosquet. À droite, un pavillon dont la fenêtre face au public. Arbres et massifs.
Siébel seul.

 Q 

Siébel

 
[N. 10 - Entracte et Couplets]

 N 

 
(Il est arrêté près d’un massif de roses et de lilas.)
 

SIÉBEL

I  

Faites-lui mes aveux,

portez mes voeux,

fleurs écloses près d’elle,

dites-lui qu’elle est belle,

que mon cœur nuit et jour

languit d’amour !

Révélez à son âme

le secret de ma flamme !

Qu’il s’exhale avec vous,

parfums plus doux !...

(Il cueille une fleur.)

Fanée !...hélas !

(Il jette la fleur avec dépit.)

Ce sorcier que dieu damne

m’a porté malheur !

(Il cueille une autre fleur qui s’effeuille encore.)

Je ne puis sans qu’elle se fane

toucher une fleur !...

Si je trempais mes doigts dans l’eau bénite !...

(Il s’approche du pavillon et trempe ses doigts dans un bénitier accroché au mur.)

C’est là que chaque soir vient prier Marguerite !

Voyons maintenant ! voyons vite !...

(Il cueille deux ou trois fleurs.)

Elles se fanent ?...Non !... Satan, je ris de toi !...

II

C’est en vous que j’ai foi;

parlez pour moi !

Qu’elle puisse connaître

l’ardeur qu’elle fait naître

et dont mon cœur troublé

n’a point parlé !

C’est en vous que j’ai foi;

parlez pour moi !

Si l’amour l’effarouche,

que la fleur sur sa bouche

sache au moins déposer

un doux baiser !...

(Il cueille des fleurs pour en former un bouquet et disparaît dans les massifs du jardin.)

Siébel ->

 

Scène deuxième

Faust, Méphistophélès, puis Siébel.

<- Faust, Méphistophélès

 
[N. 11 - Récitatif]

 N 

 
(Faust et Méphistophélès entrent doucement.)
 

MÉPHISTOPHÉLÈS

C’est ici ! suivez-moi !  

FAUST

Que regardes-tu là ?

MÉPHISTOPHÉLÈS

Siébel, votre rival.

FAUST

Siébel !

MÉPHISTOPHÉLÈS

Chut !... le voilà !

 
(Ils se cache avec Faust dans un bosquet.)
 

<- Siébel

SIÉBEL

(rentrant en scène, avec un bouquet à la main)

Mon bouquet n’est-il pas charmant ?

MÉPHISTOPHÉLÈS
(à part)

Charmant !

SIÉBEL

Victoire !

Je lui raconterai demain toute l’histoire;

et, si l’on veut savoir le secret de mon cœur,

un baiser lui dira le reste !

MÉPHISTOPHÉLÈS
(à part)

Séducteur !

 
(Siébel attache le bouquet à la porte du pavillon et sort.)

Siébel ->

 

Scène troisième

Faust, Méphistophélès.

 

MÉPHISTOPHÉLÈS

Attendez-moi là, cher docteur !  

Pour tenir compagnie aux fleurs de votre élève,

je vais vous chercher un trésor

plus merveilleux, plus riche encor

que tous ceux qu’elle voit en rêve !

FAUST

Laisse-moi !

MÉPHISTOPHÉLÈS

J’obéis !... Daignez m’attendre ici !

(Il sort.)

Méphistophélès ->

 

Scène quatrième

Faust, seul.

 
[N. 12 - Scène et Cavatine]

 N 

 

 

Quel trouble inconnu me pénètre !  

Je sens l’amour s’emparer de mon être.

Ô Marguerite ! À tes pieds me voici !

 

Salut ! demeure chaste et pure, où se devine    

la présence d’une âme innocente et divine !...

Que de richesse en cette pauvreté !

En ce réduit, que de félicité !

Ô nature, c’est là que tu la fis si belle !

C’est là que cette enfant a grandi sous ton aile,

a dormi sous tes yeux !

Là que, de ton haleine enveloppant son âme,

tu fis avec amour épanouir la femme

en cet ange des cieux !

Salut ! demeure chaste et pure, où se devine

la présence d’une âme innocente et divine !...

Que de richesse en cette pauvreté !

En ce réduit, que de félicité !

S

 

Scène cinquième

Méphistophélès, Faust.

<- Méphistophélès

 
[N. 13 - Récitatif]

 N 

 
(Méphistophélès réapparaît, une cassette sous le bras.)
 

