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[Ouverture] | N
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Scène première |
Le Théâtre représente un vestibule d'auberge en Italie, aux environs de Terracine. Le fond, que soutient deux piliers, est ouvert et laisse apercevoir un riant paysage. À gauche et à droite, porte latérale; sur le devant, à droite des spectateurs, une table autour de laquelle boivent plusieurs carabiniers en uniformes de carabiniers romains. Chœur de carabiniers, Lorenzo, Zerline |
Q
Carabiniers, Lorenzo
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[N. 1 - Introduction] | N
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LE CHŒUR
En bons militaires,
buvons à pleins verres:
le vin au combat
soutient le soldat.
Il mène à la gloire,
donne la victoire.
(à Lorenzo)
Brigadier Romain,
verse-nous du vin !
En bons militaires,
buvons à pleins verres:
le vin au combat
soutient le soldat.
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PLUSIEURS CARABINIERS |
S'il tombait en notre puissance
ce bandit, ce chef redouté,
nous aurions donc pour récompense...
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LORENZO |
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PLUSIEURS CARABINIERS |
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LORENZO |
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TOUS |
Sans compter la gloire !
Allons, notre hôte, allons à boire !
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| (Entre Mathéo, qui apporte de nouvelles cruches de vin, et retire celles qui sont vides.) | <- Mathéo
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TOUS |
Vingt mille écus ! nous les aurons !
Et mort ou vif nous le prendrons.
Nous le jourons, nous le jourons !
En bons militaires,
buvons à pleins verres:
le vin au combat
soutient le soldat.
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MATHÉO (à Lorenzo) |
Lorsque c'est vous qui leur payez rasades,
qu'avec eux on vous voie au moins le verre en main.
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LORENZO |
Buvez sans moi, buvez mes camarades !
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LE CHŒUR (à demi-voix) |
Le brigadier a du chagrin.
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MATHÉO |
(à part)
Moi, je crois deviner d'ou provient ce chagrin.
(haut)
Demain, mes chers seigneurs, ma fille se marie
au riche Francesco, fermier de ce canton.
Je vous invite tous.
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LORENZO |
(à part)
Plutôt perdre la vie !
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LE CHŒUR |
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MATHÉO |
Je va en chercher, et du bon !
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ZERLINE |
(s'approchant de Lorenzo)
Lorenzo, vous partez ?
| <- Zerline
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LORENZO |
Je vais à la montagne
combattre ces brigands, et puissé-je y périr !
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ZERLINE |
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LORENZO |
D'un autre, hélas ! vous serez la compagne,
votre père le veut, je n'ai plus qu'à mourir !
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| Premier couplet. | |
ZERLINE |
Cher Lorenzo, conservons l'espérance.
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LORENZO |
En reste-t-il à qui perd ses amours ?
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ZERLINE |
Reste du moins, c'est calmer ma souffrance.
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LORENZO |
Adieu, adieu, peut-être pour touiours !
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| Deuxième couplet. | |
ZERLINE |
Mes voeux, hélas ! au combat vont te suivre.
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LORENZO |
Qu'ai-je besoin de penser à mes jours ?
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ZERLINE |
Ah ! pense à moi qui sans toi ne peut vivre.
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LORENZO |
Adieu, peut-être pour toujours !
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| (En ce moment on entend un grand bruit au dehors; tous les carabiniers se lèvent.) | |
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Scène deuxième |
Les précédens, milord et milady Cockburg; un postillon et plusieurs laquais en livrée qui les suivent. |
<- Milord, Paméla, Postillon, Laquais
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MILORD, PAMÉLA, LE CHŒUR |
Au secours ! au secours !
On en veut à nos jours.
Quel pays effroyable !
Au secours ! au secours !
On en veut à nos jours.
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LORENZO |
(s'approchant de milord)
Qu'est-ce donc ? parlez, je vous prie.
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MILORD |
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LORENZO |
C'est un Anglais !
(regardant Paméla, qui vient de s'assessoir)
Une femme jeune et jolie !
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MILORD |
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PAMÉLA (soutenue par Zerline) |
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MILORD |
(allant à elle et lui faisant respirer des sels)
Milady ! Paméla ! ma chère milady !
C'est ma femme, elle était sensible à l'infini.
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PAMÉLA
(se soutenant à peine)
Ah ! quel voyage abominable !
En vérité c'est effroyable:
ce monsieur le brigand
s'était conduit vraiment
en gentleman bien peu galant.
Je n'avais plus l'envie
de revoir l'Italie;
mes chapeaux, mes dentelles,
mes robes les plus belles,
répondez: où sont-elles ?
Est-il malheur plus grand !
Oui, milord, cette aventure
me mettait dans le courroux;
je voulais, je le jure,
plus voyager avec vous.
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MILORD |
Non, non, jamais plus de voyage,
pour long-temps j'en suis revenu.
Si je cours d'avantage,
je veux être perdu.
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LES CARABINIERS |
On prétend qu'en ce voisinage
depuis quelque temps on l'a vu.
Gagnons avec courage
le prix qui nous est dû.
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PAMÉLA |
Non, non, jamais plus de voyage,
c'etait un point bien resolu.
Malgré tout mon courage,
que mon cœur est ému !
