Acte troisième

 
Même décoration qu'au deuxième acte.

 Q 

 

Scène première

Tisbé.

Tisbé

 

(seule)

Dieu ! quel événement ! le dépit, la fureur,  

s'emparent de mon coeur.

Par un perfide amant, je suis abandonnée;

à cet affront cruel étais-je destinée ?

Oui, c'en est fait,

tout disparaît;

un seul instant, hélas ! détruit mon espérance.

Ne songeons plus qu'à la vengeance,

j'allais fixer le cœur d'un roi,

tout devait fléchir sous ma loi,

déjà le trône était à moi;

chacun s'empressait sur mes traces;

je pouvais répandre des grâces;

captivant tous les voeux, régnant sur tous les cœurs,

je parvenais enfin au faite des grandeurs;

mais, hélas ! un instant détruit mon espérance.

Ne songeons plus qu'à la vengeance.

Oui, c'en est fait,

tout disparaît.

Par un perfide amant, je suis abandonnée;

à cet affront cruel étais-je destinée ?

 

Scène seconde

Tisbé, Clorinde.

<- Clorinde

 

TISBÉ

Eh bien ! ma sœur, quelle nouvelle ?  

CLORINDE

Impossible de rien apprendre; la plus grande confusion règne dans le palais.

TISBÉ

Et cette princesse ?...

CLORINDE

On a fait en vain courir sur ses traces; on ne sait ce qu'elle est devenue. La princesse, les pages, les officiers, dans un instant, tout cela a disparu.

TISBÉ

Tant mieux !... le roi est bien puni.

CLORINDE

On n'a plus trouvé qu'un de ses jolis petits souliers verts qu'elle a laissé tomber au moment où elle s'échappait... C'est bien le plus joli soulierl !... on dirait qu'il a été travaillé par la main des fées.

TISBÉ

Eh bien ?

CLORINDE

Le roi, m'a-t-on dit, s'en est saisi avec transport, et il ne veut plus s'en séparer.

TISBÉ

Quel caprice !

CLORINDE

Il reviendra à nous, ma sœur.

TISBÉ

Vous croyez ?

CLORINDE

J'en suis sûre; il faut de toute nécessité qu'il se marie ce matin. Suivant toutes les apparences, cette étrangère ne reviendra plus, et alors. il n'y a que moi ou vous...

TISBÉ

Ah ! que vous me faites de bien !

CLORINDE

Ma sœur, le voyez-vous qui vient de ce côté ?

TISBÉ

Oui, c'est lui-même. ah ! comme le cœur me bat !

CLORINDE

Je vous l'avais bien dit; il faut prendrel'air un peu fâché.

 

Scène troisième

Les mêmes, Dandini.

<- Dandini

 

DANDINI
(à part)

Ah ! voilà mes deux amantes; j'ai un bien triste aveu à leur faire. Diable ! elles ne me regardent pas; est-ce qu'elles sauraient déjà que je ne suis plus roi ?... Mademoiselle...  

CLORINDE

Ah ! monseigneur, c'est vous ?

TISBÉ

Quoi! votre altesse daigne encore ?...

DANDINI

Oui, je daigne... Vous me voyez bien confus, bien humilié...

CLORINDE

Ah ! ne pensons plus à ce qui s'est passé.

DANDINI
(à part)

Elles ne savent rien.

TISBÉ

Pour moi, j'oublie tout.

DANDINI

Vous êtes bien bonne; mais en me retrouvant avec vous, je suis plus embarrassé que jamais.

TISBÉ

Eh ! pourquoi donc ?

DANDINI

C'est que je suis romanesque, voyez-vous; j'ai la faiblesse de vouloir être aimé pour moi-même.

Dites-le-moi sans détour: n'est-ce pas mon trône, ma couronne, qui...

CLORINDE

Quoi ! monseigneur, penseriez-vous ?...

TISBÉ

Pouvcz-vous nous faire l'injure ?...

DANDINI

Écoutez donc... on ne sait pas...

CLORINDE

Eh ! qu'importe ? vous seriez le dernier de vos sujets, que je vous préférerais encore.

DANDINI

Ah ! vous m'enchantez.

TISBÉ

Une chaumière et votre cœur, voilà tout ce que je désire.

