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Scène première |
Le théâtre représent, une chambre d'auberge. Sur les deux premiers plans, à gauche et à droite, deux portes vitrées faisant face au spectateur; sur le second plan à gauche, un lit et une table sur laquelle est un miroir; à droite, sur le second plan, une porte conduisant à l'intérieur de la maison. Au fond du théâtre, une croisée donnant sur la rue. Zerline. |
Q
(aucun)
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[N. 7 - Récitatif et Air] | N
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(tenant à la main un bougeoir et des flambeaux. Elle entre par la porte de droite qu'elle laisse ouverte et parle à la cantonade).
Ne craignez rien, milord ! oui, je vais sur-le-champ,
pendant que vous êtes à table,
préparer votre lit et votre appartement.
(descendant le thèâtre et posant le bougeoir sur la table)
On n'entendit jamais de tapage semblable;
j'en perdrai la tête, je croi:
aller, venir, courir au bruit de vingt sonnettes,
et de tous ces messieurs écouter les fleurettes,
on n'a pas un instant à soi.
| <- Zerline
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Quel bonheur ! je respire. Oui, je suis seule ici;
on me laisse un instant: qu'au moins il soit pour lui !
A peine ai-je le temps de dire que je l'aime.
De peur de l'oublier je le dis à moi~même.
Non, pour moi ce mot-là
jamais ne s'oubliera.
(montrant son cœur)
Son souvenir est là !
Quel bonheur, je respire. Oui, je suis seule ici;
on me laisse un moment, qu'au moins il soit pour lui !
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Ce ne sera pas long, car voilà que l'on monte déjà.
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| (à milord et à sa femme qui entrent) | <- Milord, Paméla
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Quand milord et milady voudront, leur appartement est prêt. Au bout du corridor.
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Scène deuxième |
Les précédens, Milord, Milady. |
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[N. 8 - Trio] | N
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MILORD |
Allons, ma femme,
allons dormir.
Déjà le sommeil me réclame.
Pour un époux, ah ! quel plaisir !
ah ! quel plaisir
de bien dormir.
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PAMÉLA |
Et quoi ! milord, déjà dormir !
déjà le sommeil vous réclame !
Jadis, je crois m'en souvenir,
vous étiez moins prompt à dormir.
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MILORD |
Pour un époux, ah ! quel plaisir !
ah ! quel plaisir
de bien dormir.
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ZERLINE
Après un an de mariage,
on querelle donc son mari ?
Avec le mien, dans mon ménage,
n'en sera jamais ainsi.
MILORD
Après un an de mariage,
comment ! déjà changer ainsi ?
Voyez donc le joli ménage,
je ne reconnais plus milady.
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Ensemble
PAMÉLA
Après un an de mariage,
comment ! déjà changer ainsi ?
Voyez donc le joli ménage,
voyez donc l'aimable mari !
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MILORD |
Il est minuit, c'est très-honnête;
il faut partir de grand matin.
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PAMÉLA |
Non, vraiment, je reste à la fête;
(moutrant Zerline)
sa noce, elle avait lieu demain.
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ZERLINE |
Croyez à ma reconnaissance.
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PAMÉLA |
Je veux vous donner des avis.
Ma chère enfant, je veux d'avance
vous prévenir sur les maris.
Voyez-vous bien, tous les maris.
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MILORD |
(l'interrompant)
Allons, ma femme, allons dormir.
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PAMÉLA |
Eh quoi ! milord, déjà dormir ?
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ZERLINE |
Milord, milord aime à dormir.
(le bourgeoir à la main)
Milord voudrait-il quelque chose ?
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MILORD |
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ZERLINE |
(allant en prendre un dans le cabinet à droite)
C'est là, je croi !
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PAMÉLA |
Où donc est la soubrette à moi ?
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ZERLINE |
De moi que madame dispose.
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| (Au moment où ils vont sortir, milord s'arrête et regarde au cou de sa femme.) | |
MILORD |
Mais qu'avez-vous donc fait, ma chère,
du médaillon que d'ordinaire
j'ai l'habitude ici de voir
attaché par un ruban noir ?
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PAMÉLA |
(un peu troublée)
Ce portrait ?
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MILORD |
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PAMÉLA |
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MILORD |
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PAMÉLA |
Allons, milord,
allons dormir.