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LORENZO |
On prétend qu'en ce voisinage,
depuis quelque temps on l'a vu.
Mes amis, du courage,
le bandit est perdu.
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ZERLINE |
Je tremble qu'en ce voisinage
ce hardi brigand n'ait paru.
Je redoute sa rage;
que mon cœur est ému !
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MILORD |
(s'approchant de Lorenzo)
Oui, messier le brigadier, c'est à vous que je faisais ma declaration.
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LORENZO |
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MILORD |
Je havais l'honneur d'être Anglais; je havais enlevé selon l'usage, miss Paméla, une riche héreditière que je havais épousée par inclination.
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PAMÉLA (soupirant) |
Oh oui ! à Gretna-Green !
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MILORD |
Et pour éviter les poursuites, je havais voulu voyager en Italie avec elle, et la dot que je havais enlevée aussi, comme je disais à vous, par inclination.
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PAMÉLA (soupirant) |
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MILORD |
Et, à une lieue d'ici, le postillon à moi, il avait été arrêté.
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PAMÉLA |
Yes, par des bandits. Oh dieu !
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LORENZO |
De quel côté venaient-ils ?
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MILORD |
Quand ils ont attaqué moi, je dormais dans le landau, près de milady.
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PAMÉLA |
Yes. Maintenant, milord dormait beaucoup, aussi je disais: cela portera malheur à vous, mon cher milord.
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LORENZO |
Et que vous ont-ils dérobé ?
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MILORD |
Ils avaient fouillé partout, et avaient pris...
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PAMÉLA |
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MILORD |
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PAMÉLA |
Et ils allaient si bien à moi !
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LORENZO |
C'est la bande que nous poursuivons, celle de Fra-Diavolo ! De quel côté se sont-ils réfugiés ?
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MILORD |
Vers la montagne, et nos diamans aussi.
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LORENZO (à ses soldats) |
Allons, messieurs, en route ! buvez le coup de l'étrier, et dirigeons-nous de ce côté.
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| (Pendant que Mathéo verse à boire aux soldats.) | |
ZERLINE |
(s'approchant de Lorenzo et à demi-voix)
On dit ce brigand si redoutable... s'il vous arrivait malheur ?
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LORENZO |
Autrefois je pouvais tenir à la vie; mais maintenant...
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ZERLINE |
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LORENZO |
Demain vous en épouserez un autre; vous avez eu plus d'obéissance pour votre père que d'amour pour moi, je ne vous en ferai point de reproches. Adieu, soyez hereuse, et pensez à moi quand je ne serai plus...
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ZERLINE |
Vous vivrez, vous vivrez ! je ferai des vœux pour vous !
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LORENZO |
Des vœux ! oui, faites-en pour que demain je ne puisse pas voir votre mariage.
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ZERLINE |
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LORENZO |
(essuyant une larme)
Allons ! allons ! le devoir avant tout, J'espère, milord, vous rapporter de bonnes nouvelles. Adieu, père Mathéo. Adieu, Zerline. (à ses soldats) En marche !
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| (Il sort avec ses soldats.) | Lorenzo, Carabiniers, Postillon, Laquais ->
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Scène troisième |
Milord, Paméla, Mathéo, Zerline. |
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MILORD |
Il avait l'air bien ému, le brigadier. Ce Fra-Diavolo, il effrayait tout le monde.
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MATHÉO |
Vous vous trompez, Lorenzo n'a peur de rien. Il a servi dans l'armée d'Italie avec les Français; c'est un brave garçon qui n'a qu'un défaut..
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PAMÉLA |
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MATHÉO |
Il est amoureux, et n'a pour s'établir que sa paye de soldat, et de coups de fusil en perspective.
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MILORD |
Ce n'était pas assez pour vivre.
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MATHÉO |
Sans cela je n'aurais pas demandé mieux. (regardant sa fille) Mais il faut de la raison. Allons, Zerline, serrez ces verres, ces bouteilles.
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MILORD |
Je havais envie de donner du courage aux gens du pays avec des guinées. (s'avançant vers Mathéo) Messié l'hôtesse, voulez-vous rédiger une pancarte, où je promettrai de l'argent beaucoup à celui qui rapporterait à nous ce que nous avons perdu ?
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MATHÉO |
(se mettant à la table à droite, et écrivant pendant que Milord lui dicte à voix basse)
Volentiers.
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PAMÉLA |
(observant Zerline qui a été assise dans un coin à gauche)
Miss Zerline pleurait ? elle avait du chagrin ?
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ZERLINE |
(essuyant ses yeux)
Moi ! madame, pas du tout.
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PAMÉLA |
Yes, je m'y connaissais. Le petite brigadier, il avais lancé à vous un regard qui disait: Oh ! je vous aime beaucoup !
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ZERLINE (effrayée) |
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PAMÉLA |
Ce était bien, Ce était si joli les mariage d'inclination !
(tendrement)
N'est-ce pas, milord ?
(voyant qu'il ne répond pas, et avec colère)
Milord ?
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MILORD |
(de l'autre côté, occupé avec Mathéo)
Vous voyez que j'étais occupé, et vous tourmentez moi. Je fasais la pancarte pour la récompense. (à Mathéo) Vous avez écrit que je promettais trois mille francs ?
