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Le théâtre représente un lieu champêtre, dont l'horizon est terminé par une montagne, un hameau dans le lointain, un orme sur le devant de la scène, et sur un des côtés, au pied est un tertre de gazon sur lequel peuvent s'asseoir deux ou trois personnes. | Q
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Scène première |
Louise, Jean-Louis. |
Louise
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[N. 1 - Ariette] | N
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LOUISE
Peut-on affliger ce qu'on aime ?
Pourquoi chercher
a le fâcher?
Peut-on affliger ce qu'on aime ?
C'est bien en vouloir à soi-même.
Je l'aime, et pour toute ma vie:
| S
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| (à cet instant son père entre) | <- Jean-Louis
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et vous voulez que cette perfidie...
Ah! mon père, je ne saurois:
à sa place, moi, j'en mourrois.
Peut-on affliger ce qu'on aime ?
C'est bien en vouloir à soi-même.
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Scène seconde |
Jean-Louis, Louise, La tante, Jeannette, Bertrand (il a une baguette à la main, dont il niaise). |
<- La tante, Bertrand, Jeannette
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JEAN-LOUIS |
Je le veux, je le veux. Hé bien !
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LOUISE (à part) |
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LA TANTE |
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BERTRAND |
Il étoit de l'autre côté de l'eau.
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LOUISE |
Vous l'avez vu ? Et comment avez-vous fait ?
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BERTRAND |
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LOUISE (en levant les épaules de pitié) |
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LA TANTE |
J'ai vu l'instant qu'il alloit se jeter à la nage: mais son havresac, son épée, tout cela l'embarrassoit. Il fait le tour.
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LOUISE |
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JEAN-LOUIS |
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JEANNETTE |
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BERTRAND |
Oui, oui, il a bien fait.
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JEAN-LOUIS |
Or çà, Louise, il faut que tu fasses ce qu'a recommandé madame la duchesse.
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LOUISE |
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JEAN-LOUIS |
Elle le veut; et voilà la lettre.
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LA TANTE |
Elle le veut; et voilà sa lettre.
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LOUISE |
Vous ne voulez pas nous la lire ?
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JEAN-LOUIS |
Si, si, si, je vais vous la lire; mais il faut bien m'écouter, et ne pas m'interrompre, comme vous faites les soirs, quand je lis dans mon gros livre.
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LOUISE |
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JEAN-LOUIS |
Or ça, écoutez. Mettons-nous là.
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LOUISE |
Ah! mon père, mettons-nous plutôt sous cet orme.
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JEAN-LOUIS |
Où tu voudras, je le veux bien. Mettez-vous là, vous, Marguerite, et toi ensuite. Passe là, Jeannette et toi près de moi; tu y es la plus intéressée.
(Quand ils sont tous assis, il tire la lettre.)
Oh çà, écoutez-vous ?
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LOUISE |
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LA TANTE |
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JEANNETTE |
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BERTRAND |
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JEAN-LOUIS |
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LOUISE |
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LA TANTE |
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JEANNETTE |
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BERTRAND |
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JEAN-LOUIS |
Ce n'est pas là la lettre que madame la duchesse a écrite à cet officier, c'est la réponse de l'officier à madame la duchesse... Tais-toi, toi.
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BERTRAND |
(laissant tomber sa baguette)
Hé ! mais, je n'ai pas parlé.
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LOUISE |
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LA TANTE |
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JEANNETTE |
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JEAN-LOUIS |
J'ai cru qu'il avoit parlé.
(Il lit.)
« Madame, pour répondre à l'honneur que vous m'avez fait de m'écrire... » Brr… br… br...
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LOUISE |
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JEAN-LOUIS |
Ah! c'est que tout ceci, ce sont des complimens, qui sont peut-être des secrets que madame la duchesse ne veut pas qu'on sache. Brr... brr... brr...
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LOUISE |
Mais, mon père, ce n'est pas la peine que nous écoutions.
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LA TANTE |
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JEAN-LOUIS |
Ah! m'y voilà. « Madame, quant à ce qui regarde Alexandre Spinaski, soldat dans mon régiment, il n'est pas de bien que je ne doive en dire » que je ne doive en dire. « Il a toutes les qualités qui font un bon soldat, sage, docile et brave. » Il n'entend pas dire qu'il est brave sur soi, c'est courageux qu'il veut dire.
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LOUISE |
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JEAN-LOUIS |
« Il est vif, ardent. Mais si trop d'ardeur le fait sortir des bornes, il y rentre aussit-ôt. » Il y rentre aussit-ôt: je ne sais pas trop ce que cela veut dire.
