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Scène première |
Le théâtre représente le forum. À gauche l'atrium, ou logement particulier des vestales, qui communique par une colonnade au temple de Vesta; sur le même côté et vis-à-vis l'atrium le palais de Numa et une partie du bois sacré qui l'entoure. Le fond représente le mont Palatin et les rives du Tibre. On voit sur la place les préparatifs d'une fête triomphale. Le jour commence à peine. Licinius, Cinna. |
Q
Licinius
<- Cinna
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Pendant la ritournelle, Licinius est appuyé contre une des colonnes de l'atrium; Cinna sort du bois sacré. | |
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CINNA |
Prés de ce temple auguste à Vesta consacré,
pourquoi Licinius devance-t-il l'aurore ?
D'ennuis et de chagrin ton cœur est dévoré;
confie à l'amitié ton secret qu'elle ignore.
Licinius veut s'éloigner.
Tu me fuirais en vain, j'accompagne tes pas.
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LICINIUS |
(montrant l'atrium)
Ces murs, ces murs sur moi ne s'écrouleront pas !
Suis-je assez malheureux !
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CINNA |
Toi ! lorsque la victoire
a consacré ton nom au temple de mémoire;
quand ton bras, signalé par d'immortels exploits,
de nos murs ébranlés chasse enfin les Gaulois;
quand tu rentres vainqueur au sein de ta patrie ?
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LICINIUS |
Eh ! que me font de vains honneurs,
de stériles lauriers, d'importunes grandeurs ?
Que me fait Rome entiere, et ma gloire, et ma vie ?
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CINNA |
Quels vœux, Licinius, peux-tu former encor ?
Ne vois-je pas déjà ta pompe triomphale,
et sur ton front le laurier d'or
attaché par les mains de la jeune vestale ?
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LICINIUS |
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CINNA |
D'où vient que tu frémis ?
Quel trouble, quel transport égarent tes esprits ?
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[N. 1 - Air] | N
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Dans le sein d'un ami fidele
tu crains d'épancher ton secret;
tu ne me vois plus qu'à regret:
voilà donc le prix de mon zele !
Ta réserve à mon cœur
serait moins importune,
si tu me cachais ton bonheur;
mais d'un ami dans l'infortune
je veux partager la douleur.
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LICINIUS |
Eh bien ! partage donc mon crime et ma fureur;
partage de mes feux la violence extrême,
et dispute à Vesta sa prêtresse que j'aime.
Tu connais mon destin.
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CINNA |
Tout mon sang s'est glacé;
des plus affreux malheurs je te vois menacé.
Quel démon t'inspira cette ardeur sacrilège ?
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LICINIUS |
Elle était pure alors. Ami, te le dirai-je ?
Julia, cet objet de tendresse et d'effroi,
par sa mere jadis fut promise à ma foi;
mais le chef orgueilleux d'une illustre famille
ne pouvait consentir à me donner sa fille,
quand la gloire ignorait et ma race et mon nom.
Je volai dans les camps; ma noble ambition
par des travaux heureux a signalé ma vie:
vainqueur, après cinq ans je revois ma patrie,
je m'enivre en espoir du bonheur que j'attends !
Revers cruel, affreuse destinée !
Par un pere expirant aux autels enchaînée,
Julia de l'amour a trahi les serments.
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CINNA |
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LICINIUS |
C'est trop peu de me plaindre.
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CINNA |
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LICINIUS |
Rien; mais je suis las de craindre.
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CINNA |
Ne t'abandonne pas à ce fatal transport;
songe aux lois, songe aux dieux que ton amour offense
terrible est leur courroux, terrible est leur vengeance.
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LICINIUS |
Eh bien ! je subirai mon sort.
Je connais le péril, j'ai mesuré l'abyme;
et, pour m'arracher à mon crime,
Cinna, ton amitié ferait un vain effort.
De mes coupables feux telle est la violence,
que des dieux même la puissance
ne peut à mon amour opposer que ma mort.
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CINNA |
J'ai montré les dangers où ta fureur s'engage;
l'amour veut les braver, l'amitié les partage.
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[N. 2 - Duo] | N
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LICINIUS |
Quand l'amitié seconde mon courage,
de quels périls pourrais-je être alarmé ?
Repousse au loin ce funeste présage;
vois mon bonheur, Cinna; je suis aimé !
