| Q
|
Un appartement dans l'hôtel du comte de Nevers. Des portraits de famille en décorent les murs. - Au fond, une grande porte et une grande croisée gothiques. À gauche, une porte qui mène à la chambre à coucher de Valentine. À droite, une grande cheminée, et près de la cheminée l'entrée d'un cabinet fermée par une tapisserie. À droite, et sur le premier plan, une croisée qui donne sur la rue. | |
| |
[N. 22 - Entr'acte Récitatif et Scène] | N
|
| |
N. 22.a - Entr'acte | |
|
|
Scène première |
Valentine assise sur un canapé. |
Valentine
|
| |
N. 22.b - Récitatif | |
VALENTINE |
Je suis seule chez moi ! seule avec ma douleur !
(elle reste un instant pensive, et laisse tomber sa tête sur son sein)
À d'éternels tourments vous m'avez condamnée,
mon père ! Un autre avait mon cœur,
et pourtant vous m'avez donnée !
Et vous que j'implorais en vain dans mon malheur,
vous qui l'avez permis, ce funeste hyménée,
mon dieu, daignez du moins, pour alléger mes maux,
chasser un souvenir fatal à mon repos !
| |
|
|
Scène deuxième |
Valentine, Raoul paraissant à la porte du fond. |
<- Raoul
|
| |
N. 22.c - Scène | |
VALENTINE |
(l'apercevant)
Juste ciel !... est-ce lui, lui dont l'aspect terrible
ainsi que le remords sans cesse me poursuit ?
| |
RAOUL |
(d'un air sombre)
Oui, c'est moi !... moi qui viens dans l'ombre et dans la nuit,
ainsi qu'un criminel dont la peine est horrible,
et qui, las de souffrir, succombe au désespoir !
| |
VALENTINE |
| |
RAOUL |
Rien... j'ai voulu vous voir
avant que de mourir.
| |
VALENTINE |
(effrayée)
Qu'entends-je ? est-il possible ?
Et mon père ? Et mon mari ?
| |
RAOUL |
(froidement)
Oui, je pouvais les rencontrer ici.
Je le savais.
| |
VALENTINE |
Leur cœur est inflexible;
ils vous tueraient !... fuyez !
| |
RAOUL |
Non, j'attendrai leurs coups.
Eh ! n'est-ce rien pour moi que mourir près de vous ?
Vous que j'aimais, et que l'on m'a ravie !
Vous dont j'étais aimé; vous, mon bien et ma vie,
jamais vous ne saurez tout ce que j'ai souffert !
Quand on perd le bonheur, quand c'est vous que l'on perd,
il faut mourir alors !
| |
VALENTINE |
Non ! si je vous suis chère,
non ! vous ne mourrez pas; vous vivrez pour l'honneur,
la gloire, la patrie, et pour qu'en ma douleur
du bruit de vos succès je sois heureuse et fière !...
| |
RAOUL |
| |
VALENTINE |
Partez, quittez ce lieu !
Je ne dois plus vous voir !
| |
RAOUL |
Ah ! quel sort est le nôtre !
| |
VALENTINE |
Mais je prierai pour vous ! oui, je prierai mon dieu
pour qu'il devienne aussi le vôtre,
pour que sa voix vous touche, et qu'oubliant vos torts,
tous deux il nous unisse en ce séjour céleste
où l'on peut se revoir et s'aimer sans remords.
| |
RAOUL |
(écoutant)
Entendez-vous ces pas ?
| |
VALENTINE |
| |
RAOUL |
Non, non ! je reste !
Et si quelques dangers...
| |
VALENTINE |
(qui a été regarder au fond du théâtre)
Mon père ! mon époux !
(à Raoul d'un air suppliant)
Pour moi, pour mon honneur, évitez leur courroux !
| |
| |
| (Raoul se cache derrière une tapisserie et dans l'embrasure de croisée qui est au fond du théâtre.) | |
|
|
Scène troisième |
Raoul caché, mais de temps en temps en vue du spectateur; Valentine, Saint-Bris, De Nevers, Tavannes, et quelques autres Seigneurs catholiques. |
<- Saint-Bris, De Nevers, Tavannes, Seigneurs catholiques
|
| |
SAINT-BRIS |
(aux seigneurs qui entrent avec lui et l'entourent)
Oui, l'ordre de la reine en ces lieux nous rassemble.