MÉPHISTOPHÉLÈS

Alerte ! la voilà !... Si le bouquet l’emporte  

sur l’écrin, je consens à perdre mon pouvoir !

FAUST

Fuyons !... je veux ne jamais la revoir !

MÉPHISTOPHÉLÈS

Quel scrupule vous prend !...

(plaçant l’écrin sur le seuil du pavillon)

Sur le seuil de la porte,

voici l’écrin placé !... venez !... j’ai bon espoir !...

 
(Il entraîne Faust et disparaît avec lui dans le jardin. Margurite entre par la porte du fond et descend en silence jusque sur le devant de la scène.)

Méphistophélès, Faust ->

 

Scène sixième

Marguerite, seul.

<- Marguerite

 
[N. 14 Scène et Air]

 N 

 

 

Je voudrais bien savoir quel était ce jeune homme,  

si c’est un grand seigneur, et comment il se nomme ?

 
(Elle s’assied dans le bosquet, devant son rouet, et prend son fuseau, autour duquel elle prépaire de la laine.)
 

 

I  

« Il était un roi de Thulé,

qui, jusqu’à la tombe fidèle,

eut en souvenir de sa belle,

une coupe en or ciselé !... »

(S'interrompant.)

Sfondo schermo () ()

 

 

Il avait bonne grâce, à ce qu’il m’a semblé.

(Reprenant sa chanson.)

 

 

« Nul trésor n’avait tant de charmes !

Dans les grands jours il s’en servait,

et chaque fois qu’il y buvait,

ses yeux se remplissaient de larmes !... »

II

(Elle se lève et fait quelques pas.)

« Quand il sentit venir la mort,

étendu sur sa froide couche,

pour la porter jusqu’à sa bouche

sa main fit un suprême effort !... »

(S'interrompant.)

 

 

Je ne savais que dire, et j’ai rougi d’abord.

(Reprenant sa chanson.)

 

 

« Et puis, en l’honneur de sa dame,

il but une dernière fois;

la coupe trembla dans ses doigts,

et doucement il rendit l’âme ! »

 

 

Les grands seigneurs ont seuls des airs si résolus,  

avec cette douceur !

(Elle se dirige vers le pavillon.)

Allons ! n’y pensons plus !

Cher Valentin, si dieu m’écoute,

je te reverrai !... me voilà

toute seule !...

(Au moment d’entrer dans le pavillon, elle aperçoit le bouquet suspendu à la porte.)

Un bouquet !

(Elle prend le bouquet.)

C’est de Siébel, sans doute !

Pauvre garçon !

(Apercevant la cassette.)

Que vois-je là ?...

D’où ce riche coffret peut-il venir ?... Je n’ose

y toucher, et pourtant... ~ voici la clef, je crois !...

Si je l’ouvrais !... ma main tremble !... Pourquoi ?

Je ne fais, en l’ouvrant, rien de mal, je suppose !...

(Elle ouvre la cassette et laisse tomber le bouquet.)

Ô dieu ! que de bijoux !... est-ce un rêve charmant

qui m’éblouit, ou si je veille ? ~

Mes yeux n’ont jamais vu de richesse pareille !...

(Elle place la cassette tout ouverte sur une chaise et s’agenouille pour se parer.)

Si j’osais seulement

me parer un moment

de ces pendants d’oreille !...

(Elle tire des boucles d’oreille de la cassette.)

Voici tout justement,

au fond de la cassette,

un miroir !... comment

n’être pas coquette ?

(Elle se pare des boucles d’oreille, se lève et se regarde dans le miroir.)

 

Ah ! je ris de me voir  

si belle en ce miroir !...

Est-ce toi, Marguerite ?

Réponds-moi, réponds vite ! ~

Non ! non ! ~ ce n’est plus toi !

ce n’est plus ton visage !

c’est la fille d’un roi,

qu’on salue au passage ! ~

Ah ! s’il était ici !...

s’il me voyait ainsi !...

Comme une demoiselle

il me trouverait belle !...

Ah ! s’il était ici !...

Achevons la métamorphose !

Il me tarde encor d’essayer

ce bracelet et ce collier.

(Elle se pare du collier d’abord, puis de bracelet. Se levant.)

Ah ! je ris de me voir

si belle en ce miroir !...

Est-ce toi, Marguerite ?