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LOUISE |
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JEAN-LOUIS |
« Je désire de tout mon cœur qu'il veuille rester avec moi: je le ferois officier dans mon régiment. »
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LA TANTE |
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BERTRAND |
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LOUISE |
Ah ! je ne crois pas qu'il y reste.
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JEAN-LOUIS |
Paix donc ! « Mais comme ses six ans expirent dans quinze jours, je lui ferai expédier son congé. »
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LOUISE |
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LA TANTE |
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JEAN-LOUIS |
Dans quinze jours. « Je l'envoie, madame, à vos ordres, vous présenter mes respects et vous remercier; je lui ai recommandé de ne pas s'écarter, étant si près de l'ennemi et des frontières. Les ordres sont extrêmement rigoureux, et il faut qu'il rejoigne aujourd'hui; car le roi, qui dîne demain à deux lieues de votre château, passe ensuite au camp; et il faudra se mettre sous les armes. » Ah, c'est que quand le roi passe,
(vous ne savez pas ça, vous autres)
c'est que quand le roi passe, on se met sous les armes. Ah ! c'est une belle chose que la guerre.
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BERTRAND |
Oui, quand on en est revenu.
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JEANNETTE |
Pourquoi est-ce que les garçons pleurent pour n'y pas aller ?
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JEAN-LOUIS |
Taisez-vous, ça ne vous regarde pas. (à Louise) Or çà, ma fille, il faut faire ce que madame la duchesse a dit: tu feras comme si tu étois la mariée; et toi tu seras le marié.
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BERTRAND |
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JEAN-LOUIS |
Il y aura des musettes, des trompettes, des violons; et il croira que tu es mariée d'hier.
(à Jeannette)
Et toi, tu lui viendras compter tout cela: tu feras comme si tu gardois tes moutons ici.
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LA TANTE |
J'aurois mieux fait qu'elle.
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JEAN-LOUIS |
Il vous connaît: il ne reconnoîtroit pas sa tante !
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LOUISE |
Ah! mon père, que je suis fâchée de tout cela: et si on me faisoit un pareil tour, cela me feroit bien de la peine.
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JEAN-LOUIS |
Il en aura plus de plaisir après.
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LA TANTE |
Hé, puis cela lui apprendra de t'écrire, qu'il désire te rencontrer sur la route, ne voir que toi, et repartir.
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LOUISE |
Ce n'est pas tout-à-fait cela qu'il a écrit; mais quand cela seroit, pourquoi m'en punir ?
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LA TANTE |
Enfin, c'est madame la duchesse qui le veut: elle l'a élevé; elle s'intéresse à lui, que c'est une merveille.
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LOUISE |
Un bel intérêt, à lui faire du chagrin.
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JEAN-LOUIS |
Ce n'est que pour un moment.
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LOUISE |
Il n'en croira rien; car il n'y a pas six jours qu'il a reçu une lettre de moi.
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JEAN-LOUIS |
Tant mieux, cela sera plus perfide.
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LA TANTE |
Oui, cela lui fera plus de peine.
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JEAN-LOUIS |
Allez vous ajuster tous, vous n'avez pas trop de temps;
(à Jeannette)
et toi, reste ici avec moi: voyons si tu feras bien ton rôle.
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| Louise, La tante, Bertrand ->
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Scène troisième |
Jean-Louis, Jeannette. |
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JEAN-LOUIS |
Or çà, feras-tu bien ce que je t'ai dit ?
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JEANNETTE |
Oh que oui, monsieur Jean-Louis.
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JEAN-LOUIS |
Voyons, voyons; mets-toi là.
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JEANNETTE |
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JEAN-LOUIS |
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JEANNETTE |
(prenant la baguette que Bertrand a laissée tomber)
Venez, prenons que c'est-là ma quenouille.
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JEAN-LOUIS |
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JEANNETTE |
Oui, je chante, quand vous venez de par là.
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JEAN-LOUIS |
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JEANNETTE |
Ah j'entends bien, j'entends bien: c'est lui.
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JEAN-LOUIS |
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JEANNETTE |
Attendez donc que j'aie mis ma quenouille.
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| (Pendant ce jeu, la ritournelle.) | |
[N. 2 - Ariette] | N
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J'avois égaré mon fuseau,
je le cherchois sur la fougère:
Colin, en m'ôtant son chapeau,
me dit: Que cherchez-vous, bergère ?
Un peu d'amour, un peu de soin,
mènent souvent un cœur bien loin.