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PAMÉLA |
Ce etait pas assez ! mettez dix mille francs. L'écrin il en valait trois cent mille ! et s'il était perdu ce était la faute à vous, qui avez voulu prendre le chemin de traverse.
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MILORD |
Pour éviter ce cavalier si élégant qui nous suivait partout, et qui s'arrêtait toujours dans les mêmes auberges.
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PAMÉLA |
Je pouvais pas empêcher lui de faire la même route.
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MILORD |
Vous pouvez empêcher vous de le regarder et de chanter, comme hier au soir, ce petit barcarolle qui amusait pas moi du tout.
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PAMÉLA (avec humeur) |
On peut pas faire la musique ?
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MILORD |
Vous faisiez pas la musique, vous faisiez le coquetterie avec lui.
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PAMÉLA |
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MILORD |
Yes, milady, je l'avais vu, et je déclare ici que je ne voulais pas.
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PAMÉLA |
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MILORD |
C'est-à-dire, je voulais bien, mais je ne voulais pas ! entendons-nous !
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| (Pendant les couplets suivans, Mathéo et Zerline vont placarder en dedans et en dehors des piliers de l'auberge les affiches que Mathéo vient d'ecrire.) | |
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[N. 2 - Couplets] | N
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| Premier couplet. | |
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Je voulais bien, je voulais bien
que l'on trouve vous très-aimable
et que de loin maint fashionable
admire aussi votre maintien...
Je voulais bien, je voulais bien;
mais qu'en tous les lieux où je passe,
en lorgnant vous avec audace,
un galantin suive vos pas,
je voulais pas, je voulais pas;
non, non, non, non, je voulais pas,
goddam ! je voulais pas.
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| Deuxième couplet. | |
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Je voulais bien, je voulais bien
payer les bijoux et la soie,
et pour qu'à la mode on vous voie,
par an dépenser tout mon bien...
Je voulais bien, je voulais bien;
mais moi suivre votre méthode,
mais être un époux à la mode
comme on en voit tant ici-bas,
je voulais pas, je voulais pas;
non, non, non, non, je voulais pas,
goddam ! je voulais pas.
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| Toisième couplet. | |
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PAMÉLA
Je voulais bien, je voulais bien
être sage et jamais coquette,
et, s'il le faut, pour ma toilette
ne plus dépenser jamais rien;
je voulais bien, je voulais bien;
car, par goût et par caractère,
je suis très douce d'ordinaire;
mais dès qu'on dit: je veux... hélas !
je voulais pas, je voulais pas;
non, non, non, non, je voulais pas,
milord, je voulais pas !
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MILORD |
Ah ! vous voulez pas ? Il faudra pourtant bien... car j'entends plus que vous voyiez jamais ce marquis napolitain.
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MATHÉO |
(se levant et écoutant)
C'est le bruit d'une voiture !
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Scène quatrième |
Les précédens, puis le marquis. |
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[N. 3 - Quintetto] | N
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MATHÉO |
(regardant par la droite)
Un landau qui s'arrête, ah ! quel honneur extreme !
C'est quelque grand seigneur qui vient loger ici.
(voyant entrer le marquis)
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| <- Le marquis
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MATHÉO |
Oui, c'est un grand seigneur.
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MILORD |
Qu'ai-je vu ? c'est lui-même !
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PAMÉLA |
C'est monsieur le marquis !
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MILORD (avec fureur) |
Comment, c'est encore lui ?
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LE MARQUIS |
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LE MARQUIS
Que voi-je ? c'est elle !
c'est la charmante milady.
Que voi-je, c'est elle
que je retrouve ici !
PAMÉLA
Surprise nouvelle !
il a suivi nous jusqu'ici !
Surprise nouvelle !
comment ! c'est encore lui !
MATHÉO
C'est elle, c'est elle
que cherchait monsieur le marquis;
c'est elle, c'est elle
dont son cœur est épris !
|
Ensemble
MILORD
Surprise nouvelle !
comme il regarde milady !
Surprise nouvelle,
comment ! c'est encore lui !
ZERLINE
C'est elle, c'est elle
que cherchait monsieur le marquis;
c'est elle, c'est elle
dont son cœur est épris.
|
| |
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MATHÉO |
(à ses gens, montrant le marquis)
Que l'on serve sa seigneurie.
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LE MARQUIS |
J'ai le temps, pourquoi vous hâter ?
(regardant Paméla)
Je compte en cette hôtellerie
jusqu'à demain matin rester.
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MILORD (bas à sa femme) |
Vous entendez ? ce départ qu'il retarde,
c'était pour vous, assurément.
Et comme il vous regarde !
Tenez, encore en ce moment !
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LE MARQUIS |
La bonne folie,
mon âme est ravie,
la fortune et l'amour secondent tous mes vœux.
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PAMÉLA |
De moi bien jolie,
son âme est ravie;
est-ce ma faute, à moi s'il était amoureux ?
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ZERLINE |
Oui, cette étrangère
aura su lui plaire;
il lui fait les doux yeux, les doux yeux d'un amoureux.
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LE MARQUIS
Que voi-je ? c'est elle !
c'est la charmante milady.
Que voi-je, c'est elle,
que je retrouve ici !