Réponds-moi, réponds vite ! ~

Non ! non ! ~ ce n’est plus toi !

ce n’est plus ton visage !

c’est la fille d’un roi,

qu’on salue au passage ! ~

Ah ! s’il était ici !...

s’il me voyait ainsi !...

Comme une demoiselle

il me trouverait belle !...

Ah ! s’il était ici !...

 

Scène septième

Marguerite, Marthe.

<- Marthe

 
[N. 15 - Récitatif]

 N 

 

MARTHE

(entrant par le fond)  

Que vois-je, seigneur dieu !... comme vous voilà belle,

mon ange !... ~ D’où vous vient ce riche écrin ?

MARGUERITE
(avec confusion)

Hélas !

on l’aura par mégarde apporté !

MARTHE

Que non pas !

ces bijoux sont à vous, ma chère demoiselle !

oui ! c’est là le cadeau d’un seigneur amoureux !

(Soupirant.)

Mon cher époux jadis était moins généreux !

 
(Méphistophélès et Faust entrent en scène.)
 

Scène huitième

Les mêmes, Méphistophélès, Faust.

<- Méphistophélès, Faust

 

MÉPHISTOPHÉLÈS

Dame Marthe Schwerdtlein, s’il vous plaît ?  

MARTHE

Qui m’appelle ?

 
(Marguerite se hâte d’ôter le collier, le pendant et les pendants d’oreille, et de les remettre dans la cassette.)
 

MÉPHISTOPHÉLÈS

Pardon d’oser ainsi nous présenter chez vous !

(bas à Faust)

Vous voyez qu’elle a fait bon accueil aux bijoux !

(haut)

Dame Marthe Schwerdtlein ?

MARTHE

Me voici !

MÉPHISTOPHÉLÈS

La nouvelle

que j’apporte n’est pas pour vous mettre en gaîté. ~

Votre mari, madame, est mort et vous salue !

MARTHE

Ah !... grand dieu !...

MARGUERITE

Qu’est-ce donc ?

MÉPHISTOPHÉLÈS

Rien !...

 
(Marguerite baisse les yeux sous le regard de Méphistophélès, referme la cassette, la reporte sur l’appui de la fenêtre et pousse les volets.)
 

MARTHE

Ô calamité !

ô nouvelle imprévue !...

MARGUERITE, FAUST

Marguerite

(à part)

Malgré moi mon cœur tremble et tressaille à sa vue !

Faust

(à part)

La fièvre de mes sens se dissipe à sa vue !

(à Marguerite)

Pourquoi donc quitter ces bijoux ?

Marguerite

Ces bijoux ne sont pas à moi ! ~ Laissez, de grâce !...

Ensemble

MÉPHISTOPHÉLÈS, MARTHE

Méphistophélès

(à Marthe)

Votre mari, madame, est mort et vous salue !

Marthe

Ne m’apportez-vous rien de lui ?

Méphistophélès

Rien !... et pour le punir, il faut dès aujourd’hui

chercher quelqu’un qui le remplace !

(à Marthe)

Qui ne serait heureux d’échanger avec vous

la bague d’hyménée ?

Marthe

(à part)

Ah bah !

(haut)

Plaît-il ?

Méphistophélès

(soupirant)

Hélas ! cruelle destinée !...

 
[N. 16 Quatuor]

 N 

 

FAUST
(à Marguerite)

Prenez mon bras un moment !  

MARGUERITE

Laissez !... je vous en conjure !...

MÉPHISTOPHÉLÈS

(de l'autre côté du thèâtre, à Marthe)

Votre bras !...

MARTHE
(à part)

Il est charmant !

MÉPHISTOPHÉLÈS
(à part)

La voisine est un peu mûre !

 
(Marguerite abandonne son bras à Faust et s’éloigne avec lui. Méphistophélès et Marthe restent seuls.)

Faust, Marguerite ->

 

MARTHE

Ainsi vous voyagez toujours ?  

MÉPHISTOPHÉLÈS

Dure nécessité, madame !

Sans amis, sans parents !... sans femme.

MARTHE

Cela sied encor aux beaux jours !

Mais plus tard, combien il est triste

de vieillir seul, en égoïste !...

MÉPHISTOPHÉLÈS

J’ai frémi souvent, j’en conviens,

devant cette horrible pensée !...

MARTHE

Avant que l’heure en soit passée,

digne seigneur, songez-y bien !