Déjà le sommeil me réclame;
pour un époux, ah ! quel plaisir !
ah ! quel plaisir
de bien dormir.
| |
ZERLINE
Après un an de mariage,
etc.
MILORD
Après un an de mariage,
etc.
|
Ensemble
PAMÉLA
Après un an de mariage,
etc.
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| |
| (Zerline qui a pris un bougeoir et l'oreiller, entre, en les éclairant, dans la chambre à gauche. Milord et sa famme la suivent, la chambre reste dans l'obscurité.) | Zerline, Milord, Paméla ->
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Scène troisième |
Le marquis seul, entrant mystérieusement. |
<- Le marquis
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| (Au moment où ils sortent, le marquis paraît au haut de l'escalier à droite.) | |
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LE MARQUIS |
(seul, entrant mystérieusement)
Ils sont tous retirés dans leurs appartements, et personne, grace au ciel, ne m'a vu monter cet escalier. Orientons-nous. Au premier, m'a-t-on dit, la seconde chambre au bout du corridor. Voici bien la première chambre, j'y suis. Pour la seconde, est-ce-celle-ci ?
(regardant la porte à droite que Zerline a lassée ouverte)
Non, un cabinet noir avec des porte-manteaux, des rideaux.
(regardant de l'autre côté)
Alors voilà sans doute la porte du corridor qui conduit chez l'Anglais. Pas d'autre issue, notre proie ne peut nous échapper. Il s'agit maintenant d'avertir mes compagnons qu'on a logés dans la grange.
(ouvrant la fenêtre du fond)
Ils devraient déjà être dehors, et je ne le vois pas ! La nuit est si sombre... Peut-être rôdent-ils autour de la maison.
(apercevant une mandoline accrochée à l'un des murs)
Allons, le signal convenu. Et si on m'entendait ! Qu'importe ? Je ne peux pas dormir, je chante. On chante jour et nuit en Italie. D'ailleurs ma chanson n'éveillera pas de supçons. C'est celle que fredonnent toutes les jeunes filles qui attendent leurs amoreux: et elle est joliment connue dans le pays.
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[N. 9 - Barcarole] | N
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| Premier couplet | |
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Agnès la jouvencelle,
aussi jeune que belle,
un soir à sa tourelle
ainsi chantait tout bas:
la nuit cachera tes pas,
on ne te verra pas;
la nuit cachera tes pas;
et je suis seule, hélas !
C'est ma voix qui t'appelle,
ami, n'entends-tu pas ?
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| Deuxième couplet | |
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L'instant est si prospère !
Nulle étoile n'éclaire
ta marche solitaire,
pourquoi ne viens-tu pas ?
Le jour, ma grand'mère, hélas !
est toujours sur nos pas.
Mais ma grand'mère, là-bas,
dort après son repas.
L'instant est si prospère !
ami, n'entends-tu pas ?
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| |
| (A la fin du couplet Beppo et Giacomo paraissent à la croisée du fond.) | |
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Scène quatrième |
Le marquis, Beppo, Giacomo. |
<- Beppo, Giacomo
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LE MARQUIS |
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GIACOMO |
Il ne nous a pas été difficile de sortir de la grange où l'on nous avait mis.
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BEPPO |
Et nous voici exacts au rendez-vous.
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LE MARQUIS |
Silence ! milord et milady viennent d'entrer dans leur chambre.
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GIACOMO |
Et les cent mille écus de diamans qu'ils nous ont pris ?
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BEPPO |
Les cinq cents billet de banque qu'ils nous ont dérobés ?
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LE MARQUIS |
(montrant leur appartement)
Sont là, avec eux.
(voyant qu'ils font un moviment pour y courir)
Où allez-vous ?
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GIACOMO |
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LE MARQUIS |
Un instant ! ils ne sont pas encore endormis, il y a dans leur chambre quelqu'un qui ne va pas tarder à en sortir, cette petite servante...
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GIACOMO |
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BEPPO |
Nous avons aussi un compte avec elle, car enfin il y a dix mille francs à nous qu'elle a détournés de la masse.