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JEAN-LOUIS |
Bonjour, la jeune fille.
(Elle se return.)
Bien, bien: continue.
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| |
JEANNETTE |
C'est que j'ai perdu mon fuseau,
en passant près de ce grand chêne.
Colin alors prend son couteau,
et coupe une branche de frêne.
Un peu d'amour, un peu de soin,
mènent souvent un cœur bien loin.
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JEAN-LOUIS |
La jeune fille, écoutez donc. (Elle se return encore.) Bien, bien, fort bien: continue.
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JEANNETTE |
Il fit tant avec son couteau,
en me regardant d'un air tendre,
que j'eus le fuseau le plus beau,
et que mon cœur se laissa prendre.
Un peu d'amour, un peu de soin,
mènent souvent un cœur bien loin.
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| |
JEAN-LOUIS |
La jeune fille, vous ne voulez donc pas m'écouter ?
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JEANNETTE |
Vous me pardonnerez, monsieur Jean- Louis.
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JEAN-LOUIS |
Monsieur Jean-Louis ! Dis donc monsieur le soldat, et non pas monsieur Jean-Louis.
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JEANNETTE |
Ah, oui, oui, monsieur le soldat: c'est que je vous regardois.
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JEAN-LOUIS |
Recommençons ça. La jeune fille, vous ne voulez donc pas m'écouter.
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JEANNETTE |
Vous me pardonnerez, monsieur le soldat.
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JEAN-LOUIS |
Bon, bon. La jeune fille, je vous serois bien obligé si vous vouliez bien me dire quelle est cette noce que je viens de voir passer.
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JEANNETTE |
C'est celle de Louise, fille de Jean-Louis Basset, soldat invalide et fermier de madame la duchesse.
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JEAN-LOUIS |
Bien, bien, fort bien: tu diras bien, et tu viendras nous rejoindre au château; mais n'oublie pas de dire monsieur le soldat. Tiens, tiens, comme il accourt.
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JEANNETTE |
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JEAN-LOUIS |
Tiens, comme il grimpe la montagne. Ah, les amoureux n'ont pas la goutte. Je m'en vais: reste. Non, viens vite.
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| Jean-Louis, Jeannette ->
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Scène quatrième |
Alexis. |
<- Alexis
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[N. 3 – Ariette] | N
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Ah ! je respire : il faut que je reprenne haleine.
(Il jette à terre son habit, son sabre, son havresac.)
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Oui, le voici cet orme heureux,
où Louise a reçu mes vœux.
Je vais la voir, ah, quel plaisir !
La voir, lui parler, être ensemble.
De quel bonheur je vais jouir !
Mais... mais... je frissonne, je tremble.
L'amour... la joie: arrêtons un moment.
Ah ! quel moment: ah ! quel moment charmant !
Mais pourquoi ne l'ai-je pas vue !
Pourquoi sur le chemin n'est-elle pas venue ?
Elle a craint de céder à trop d'empressement:
trop de pudeur l'aura déçue.
Ne sait-on pas que je suis son amant ?
Allons: mais, que dirai-je ? ah, ciel ! ah, quel martyre !
Ils vont tous être là; nous ne saurons que dire:
la tante, les amis, son père, son voisin,
et le grand cousin.
Quelle contrainte ! Quel dommage !
Ah, si quelqu'enfant du village
paroissoit... Quoi, Louise, amour ne te dit pas ?
Vas donc, vas donc: il t'attend. Ah ! je gage
que quelqu'un arrête ses pas.
Je vais la voir, ah, quel plaisir !
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|
Mais, j'entends des musettes, des violons. Voici tout le village, c'est une noce: cachons-nous. Qu'ils sont heureux ceux-là !
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Scène cinquième |
Toute la Noce. Alexis est caché. Des violons en tête, une musette, une cornemuse. La mariée est triste; le reste a une gaieté feinte. Bertrand, qui fait le marié, a l'air sot et niais. Le père donne la main à sa fille. |
<- Jean-Louis, Louise, Bertrand, La tante, Jeannette, Toute la noce
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[N. 4 - Marche de la noce] | N
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JEAN-LOUIS (à Louise) |
Bon, il est caché: ne retourne pas la tête. Il regarde.
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LOUISE |
Ah ! que cela me fait de peine. Laissez-moi le voir.
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JEAN-LOUIS |
Tu le verras assez. Bon, bon, courage. Jeannette, reste là.
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| Jean-Louis, Louise, Bertrand, La tante, Toute la noce ->
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Scène sixième |
Alexis, Jeannette (elle a sa quenouille). |
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ALEXIS |
Parlez donc, la jeune fille.