PAMÉLA
Surprise nouvelle !
il a suivi nous jusqu'ici !
surprise nouvelle !
comment ! c'est encore lui !
MATHÉO
C'est elle, c'est elle
que cherchait monsieur le marquis;
c'est elle, c'est elle
dont son cœur est épris !
|
Ensemble
MILORD
Surprise nouvelle !
comme il regarde milady !
surprise nouvelle,
comment ! c'est encore lui !
ZERLINE
C'est elle, c'est elle
que cherchait monsieur le marquis;
c'est elle, c'est elle
dont son cœur est épris.
|
| |
| |
| (A la fin de ce morceau, milord force Paméla à rentrer dans l'auberge. Elle fait en sortant une révérence au Marquis.) | Milord, Paméla ->
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Scène cinquième |
Le marquis, à table, Mathéo, Zerline, Garçons d'auberge. |
<- Garçons d'auberge
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MATHÉO (à Zerline) |
Allons donc, petite fille, servez monsieur le marquis. J'espère que monseigneur sera content du zèle de mes gens, et de ma fille, que je laisse maîtresse de la maison, car je suis obligé ce soir de m'absenter.
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LE MARQUIS |
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MATHÉO |
Dans l'istant. Je vais coucher à deux lieues d'ici chez Francesco, mon gendre, que j'amènerai demain matin avec toute la noce.
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ZERLINE (à part) |
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LE MARQUIS |
Avez-vous beaucoup de monde dans cette auberge ?
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MATHÉO |
Vous, monseigneur, et ceux que vous venez de voir, milord et milady.
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LE MARQUIS |
Pas d'autres ?
(après un istant de réflexion)
Milady est jolie; mais milord est de mauvaise humeur.
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ZERLINE |
On le serait à moins. Il a été attaqué et dévalisé par les bandits de la montagne.
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LE MARQUIS (toujours mangeant) |
Pas possible ! je ne crois pas aux voleurs.
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MATHÉO |
Moi j'y crois comme en dieu, et en notre-dame des rameaux, notre patrone.
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LE MARQUIS |
Ce sont des histoires pour effrayer les voyageurs. J'ai parcouru de jour et de nuit les montagnes, et je n'ai jamais été attaqué.
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MATHÉO |
Autrefois, pet-être; mais depuis que Fra-Diavolo s'est établi dans ce canton...
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LE MARQUIS |
Fra-Diavolo ? Qu'est ce que c'est que cela ?
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ZERLINE |
Vous n'en avez pas entendu parler ? un fameux bandit.
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MATHÉO |
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ZERLINE |
Et qu'on ne peut jamais joindre.
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MATHÉO |
Il a un amulette qu'il a volé à un cardinal, et qui le rend invisibile.
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LE MARQUIS |
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ZERLINE |
Et les balles des gendarmes rebondissent sur sa peau.
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LE MARQUIS |
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ZERLINE |
Oui, monseigneur; et comme dit la chanson...
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LE MARQUIS |
Il y a une chanson sur lui ?
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MATHÉO |
Une fameuse en son honneur ! Vingt-deux couplets ! Si, pendant son dîner, monseigneur veut permettre...
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LE MARQUIS |
Est-on obligé de l'entendre tout entière ?
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MATHÉO |
C'est au choix des voyageurs; on ne force personne.
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LE MARQUIS |
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MATHÉO |
(détachant de la muraille une mandoline et la présentant à Zerline)
Tiens, ma fille.
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ZERLINE |
(la repoussant de la main et la plaçant près d'elle sur le coin de la table)
Merci, mon père, je chanterai bien sans cela.
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[N. 4 - Couplets] | N
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| Premier couplet. | |
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Voyez, sur cette roche,
ce brave à l'air fier et hardi,
son mousquet est près de lui,
c'est son fidèle ami.
Regardez, il s'approche,
un plumet rouge à son chapeau,
et couvert de son manteau
du velours le plus beau.
Tremblez ! au sein de la tempête,
au loin l'écho répète:
Diavolo ! Diavolo !
Diavolo !
| S
(♦)
(♦)
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| |
| Deuxième couplet. | |
|
S'il menace la tête
de l'ennemi qui se défend,
pour les belles on prétend
qu'il est tendre et galant.
Plus d'une qu'il arrête
(témoin la fille de Piétro),
pensive rentre au hameau
dans un trouble nouveau.
Tremblez ! car voyant la fillette,
tout bas chacun répète:
Diavolo ! Diavolo !
Diavolo !
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| |
| Troisième couplet. | |
|
LE MARQUIS
(se levant)
Il se peut qu'on s'abuse,
ma chère enfant; peut-être aussi,
tout ce qui se prend ici
n'est-il pas pris par lui.
Souvent, quand on l'accuse,
auprès de vous maint jouvenceau
pour quelque larcin nouveau
se glisse incognito !
Tremblez ! cet amant qui soupire,
c'est de lui qu'on peut dire:
Diavolo ! Diavolo !
Diavolo !
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|
|
Scène sixième |
Les précédens, Beppo, Giacomo, paraissant près des piliers du fond. |
<- Beppo, Giacomo
|
| |
ZERLINE |
Ah ! mon dieu, qu'ai-je vu !
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MATHÉO (brusquement) |
Qu'est-ce ? Que demandez-vous ?