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LE MARQUIS |
Ils nous reviendront; mais ce n'est pas à elle que j'en veux le plus, c'est à Lorenzo, son amoreux, qui nous a privés d'une vingtaine de braves, et par san-Diavolo, mon patron, je me vengerai de lui, ou je ne suis pas Italien !
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ZERLINE |
(en dehors de la porte à gauche)
Bonsoir ! milord; il ne vous faut plus rien ?
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LE MARQUIS |
On vient...
(leur montrant la porte à droite)
Dans ce cabinet... derrière ces rideaux...
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BEPPO (hésitant) |
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LE MARQUIS |
Hé oui ! jusqu'à ce que la petite soit partie !
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| (Ils entrent tous trois dans le cabinet à droite dont ils referment la porte.) | |
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Scène cinquième |
Les précédents, cachés, Zerline, tenant un bougeoir. |
<- Zerline
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Le théâtre redevient éclairé. | |
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ZERLINE |
Bonne nuit, milord; bonne nuit, milady. Oh ! vous dormirez bien: la maison est très-sûre et très-tranquille.
(posant son bougeoir sur la table, près du lit)
Grâce au ciel, voilà chez nous tout le monde endormi; et je ne suis pas fâchée d'en faire autant, je suis fatiguée de ma journée. Dépéchon-nous de dormir, car il est déjà bien tard, et demain au point du jour il faut être sur pied.
(elle s'approche du lit, dont elle ôte la courte-point)
Mon lit ne vaut pas celui de milord, non certainement.
(elle ouvre la porte du cabinet, et place sur la chaise qui est à l'entrée la couverture qu'elle vient de ployer; elle laisse la porte ouverte; cette porte doit s'ouvrir en dehors, c'est-à-dire du côté du spectateur; continuant à parler, elle se rapproche de son lit, et tourne le dos au cabinet)
Mais c'est égal, j'ai idée que j'y dormirai mieux; je suis si heureuse !...
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GIACOMO |
(paraissant à l'entrée du cabinet dont on vient d'ouvrir la porte)
Il paraît que c'est sa chambre.
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BEPPO |
(de même)
Qu'allons-nous faire ?
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LE MARQUIS |
Attendre qu'elle soit couchée et endormie.
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BEPPO |
Alors, qu'elle se dépêche.
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ZERLINE |
Demain matin Lorenzo reviendra, il demandera ma main à mon père qui ne pourra la lui refuser; car il est riche, il a dix mille francs !
(les tirant de son corset)
Les voilà ! Ils sont à lui ! qu'est-ce que je dis ? ils sont à nous ! Le compte y est-il ? oui, vraiment ! J'ai toujous peur qu'il n'en manque. Qu'ils sont jolis ! que je les aime !
(elle les porte à sa bouche)
Aussi ils ne me quitteront pas.
(allant les mettre sous son oreiller)
Ils passeront la nuit à côté de moi, sous mon chevet.
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BEPPO |
(à part dans le cabinet)
Ces coquins de billet !
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LE MARQUIS |
| |
BEPPO |
(avec mauvaise humeur)
On ne peut plus parler maintenant.
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ZERLINE |
(va chercher la table qui est à côté du lit et sur laquelle est un miroir en pupitre)
Et Francesco, que mon père doit m'amener comme son gendre ! Je lui parlerai franchement; je lui dirai que je ne l'aime pas, cela le consolera; et demain, à cette heure-ci, peut-être que je serai la femme de Lorenzo.
(s'arretant)
Sa femme ! il est vrai qu'il y a si long-temps que j'y rêve ! tous les soirs en me couchant; mais maintenant il n'y a plus à dire:
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| |
| (Sur la ritournelle de l'air suivant, elle s'assied pres de la table et commence sa toilette de nuit; elle détache son collier, ses boucles d'oreilles et les rubans de sa coiffure.) | |
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[N. 10 - Air et scène] | N
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| |
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Oui, c'est demain, c'est demain
qu'enfin l'on nous marie !
C'est demain, c'est demain
qu'il recevra ma main.
Que mon âme est ravie !
c'est demain ! c'est demain,
c'est demain !
(détachant son fichu)
Nous ferons bien meilleur ménage
que cette Anglaise et son époux;
car Lorenzo n'est pas volage,
et ne sera jamais jaloux.
Aye, aye ! je n'y prends pas garde,
et je me pique !
