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Scène première |
Le thèâtre représente l'appartement d'Iphigénie. Iphigénie, Les Prêtresses. |
Q
Iphigénie, Les prêtresses
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IPHIGÉNIE |
Je cède à vos désirs: du sort qui nous opprime
instruisons Electre, ma sour:
aux horreurs du trépas j'arrache une victime
et je sers à la fois la nature et mon cœur...
Hélas ! je ne puis m'en défendre;
pour l'un de ces infortunés,
par nos barbares lois à la mort condamné,
je sens la pitié la plus tendre.
Mon cœur s'unit à lui par des rapports secrets...
Oreste serait de son âge;
ce captif malheureux m'en rappelle l'image,
et sa noble fierté m'en retrace les traits.
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D'une image, hélas ! trop chérie
j'aime encore à m'entretenir.
Mon âme se plaît à nourrir
l'espérance qui m'est ravie.
Inutiles et chers transports !
Chassons une vaine chimère:
ah ! ce n'est plus qu'aux sombres bords
que je puis retrouver mon frère.
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Scène deuxième |
Iphigénie, Les prêtresses, Oreste, Pylade. |
<- Oreste, Pylade
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UNE PRÊTRESSE |
Voici ces captifs malheureux.
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IPHIGÉNIE |
Allez ! laissez-moi seule un instant avec eux.
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| (Les prêtresses sortent.) | Les prêtresses ->
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Scène troisième |
Iphigénie, Oreste, Pylade. |
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ORESTE |
(courant à Pylade)
O joie inattendue !
Je puis donc t'embrasser pour la dernière fois !
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PYLADE |
Mon sort est moins affreux, puisque je te revois.
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IPHIGÉNIE |
Qu'à leur aspect touchant je sens mon âme émue !
Vous avez vu mes pleurs, je n'ai pu m'en défendre.
Hélas ! qui n'en verserait pas au récit
que je viens d'entendre ?
Si sur ces bords sanglants le ciel fixe nos pas,
nous avons vu le jour dans de plus doux climats,
et la Grèce est notre patrie.
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PYLADE |
Quoi ? des mains d'une Grecque il faut perdre la vie ?
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IPHIGÉNIE |
Ah ! pour sauver vos jours je donnerais les miens.
Mais Thoas veut du sang: sa piété barbare
ajouterait aux maux qu'on vous prépare,
si de tous deux je brisais les liens.
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IPHIGÉNIE |
Je pourrais du tyran tromper la barbarie...
de l'un de vous au moins que les jours conservés...
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PYLADE, ORESTE |
Mon ami, tu vivras, tes jours seront sauvés.
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IPHIGÉNIE |
De celui de vous deux qui me devra la vie
pourrais-je attendre un service ?
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PYLADE, ORESTE |
Achevez;
je vous réponds de sa reconnaissance !
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IPHIGÉNIE |
Dans Argos, comme vous, j'ai reçu la naissance:
il m'y reste encore des amis.
Jurez-moi qu'un billet fidèlement remis...
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PYLADE, ORESTE |
J'en atteste les dieux, vos vœux seront remplis.
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IPHIGÉNIE |
Il faut donc entre vous choisir une victime.
Hélas ! dans le soin qui m'anime,
que ne puis-je à tous deux rendre un service égal !
Il faut que l'un des deux expire.
(à part)
Mon âme se déchire
mais puisqu'il faut enfin faire un choix si fatal,
(à Oreste)
c'est vous qui partirez.
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ORESTE |
Que je parte ! qu'il meure ?
O ciel !
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IPHIGÉNIE |
Répondez à mes vœux:
soyez prêt à partir, je cours en presser l'heure.
(Iphigénie sort)
| Iphigénie ->
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Scène quatrième |
Oreste, Pylade. |
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PYLADE |
Ô moment trop heureux !
Ma mort, a mon ami va donc sauver la vie !
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ORESTE |
Et je consentirais qu'elle te fût ravie ?
M'aimes-tu ? Parle !
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PYLADE |
Ô dieux ! tu l'oses demander ?
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ORESTE |
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PYLADE |
Quel discours ! quelle fureur te presse ?
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ORESTE |
Renonce au choix de la prêtresse !
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PYLADE |
Ah ! ce choix m'est trop cher pour le pouvoir céder.
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ORESTE |
Et tu prétends encore que tu m'aimes,
lorsqu'au mépris des dieux, sacrifiant tes jours...
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PYLADE |
Ils veillent sur les tiens; ils protègent leur cours;
je remplis leur décret suprême.
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ORESTE |
A ces dieux conjurés prétends-tu donc t'unir
pour ajouter aux tourments que j'endure ?
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PYLADE |
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ORESTE |
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PYLADE |
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ORESTE |
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PYLADE |
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PYLADE, ORESTE |
Dieux, fléchissez son cœur,
rendez-moi mon ami, qu'il m'accorde sa grâce,
que tout mon sang vous satisfasse,
qu'il suffise a votre rigueur !
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ORESTE |
Quoi ! je ne vaincrai pas ta constance funeste ?