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BEPPO |
L'hospitalité pour cette nuit.
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GIACOMO |
Au nom de notre-dame des rameaux !
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MATHÉO |
On ne reçoit pas ainsi des mendians, des vagabonds.
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BEPPO |
| |
ZERLINE |
Mon père, si c'était vrai !
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MATHÉO |
| |
BEPPO |
Nous sommes parti pour remplir un vœu.
| |
MATHÉO |
| |
GIACOMO |
| |
MATHÉO |
Ce n'est pas ici que vous la trouverez.
| |
LE MARQUIS |
(se levant et ouvrant sa bourse, où il prend un peu de monnaie)
Peut-être ! tenez, tenez, voici ce que je vous donne au nom de cette belle enfant.
| |
BEPPO ET GIACOMO |
Ah ! monsieur le marquis !
| |
MATHÉO (étonné) |
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LE MARQUIS |
Oui, ce sont des pouvres diables que j'ai rencontrés ce matin, et à qui j'ai déjà fait l'aumône. Monsieur l'hôte, je veux bien payer leur souper et leur coucher.
| |
MATHÉO |
| |
LE MARQUIS |
Par tête ! c'est peut-être plus qu'elles ne valent; n'importe !
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MATHÉO |
(recevant l'argent)
Dès que monsieur le marquis s'y intéresse, il n'y a pas besoin d'autre recommandation.
| |
ZERLINE |
Mon père, on le va les loger tout là-haut ?
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MATHÉO |
Pas dans la maison, surtout quand je vais passer la nuit dehors. Jean, vous leur donnerez un morceau, et puis vous les conduirez vous-même à la grange, ici à côté.
(aux autres gens de l'auberge)
Rentrez, et preparez le souper de milord.
(à Zerline)
Toi, ma fille, tu vas me reconduire à quelques pas d'ici, juqu'à l'ermitage, et nous parlerons de ton prétendu.
(au marquis)
Adieu, monsieur le marquis, j'espère, demain matin, en revenant avec mon gendre, retrouver encore votre seigneurie.
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LE MARQUIS |
Je l'espère aussi, je me lève tard. Adieu, notre hôte, bon voyage. Adieu, ma belle enfant.
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| (Les domestiques rentrent dans l'hôtellerie; Mathéo, qui a pris son chapeau et son bâton, sort par le fond avec Zerline.) | Garçons d'auberge, Mathéo, Zerline ->
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Scène septième |
Le marquis, Beppo, Giacomo. |
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Le marquis est assis sur le devant du thèâtre, près de la table à droite, et tient un curedent; Beppo et Giacomo regardent si tout le mond est parti. | |
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BEPPO |
(redescendant le thèâtre, et prenant la bouteille qui est sur la table, se verse un verre de vin)
À ta santé !
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LE MARQUIS |
(se retournant avec hauteur)
Hein !
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BEPPO |
(de même)
Je dis: à ta santé !
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LE MARQUIS |
Qu'est-ce que c'est que de pareille manières ?
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GIACOMO |
(la chapeu bas)
Excusez, capitaine, c'est une recrue qui ne sait pas encore le respect qu'on vous doit.
(bas à Beppo)
Ote donc ton chapeau ! Il n'est pas encore au fait; mais il sort d'une bonne maison, c'est un ancien intendant qui veut travailler maintenant en brave, et à découvert.
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LE MARQUIS |
Il ne suffit pas d'être brave, il faut encore être honnête et savoir vivre. Je n'ei jamais vu, dans l'origine, de troupe plus mal composée que celle que j'ai l'honneur de commander. Les bandits le plus mal élevés ! et si je n'y avais établi l'ordre et la discipline...
(à Giacomo, lui montrant une carafe et relevant la manche de son pourpoint)
Verse-moi de l'eau !
(à Beppo, tout en se levant les mains)
À la première familiarité je te fais sauter le cervelle; cela t'apprendra.
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BEPPO |
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GIACOMO |
Il le ferait comme il le dit.
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BEPPO (tremblant) |
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LE MARQUIS |
Une serviette !
(s'essuyant les mains)
Qu'y a-t-il de nouveau ? et qui vous amène ?
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BEPPO |
(chapeau bas)
L'entreprise a réussi; nous avons arrêté le milord et ses diamans.
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LE MARQUIS |
Crois-tu que je ne sois pas au fait ? je le savais déjà.
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GIACOMO |
Toutes les indications que vous aviez données étaient si exactes !
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LE MARQUIS |
Je le crois bien; depuis trois jours que je les suis à la piste, que je dîne avec eux dans les mêmes auberges, et que tous les soirs je chante des barcaroles avec milady, vous croyez que ce n'est pas fatigant !
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GIACOMO |
Nous savons, capitaine, ce que vous faites pour nous.
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LE MARQUIS |
Milord ne s'est pas défendu et nous n'avons perdu personne ?
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GIACOMO |
Non, capitaine, au contraire; le postillon était un ancien que nous avait quittés, et qui demande à s'enrôler de nouveau.
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LE MARQUIS |
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GIACOMO |
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LE MARQUIS |
(se curant les dents et arrangeant sa chemise devant un miroir de poche)
Qu'on le fusille ! je n'aime pas l'incostance; dans notre état, s'entend; près des belles, c'est autre chose; et puisque, grace à milord, nous avons des diamans, tu en enverras pour six mille écus à Fiorina, cette jeune cantatrice que je protège; j'aime les arts et surtout la musique.