(elle presse son doigt)
| S
(♦)
(♦)
|
| |
BEPPO |
(regardant par la porte vitrée)
Elle est jolie ainsi.
(s ur un geste menaçant que lui fait le marquis)
Je ne parle pas, je regarde.
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LE MARQUIS |
(le repoussant et prenant sa place)
Va-t'en ! c'est moi qui dois tout observer ici.
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| |
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ZERLINE
(continuant l'air tout en faisant sa toilette)
Je suis sûre de mon mari:
en sa femme il a confiance;
aussi pour moi quelle espérance !
C'est demain, c'est demain
qu'enfin l'on nous marie;
c'est demain, c'est demain
qu'il recevra ma main !
Que mon âme est ravie !
C'est demain ! c'est demain,
c'est demain !
(elle a ôté son fablier, ses manches et son corset; elle reste le col et les bras nus, et avec une petite robe de dessus)
Pour moi je n'ai pas l'élégance
ni les attraits de milady.
(se regardant)
Pourtant Lorenzo quand j'y pense
n'est pas à plaindre, dieu merci !
(se retournant pour voir sa taille)
Oui, voilà pour une servante
une taille qui n'est pas mal, oui;
vraiment, vraiment, ça n'est pas mal:
je crois qu'on en volt de plus mal !
(avec satisfaction)
Oui, oui, je suis assez contente.
| |
| |
| (Le marquis et les deux autres dans le cabinet, ne pouvant contenir un éclat de rire.) | |
LE MARQUIS, BEPPO, GIACOMO |
Ah ! ah ! c'est original !
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ZERLINE |
(effrayée s'arrétant)
Je crois qu'on vient de rire.
(elle remonte le thèâtre, écoute du côté du cabinet et n'entend plus rien)
Est-ce en la chambre de milord ?
(allant écouter)
Non, il ne rit jamais, je n'entends rien ! il dort.
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| |
|
(reprenant avec gaieté)
C'est demain, c'est demain,
ce jour que je désire;
c'est demain, c'est demain
qu'il recevra ma main.
Ah ! quel bonheur de dire:
c'est demain, c'est demain !
(elle reporte la table près du lit, et s'y asseyant, elle défail ses sonliers)
Allons, allons, il faut dormir.
| |
| |
LE MARQUIS, BEPPO, GIACOMO |
| |
ZERLINE |
Lorenzo, que ton douce souvenir
pour un seul instant m'abandonne !
Lasse-moi prier ma patronne.
(se mettant à genoux près du lit)
Bonsoir, bonsoir, mon ami,
mon mari.
Ô vierge sainte, en qui j'ai foi !
Priez pour lui ! priez pour m...
| |
| (Le sommeil le saisit, ses yeux se ferment, et sa tête tombe sur son oreiller.) | |
| |
LE MARQUIS, BEPPO, GIACOMO |
(sortant du cabinet)
Que le prudence
guide nos pas !
Que la vengeance
arme nos bras !
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| |
LE MARQUIS |
(s'approchant de la lumière qui est sur la table et qu'il éteint)
Elle dort.
| |
BEPPO |
Non sans peine.
Je croyais, capitaine,
(montrant le cabinet)
que nous y resterions toujour.
| |
GIACOMO |
Qu'une jeune fillette
est longue en sa toilette,
ainsi qu'en ses pensers d'amour !
| |
BEPPO |
| |
LE MARQUIS |
| |
GIACOMO |
(montrant son poignard)
Je sais comment le faire faire.
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| |
LE MARQUIS, BEPPO, GIACOMO |
Oui, la prudence
veut son trépas !
Que la vengeance
arme nos bras !
| |
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GIACOMO |
(prêt à entrer dans la chambre de milord)
Marchons !
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BEPPO |
(l'arrétant et lui montrant Zerline)
Et cette jeune fille,
que le bruit pourrait éveiller,
à son secours peut appeler.
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LE MARQUIS |
Beppo par la prudence brille.
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GIACOMO |
| |
BEPPO |
| |
GIACOMO (au marquis) |
| |
LE MARQUIS |
| |
BEPPO |
Qu'ai-je entendu ?
Le capitaine y met de la délicatesse !
| |
LE MARQUIS |
Moi ! faquin, pour quoi me prends-tu ?