DANDINI

Est-il possible ?

CLORINDE ET TISBÉ

Nous vous le jurons.

 

Scène quatrième

Les mêmes, Le baron, arrivant avec précipitation.

<- Le baron

 

LE BARON

Ah ! mes filles ! ah ! quel événement !  

TISBÉ

Qu'est-ce donc, mon père ?

LE BARON

Figurez-vous que le roi...

TISBÉ

Eh bien ! le roi ?...

LE BARON

Le roi n'était pas le roi.

DANDINI
(à part)

Allons, me voilà détrôné.

TISBÉ

Qu'entends-je ?

CLORINDE

Est-il possible ?

LE BARON

C'était tout simplement un des hommes de sa suite, nommé...

DANDINI

Dandini !

TISBÉ

Dandini !

CLORINDE

Et quel est donc le véritable roi ?

LE BARON

Vous en seriez-vous jamais doutée ? c'est cet écuyer qui s'est présenté hier dans mon château; c'est ce héros qui a terrassé les plus vaillans guerriers, et qui est sorti vainqueur du tournoi.

TISBÉ ET CLORINDE

Est-il possible ?

LE BARON

Entendez-vous ? c'est lui qui s'avance.

 

Scène cinquième

Les mêmes, Le prince, en costume magnifique et précédé de ses Gardes; Alidor.

<- Le prince, gardes, Alidor

 

LE PRINCE

Alidor, a-t-on continué les recherches ?  

ALIDOR

Elles ont été vaines.

LE PRINCE

Ô fatale destinée ! mais du moins a-t-on proclamé mes ordres ?

ALIDOR

Oui, prince; avant quelques instans, vous verrez en ces lieux toutes les jeunes beautés qui sont dignes de partager votre couronne.

LE PRINCE

Vous savez à quelle condition on pourra mériter mon choix. Ah ! du moins, puisqu'il ne me reste qu'un seul gage...

LE BARON

Seigneur, moi et mes filles... mes filles et moi...

LE PRINCE

Vos filles seront heureuses, baron; je me charge de leur fortune. Je connais leur amour pour ce cavalier; j'ordonne que l'une d'elles l'épouse aujourd'hui même.

CLORINDE ET TISBÉ

Ô ciel !

LE BARON

Mais, seigneur...

LE PRINCE

Je le veux.

LE BARON

Oui, seigneur.

LE PRINCE

C'en est assez. Je me rends à l'assemblée det états; je vais lui communiquer mes résolutions; je vais déposer dans son sein tous mes vœux, toutes mes espérances... Cher Alidor, ne m'abandonnez pas.

LE BARON

Ah ! seigneur, le respect, la reconnaissance... Parlez; qu'ordonnez-vous ? que faut-il faire encore pour réparer ?

LE PRINCE

Laissez-moi.

LE BARON

Oui, seigneur.

 

Le prince, Alidor, gardes ->

 

Scène sixième

Dandini, Le baron, Tisbé, Clorinde.

 

LE BARON

Eh bien ! mes filles, avez-vous entendu comme je lui ai parlé ?  

DANDINI

Ah ! mesdemoiselles, je n'ai pas tout perdu, puisque je régne encore dans vos cœurs.

TISBÉ

Je ne veux pas me marier, mon père.

LE BARON

Comment ! vous ne voulez pas vous marier, mademoiselle ?

CLORINDE

Je ne veux prendre un époux qu'après ma sœur.

DANDINI

En voici bien d'un autre !

LE BARON

Allons ! allons ! elles se sont disputées hier à qui l'aurait, vous allez voir qu'elles se disputeront

aujourd'hui à qui ne l'aura pas.

CLORINDE

Et quel est-il pour oser aspirer ?

DANDINI

Le dernier de mes sujets.

TISBÉ

Qu'a-t-il à nous offrir ?

DANDINI

Une chaumière et mon cœur.

LE BARON

C'est cela même. Point de raisonnemens, mesdemoiselles, point d'explication, point de propos; arrangez-vous, tirez même au sort, si vous voulez, mais il faut qu'une de vous soit aujourd'hui sa femme.

(a Dandini)

Laissons-les un instant, pour qu'elles puissent se décider. Suivez-moi; soyez tranquille, vous serez mon gendre; c'est le roi qui le veut, et c'est moi qui l'ordonne.