Quoi ! ton âme toujours se refuse à mes vœux ?
Ne sais-tu pas que pour Oreste
la vie est un supplice affreux ?
Ne sais-tu pas que ces mains parricides
fument encore du sang que j'ai versé ?
Ne sais-tu pas que l'enfer courroucé
rassemble autour de moi ses noires Euménides,
qu'elles m'obsèdent en tous lieux ?...
Les voici... des serpents leurs mains s'arment encore !
Où fuir ?... Eh ! quoi ? Pylade me fuit et m'abhorre !
Il me livre à leurs coups ! arrêtez... ah ! grands dieux !
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| (Il tombe dans les bras de Pylade.) | |
PYLADE |
Eh quoi ! méconnais-tu Pylade qui t'implore ?
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ORESTE |
(revenant à lui)
Eh bien ! Pylade, est-ce à toi de mourir ?
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PYLADE |
O dieux ! votre courroux ne peut-il se fléchir ?
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ORESTE |
La mort, de mes tourments est l'unique relâche;
je l'obtenais; Pylade me l'arrache !
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PYLADE |
Ah ! mon ami, j'implore ta pitié,
Oreste, hélas ! peut-il me méconnaître ?
Qu'il s'attendrisse aux pleurs de l'amitié !
Ton cœur au mien n'est pas fermé peut-être.
Cet ami qui te fut si cher,
Pylade, est à tes pieds, il conjure, il te presse;
a tes fureurs laisse-moi t'arracher.
Souscris au choix dicté par la prêtresse.
Souscris, souscris.
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ORESTE |
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PYLADE |
Ah, mon ami, j'implore ta pitié !
Oreste, helas ! peut-il me méconnaître !
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ORESTE |
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PYLADE |
Qu'il s'attendrisse aux pleurs de l'amitié !
Ton cœur au mien n'est pas fermé peut-être.
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Scène cinquième |
Oreste, Pylade, Iphigénie, Les Prêtresses. |
<- Iphigénie, Les prêtresses
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ORESTE |
(relevant Pylade avec un mouvement de fureur)
Malgré toi, je saurai t'enlever au trépas.
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IPHIGÉNIE |
(à Pylade)
Que je vous plains !
(aux prêtresses)
Vous, conduisez ses pas.
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ORESTE |
Non, prêtresse, arrêtez, votre pitié s'égare.
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IPHIGÉNIE |
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ORESTE |
C'est à moi de mourir,
mon ami pourra vous servir,
qu'il soit le digne objet d'un service si rare
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PYLADE |
N'écoutez point ses transports furieux.
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IPHIGÉNIE |
(à Oreste)
Vivez ! et me servez !
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ORESTE |
Je ne le puis sans crime.
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PYLADE |
Cruel, quelle fureur t'anime ?
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IPHIGÉNIE |
Ah ! je sens que mon choix est dicté par les dieux.
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ORESTE |
(à Pylade)
C'en est fait... ici même, à l'instant, je déclare...
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PYLADE |
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ORESTE |
(à Iphigénie)
Eh bien ! sachez...
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PYLADE |
(l'interrompant)
Arrête... justes dieux.
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IPHIGÉNIE |
(à Pylade)
Quelle soudaine horreur de votre âme s'empare ?
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ORESTE |
(à Iphigénie)
Prononcez que ma mort...
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IPHIGÉNIE |
Non, ne l'espérez pas:
un pouvoir inconnu, puissant, irresistible,
sur l'autel des dieux même, arrêterait mon bras !
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ORESTE |
Quoi ! toujours à mes vœux vous êtes insensible ?
Mais c'est en vain, j'en atteste les dieux:
si mon ami n'échappe au sort qu'on lui prepare,
je vais, m'immolant a vos yeux,
répandre tout ce sang dont le ciel est avare.
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IPHIGÉNIE |
Ô dieux ! Eh bien, cruel, remplissez vos désirs.
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ORESTE |
(à Pylade)
Vis, mon ami, cours servir la prêtresse,
d'une sœur qui m'est chère adoucis la tristesse,
porte-lui mes derniers soupirs,
adieu !
| Oreste, Les prêtresses ->
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Scène sixième |
Iphigénie, Pylade. |
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IPHIGÉNIE |
Puisque le ciel à vos jours s'intéresse,
prêtez-moi le secours que vous m'avez promis.
Portez cet écrit dans la Grèce,
qu'entre les mains d'Electre il soit par vous remis.
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PYLADE |
Qu'entends-je ? et quel rapport l'une à l'autre vous lie ?
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IPHIGÉNIE |
J'ai respecté votre secret;
n'exigez rien de plus.
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PYLADE |
Vous serez obéie.
Je remplirai vos vœux, si le ciel le permet.
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| (Iphigénie sort.) | Iphigénie ->
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Scène septième |
Pylade (seul). |
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Divinité des grandes âmes,
amitié ! viens armer mon bras,
remplis mon cœur de tes célestes flammes,
je vais sauver Oreste ou courir au trépas.
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