(lui donnant son poignard)
Tiens, frappe ! et point de faiblesse.
| |
| |
LE MARQUIS, BEPPO, GIACOMO |
Oui, la prudence,
veut son trépas !
Que la vengeance
arme nos bras !
| |
| (Beppo passe derrière le lit en faisant face aux spectateurs. Il lève le poignard pour frapper Zerline.) | |
ZERLINE |
(dormant et répétant les derniers mots de sa prière)
Ô vierge sainte, en qui j'ai foi !
Veillez sur lui ! veillez sur moi !
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| (Beppo, troublé, hésite.) | |
| |
GIACOMO |
| |
LE MARQUIS |
(détournant la tête)
Allons, n'hésite pas.
| |
| (Beppo lève le bras de noveau, et va frapper, lorsqu'on entend heuter violemment en dehors. Tous trois, étonnés, s'arrêtent) | |
LE MARQUIS |
C'est en dehors, c'est à la grande porte !
que veut dire ce bruit ?
| |
| (On frappe plus forte.) | |
ZERLINE |
(étendant les bras)
Quoi ! déjà m'éveiller ! Qui frappe de la sorte
au milieu de la nuit ?
| |
| |
|
CHŒUR DE CARABINIERS (en dehors)
Qu'on se réveille en cette auberge !
voici de braves cavaliers.
Ouvrez vite ! qu'on les héberge.
Car ce sont des carabiniers;
oui, ce sont des carabiniers.
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| |
BEPPO (tremblant) |
Des carabiniers ! Capitaine !
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LE MARQUIS (froidanent) |
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BEPPO |
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LORENZO (en dehors) |
Zerline, Zerline, écoute-moi,
c'est ton amant qui revient près de toi.
| |
ZERLINE (avec joie) |
| |
GIACOMO |
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LE MARQUIS (avec colère) |
Ah ! j'en aurai vengeance !
mais d'ici là de la prudence !
| |
| |
LE MARQUIS, BEPPO, GIACOMO |
(se retirant vers le cabinet)
Que la prudence
guide nos pas !
Faisons silence;
ne nous montrons pas.
| Le marquis, Beppo, Giacomo ->
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| |
LORENZO, CAVALIERS (en dehors) |
Qu'on se réveille en cette auberge !
voici de braves cavaliers.
Ouvrez vite ! qu'on les héberge.
Ce sont des carabiniers.
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| |
| (Ils frappent de nouveau à la porte.) | |
|
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Scène sixième |
Zerline, qui pendant le chœur précédent s'est habillé à la húte, a remis ses souliers, etc. |
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ZERLINE |
Mais un instant ! un instant ! par notre-dame ! donnez-vous patience.
(allant à la fenêtre du fond qu'elle ouvre)
Est-ce bien vous, Lorenzo ?
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LORENZO (en dehors) |
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ZERLINE |
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LORENZO |
Moi et mes camarades que depuis une heure vous faites attendre.
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ZERLINE |
Il faut bien le temps de s'habiller ! quand on est réveillée en sursaut.
(jetant une clef par la fenêtre)
Mais tenez, vous entrerez par la cuisine, et voici la clé; la lampe y est allumé, d'ailleurs voici le jour qui commence à poindre.
(elle referme la croisée, et revient près du lit achever sa toilette)
Dépéchon-nous à grand renfort d'épincle, encore faut-il être présentable, surtout devant des militaires; c'est terrible !
| |
| (Le bruit redouble en bas à gauche; en dehors, on entend milord.) | |
MILORD |
Calmez-vous, milady ! je allais voir ce que c'éait... je avais payé pour le dormir tranquille, et on volait à moi mon argent !
| |
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Scène septième |
Zerline, Lorenzo, entrant par la droite, puis Milord. |
<- Lorenzo
|
| |
ZERLINE |
(apercevant Lorenzo et s'enveloppant vivement dans le rideau du lit)
Ah ! mon dieu ! c'est déjà vous ! on n'entre pas ainsi à l'improviste chez le gens ! c'est très-mal !