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CINNA |
Puissent les dieux éloigner le présage
qui vient saisir mon esprit alarmé !
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LICINIUS |
Vois mon bonheur, Cinna; je suis aimé !
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LICINIUS
Non, de ma flamme criminelle
rien ne peut arrêter le cours,
ô toi de mes périls le compagnon fidele,
dans mes hardis projets prête-moi ton secours.
Unis par l'amitié d'une chaîne éternelle,
à quel autre aujourd'hui pourrais-je avoir recours.
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Ensemble
CINNA
Si de ta flamme criminelle
rien ne peut arrêter le cours,
Cinna de tes périls le compagnon fidele,
a tes hardis projets prêtera son secours.
Unis par l'amitié d'une chaîne éternelle,
sur la terre à moi seul tu dois avoir recours.
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| Pendant cette scène le théâtre c'est éclairé. | |
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CINNA |
Mais aujourd'hui du moins souffre que la prudence
te rappelle ta gloire, et l'honneur qui t'attend:
suis-moi; déja l'heure s'avance
où tu dois en ces lieux revenir triomphant.
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LICINIUS |
Je la verrai, voilà mon espérance.
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| Ils sortent. | Licinius, Cinna ->
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Scène deuxième |
La grande vestale, Julia, Les vestales. |
<- La grande vestale, Les vestales
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Elles sortent de l'atrium, et chantent cet hymne dans le bois sacré, avant de se rendre au temple. | |
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[N. 3 - Hymne du matin] | N
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LA GRANDE VESTALE
Fille du ciel, éternelle Vesta,
répands ici tes clartés immortelles;
conserve aux mains de tes vierges fideles
le feu divin que ton souffle alluma.
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LES VESTALES |
Fille du ciel, éternelle Vesta,
etc.
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| Pendant cet hymne, Julia paraît absorbée dans la plus profonde méditation, et n'en sort que pour s'appliquer les menaces que cet hymne renferme contre la prêtresse infidèle. | <- Julia
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LA GRANDE VESTALE
Chaste déesse, à la seule innocence
tu confias le soin de tes autels;
les vœux impurs, les désirs criminels
n'osent soutenir ta présence.
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LES VESTALES |
Fille du ciel, éternelle Vesta,
etc.
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LA GRANDE VESTALE
De ce lieu saint où l'univers t'adore
la vierge impie est bannie à jamais;
la flamme éteinte accuse ses forfaits;
la terre aussitôt la dévore.
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LES VESTALES |
Fille du ciel, éternelle Vesta,
etc.
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LA GRANDE VESTALE |
Prêtresses, dans ce jour Rome victorieuse
présente à son héros le prix de la valeur:
c'est à vous qu'appartient l'honneur
de ceindre de lauriers sa tête glorieuse.
Vous verrez à vos pieds, sous ces arcs triomphaux,
tout le peuple romain, et le sénat lui-même;
vous verrez des consuls la majesté suprême
s'incliner devant vos faisceaux.
Allez au temple, et par des sacrifices
d'Astrée et de Janus faites des dieux propices.
Julia, demeurez.
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| Les vestales se rendent au temple par la colonnade qui y conduit. | Les vestales ->
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Scène troisième |
Julia, La grande vestale. |
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LA GRANDE VESTALE |
Pour la dernière fois,
je viens de vos dangers vous présenter l'image,
de votre cœur ranimer le courage,
et du devoir faire entendre la voix.
Vous portez à regret la chaîne qui vous lie,
jusqu'au pied des autels vos regards éplorés
attestent les chagrins dont votre ame est remplie:
le culte de Vesta, ses mysteres sacrés,
ne peuvent dissiper l'horreur qui vous assiege.
Un noir démon dans vos sens égarés
a versé le poison du desir sacrilege,
et dérobe à vos yeux l'abyme où vous courez.
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JULIA |
Qu'exigez-vous de moi ? Victime infortunée
par la force enchaînée,
j'obéis à vos lois en pleurant sur mon sort.
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LA GRANDE VESTALE |
Sur la terre en est-il de plus digne d'envie ?
C'est à nous que Rome confie
du saint palladium le précieux trésor:
les respects, les honneurs enchantent notre vie.
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JULIA (à part) |
Et l'erreur d'un moment nous condamne à la mort.
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LA GRANDE VESTALE |
Dans une paix profonde,
au sein du plus heureux séjour,
nous recevons les hommages du monde,
et nous bravons les dangers de l'amour.