L'heure est enfin venue où je dois à vos yeux
dévoiler des projets protégés par les cieux,
et dès longtemps conçus par Médicis.
| |
VALENTINE |
| |
SAINT-BRIS |
(à Valentine)
Ma fille, laissez-nous.
| |
DE NEVERS |
(retenant par la main Valentine qui veut sortir)
Pourquoi donc ?... Ses vertus,
son zèle ardent pour la foi catholique,
permettent qu'en ces lieux devant elle on explique
de la reine et du ciel les ordres absolus.
| |
| |
[N. 23 - Conjuration et Bénédiction des poignards (Morceau d'ensemble)] | N
|
| |
N. 23.a - Conjuration, 1re partie] | |
SAINT-BRIS |
(s'adressant aux seigneurs)
Des troubles renaissants et d'une guerre impie
vous voulez, comme moi, délivrer le pays ?
| |
TOUS |
| |
SAINT-BRIS |
Du roi, du ciel, de la patrie,
vous voulez, comme moi, frapper les ennemis ?
| |
TOUS |
| |
SAINT-BRIS |
Eh bien ! du dieu qui nous protége
le glaive menaçant est sur eux suspendu:
des huguenots la race sacrilége
aura dès aujourd'hui pour jamais disparu.
| |
RAOUL |
(soulevant la tapisserie)
Qu'entends-je !
| |
VALENTINE |
| |
SAINT-BRIS |
Entraînés dans le piége,
ce soir même, à minuit, ils doivent périr tous !
| |
DE NEVERS |
| |
SAINT-BRIS |
| |
DE NEVERS |
| |
SAINT-BRIS |
| |
| |
SAINT-BRIS
Pour cette cause sainte,
j'obéirai sans crainte
à l'honneur, à mon roi !
Comptez sur mon courage;
entre vos mains j'engage
mes serments et ma foi.
DE NEVERS
(à part)
De douleur et de crainte,
ah ! mon âme est atteinte !
Qu'exige-t-on de moi ?
Quel est donc ce langage ?
À l'honneur seul j'engage
mes serments et ma foi !
|
Ensemble
VALENTINE
(à part)
D'une mortelle crainte,
ah ! mon âme est atteinte !
Cachons-leur mon effroi !
Comment tromper leur rage ?
Dieu ! soutiens mon courage
et prends pitié de moi !
|
| |
| |
SAINT-BRIS |
(aux seigneurs qui l'entourent)
Le roi peut-il compter sur vous ?
| |
TOUS (excepté de Nevers) |
| |
SAINT-BRIS |
C'est moi qui dois guider vos pas.
| |
TOUS |
(de même)
Nous vous suivrons !
| |
SAINT-BRIS |
Quoi ! Nevers seul a gardé le silence !
| |
DE NEVERS |
Frappons des ennemis, mais non pas sans défense;
ce n'est pas le poignard qui doit percer leur sein.
| |
SAINT-BRIS |
Quand le roi le commande !
| |
DE NEVERS |
Il me commande en vain
de flétrir de mon sang l'honneur et la bravoure.
(montrant les portraits suspendus autour de l'appartement)
Et parmi ces aïeux dont la gloire m'entoure,
je compte des soldats, et pas un assassin !
| |
SAINT-BRIS |
(à De Nevers)
Quoi ! par toi notre cause est trahie et trompée !
| |
DE NEVERS |
Non ! mais du déshonneur je sauve mon épée.
(il la brise)
Tiens ! la voici ! que dieu juge entre nous !
| |
VALENTINE |
(courant à De Neverset à demi-voix)
Ah ! d'aujourd'hui tout mon sang est à vous !
Vous saurez tout; venez !... oui, je dois vous apprendre...
| |
| |
| (En ce moment s'ouvrent les portes du fond. Paraissent des quarteniers, des échevins et des chefs du peuple armés.) | <- Quarterniers, Échevins; Chefs du peuple
|
| |
SAINT-BRIS |
(s'adressant à eux et leur montrant de Nevers)
Assurez-vous de lui, de Nevers, de mon gendre;
jusqu'à demain vous m'en répondez tous.
| |
| |
DE NEVERS
Ma cause est juste et sainte;
je puis, je dois sans crainte
résister à mon roi.