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LORENZO |
Ma Zerline, pardonne-moi; tu es si jolie dans ce négligé !
| |
| |
MILORD |
(entrant et apercevant Lorenzo)
C'est vous la, brigadier ? D'où venait ce bruit, et qui ramenait vous ainsi ?
| <- Milord
|
LORENZO |
De bonnes nouvelles ! je crois que maître Diavolo ne peut nous échapper.
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ZERLINE, MILORD |
| |
LORENZO |
Nous avions de mauvais renseignemens et nous le poursuivions dans une fausse direction, lorsqu'à trois lieues d'ici nous avons rencontré un brave meûnier qui nous a dit: Seigneurs cavaliers, je sais où est le bandit que vous cherchez, il n'est pas à la montagne; je connais sa figure, car j'ai été deux jours son prisonnier, et ce soir je l'ai vu passer dans une voiture découverte et suivant la route de Terac ine.
| |
ZERLINE |
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LORENZO |
Il nous a offert alors de nous conduire, de ne pas nous quitter; ce que j'ai accepté, et de gran cœur; quand il ne servirait qu'à le désigner, c'est déjà beaucoup, et nous allons nous remettre à sa poursuite; mais auparavant, j'ai voulu faire prendre à mes soldats quelques heures de repos, car ils ont marché toute la nuit, et meurent de faim.
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MILORD |
Mourir de faim ! c'était un vilain mort !
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ZERLINE |
Jésus, Maria ! Et vous, monsieur ?
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LORENZO |
Et moi aussi ! pour être brigadier cela n'empêche pas.
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ZERLINE |
Il y a d'autres auberges, où vous auriez depuis long-temps trouvé à souper ?
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LORENZO |
Il n'y avait que celle-ci où j'aurais trouvé Zerline.
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ZERLINE |
Ah ! ah ! c'est pour cela ?
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LORENZO |
Justement, aussi je disais toujour: cavaliers ! en avant ! marche ! Voilà les occasions où il est agréable d'être commandant.
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ZERLINE |
Ce pauvre garçon ! je vais vous chercher à manger.
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LORENZO |
Non, commencez par mes camarades; eux qui ne sont pas amoureux, sont plus pressés. Va vite, ma Zerline.
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ZERLINE |
Ma Zerline ! Il se croit déjà mon mari.
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LORENZO |
(la serrant dans ses bras)
Pas aujourd'hui, mais demain !
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ZERLINE |
Finissez, monsieur ! finissez. Je ne sais pas ce que vous voulez dire. Et tenez ! tenez ! voilà vos camarades qui s'impatientent
| |
| |
| (On entend les cavaliers qui sonnent et frappent sur les meubles.) | |
| |
CAVALIERS |
Holà, la fille ! holà, quelqu'un !
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ZERLINE |
(se degageant des bras de Lorenzo)
Ils ne sont pas comme vous, ils sont bien sages. -Voilà, voilà.- Je vais leur donner tout ce qu'il y aura, et puis je garderai ce qu'il y a de meilleur pour vous l'apporter... Eh ! mon dieu ! quel tapage !
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| (Elle sort en courant. - Il est grand jour.) | Zerline ->
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Scène huitième |
Lorenzo, Milord. |
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MILORD |
Et moi, messié le brigadier, je allais retrouver milady qui était capable pour mourir de frayeur. J'ai dit, rassurez-vous, je vais aller voir.
(contrefaisant la voix d'une femme)
Milord, mon cher milord, ne laissez pas moi toute seule ! Et elle serrait moi tendrement beaucoup. C'était pas arrivé depuis bien long-temps.
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LORENZO (sourisant) |
Vous voyez qu'à quelque chose la frayeur est bonne.
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MILORD |
Yes, c'etait bonne pour des femmes.
(continuant à parler pendant que Lorenzo remonte le thèâtre, regarde par la porte à droite si Zerline revient, et redescend à gauche du spectateur. Il s'assied près de la table)
Mais pour nous autres, messiè le brigadier, pour nous autres qui étaient des hommes...
(on entend dans le cabinet à droite le bruit d'une chaise qu'on reverse. Milord est effrayé)
Hein ! avez-vous entendu ?
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LE MARQUIS |
(bas à Beppo dans le cabinet)
Maladroit !
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LORENZO (froidement) |
C'est le bruit d'un meuble qu'on a renversé.