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GIACOMO |
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LE MARQUIS |
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GIACOMO |
Non vraiment... et nous craignons d'avoir été trompés.
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LE MARQUIS |
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GIACOMO |
Cette cassette que vous nous aviez annoncée et que milord devait avoir dans sa voiture..
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LE MARQUIS |
Cinq cent mille francs en or qu'il allait placer à Livourne chez un banquier; du moins milady me l'avait dit.
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GIACOMO |
Impossible de la trouver.
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LE MARQUIS |
Imbécille ! manquer une si belle opération !
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BEPPO |
Peut-être, pour nous faire du tort, les a-t-il dépensés ?
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LE MARQUIS |
Ce que c'est que de ne pas faire ses affaires soi-même ! Mais je saurai à tout prix ce que cet or est devenu. Laissez-moi.
(à part)
Allons, il foudra encore faire de la musique avec milady. Ces coquins-là sont-il heureux de m'avoir !
(regardant par la porte de l'auberge)
C'est elle !
(apercevant Beppo et Giacomo qui sont ou fond du thèâtre)
Hé bien ! vous n'êtes pas encore partis !...
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| (Ils disparaissent par la droite.) | Beppo, Giacomo ->
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Scène huitième |
Le marquis, Paméla. |
<- Paméla
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[N. 5 - Trio] | N
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PAMÉLA |
(sortant de l'auberge)
Oui, je vais commander le punch à vous, milord.
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LE MARQUIS |
(s'avançant)
Charmante milady !
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PAMÉLA |
(effrayée)
Comment ! C'est vous encore ?
et mon époux etait dans la chambre voisine;
lui si jaloux, jaloux comme Othello !
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LE MARQUIS |
Est-ce donc l'offenser que chanter un duo ?
(prenant la mandoline que Zerline a placée sur le coin de la table à la cinquième scène)
Et nous pouvons, sur cette mandoline,
répéter tous les deux cet air
que nous commençâmes hier.
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PAMÉLA |
(regardant à gauche par la porte de l'auberge)
Ah ! je l'entends ! c'est lui.
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LE MARQUIS |
(saisissant brusquement la mandoline et en jouant)
Le gondolier fidèle
brave, pour voir sa belle,
les autans ennemis.
(la regardant)
De loin, s'il obtient d'elle
un regard, un souris,
c'est toujours ça de pris !
(Il regarde vers la gauche si l'on ne vient pas, et remet la mandoline sur la table en s'adressant à Paméla.)
Faut-il que votre cœur ignore
le feu brûlant qui me dévore ?
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PAMÉLA |
(voulant s'eloigner)
Monsieur, je ne puis écouter.
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LE MARQUIS |
(le retenant)
Je me tais, vous pouvez rester;
oui, vous admirer en silence
ne peut vous paraitre une offense.
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PAMÉLA |
Je ne pouvais pas, je le crois,
empêcher vous d'admirer moi.
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LE MARQUIS |
Ah ! combien mon âme est ravie
en contemplant ces traits charmans,
cette robe simple et jolie.
(regardant un médaillon qui est à son cou)
Ah ! grand dieu ! le beaux diamans !
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PAMÉLA |
Les seuls échappés au pillage,
tant je les cachais avec soin !
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LE MARQUIS |
(à part)
Les maladroits ! Ah ! quel dommage !
(haut, à Paméla, d'un ton galant)
Pour plaire, en avez-vous besoin ?
Mais plus je considère
ce riche médaillon... il contient un secret ?
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PAMÉLA |
Pour lui, mon époux l'a fait faire,
car il renferme mon portrait.
(l'ouvrant et lui montrant)
Trouvez-vous ressemblant ?
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LE MARQUIS |
(affectant un trouble amoreux)
O ciel ! il se pourrait !
(le regardant avec ivresse)
Voilà ce regard, ce regard doux et tendre,
voilà ces traits si gracieux;
je crois la voir, je crois l'entendre.
(avec délire)
Mon âme a passé dans mes yeux.
(avec rage)
Et c'est pour un rival, un tyran, un barbare...
(Il met le portrait dans sa poche.)
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PAMÉLA |
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LE MARQUIS |
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PAMÉLA |
(troublée et voulant le reprendre)
Monsieur !
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LE MARQUIS |
Jamais, iamais il ne me quittera.
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PAMÉLA |
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LE MARQUIS |
Oui, sur mon cœur toujours il restera.
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PAMÉLA |
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| (Milord sort de l'hôtellerie; et le marquis, saisissant vivement la mandoline, reprend le premier motif.) | <- Milord
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LE MARQUIS
Le gondolier fidèle,
brave sur sa nacelle
les jaloux, les maris,
quand son cœur, de sa belle
presse les traits chéris:
c'est toujours ça de pris.
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Scène neuvième |
Les précédens, Milord, passant entre eux deux. |
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MILORD |
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PAMÉLA |
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MILORD |
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PAMÉLA |
Nous faisions de la musique
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MILORD |
Je n'aime pas la musique.