Son ordre est un outrage;
à l'honneur seul j'engage
et mon bras et ma foi !
SAINT-BRIS, SEIGNEURS CATHOLIQUES, ÉCHEVINS, QUARTENIERS, CHEFS DU PEUPLE
Pour cette cause sainte
j'obéirai sans crainte
à l'honneur, à mon roi !
Comptez sur mon courage;
entre vos mains j'engage
mes serments et ma foi !
|
Ensemble
VALENTINE
D'une mortelle crainte,
ah ! mon âme est atteinte;
cachons-leur mon effroi.
Comment tromper leur rage ?
Dieu ! soutiens mon courage
et prends pitié de moi !
|
| |
| |
| (Plusieurs gens du peuple armés de hallebardes emmènent de Nevers et sortent avec lui par la porte du fond. Valentine sur un geste de son père, rentre par la porte à gauche.) | De Nevers, Valentine ->
|
|
|
Scène quatrième |
Les mêmes; excepté de Nevers et Valentine. |
|
| |
N. 23.b - Conjuration 2me partie | |
SAINT-BRIS |
Et vous qui répondez au dieu qui nous appelle,
chefs dévoués de la cité fidèle,
quarteniers, échevins, écoutez tous ma voix...
| |
| |
|
Qu'en ce riche quartier la foule répandue,
sombre et silencieuse, occupe chaque rue,
et qu'au même signal tous frappent à la fois.
(à un des chefs)
Toi, de Besme, et les tiens, entoure la demeure
de l'amiral... que le premier il meure !
(à un autre)
Vous, à l'hôtel de Sens, où de nos ennemis
tous les principaux chefs ce soir sont réunis
à la fête que l'on prépare
pour Marguerite et le roi de Navarre.
| |
| |
|
Écoutez ! écoutez ! ~ Lorsque de Saint-Germain
pour la première fois retentira l'airain,
attentifs et muets à ce signal d'alarmes,
dans l'ombre préparez vos soldats et vos armes !
Et lorsque enfin de l'Auxerrois
la cloche sainte aura pour la seconde fois
du ciel impatient annoncé la vengeance,
le fer en main, alors levez-vous tous
soldats du Christ ! dieu marche devant vous !
(leur montrant les portes du fond qui s'ouvrent)
Ce dieu qui vous entend et vous bénit d'avance !
| |
|
|
Scène cinquième |
Les mêmes; trois moines s'avançant lentement. |
<- Trois moines
|
| |
N. 23.c - Bénédiction des poignards, 1re partie | |
| |
|
LES TROIS MOINES
Gloire au dieu vengeur !
Gloire au guerrier fidèle
dont le glaive étincelle
pour servir le seigneur !
(tous les assistants tirent leurs poignards ou leurs épées. - Les trois moines, étendant les mains)
Glaives pieux, saintes épées,
qui dans un sang impur bientôt serez trempées,
vous par qui le tès-haut frappe ses ennemis,
poignards sacrés, par nous soyez bénits !
| S
(♦)
(♦)
|
| |
|
LE CHŒUR
Oui, gloire au dieu vengeur !
Gloire au guerrier fidèle
dont le glaive étincelle
pour servir le seigneur !
| |
| |
SAINT-BRIS |
(leur montrant la croix blanche et l'écharpe qu'il porte)
Que cette écharpe blanche et cette croix sans tache
du ciel distinguent les élus !
| |
LES TROIS MOINES |
(s'adressant chacun à un groupe)
Ni grâce, ni pitié ! frappez tous sans relâche
l'ennemi qui s'enfuit, l'ennemi qui se cache,
les guerriers suppliants à vos pieds abattus !
Ni grâce, ni pitié ! que le fer et la flamme
atteignent le vieillard, et l'enfant et la femme !
Anathème sur eux ! dieu ne les connaît plus !
| |
| |
N. 23.d - Bénédiction des poignards, 2me partie (Morceau d'ensemble) | |
|
CHŒUR GÉNÉRAL
Dieu le veut ! dieu l'ordonne !
Qu'on n'épargne personne !