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MILORD |
Nous n'étions pas seuls ici ?
| |
LORENZO |
C'est sans doute milady ou sa femme de chambre.
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MILORD |
No, elle n'est pas de cette côté, il n'y avait personne.
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LORENZO |
(toujours assis)
Vous croyez ?
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MILORD |
(inquiet et regardant)
Je en étais persuadé !
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BEPPO |
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[N. 11 - Finale] | N
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MILORD |
N'était-il pas prudent de reconnaitre ce qui se passe là-bas ?
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LORENZO |
(se levant)
On peut voir.
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MILORD |
(l'engageant à passer)
Yes, voyez.
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BEPPO |
(dans le cabinet)
C'est fait de nous.
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LE MARQUIS |
(de même)
Peut-être.
Laissez-moi faire et ne vous montrez pas !
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| (Au moment où Lorenzo traverse le thèâtre pour entrer dans le cabinet, le marquis en ouvre la porte qu'il referme.) | |
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Scène neuvième |
Lorenzo, Milord, Le marquis. |
<- Le marquis
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LORENZO, MILORD |
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LE MARQUIS |
(le doigt sur la bouche)
Du silence !
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MILORD |
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LORENZO |
Ce seigneur qu'hier soir j'ai vu dans ce logis ?
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LE MARQUIS |
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LORENZO |
(vivement et à haute voix)
Qui l'amène à cette heure ?
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LE MARQUIS |
(à demi-voix)
Silence !
J'ai d'importans motifs pour cacher ma présence.
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LORENZO, MILORD |
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LE MARQUIS |
(feignant 1'embarras)
Je ne puis les dire en ce moment.
Si c'était, par exemple, un rendez-vous galant ?
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LORENZO, MILORD |
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LE MARQUIS |
(passant entre eux deux)
En votre honneur je mets ma confiance.
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LORENZO, MILORD |
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LE MARQUIS |
Eh bien ! oui, je l'avoue entre nous,
soyez discret, c'était un rendez-vous.
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MILORD
Quel soupçon dans mon âme
se glisse malgré moi !
Si c'était pour ma femme !
ah ! j'en tremble d'effroi !
LE MARQUIS
Je ris au fond de l'ame
du trouble où je les voi;
le courroux qui l'enflamme
est un plaisir pour moi.
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Ensemble
LORENZO
Quel soupçon dans mon âme
se glisse malgré moi !
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BEPPO, GIACOMO (dans le cabinet) |
L'espoir rentre en mon âme;
j'en sortirai, je crois !
Le courroux qui l'enflamme
a banni mon effroi.
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MILORD (au marquis) |
Peut-on savoir au moins... la nuit... à la sourdine,
pour qui donc vous veniez ici ?
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LORENZO |
(à voix basse et d'un air menaçant)
Était-ce pour Zerline ?
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MILORD |
(de même de l'autre côté)
Est-ce pour Milady ?
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LE MARQUIS |
Qu'importe ! De quel droit m'interroger ainsi ?
De mes secrets ne suis-je pas le maître ?
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LORENZO, MILORD |
(chacun à voix basse, et aux deux côtés du marquis)
Pour laquelle des deux ?
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LE MARQUIS |
(riant)
Pour toutes deux, peut-être.
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LORENZO, MILORD |
Monsieur, sur ce doute outrageant,
vous vous expliquerez ici même à l'instant.
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LE MARQUIS |
(à part, avec joie, et les regardant l'un après l'autre)
De tous mes ennemis, enfin, j'aurai vengeance.
(prenant milord à part, et à demi voix)
Pour vous-même, milord, ne faites point de bruit !
De milady, c'est vrai, les charmes m'ont séduit;
et ce portrait charmant, gage de sa constance...
(il tire de sa poche le medaillon qu'il lui montre)
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MILORD |
(furieux)
Ah ! goddam ! nous verrons !
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LE MARQUIS |
(froidement et à voix basse)
Quand vous voudrez; suffit !
(prenant à part Lorenzo, et montrant milord)
Je voulais à ses yeux dérober ton offense;
mais tu l'exiges...
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LORENZO |
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LE MARQUIS |
J'étais là... je vennais...
pour Zerline.
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LORENZO |
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LE MARQUIS |
Tu comprends, je suppose.
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LORENZO |
Être trahi par elle, et je le souffrirais !
