LA VESTALE
Tragédie lyrique en trois actes.
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Livret de Victor-Joseph ÉTIENNE DE JOUY.
Musique de Gaspare SPONTINI.
Première représentation : 15 décembre 1807, Paris.
Personnages:
LICINIUS général Romain |
ténor |
CINNA chef de légion |
ténor |
Le souverain PONTIFE |
basse |
LE CHEF DES ARUSPICES |
basse |
UN CONSUL |
basse |
JULIA jeune vestale |
soprano |
LA GRANDE VESTALE |
soprano |
Chœur des Vestales, Chœur des Jeunes filles et des Matrones Romaines,
Chœur des Prêtres, des Guerriers, et de Peuple Romains.
La Scène est à Rome.
À sa majesté l'impératrice-reine
Madame,
c'est avec une extréme défiance en mes propres forces que j'ose me prévaloir de l'honneur que m'a fait votre majsté, en permettant que son nom parût à la téte de cet ouvrage.
Je suis loin de croire (quelque préjugé qu'on éleve contre le drame lyrique) que ce genre, où Corneille et Voltaire se sont exercés, soit au-dessous des autres parties de l'art thèâtral. Dans le siecle le plus brillant de notre gloire littéraire, Quinault, parmi tant de grands écrivains, a pris un rang que la postérité lui conserve; et de nos jour l'auteur d'Œdipe à Colone s'est acquis une réputation méritée en marchant sur les traces de ce grand modèle.
Mais plus je suis persuadée, madame, qu'un bon Opéra ne peut être que l'ouvrage d'un talent distingué, moins j'avais droit d'espérer pour le mien la faveur dont votre majesté m'honore: jr ne dois y voir qu'un nouvel effet de cet encouragement universel, de cette bienveillance inépuisable qu'elle daigne accorder à tout ceux qui cultivent les arts, quel que soit d'ailleurs le succès de leurs efforts.
Si j'avais pu me flatter, en composant cette tragédie, que votre majesté daignât en accepter l'hommage, j'ose croire que cette idée, suppléant au talent qui me manque, m'aurait donné les moyens de rendre mon ouvrage plus digne de votre auguste protection.
Je suis avec un profon respect,
madame,
de votre majesté impériale et royale,
le tres humble, tres obeïssant serviteur, et fidele sujet
Jouy
Avant-propos
Le trait historique sur lequel cette piece est fondée remonte à l'an de Rome 269, et se trouve consigné dans l'ouvrage de Winckelman intitulé: Monumenti antichi inediti. Sous le consulat de q. Fabius, et de Servilius Cornelius, la vestale Gorgia, éprise de la passion la plus violente pour Licinius, Sabin d'origine, l'introduisit dans le temple de Vesta, une nuit où elle veillait à la garde du feu sacré. Les deux amants furent découverts; Gorgia fut enterrée vive, et Liciniusse tua, pour se soustraire au supplice dont la loi punissait son crime.
En me proposant de transporter sur la scene lyrique une action dont le nœud, l'intérêt, et les détails me paraissaient convenir particulièrement à ce genre de spectacle, je ne me dissimulai pas les difficultés que presentait le dénouement.
La vérité historique exigeait que la vestale coupable subit la mort à laquelle sa faute l'avait exposè; mais cette affreuse catastrophe, qui pourrait, à la faveur d'un récit, trouver place dans une tragédie réguliere, était-elle de nature à pouvoir être consommée sous les yeux du spectateur ? Je ne le pense pas.
Le parti que j'ai pris de sauver la victime par un miracle, et de l'unir à celui qu'elle aimait, peut devenir l'objet d'une autre critique. On m'objectera que ce dénouement est contraire aux notions les plus connues, et aux lois inflexibiles auxquelles Les vestales étaient soumises. Je ne croirais pas avoir suffisamment justifié la liberté que j'ai prise en m'autorisant de toutes celles du genre même auquel cet ouvrage appartient, et de toutes les concessions qui lui ont été faites; je vais essayer de prouver en peu de mots qu'en admettant, en faveur de la Vestale que je mets en scene, une exception à la loi terrible dont elle avait encouru la rigueur, je me suis du moins ménagé des prétextes historique.