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PAMÉLA
Combien moi j'aimais la musique,
elle me plaisait fort,
mais je vois, c'est unique,
qu'elle ennayait milord.
Jamais, avec milord,
nous ne sommes d'accord.
MILORD
Toujours ensemble, c'cst unique,
ils sont très-bien d'accord;
aussi cette musique
à moi me déplait fort,
et peut faire du tort
à l'honneur d'un milord.
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Ensemble
LE MARQUIS
Bravo, bravo, c'est la musique
qui nous met d'accord;
il faudra qu'on s'explique
et qu'on m'instruise encore.
Enlevons à milord
et sa femme et son or.
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PAMÉLA |
Nous répétions cette barcarolle...
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MILORD |
C'était bien aimable à vous pendant que je m'impatientais, moi, pour le punch.
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LE MARQUIS |
Permettez donc, milord, puisque vous preniez du punch, nous pouvions bien faire de la musique.
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MILORD |
Oui, si j'en avais pris ! mais je n'en prenais pas, j'en attendais.
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LE MARQUIS |
Que ne le disiez-vous ? holà ! quelqun !
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MILORD |
Ce était pas besoin; je avais plus soif, je l'avais perdu le soif.
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LE MARQUIS |
Depuis la perte de vos diamans !
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MILORD |
Oui, cela et puis autre chose encore.
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LE MARQUIS |
Ah ! mon dieu ! est-ce qu'il serait arrivé malheur à ces cinq cent mille francs en or que vous alliez placer à Livourne ?
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MILORD |
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LE MARQUIS |
Ah ! tent mieux ! je respire; car si vous les aviez perdus, j'en aurais été aussi fâché que vous-même.
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PAMÉLA |
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LE MARQUIS |
Ce que j'en disais, c'était pour vous offrir mon portefeuille.
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MILORD |
Je remerciais vous.
(tirant son portefeuille)
Je avais déjà regarni le mien.
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LE MARQUIS |
Et comment cela ? Comment avez-vous ou sauver votre or ?
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MILORD |
Par un moyen bien adroit que je ne disais pas à personne.
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LE MARQUIS |
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MILORD |
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PAMÉLA |
Il avait changé les pièces d'or en billets de banque, et il les avait fait coudre.
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LE MARQUIS (vivement) |
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MILORD (riant) |
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LE MARQUIS |
Moi, je ne devine jamais rien.
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MILORD |
Dans mon habit, et dans la robe de milady.
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LE MARQUIS |
Il sera possible !
(regardant la robe de Paméla)
Ce tissu charmant et precieux...
(se retournant en riant vers milord)
C'est impayable.
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MILORD (riant aussi) |
Yes, yes, nous étions tout cousus d'or.
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LE MARQUIS |
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| (En ce moment on entend en dehors une marche guerrière. Milord et Paméa vont regarder par le fond.) | |
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[N. 6 - Finale] | N
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PAMÉLA, MILORD |
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LE MARQUIS |
Quelle est donc cette marche guerrière ?
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| (entrent mystérieusement et disent à demi-voix au marquis, sur le devant du thèâtre) | <- Beppo, Giacomo
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BEPPO, GIACOMO |
Un brigadier et des soldats
qui vers ces lieux portent leurs pas.
Fuyons !
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LE MARQUIS |
Jamais ! poltrons, du cœur !
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BEPPO |
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LE MARQUIS |
Auprès de moi n'êtes-vous pas ?
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Scène dixième |
Les précédens, Lorenzo, Chœur de soldats, Zerline, Gens de l'auberge et du village. |
<- Lorenzo, Soldats, Zerline, Gens de l'auberge et du village
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LE CHŒUR |
Victoire ! victoire ! victoire !
Réjouissons-nous !
Victoire ! victoire !
Pour nous, quelle gloire !
Il sont tombés sous nos coups.
| S
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ZERLINE |
(courant à Lorenzo)
C'est lui que je revois.
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PAMÉLA, MILORD (à Lorenzo) |
De grâce. Expliquez-vous.
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LORENZO |
En silence et dans l'ombre
suivant leurs pas errants,
dans un défilé sombre
j'ai surpris ces brigands.
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LE MARQUIS (à part) |
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LORENZO |
Long-temps avec audace
ils se sont comportés;
vingt d'entre eux sur la place
en braves sont restés.
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LE MARQUIS (à part) |
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LORENZO |
Mais l'effroi qui les gagne
disperse ces bandits,
l'écho de la montagne
a répété ce cri:
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LE CHŒUR |
Victoire, victoire, victoire !
Réjouissons-nous !
Victoire, victoire !
Pour nous, quelle gloire !
Il sont tombés sous nos coups.
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LORENZO (à Milord) |
Sur l'un de ces bandits couché sur la poussière,
j'ai retrouvé, milord, cet écrin.
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MILORD, PAMÉLA (s'en emparant) |
C'est le mien !
Ô sort heureux !
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LE MARQUIS (à part) |
Ô sort contraire !
(montrant Lorenzo)
Par lui perdre à la fois mes soldats et mon bien.
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LE MARQUIS, BEPPO, GIACOMO
Que la fureur et la vengeance
pour le punir arment nos bras;
son sang expiera son offense:
oui, je vous promets son trépas,
oui, je jure ici son trépas !