Courons !
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LE MARQUIS |
(le retenant par la main)
Je n'entends point qu'un tel aveu l'expose !
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LORENZO |
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LE MARQUIS |
Oui, pour elle, point d'éclat !
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LORENZO |
(s'arrêtant et regardant le marquis avec une fureur concentrée)
Quand un grand ne craint pas d'outrager un soldat,
s'il a du cœur...
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LE MARQUIS |
(à demi voix)
J'entends ! tantôt, seul, à sept heures,
aux rochers noir.
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LORENZO |
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LE MARQUIS |
(à part, avec joie)
Il n'en reviendra pas.
Mes compagnons, dans ces sombres demoures,
de nos braves sur lui vengeront le trépas.
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LORENZO
Ô fureur, ô vengeance !
elle a pu me trahir !
Après son inconstance
je n'ai plus qu'à mourir !
MILORD
Ô fureur, ô vengeance !
elle a pu me trahir !
Gardons bien le silence;
mais sachons la punir !
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Ensemble
LE MARQUIS
Ô bonheur ! ô vengeance !
tout va me réussir.
Je punis qui m'offense:
ah ! pour moi quel plaisir !
BEPPO, GIACOMO
Ô bonheur, ô vengeance !
il s'en tire à ravir !
Attendons en silence
le moment de sortir.
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Scène dixième |
Les précédens, Paméla, sortant de la chambre à gauche, Zerline, entrant par la porte à droite. |
<- Paméla, Zerline
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PAMÉLA |
Dans cette auberge, quel tapage !
(à son mari)
Vous veniez pas me rassurer.
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ZERLINE (allant à Lorenzo) |
Venez, j'ai fait tout préparer.
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ZERLINE, PAMÉLA (l'une à Lorenzo, l'autre à milord) |
Pourquoi donc ce sombre visage ?
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MILORD, LORENZO (à part) |
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PAMÉLA (tendrement) |
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MILORD |
Laissez-moi ! je voulais me séparer de vous.
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PAMÉLA |
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MILORD |
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ZERLINE (de l'autre côté, à Lorenzo) |
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LORENZO (froidment et sans la regarder) |
Laissez-moi ! laissez-moi !
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ZERLINE, PAMÉLA |
Quel est donc ce mystère ?
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LORENZO |
Pour vous, pour votre honneur, je consens à me taire.
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ZERLINE |
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LORENZO |
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ZERLINE |
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LORENZO |
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ZERLINE |
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LORENZO |
Je ne puis ! je vous rends votre foi.
(bas, au marquis)
Ce matin aux rochers.
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LE MARQUIS |
(de même)
C'est dit: comptez-sur moi.
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LORENZO (de même)
MILORD (à sa femme) |
Ensemble
ZERLINE
PAMÉLA
Mais qu'avait-il donc contre moi ?
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ZERLINE |
Voilà donc sa constance !
Il ose me trahir.
Pour moi plus d'espérance !
je n'ai plus qu'à mourir.
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LORENZO |
Ô fureur ! ô vengeance !
Elle a pu me trahir.
Après son inconstance,
je n'ai plus qu'à mourir.
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LE MARQUIS |
(qui tient le mileu du thèâtre, et qui les regarde tous avec joie)
Ô bonheur ! ô vengeance !
Tout va me réussir;
je punis qui m'offense:
ah ! pour moi quel plaisir !
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PAMÉLA |
Le dépit, la vengeance
à moi se font sentir;
milord de son offense
pourra se repentir !
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MILORD |
Ô fureur ! ô vengeance !
Elle a pu me trahir !
Gardons bien le silence;
mais sachons la punir.
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BEPPO, GIACOMO (dans le cabinet) |
Ô bonheur ! ô vengeance !
il s'en tire à ravir;
attendons en silence
le moment de sortir.
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| (Milord veut rentrer dans sa chambre; Paméla s'attache à ses pas et l'arrête. Lorenzo, qui veut s'élancer sur l'escalier à droite, est retenu par Zerline qui le conjure encore de l'écouter. Beppo et Giacomo entr'ouvrent la porte du cabinet pour sortir. Le marquis étend la main vers eux et leur fait signe d'attendre encore, la toile tombe.) | |
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