 
(Ils s'éloignent. Marguerite et Faust rentrent en scène.)

Marthe, Méphistophélès ->

<- Faust, Marguerite

 

FAUST

Eh quoi ! toujours seule ?...  

MARGUERITE

Mon frère

est soldat; j’ai perdu ma mère;

puis ce fut un autre malheur,

je perdis ma petite sœur !

Pauvre ange !... Elle m’était bien chère !...

C’était mon unique souci;

que de soins, hélas !... que de peines !...

C’est quand nos âmes en sont pleines,

que la mort nous les prend ainsi !...

Sitôt qu’elle s’éveillait, vite

il fallait que je fusse là !...

Elle n’aimait que Marguerite !...

Pour la voir, la pauvre petite,

je reprendrais bien tout cela !...

FAUST

Si le ciel, avec un sourire,

l’avait faite semblable à toi,

c’était un ange !... oui, je le crois !...

MARGUERITE

Vous moquez-vous ?...

FAUST

Non, je t’admire !

 

MARGUERITE

Je ne vous crois pas,  

et de moi tout bas

vous riez sans doute !...

J’ai tort de rester

pour vous écouter !...

Et pourtant j’écoute !...

FAUST

Laisse-moi ton bras !...

Dieu ne m’a-t-il pas

conduit sur ta route ?...

Pourquoi redouter,

hélas ! d’écouter ?...

mon cœur parle; écoute !...

 
(Méphistophélès et Marthe reparaissent.)

<- Méphistophélès, Marthe

 

MARTHE

Vous n’entendez pas,

ou de moi tout bas

vous riez sans doute !

Avant d’écouter,

pourquoi vous hâter

de vous mettre en route ?

MÉPHISTOPHÉLÈS

Ne m’accusez pas,

si je dois, hélas !

me remettre en route.

Faut-il attester

qu’on voudrait rester

quand on vous écoute ?

 
(La nuit commence à tomber.)
 

MARGUERITE
(à Faust)

Retirez-vous !... voici la nuit.  

FAUST

(passant son bras autour de la taille de Marguerite)

Chère âme !

MARGUERITE

Laissez-moi !...

(Elle se dégage et s’enfuit.)

FAUST

(la poursuivant)

Quoi ! méchante !... on me fuit !

MÉPHISTOPHÉLÈS

(à part, tandis que Marthe, dépitée, lui tourne le dos)

L’entretien devient trop tendre !

esquivons-nous !

(Il se cache derrière un arbre.)

MARTHE
(à part)

Comment m’y prendre ?

(se retournant)

Eh bien ! il est parti !... seigneur !...

(Elle s'éloigne.)

MÉPHISTOPHÉLÈS

Cours après moi !...

Ouf ! cette vieille impitoyable,

de force ou de gré, je crois,

allait épouser le diable !

FAUST
(dans la coulisse)

Marguerite !

MARTHE
(dans la coulisse)

Cher seigneur !

MÉPHISTOPHÉLÈS

Serviteur !

 

Marguerite, Faust, Marthe ->

 

Scène neuvième

Méphistophélès, seul.

 
[N. 17 - Récitatif]

 N 

 

 

Il était temps ! sous le feuillage sombre  

voici nos amoureux qui reviennent !... c’est bien !

Gardons-nous de troubler un si doux entretien !

Ô nuit, étends sur eux ton ombre !

amour, ferme leur âme aux remords importuns !

et vous, fleurs aux subtils parfums,

épanouissez-vous sous cette main maudite !

Achevez de troubler le cœur de Marguerite !...

 
(Il s’éloigne et disparaît dans l’ombre. Faust et Marguerite rentrent en scène.)

Méphistophélès ->

<- Faust, Marguerite

 
[N. 18 - Duo]

 N 

 

MARGUERITE

Il se fait tard !... adieu !...  

 

Scène dixième

Faust, Marguerite.

 

FAUST

(la retenant)  

Quoi ! je t’implore en vain !

attends ! laisse ma main s’oublier dans ta main !

(S’agenouillant devant Marguerite.)

 

 

Laisse-moi, laisse-moi contempler ton visage  

sous la pâle clarté

dont l’astre de la nuit, comme dans un nuage,

caresse ta beauté !...

MARGUERITE

Ô silence ! ô bonheur ! ineffable mystère !

enivrante langueur !