 

Le baron, Dandini ->

 

Scène septième

Tisbé, Clorinde.

 

TISBÉ

Quelle humiliation !  

CLORINDE

J'étouffe de dépit !

TISBÉ

On aura beau faire, je ne serai pas sa femme.

CLORINDE

Je jure bien qu'il ne sera jamais mon mari.

TISBÉ

Ah ! ma sœur, je ne me trompe pas, je crois que c'est Cendrillon.

CLORINDE

Cendrillon !... oui vraiment, c'est elle-même.

TISBÉ

Ah ! la malheureuse ! il ne manquait plus que sa présence pour achever de nous perdre.

 

Scène huitième

Les mèmes, Cendrillon.

<- Cendrillon

 

TISBÉ

Que venez-vous faire ici, mademoiselle ?  

CLORINDE

Il faut que vous soyez bien osée, pour vous présenter à la cour dans un pareil état !

CENDRILLON

Écoutez donc ! j'ai veillé toute la nuit; ce matin, ne voyant venir personne, j'ai été dans une inquiétude !... je n'ai pu y résister, et je suis bien vite accourue pour avoir des nouvelles de tout ce qui m'intéresse.

TISBÉ

On se moque bien de votre intérêt !

CENDRILLON

Et puis j'ai entendu la proclamation.

TISBÉ

Quelle proclamation ?

CENDRILLON

N'a-t-on pas invité ce matin toutes les jeunes filles nobles à se rendre au palais ?

TISBÉ

Comment ! vous avez cru que cela vous regardait ?

CENDRILLON

Pourquoi donc pas ? je suis aussi noble que vous; vous n'êtes pas plus jeunes que moi...

CLORINDE

Voyez-vous quelle insolence ?... Comment ! vous osez vous flatter ?...

TISBÉ

La princesse Cendrillon !... cela serait trop plaisant.

CENDRILLON

Écoutez donc... on peut, comme une autre...

CLORINDE

Voulez-vous bien vous cacher !... si l'on vous voyait avec nous, que penserait-on ?

CENDRILLON

Soyez tranquilles. Je dirai que je suis votre servante, et je ne mentirai pas.

TISBÉ
(bas, à Clorinde)

Ah ! ma sœur, il me vient une excellente idée ! Le roi a demandé l'une de nous pour Dandini;

Cendrillon est notre sœur... ne pourrions-nous pas ?...

CLORINDE

À merveille ! je vous entends... il faut lui parler avec douceur.

CENDRILLON
(à part)

Ô ciel ! comment savoir où il est ?

CLORINDE

Cendrillon, tu serais donc bien aise d'avoir un mari ?

CENDRILLON

Cela dépend, mesdemoiselles... s'il me plaisait, je pourrais bien...

TISBÉ

Mais a-t-on idée...

CLORINDE

Te rappelles-tu t'écuyer du roi qui est venu hier à la maison ?

CENDRILLON
(à part)

Si je me le rappelle !

CLORINDE

Te plairait-il ?

CENDRILLON

Ah ! oui, beaucoup.

TISBÉ

Un moment ! pas de méprise. Ce n'est pas ce jeune homme qui est venu avec Alidor.

CENDRILLON

Ah bien ! c'est de celui-là que je parle, moi.

CLORINDE

Vraiment ! tu n'es pas difficile: c'était le roi.

CENDRILLON
(extrêmement surprise)

Comment ! c'était le roi ?

TISBÉ

Sans doute; il avait pris ce déguisement

CENDRILLON

C'était le roi !

(à part)

Ah ! malheureuse !...

CLORINDE

Oui, c'était le roi; que vous importe ? vous avez un air...

CENDRILLON

C'était le roi !... et de qui me parliez-vous donc ?

TISBÉ

Eh mais ! de l'homme qui passait pour lui, et qui nous a amenées dans son carrosse.

CENDRILLON

Quoi ! celui que vous aimiez tant ?

CLORINDE

L'impertinente !

CENDRILLON

Oh bien ! je n'en veux point. Je ne le trouvait pas beau quand il était roi, et depuis qu'il ne l'est plus, ça ne l'a pas embelli.