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JULIA |
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[N. 4 - Air] | N
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LA GRANDE VESTALE
L'amour est un monstre barbare,
perfide ennemi de Vesta;
c'est dans les gouffres du Ténare
que Tisiphone l'enfanta:
par lui, de malheurs et de crimes
ce monde impie est inondé;
sur des tombeaux, sur des abymes
son trône sanglant est fondé.
L'amour est un monstre barbare,
perfide ennemi de Vesta;
c'est dans les gouffres du Ténare
que Tisiphone l'enfanta.
| S
(♦)
(♦)
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JULIA (avec effroi) |
Au nom des dieux, au nom de Vesta que j'adore,
prêtresse, accordez-moi la grace que j'implore;
souffrez que dans ces murs, cachée à tous les yeux,
du triomphe sans moi la fête se dispose.
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LA GRANDE VESTALE |
Rien ne peut vous soustraire aux soins religieux
que la loi vous impose.
C'est vous qui de Vesta, dans l'ombre de la nuit,
surveillez la flamme éternelle;
c'est à vos pieds que le vainqueur conduit
doit recevoir la couronne immortelle.
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| La grande vestale entre dans le temple. | La grande vestale ->
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Scène quatrième |
Julia seule. |
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Ô d'un pouvoir funeste invincible ascendant !
C'en est fait, et des dieux je suis abandonnée.
Rebelle à mon amour, j'ai voulu vainement
echapper à ma destinée:
j'ai voulu me priver du suprême bonheur
de voir à mes genoux Licinius vainqueur,
d'acquitter envers lui la dette de l'empire:
déesse, à tes rigueurs cet effort doit suffire.
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[N. 5 - Air] | N
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Licinius, je vais donc te revoir;
j'entendrai de ta voix la douce mélodie;
ton regard dans mon cœur va rallumer l'espoir;
et du moins de ma triste vie,
que les dieux au malheur condamnent sans retour,
j'aurai pu consacrer ce moment à l'amour.
Que dis-tu, perfide vestale ?...
Où t'emporte une erreur fatale ?
Quel nom t'échappe en ce séjour !
Grace, dieux bienfaisants !
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UNE VESTALE |
(sur les marches du temple)
Prétresse, votre absence
suspend le sacrifice; et déjà vers ces lieux
du héros triomphant le char victorieux
suit le cortege qui s'avance.
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| Julia entre au temple. | Julia ->
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Scène cinquième |
Julia, Licinius, Cinna, La grande vestale, le souverain Pontife, Consuls, Sénateurs, Dames Romaines, Vestales, Gladiateurs, Musiciens, Cortege triomphal, etc. |
<- Julia, Licinius, Cinna, La grande vestale, Pontife, Consuls, Un consul, Sénateurs, Dames Romaines, Vestales, Gladiateurs, Musiciens, Cortege triomphale
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Le cortège s'avance sur la place de divers côtés; il est précédé d'une foule de peuple qui remplit le fond de la scene. Viennent ensuite les prêtres des différents temples, à la tête desquels marchent le grand pontife, le chef des aruspices, le sénat, les consuls, les matrones, et les guerriers. Quand cette premiere partie du cortege a pris place, les vestales sortent du temple: la grande vestale porte le palladium. En sa qualité de vestale préposée à la garde du feu, on porte devant Julia un autel allumé. | |
Les vestales passent devant les troupes, qui leur rendent les honneurs suprêmes; le peuple s'agenouille, le sénat s'incline, les faisceaux des consuls s'abaissent devant ceux des vestales, portés par quatre licteurs: elles prennent place au sommet d'une estrade élevée près de l'atrium; les consuls et le sénat sont placés au-dessous d'elles. Le char du triomphateur paraît; il est précédé par les musiciens, les tibiaires, etc., et traîné par des esclaves enchaînés. D'autres chefs ennemis prisonniers suivent le char. Licinius est revêtu de la robe triomphale; il tient en main le bâton de commandant. Cinna marche à la tète des troupes. | |
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[N. 6 - Finale] | N
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CHŒUR GÉNÉRAL |
De lauriers couvrons les chemins;
ornons le temple de Cybele;
dans nos murs glorieux la paix enfin rappelle
le vainqueur des Gaulois, le vengeur des Romains.