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JEANNETTE (chante) |
J'avois égaré mon fuseau,
je le cherchois sur la fougère
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ALEXIS |
Parlez donc, parlez donc.
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| (Jeannette veut chanter; mais il la prend par le bras. Elle veut reprendre son couplet; il ne veut pas la laisser continuer.) | |
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JEANNETTE |
Laissez-moi donc, laissez-moi donc: je vous répondrai au troisième couplet.
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ALEXIS |
Répondez-moi tout à l'heure.
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JEANNETTE (à part) |
Ah, ciel ! je ne pourrai jamais...
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ALEXIS |
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JEANNETTE |
Ah ! vous me faites peur.
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ALEXIS |
Ne craignez rien, ma belle enfant. Qu'est-ce que c'est que cette noce qui vient de passer ?
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JEANNETTE |
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ALEXIS |
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JEANNETTE |
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ALEXIS |
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JEANNETTE |
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ALEXIS |
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JEANNETTE |
J'avois égaré mon fuseau
je le cherchois sur la fougère
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ALEXIS |
Est-ce que vous vous moquez de moi avec votre chanson ? Je vous prie de me répondre.
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JEANNETTE |
Hé bien, quoi, dites. Ô ciel ! vous me faites tant de peur, que je ne pourrai jamais...
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ALEXIS |
Comment ! encore votre chanson ! Qu'est-ce que c'est cette noce ? Pourquoi, dites, n'y ai-je pas vu... Hé, parbleu, voulez-vous...
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JEANNETTE |
Hé bien, oui, oui; c'est la noce de Louise, fille de Jean-Louis Basset, soldat invalide, et...
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ALEXIS |
| |
JEANNETTE |
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ALEXIS |
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JEANNETTE |
Elle est mariée d'hier; c'est aujourd'hui le lendemain.
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ALEXIS |
D'hier mariée... Jean-Louis... le lendemain... savez-vous bien ce que vous dites ? le connoissez-vous ?
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JEANNETTE |
Si je le connois ? sans doute, puisque voilà sa maison: c'est lui qui est le fermier de madame la duchesse. C'est si vrai, qu'elle y est venue ce matin. Elle est mariée à son cousin Bertrand, d'hier, à celui qui est si bon.
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[N. 5 - Duo] | N
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ALEXIS
(laisse tomber sa tête sur son estomach)
Seroit-il vrai, puis-je l'entendre ?
Non, cela ne peut se comprendre,
non, non, cela ne se peut pas;
elle auroit voulu mon trépas !
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Ensemble
JEANNETTE
Ah ! comme je sais bien l'entendre:
ah ! comme je sais bien m'y prendre!
Bon, bon, quel plaisir il aura
quand il saura
que ce n'est pas !
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ALEXIS (à Jeannette) |
Ma belle enfant; que je vous dise,
répondez bien avec franchise:
écoutez-moi. Répondez-moi.
De bonne foi:
je vous en prie,
je vous en supplie,
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JEANNETTE |
Hé bien hé bien, avec franchise,
que voulez-vous que je vous dise ?
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ALEXIS |
Répondez bien avec franchise:
c'est là la noce de Louise,
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ALEXIS
la fille de Louis Basset.
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Ensemble
JEANNETTE
Oui, c'est la noce de Louise,
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JEANNETTE |
la fille de Louis Basset;
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ALEXIS |
C'est elle-même qui passoit
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JEANNETTE |
c'est elle-même qui passoit
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ALEXIS |
avec Bertrand son grand cousin;
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JEANNETTE |
avec Bertrand son grand cousin:
c'est aujourd'hui le lendemain,
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ALEXIS |
C'est aujourd'hui le lendemain,
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JEANNETTE |
son père lui donnoit la main.
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ALEXIS |
son père lui donnoit la main.
Ciel ! c'est vrai, je l'ai reconnu.
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JEANNETTE |
Oui, oui, vous devez l'avoir vû.
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ALEXIS
Il est donc vrai, j'ai pu l'entendre;
dieux ! cela peut-il se comprendre ?
Elle a donc voulu mon trépas!
Ah, ciel ! je ne me soutiens pas.
Je sens un froid, mon cœur s'en va
devois-je m'attendre à cela ?
Je sens un froid, mon cœur s'en va.
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Ensemble
JEANNETTE
Ah ! comme je sais bien l'entendre:
ah ! comme je sais bien m'y prendre!
Bon, bon, quel plaisir il aura,
quand il saura que ce n'est pas.