À ce prix il pardonne
au pécheur repentant.
Que le glaive étincelle,
que le sang ruisselle,
et la palme immortelle
dans le ciel vous attend !
| |
| |
SAINT-BRIS |
| |
|
LE CHŒUR
(s'interrompant et reprenant à voix basse)
Que rien ne nous trahisse,
et que de leur supplice
rien ne les avertisse !
Retirons-nous sans bruit
dans l'ombre et dans la nuit.
C'est dieu qui nous conduit.
Point de bruit ! À minuit !
Point de bruit !
Dieu nous guide et nous conduit.
| |
| |
| (La foule s'écoule en silence. Saint-Bris s'éloigne avec elle.) | Saint-Bris, Tavannes, Seigneurs catholiques, Quarterniers, Échevins; Chefs du peuple, Trois moines ->
|
|
|
Scène sixième |
Valentine, Raoul. |
<- Valentine
|
| |
[N. 24 - Gran duo] | N
|
| |
N. 24.a - Duo, 1re partie | |
| (Raoul soulève lentement la tapisserie, s'assure que tout le monde est sorti, et s'élance vers la porte du fond; mais il s'arrête en entendant qu'au-dehors on la ferme au verrou. - Il se dirige alors vers la porte à gauche, et Valentine sort en ce moment de son appartement.) | |
VALENTINE |
| |
RAOUL |
Secourir mes frères !
Dévoiler à leurs yeux ces complots sanguinaires,
armer leurs bras vengeurs, et, le fer à la main,
de nos vils ennemis prévenir le dessein !
| |
VALENTINE |
Mais ces ennemis !... c'est mon père,
c'est un époux qu'à présent je révère,
et tu voudrais les immoler ?
| |
RAOUL |
Je veux
punir des assassins !
| |
VALENTINE |
| |
RAOUL |
Et voilà donc le dieu que ton culte consacre,
ce dieu qui des Français ordonne le massacre !
| |
VALENTINE |
Ah ! ne blasphème pas ! C'est lui dont la pitié
veut préserver tes jours, auxquels il s'intéresse.
Ne sors pas !
| |
RAOUL |
| |
VALENTINE |
C'est trahir ma tendresse !
| |
RAOUL |
Et rester... c'est trahir l'honneur et l'amitié.
| |
| |
N. 24.b - Duo, 2me partie | |
RAOUL
Le danger presse, et le temps vole,
laisse-moi, laisse-moi partir !
Ce sont mes frères qu'on immole
laisse-moi, laisse-moi partir !
L'honneur le veut, je dois te fuir.
|
Ensemble
VALENTINE
Si tu me quittes l'on t'immole.
Garde-toi, garde-toi de fuir,
ô mon seul bien, ma seule idole !
Garde-toi ! garde-toi de fuir.
Ah ! te perdre serait mourir !
|
| |
| |
VALENTINE |
(retenant Raoul près de la porte où il s'est élancé)
Non, par toi ce seuil redoutable
ne sera pas franchi; je m'attache à tes pas !
| |
RAOUL |
(cherchant à se dégager)
En t'écoutant je suis coupable !
| |
| |
VALENTINE |
En t'écoutant ne le suis-je donc pas ?
Je le fais cependant, et dans mon trouble extrême
je ne vois plus que toi dont les jours sont proscrits.
Reste, Raoul et si tu me chéris,
si tu m'aimes encor...
| |
RAOUL |
Plus que jamais je t'aime.
Je voudrais te donner et mon sang et moi-même !
Mais immoler les miens, mes frères, mes amis !
| |
VALENTINE |
Mais, sorti de ces lieux, chaque pas dans la ville
peut t'offrir un danger ! et pour t'en préserver,
reste ici, cette nuit ! reste dans cet asile !
| |
RAOUL |
| |
VALENTINE |
| |
RAOUL |
| |
VALENTINE |
Eh bien donc, si ma voix vainement te supplie,
et si mon malheur seul peut préserver la vie,
enfin... s'il faut me perdre afin de te sauver,
reste, Raoul reste... je t'aime ! ! !
| |
RAOUL |
Ô bonheur suprême !
ô délire !... ô transport !
Quel mot du ciel s'est fait entendre !
Oui ! cet instant change mon sort.