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UN CORYPHÉE
Le trépas ou l'esclavage
allait être le partage
des enfants de Romulus;
un héros à l'aigle altiere
rend son audace premiere:
nos ennemis sont vaincus.
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CHŒUR GÉNÉRAL |
De lauriers couvrons les chemins;
etc.
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GUERRIERS |
Il est l'arbitre de la guerre,
que son nom soit honoré !
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FEMMES |
Il donne la paix à la terre,
que son nom soit adoré !
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LICINIUS |
(sur son char)
Mars a guidé nos pas aux champs de la victoire,
nos étendards sont triomphants;
les Romains sont encor les enfants de la gloire,
l'honneur des nations, et l'effroi des tyrans.
Des succès que leur main dispense
rendons grace aux dieux immortels,
et que l'encens de la reconnaissance
brûle sur leurs autels.
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| Les consuls aident Licinius à descendre de son char, et le conduisent sous un trophée élevé sur la droite de l'avant-scene. | |
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CHŒUR |
Il est l'arbitre de la guerre,
que son nom soit honoré !
etc.
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LA GRANDE VESTALE (à Julia) |
Sur le dépôt de la flamme immortelle,
vous qui veillez dans la nuit solennelle
qu'annonce au monde un jour si glorieux,
consacrez, Julia, ce laurier précieux.
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| Elle lui remet la couronne d'or. | |
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LICINIUS (à part à Cinna) |
Tu l'entends... cette nuit... Julia... dans le temple...
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CINNA (à part à Licinius) |
Observe-toi, la foule nous contemple.
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LA GRANDE VESTALE (à Julia) |
Au héros des Romains remettez en ce jour
le noble prix de la victoire,
et que pour lui le gage de la gloire
le soit aussi de notre amour.
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JULIA |
(prend la couronne, qu'elle passe sur le feu sacré)
Grands dieux ! soutenez ma faiblesse.
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LICINIUS (à part) |
C'est elle, ô transports pleins d'ivresse !
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| Pendant les cérémonies auxquelles préside Julia, le peuple chante le chœur suivant. | |
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CHŒUR |
De Vesta chaste prêtresse,
ornez son front radieux,
et que nos chants d'alégresse
portent son nom jusqu'aux cieux.
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| Pendant le chœur précédent, elle traverse la scene, et monte sur l'estrade d'un pas chancelant. | |
| Licinius s'agenouille devant elle. En lui mettant la couronne sur la tête, elle chante d'une voix altérée: | |
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JULIA |
Jeune héros, de la gloire
reçois le gage en ce jour;
monument de ta victoire,
qu'il le soit de notre amour.
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LICINIUS (à Julia) |
Ecoute... Julia... sous ces portiques sombres...
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LA GRANDE VESTALE
(regardant Julia)
Son cœur est tourmenté;
les pensers les plus sombres
sur son front attristé
ont répandu leurs ombres.
PONTIFE
(d'un ton prophétique, et les yeux fixés sur l'autel des libations)
Au sein de la clarté,
quelles funestes ombres !
L'autel est attristé
de feux mourants et sombres.
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Ensemble
CINNA
(à part à Licinius)
Ton regard attristé
trahit tes pensers sombres;
une affreuse clarté
peut sortir de ces ombres.
JULIA
(avec égarement)
O moment redouté !
Sous ces portiques sombres
mon œil épouvanté
ne voit plus que des ombres.
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LICINIUS (bas à Julia) |
Ecoute, Julia... sous ces portiques sombres,
j'irai cette nuit même... à la faveur des ombres,
t'arracher...
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JULIA (effrayée) |
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UN CONSUL (allant à Licinius) |
Magnanime héros,
la paix est en ce jour le fruit de vos conquêtes,
jouissez dans son sein de vos nobles travaux,
et comme à nos destins présidez à nos fêtes.
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| Julia va reprendre sa place auprès du feu sacré, et Licinius entre les deux consuls. | |
| Les jeux, les danses, les combats de lutteurs et de gladiateurs se succedent, et les vestales distribuent les prix aux vainqueurs. | |
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PONTIFE |
(après les jeux)
Peuple, cessez vos jeux; à Jupiter sauveur
allons au Capitole immoler nos victimes,
et des mains du triomphateur
suspendre à son autel les dépouilles opimes.
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Le cortege retourne au Capitole dans l'ordre où il est arrivé. | |
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