 
[Trio]

 N 

CLORINDE ET TISBÉ

Vous l'épouserez,    

vous l'aimerez.

S

CENDRILLON

Non, je vous proteste,

car je le déteste.

CLORINDE ET TISBÉ

Ah ! comment sortir d'embarras ?

Que dites-vous, mademoiselle ?

sortez d'ici, fille rebelle !

CENDRILLON

Non, non, je ne sortirai pas.

CLORINDE ET TISBÉ

On veut la rendre heureuse,

on veut lui donner un époux;

elle fait la dédaigneuse !

CENDRILLON

Hélas ! je suis bien malheureuse.

Eh ! que ne le prenez-vous ?

CLORINDE ET TISBÉ

Comme elle est insolente !

Qu'elle est impertinente !

Vous l'épouserez,

vous l'aimerez.

CENDRILLON

Non, je vous proteste,

car je le déteste.

CLORINDE

Ah ! ma sœur quel embarras !

Sortez.

CENDRILLON

Je ne sortirai pas.

CLORINDE

Taisez-vous, fille rebelle !

TISBÉ

Mais le roi vient. Ah ! ma sœur, avec elle

ne nous montrons pas;

sortons, sortons : quel embarras !

CENDRILLON
(pleurant)

Ma destinée est affreuse !

Je suis pourtant bien malheureuse;

mais cette fois, je n'obéirai pas.

 

Clorinde, Tisbé ->

 

Scène neuvième

Cendrillon seul.

 

 

C'était le roi !... Ah ! mon dieu ! qu'ai-je fait ? pourquoi ai-je quitté ce precieux talisman ?... Et mes sœurs... comme elles me traitent !... moi qui les avais si bien accueillies... moi qui les aime !... J'ai tout fait pour obtenir leur amitié... Je les ai series sans qu'il me soit jamais échappé une plainte, un murmure; et elles me repoussent sans pitié !... Mon dieu ! je suis bien malheureuse !  

 

Scène dixième

Le prince, Cendrillon.

<- Le prince

 

LE PRINCE

Que vois-je ? une jeune personne en pleurs !... Je ne me trompe pas: c'est cette petite Cendrillon, dont le sort m'a si vivement intéressé... Qui peut vous avoir fait de la peine, mon enfant ?  

CENDRILLON
(à part)

C'est lui !...

(au prince, en s'efforçant de retenir ses larmes)

Ce n'est rien, monseigneur, ce n'est rien.

LE PRINCE

Malheur à l'audacieux qui oserait vous maltraiter ici !

CENDRILLON
(à part)

Ah ! mon dieu ! comme il est devenu beau depuis qu'il est roi ! est-ce qu'il aurait trouvé ma rose ?

LE PRINCE

Vous pleuriez quand je vous ai quittée, et je vous retrouve encore répandant des larmes.

CENDRILLON

C'est qu'on n'avait pas voulu me laisser aller à la fête... aussi, toute la nuit j'y ai rêvé.

LE PRINCE

Vous y avez rêvé ?

CENDRILLON

Oui, et si mon songe est vrai, il doit s'y être passé des choses bien extraordinaires.

LE PRINCE

Ah ! sans doute. Et qu'avez-vous vu dans votre rêve ?

CENDRILLON

Je vous ai vu d'abord; vous n'étiez pas encore roi, personne ne faisait attention à vous.

LE PRINCE

Personne ?...

CENDRILLON

À l'exception d'une dame qui est arrivée tout à coup avec des pages, des écuyers, des seigneurs...

LE PRINCE

Grands dieux ! se peut-il ? quoi ! vous avez rêvé...

CENDRILLON

Oui, j'ai rèvé tout cela. Vous aviez l'air de l'aimer un peu, celle dame.

LE PRINCE

Ah ! jamais elle ne sortira de mon souvenir... jamais amour ne fut plus tendre, plus ardent que

celui que je ressens pour elle.

CENDRILLON
(à part)

S'il savait que c'est la pauvre Cendrillon !

LE PRINCE

Mais pourquoi est-elle partie, pourquoi m'a-t-elle abandonné ?

CENDRILLON

Je vais vous le dire: c'est qu'elle ne voulait pas d'une couronne qu'elle ne croyait pas être la vôtre.