Sans doute on ne me demandera pas compte du miracle auquel Juliadoit la vie: l'histoire cite plusieurs vestales arrachées à la mort par ce moyen dont les prêtres de Rome s'étaient sans doute reservée le secret. J'ose croire même qu'on ne m'opposera pas le précepte d'Horace,
Nec deus intersit, nisi dignus vindice nodus.
Mais ce n'était pas assez d'arracher la vestale au supplice, le complément de l'action dramatique exigeait qu'elle épousât son amant; et tout en m'écartant de l'histoire en ce point seul de mon ouvrage, je puis encore m'autoriser de quelques faits consacrés par elle.
Il passait pour constant chez les Romains que le fondateur de leur empire, Romulus, devait le jour à l'hymen du dieu Mars et de la vestale Ilia: on sait aussi qu'Héliogabale (en tout autre circonstance je me garderais bien d'invoquer une pareille autorité); on sait, dis-je, qu'Héliogabale épousa la vestale Aquilia Severa, et que le sénat se prévalut d'exemples anciens, qu'il supposa peut- être, pour autoriser un semblable hymen. Enfin Dion Cassius parle, sans y croire il est vrai, d'une vestale Urbinia qui fuit relevée de ses vœux par l'ordre des décemvirs, et se maria peu de temps après.
J'ai pensé que ces témoignages, quelque récusables qu'ils puissent paraître, suffisaient au dégré de vraisemblance qu'exige le dénouement d'un drame lyrique, sur-tout en observant que Racine, dans la tragédie de Britannicus, s'est plus ouvertement encore écarté de l'histoire en plaçant Junie parmi Les vestales, et sans pouvoir s'autoriser d'aucune exception à la loi qui défendait qu'on y fùt reçu après l'age de dix ans.
Le théâtre représente le forum. À gauche l'atrium, ou logement particulier des vestales, qui communique par une colonnade au temple de Vesta; sur le même côté et vis-à-vis l'atrium le palais de Numa et une partie du bois sacré qui l'entoure. Le fond représente le mont Palatin et les rives du Tibre. On voit sur la place les préparatifs d'une fête triomphale. Le jour commence à peine.
Licinius, Cinna.
La grande vestale, Julia, Les vestales.
Julia, La grande vestale.
Julia seule.
Julia, Licinius, Cinna, La grande vestale, le souverain Pontife, Consuls, Sénateurs, Dames Romaines, Vestales, Gladiateurs, Musiciens, Cortege triomphal, etc.
Le théâtre représente l'intérieur du temple de Vesta, de forme circulaire. Les murailles sont décorées de lames de feu. Le feu sacré brûle sur un vaste autel de marbre, au centre du sanctuaire. La vestale de garde a un siège ménagé dans le massif de l'autel, auquel on arrive par des gradins circulaires. Une porte de bronze occupe le fond de la scène; d'autres portes plus petites conduisent au logement particulier des vestales, et dans les autres parties du temple. Le palladium est placé sur un socle derrière l'autel.
Julia, La grande vestale, Les vestales
Julia seule, dans l'attitude du plus profond accablement; elle s'agenouille sur les marches de l'autel, où elle reste un instant prosternée.
Julia, Licinius.
Les mêmes, Cinna.
Julia seule.
Julia, Le souverain Pontife, Prêtres, Vestales.
Le théâtre représente le champ d'exécration, borné à gauche par la porte Colline et les remparts de Rome; à droite par le cirque de Flore et le temple de Vénus Ericine. On voit au fond le mont Quirinal, au sommet duquel s'éleve le temple de la Fortune. Sur la porte du champ on lit Sceleratus ager. On remarque sur la scene trois tombes de forme pyramidale: deux sont fermées d'une pierre noire, sur laquelle on lit en lettres d'or le nom de la vestale qu'elle renferme, et le millésime de sa mort. La troisième, destinée à Julia, est ouverte; un escalier conduit dans l'intérieur.
Licinius, seul et dans le plus grand désordre.
Licinius, Cinna.
Licinius, le souverain Pontife, Le chef des aruspices.
Le souverain Pontife, Le chef des aruspices.
Julia, La grande vestale, Les précédents, Peuple, Prêtres, Soldats, Dames Romaines, Jeunes filles, Vestales, Consuls, etc.
Les mêmes, Licinius, Cinna, Soldats. Ils se précipitent du mont Quirinal.
Fin du livret.
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