Vienne à présent la mort,
puisqu'à tes pieds je puis l'attendre !
| |
| |
VALENTINE |
Ah ! qu'ai-je dit !... grâce et pitié !
| |
| |
N. 24.c - Duo, 3me partie | |
RAOUL |
Oui, tu l'as dit... oui, tu m'aimes !
C'est le jour qui renaît, c'est l'air pur des cieux mêmes !
Auprès de toi que tout soit oublié !
Parle encore et prolonge
de mon cœur le doux sommeil !...
(la pressant contre son cœur)
Et si mon bonheur est un songe,
que jamais, ô mon Dieu, n'arrive le réveil !
(il tombe à ses genoux et l'entoure de ses bras. On entend dans le lointain le son d'une cloche. - Se relevant)
Entends-tu ces sons funèbres ?
| S
|
VALENTINE |
(à part)
Ils me glacent de terreur !
| |
RAOUL |
Du sein des noires ténèbres
s'élève un cri de fureur !
(portant la main à son front et comme sortant de son égarement)
Où donc étais-je ?
| |
VALENTINE |
Auprès de moi, dont les prières...
| |
RAOUL |
Ah ! souvenir fatal !
Du massacre de mes frères
c'est l'horrible signal !
| |
| |
N. 24.d - Duo, 4re partie | |
RAOUL
Plus d'amour !... plus d'ivresse !
Ô remords qui m'oppresse !
Je les verrais sans cesse
égorgés sous mes yeux !
(repoussant Valentine)
Je ne veux rien entendre !
Mes frères vont m'attendre !
Et je cours les défendre
ou mourir avec eux !
|
Ensemble
VALENTINE
Eh quoi ! dans son ivresse,
repousser ma tendresse !
Le remords qui m'oppresse
est-il donc moins affreux ?
Quoi ! l'amour le plus tendre
veut en vain te défendre !...
Raoul daigne m'entendre
ou je meurs à tes yeux !
|
| |
| |
| (On entend de nouveau le son des cloches.) | |
RAOUL |
C'en est fait !... voici l'heure !
Le ciel veut que je meure !
Tu m'arrêtes en vain !
| |
VALENTINE |
(le retenant)
Je ne te quitte pas !... Frappe, voilà mon sein !
| |
RAOUL |
(cherchant à s'arracher de ses bras)
Dieu ! soutiens mon courage !...
(s'approchant de la fenêtre à droite)
Tiens, vois sur ce rivage,
vois ces cadavres sanglants.
| |
VALENTINE |
Ah ! quelle horreur s'empare de mes sens !...
(hors d'elle-même)
Raoul ! ils te tueront !... reste ! reste ! ou je meurs !
| |
RAOUL |
(dans le plus grand trouble)
Ah !... que faire ? et comment résister à ses pleurs ?
(le beffroi retentit, et l'on entend le bruit des armes. Raoul pousse un cri d'effroi)
Non !... c'en est fait... l'honneur m'ordonne de partir.
(regardant Valentine à demi évanouie)
Dieu !... veillez sur ses jours !... et moi je vais mourir.
(il s'élance du haut du balcon qui est à droite et disparaît. Valentine pousse un cri et tombe évanouie)
| Raoul ->
|
| |
|
|
Variante |
Acte quatrième, scène première. Variante pour rétablir ad libitum la Romance « Parmi les pleurs » supprimée dans la partition d'orchestre et à l'Opéra de Paris. |
|
| |
N. 22.b bis - Romance | |
|
VALENTINE
Parmi les pleurs mon rêve se ranime;
c'est à lui seul qu'appartiennent mes jours.
Ces doux regrets, y penser est un crime;
je veux les fuir, je veux les fuir,
hélas, et j'y pense toujours !
De loin encore sa voix chérie,
fait taire en moi la voix des cieux;
et son image, quand je prie,
sur les autels, hélas ! s'offre à mes yeux !...
Raoul, cher Raoul !
Quelle est donc sa puissance ?
De dieu lui-même il est vainqueur !
Ah ! que me sert d'éviter sa présence ?
Je le retrouve toujours dans mon cœur !...
Hélas, hélas ! mon dieu !
je le retrouve toujours, hélas !
| |
| |