LE PRINCE

Est-il possible ? c'est la raison ?... Ah ! pourquoi ne me suis-je pas fait connaître !... Alidor ! vous

m'avez perdu !

(il semble anéanti.)

CENDRILLON

(allant le prendre par le bras)

Écoutez donc, tout ceci n'est qu'un songe, et il se pourrait bien...

LE PRINCE

N'importe ! tout ce qui me la rappelle... Où est elle ? de quel côté a-t-elle tourné ses pas ?

CENDRILLON

Elle est revenue.

LE PRINCE

Elle est revenue ?

CENDRILLON

Oui, elle est ici.

LE PRINCE

Elle est ici ! eh bien ! à son retour, que s'est-il passé ?

CENDRILLON
(vivement)

À son retour !... je me suis éveillée.

 
[Duo]

 N 

CENDRILLON

Vousl'aimiez donc avec tendresse ?    

S

LE PRINCE

Oui, je l'aimais avec ivresse.

Je crois entendre ses accens;

ils étaient si doux, si touchans !

LE PRINCE

Mais quel charme m'entraîne !

J'éprouve en la voyant,

un plaisir, une peine,

un doux saisissement.

Ensemble

CENDRILLON

Mais quel charme m'entraîne !

j'éprouve en le voyant,

un plaisir, une peine,

un doux saisissement.

 

LE PRINCE

Ah ! quel plaisir ! ah ! quelle ivresse !

En ces lieux toujours je la voi.

CENDRILLON

Il ne pense qu'à la princesse;

mais il ne songe plus à moi.

LE PRINCE

Oui, je crois toujours l'entendre;

quelle voix aimable et tendre !

CENDRILLON

Ciel ! il croit toujours m'entendre;

que sa voix est aimable et tendre !

LE PRINCE

Quel enjouement !

Quel air charmant !

Quelle danse aimable et légère !

CENDRILLON

Hélas ! en ce moment,

c'est la princesse qu'il préfère,

et Cendrillon ne peut lui plaire.

Pour mon cœur, ah ! quel tourment !

 

Scène onzième

Cendrillon, Le prince, Le baron, Clorinde, Tisbé, Alidor, Dandini.

<- Le baron, Clorinde, Tisbé, Alidor, Dandini

 

ALIDOR

Prince, voici le moment de fixer votre choix; toute votre cour se rend en ces lieux, il faut vous décider.  

 

Scène douzième

Les mêmes, les Prêtres, les Ministres, les Jeunes filles, et les Gardes.

<- prêtres, ministres, jeunes filles, gardes

 
(deux femmes portent sur un riche coussin le petit soulier vert, et un diadème.)
 
[Morceau d'ensemble et marche]

 N 

CHŒUR

À l'instant que tout s'apprête  

pour célébrer ce beau jour;

car c'est aujourd'hui la fête

de l'hymen et de l'amour.

LE PRINCE

Mais quel est donc ce mystère ?

Je ne puis le concevoir.

De trouver celle qui m'est chère,

il n'est donc plus d'espoir !

CENDRILLON

Mais quel est donc ce mystère ?

Je ne puis le concevoir.

Pauvre Cendrillon ! de lui plaire,

ah ! tu n'a plus d'espoir !

CLORINDE ET TISBÉ

Nous avons encore de l'espoir.

 
(Cendrillon veut se placer au milieu des femmes.)
 

CHŒUR DES FEMMES

Mais quelle est cette étrangère

qui se glisse parmi nous ?

Retirez-vous, retirez-vons.

CENDRILLON

(allant se réfugier auprès du baron et de ses sœurs)

Ô mes sœurs ! ô mon père !

LE BARON, CLORINDE ET TISBÉ

Cachez-vous, retirez-vous !

ALIDOR
(s'avançant)

Des destins arbitre suprême,

je proclame leur volonté.

Vous qui voulez le diadème,

jeunes filles, écoutez.

CENDRILLON ET LE PRINCE

Ô ciel ! mon trouble est extrême !

ALIDOR

Pour obtenir la main du roi,

il faut mériter cette rose.

CHŒUR

Écoutons ce qu'il propose.

CENDRILLON
(à part)

Ah ! dieu, que vois-je ? elle est à moi...

TOUTES LES FEMMES

Que faut-il pour avoir la rose ?