À voir le chagrin, qu'il ressent,
ah ! que son plaisir sera grand.
Mais, mais, comme il semble fâché.
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| |
JEANNETTE |
Ce que j'ai dit, l'a trop touché
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ALEXIS
Ah, ciel ! je ne me soutiens pas.
|
Ensemble
JEANNETTE
Je vais lui dire, oui, je crains
|
| |
| |
JEANNETTE |
qu'il ne prenne trop de chagrin.
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ALEXIS
Ella a donc voulu mon trépas.
Elle a donc voulu mon trépas.
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Ensemble
JEANNETTE
Mais, mais, quel plaisir il aura
quand il saura que ce n'est pas.
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JEANNETTE |
Mais, il me fait de la peine. Ah ! je vais lui dire que cela n'est pas vrai. Monsieur, monsieur, allez au château.
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ALEXIS |
Oui, je te poignarderois, et de la même main...
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JEANNETTE |
Ah, bon dieu ! il me tueroit: je m'en vas bien vite. Sauvons-nous.
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| Jeannette ->
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|
Scène septième |
Alexis |
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[N. 6 – Récitatif] | N
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| |
|
Infidèle, que t'ai-je fait ?
Dis-moi, dis quel est le sujet
qui te fait m'arracher la vie ?
Réponds, réponds, toujours chérie...
Dans mon cœur... ah quel trouble affreux...
Réponds, réponds, toujours chérie...
Tu fais bien de baisser les yeux.
Est-il quelqu'un plus malheureux ?
J'accours à sa voix: oui, c'est elle,
c'est ma Louise qui m'appelle:
et pourquoi ? Pour frapper mes yeux,
pour me rendre témoin... ah, dieux !
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[N. 7 - Air et Finale] | N
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|
Fuyons ce lieu que je déteste;
il fut si beau, non, non; reprens,
reprens cette lettre funeste;
| S
(♦)
(♦)
|
| |
| (Il montre son habit qui est à terre. Des soldats de maréchaussée paraissent et l'observent.) | <- Courchemin, Second soldat, Troisième soldat, Quatrième soldat
|
| |
|
je te la rends, je te la rends:
fût-il au centre de la terre,
je m'en vengerai sur ton père;
ne me suis pas, monstre cruel,
que notre adieu soit éternel.
| |
|
|
Scène huitième |
Alexis, des Soldats de Maréchaussée. |
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LE BRIGADIER |
| |
ALEXIS |
| |
SECOND SOLDAT |
| |
ALEXIS |
| |
TROISIÈME SOLDAT |
| |
ALEXIS |
| |
QUATRIÈME SOLDAT |
| |
ALEXIS |
Oui, je m'en vais;
pour toujours je quitte la France.
| |
LE BRIGADIER, SECOND SOLDAT |
| |
TROISIÈME SOLDAT, QUATRIÈME SOLDAT |
| |
ALEXIS |
Pour toujours je quitte la France.
| |
LE BRIGADIER, SECOND SOLDAT |
| |
TROISIÈME SOLDAT, QUATRIÈME SOLDAT |
| |
ALEXIS |
Non, non, je ne déserte pas,
pour toujours je quitte la France.
| |
LE BRIGADIER, SECOND SOLDAT |
| |
TROISIÈME SOLDAT, QUATRIÈME SOLDAT |
| |
LE BRIGADIER |
Comment, il ne déserte pas ?
| |
SECOND SOLDAT |
Il dit qu'il veut sortir de France.
| |
TROISIÈME SOLDAT |
Comment, il ne déserte pas ?
On diroit qu'il est en démence.
| |
QUATRIÈME SOLDAT |
On diroit qu'il est en démence.
| |
ALEXIS
(à part)
II faut mourir, hatons ma perte.
(aux soldats)
Je m'en vas, je déserte.
Oui, oui, c'en est fait, je déserte.
Oui, oui, c'en est fait, je déserte.
N'en doutez pas,
oui je m'en vas.
Que le remors soit ton partage,
mon trépas sera ton ouvrage:
ne me suis pas, monstre cruel,
que notre adieu soit éternel.
|
Ensemble
LE BRIGADIER, SECOND SOLDAT, TROISIÈME SOLDAT, QUATRIÈME SOLDAT
Suivons ses pas.
Prenez cet habit,
et voyons s'il fuit.
Il l'avoit jeté
pour sa sureté.
Suivons ses pas.
Voyons s'il court vers la frontière.
Voyons, voyons ce qu'il va faire,
voyons, s'il court vers la frontière
|
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