LORENZO, LE CHŒUR
Victoire, victoire, victoire !
Réjouissons-nous !
Victoire, victoire !
Pour nous, quelle gloire !
Il sont tombés sous nos coups.
|
Ensemble
ZERLINE, MILORD, PAMÉLA
Honneur à sa vaillance !
Le ciel a protégé son bras;
oui, je renais à l'espérance;
pour moi quel moment plein d'appas !
oui, quel moment plein d'appas !
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LORENZO |
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ZERLINE |
Déjà quitter cette demoure ?
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LORENZO |
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ZERLINE |
Pourquoi donc repartir à cette heure ?
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LORENZO |
Le chef de ces bandits a su nous échapper;
mais je suis sur sa trace, il ne peut nous tromper.
Adieu, Zerline.
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PAMÉLA |
(le retenant)
Un instant, je vous prie.
(à milord)
Le portefeuille à vous ?
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MILORD |
(le retirant avec peine de sa poche)
Et pourquoi, chère amie ?
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PAMÉLA |
(ouvrant le portefeuille et y prenant des billets de banque, et s'adressant à Lorenzo)
Milord, qui chérissait beaucoup les gens de cœur,
de ces dix mille francs est votre débiteur;
(montrant la pancarte du fond)
lisez plutôt.
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LORENZO |
(repoussant les billets)
Jamais ! Quelle idée est la vôtre ?
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PAMÉLA (à demi-voix) |
C'est la dot de Zerline, acceptez aujourd'hui
un trésor qui pourrait vous en donner un autre.
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ZERLINE (le prenant vivement) |
Moi, j'accepte pour lui;
le voilà riche, dieu merci !
autant que son rival.
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LORENZO (avec joie et vivement) |
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ZERLINE (de même) |
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LORENZO |
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ZERLINE |
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LORENZO |
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ZERLINE |
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LORENZO |
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ZERLINE |
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LORENZO, ZERLINE
Ah ! je renais à l'espérance,
le ciel me ramène en tes bras;
d'aujourd'hui mon bonheur commence,
pour moi quel moment plein d'appas !
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Ensemble
MILORD, PAMÉLA
Rendons honneur à sa vaillance,
le ciel a protégé son bras.
(regardant l'écrin)
Cher écrin, ma seule espérance,
ah ! tu ne me quitteras pas.
Quel moment plein d'appas !
|
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LE MARQUIS, BEPPO, GIACOMO
Que la fureur et la vengeance
pour le punir arment nos bras !
Son sang expiera son offense,
oui, je jure ici son trépas !
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Ensemble
CHŒUR DE SOLDATS
Victoire ! victoire !
etc.
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| (À la fin de cet ensemble, Lorenzo va parler à ses soldats et les range en bataille.) | |
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LE MARQUIS |
(bas à Beppo et Giacomo, sur le devant, à droite)
Tout nous sourit, sachons attendre,
le père ne peut revenir.
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BEPPO, GIACOMO |
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LE MARQUIS |
Ils vont partir.
Ils vont ailleurs pour nous surprendre !
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LORENZO (au fond) |
Partons, mes braves compagnons !
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LE MARQUIS |
Ils s'éloignent et nous restons.
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ZERLINE (à Lorenzo) |
Demain, songe au bonheur que l'amour nous destine.
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LE MARQUIS (bas à ses compagnons) |
L'or et les diamans, et la dot de Zerline,
cette nuit...
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BEPPO |
Sont à nous, et nous les reprenderons.
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MILORD, PAMÉLA, ZERLINE
À demain, à demain, oui, nous nous reverrons.
Demain, demain, nous reviendrons.
Partons, partons.
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Ensemble
LE MARQUIS, BEPPO, GIACOMO
Cette nuit, cette nuit, oui, d'eux tous je réponds.
Ils sont à nous, oui, j'en réponds,
nous les tenons.
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LE MARQUIS, SES COMPAGNONS
Que la fureur et la vengeance
pour le punir arment nos bras !
Son sang expiera son offense,
et je jure ici son trépas;
oui, je jure son trépas.
MILORD, PAMÉLA
Le ciel protège sa vaillance !
Il doit encore guider ses pas.
Cher écrin, ma seule espérance,
ah ! tu ne me quitteras pas.
|
Ensemble
LORENZO, ZERLINE
Mon cœur renaît à l'espérance;
demain, demain tu reviendras;
oui, demain tu m'appartiendras:
d'aoujourd'hui mon bonheur commence.
Pour moi quel moment plein d'appas !
CHŒUR DE SOLDATS
Victoire ! victoire ! victoire !
Dieu combat pour nous.
Victoire ! victoire !
Pour nous quelle gloire,
il va tomber sous nos coups.
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| (Lorenzo, à la tete de ses soldats, défile au fond du thèâtre, tandis que des gens de l'auberge apportent des flambeaux au marquis, à Paméla et à milord qui se souhaitent le bonsoir. Un garçon d'auberge montre à Beppo et à Giacomo la grange qui est à droite du thèâtre, et les emmène de ce côté pendant que les autres entrent dans la maison.) | Lorenzo, Soldats, Beppo, Giacomo, Milord, Paméla, Zerline, Le marquis, Gens de l'auberge et du village ->
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