J’écoute !... et je comprends cette voix solitaire

qui chante dans mon cœur !

(Dégageant sa main de celle de Faust.)

Laissez un peu, de grâce !..

(Elle se penche et cueille une Marguerite.)

FAUST

Qu’est-ce donc ?

MARGUERITE

Un simple jeu !

laissez un peu !

(Elle effeuille la Marguerite.)

FAUST

Que dit ta bouche à voix basse ?...

MARGUERITE

Il m’aime ! ~ Il ne m’aime pas ! ~

Il m’aime ! ~ pas ! ~ Il m’aime ! ~ pas ! ~ Il m’aime !...

FAUST

Oui !... crois en cette fleur éclose sous tes pas !...

Qu’elle soit pour ton cœur l’oracle du ciel même !...

Il t’aime !... comprends-tu ce mot sublime et doux ?...

MARGUERITE

Je me sens tressaillir !

FAUST

(prenant Marguerite dans ses bras)

Aimer ! porter en nous

une ardeur toujours nouvelle !...

Nous enivrer sans fin d’une joie éternelle !...

FAUST, MARGUERITE

Éternelle !...

FAUST

Ô nuit d’amour !... ciel radieux !...

ô douces flammes !...

Le bonheur silencieux

verse les cieux

dans nos deux âmes !...

MARGUERITE

Je veux t’aimer et te chérir !...

Parle encore !...

je t’appartiens !... je t’adore !...

pour toi je veux mourir !...

FAUST

Marguerite !...

MARGUERITE

(se dégageant des bras de Faust)

Ah !... partez !...

FAUST

Cruelle !...

me séparer de toi !...

MARGUERITE

Je chancelle !...

FAUST

Ah ! cruelle !...

MARGUERITE
(suppliante)

Laissez-moi !...

FAUST

Tu veux que je te quitte !

hélas !... vois ma douleur !

tu me brises le cœur,

ô Marguerite !...

MARGUERITE

Partez ! oui, partez vite !

je tremble !... hélas !... j’ai peur !

Ne brisez pas le cœur

de Marguerite !

FAUST

Par pitié !...

MARGUERITE

Si je vous suis chère...

par votre amour, par ces aveux

que je devais taire,

cédez à ma prière !...

cédez à mes voeux !...

(Elle tombe aux pieds de Faust.)

FAUST

(après un silence, la relevant doucement)

Divine pureté !...

chaste innocence,

dont la puissance

triomphe de ma volonté !...

J’obéis !... mais demain !...

MARGUERITE

Oui, demain !... dès l’aurore !...

demain !... toujours !...

FAUST

Un mot encore !...

Répète-moi ce doux aveu !...

tu m’aimes !...

MARGUERITE

(s’échappe, court au pavillon, s’arrête sur le seuil et envoie un baiser à Faust)

Adieu !...

(Elle entre dans le pavillon.)

Marguerite ->

 

FAUST

Félicité du ciel !... ~ Ah ! fuyons !...

 
(Il s’élance vers la porte du jardin. Méphistophélès lui barre le passage.)
 

Scène onzième

Faust, Méphistophélès.

<- Méphistophélès

 

MÉPHISTOPHÉLÈS

Tête folle !...  

FAUST

Laisse-moi !...

MÉPHISTOPHÉLÈS

Daignez seulement

écouter un moment

ce qu’elle va conter aux étoiles, cher maître !...

tenez !... elle ouvre sa fenêtre !...

 
(Marguerite ouvre la fenêtre du pavillon et s’y appuie un moment en silence, la tête entre les mains.)
 

Scène douzième

Les mêmes, Marguerite.

<- Marguerite

 

MARGUERITE

Il m’aime !... quel trouble en mon cœur !...  

L’oiseau chante... le vent murmure !...

toutes les voix de la nature

me redisent en chœur:

Il t’aime !... ~ Ah ! qu’il est doux de vivre !...

Le ciel me sourit... l’air m’enivre !...

Est-ce de plaisir et d’amour

que la feuille tremble et palpite ?...

Demain ?... ~ Ah ! presse ton retour,

cher bien-aimé !... viens !...

 

FAUST

(s’élançant vers la fenêtre et saisissant la main de Marguerite)

Marguerite !...

MARGUERITE

Ah !...

 
(Elle reste un moment interdite et laisse tomber sa tête sur l’épaule de Faust; Méphistophélè souvre la porte du jardin et sort en ricanant. La toile tombe.)
 

Fin (Acte troisième)

Acte premier Acte deuxième Acte troisième Acte quatrième Acte cinquième

Le jardin de Marguerite. Au fond, un mur percé d’une petite porte. À gauche, un bosquet. À droite, un pavillon dont la fenêtre face au public. Arbres et massifs.

Siébel
 

[N. 10 - Entracte et Couplets]

Siébel ->
<- Faust, Méphistophélès

[N. 11 - Récitatif]

C’est ici ! suivez-moi ! / Que regardes-tu là ?

(Méphistophélès et Faust se cachent dans un bosquet)

Faust, Méphistophélès
<- Siébel

Faust, Méphistophélès
Siébel ->

Attendez-moi là, cher docteur !

Faust
Méphistophélès ->

[N. 12 - Scène et Cavatine]

Quel trouble inconnu me pénètre !

Faust
<- Méphistophélès

[N. 13 - Récitatif]

Alerte ! la voilà !... Si le bouquet l’emporte

Méphistophélès, Faust ->
<- Marguerite

[N. 14 Scène et Air]

Je voudrais bien savoir quel était ce jeune homme

 

 

Les grands seigneurs ont seuls des airs si résolus

Marguerite
<- Marthe

[N. 15 - Récitatif]

Que vois-je, seigneur dieu !... comme vous voilà belle

Marguerite, Marthe
<- Méphistophélès, Faust

Dame Marthe Schwerdtlein, s’il vous plaît ?

[N. 16 Quatuor]

Prenez mon bras un moment !

Marthe, Méphistophélès
Faust, Marguerite ->
Marthe, Méphistophélès
Ainsi vous voyagez toujours ?
Marthe, Méphistophélès ->
<- Faust, Marguerite

Eh quoi ! toujours seule ?... / Mon frère

Marguerite, Faust, Méphistophélès, Marthe
Je ne vous crois pas
Faust, Marguerite
<- Méphistophélès, Marthe
 

Retirez-vous !... voici la nuit.

Méphistophélès
Marguerite, Faust, Marthe ->

[N. 17 - Récitatif]

Il était temps ! sous le feuillage sombre

Méphistophélès ->
<- Faust, Marguerite

[N. 18 - Duo]

Il se fait tard ! adieu !

Quoi ! je t’implore en vain !

Faust
Marguerite ->

Faust
<- Méphistophélès

Tête folle !... / Laisse-moi !...

Faust, Méphistophélès
<- Marguerite
 
Scène première Scène deuxième Scène troisième Scène quatrième Scène cinquième Scène sixième Scène septième Scène huitième Scène neuvième Scène dixième Scène onzième Scène douzième
Le cabinet de Faust. Une des portes de la ville. À gauche un cabaret à l’enseigne du dieu Bacchus Le jardin de Marguerite. Au fond, un mur percé d’une petite porte. À gauche, un bosquet. À droite,... La chambre de Marguerite L’église. Une rue; à gauche, la maison de Marguerite. Les montagnes du Harz. Un vaste palais resplendissant d’or. La vallée du Brocken. La prison.
[N. 1 - Introduction] [N. 2 - Scène et Chœur] [N. 3 - Récitatif] [N. 4 - Duo] [N. 5 - Chœur] [N. 6 - Scène et Récitatif] [N. 7 - Ronde du veau d’or] [N. 8 - Récitatif et Choral des épées] [N. 9 - Valse et Chœur] [N. 10 - Entracte et Couplets] [N. 11 - Récitatif] [N. 12 - Scène et Cavatine] [N. 13 - Récitatif] [N. 14 Scène et Air] [N. 15 - Récitatif] [N. 16 Quatuor] [N. 17 - Récitatif] [N. 18 - Duo] [N. 19 - Marguerite au rouet] [N. 20 - Scène et Récitatif] [N. 21 - Scene de l’église] [N. 22 - Chœur des soldats] [N. 23 - Récitatif] [N. 24 - Sérénade] [N. 25 - Scène et Trio du duel] [N. 26 - Mort de Valentin] [N. 27 - La nuit de Walpurgis] [N. 28 - Scène et Chœur] [N. 29 - Chant bachique] [N. 30 - Scène de la prison] [N. 31 - Trio Finale] [N. 32 - Apothéose]
Acte premier Acte deuxième Acte quatrième Acte cinquième

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