ALIDOR

À l'instant, pour la mériter,

il est une épreuve à tenter.

CHŒUR

Quelle épreuve faut-il tenter ?

Écoutons ce qu'il propose.

ALIDOR

Celle à qui peu taller un si joli soulier,

méritera la couronne et la rose.

CENDRILLON

(à part, et regardant le soulier vert qui lui reste)

Ô ciel ! c'est mon soulier.

ALIDOR

Approchez-vous pour l'essayer.

Approchez-vous.

TOUTES

Je n'ose.

CENDRILLON

Eh bien ! c'est moi qui mérite la rose.

TOUTES

Quoi ! le roi serait son époux ?

Cachez-vous, retirez-vous !

ALIDOR ET LE ROI

Mon enfant, approchez-vous.

TOUS

Quel espoir est le votre ?

CENDRILLON

Je veux essayer

ce joli soulier.

TOUS

Quel espoir est le votre?

CENDRILLON

Mais c'est le mien;

il m'ira bien,

car voilà l'autre.

(Elle met le soulier qui était sur le coussin.)

TOUS

Ô ciel !

ALIDOR

La rose est à vous.

 
(Au moment où elle met la rose sur son sein, toutes les femmes se gruppent devant elle; il se fait un changement à vue, et on l'aperçoit un trône. Cendrillon paraît vêtue comme au deuxième acte.)
 

LE PRINCE

Je tombe à vos genoux.

 

CHŒUR

À la plus belle offrons nos vœux;

que sa gloire soit immortelle !

Que nos cris montent jusqu'aux cieux !

Honneur, honneur à la plus belle !

La beauté seule enflamme les guerriers,

on triomphe toujours par elle.

Offrons nos cœurs et nos lauriers

à la plus belle.

 
(Pendant le chœur, Le prince conduit Cendrillon sur le trône, et lui pose la couronne sur la tête.)
 

CLORINDE ET TISBÉ

Dieu ! que vois-je ? Cendrillon !  

CENDRILLON

Oui, c'est elle qui vous demande votre amitié, qui vous promet d'oublier tout, mais qui se rappellera toujours qu'elle est votre sœur.

LE BARON

L'aimable enfant !

LE PRINCE

Que tous les nuages se dissipent; ne songeons qu'à célébrer un si beau jour. Vertueux Alidor, que ne vous dois-je pas ?

ALIDOR

Mon fils, je n'ai jamais eu en vue que votre bonheur; pour qu'il fût bien assuré, il vous fallait une compagne douce, aimable, parée de toutes les grâces, de toute les vertus. Je l'ai trouvée; elle a été humble dans l'adversité, modeste dans les grandeurs; enfin, elle a triomphé de toutes les éprouves, vous n'avez plus rien à désirer.

CENDRILLON

(se jetant dans ses bras)

Ah ! mon père !

ALIDOR

Eh bien ! avais-je tort de vous dire:

 

«Ma chere enfant, soyez tranquille,  

restez en paix dans cet asile:

vous avez un bon cœur, tout vous réussira;

le ciel vous recompensera.»

 

CHŒUR GÉNÉRAL

À l'instant que tout s'apprête

pour célébrer ce beau jour;

car c'est aujourd'hui la fête

de l'hymen et de l'amour.

Sfondo schermo () ()

 

Fin (Acte troisième)

Acte premier Acte second Acte troisième

Même décoration qu'au deuxième acte.

Tisbé
 

Dieu ! quel événement ! le dépit, la fureur

Tisbé
<- Clorinde

Eh bien ! ma sœur, quelle nouvelle ?

Tisbé, Clorinde
<- Dandini

Ah ! voilà mes deux amantes

Tisbé, Clorinde, Dandini
<- Le baron

Ah ! mes filles ! ah ! quel événement !

Tisbé, Clorinde, Dandini, Le baron
<- Le prince, gardes, Alidor

Alidor, a-t-on continué les recherches ?

Tisbé, Clorinde, Dandini, Le baron
Le prince, Alidor, gardes ->

Eh bien ! mes filles, avez-vous entendu

Tisbé, Clorinde
Le baron, Dandini ->

Quelle humiliation ! / J'étouffe de dépit !

Tisbé, Clorinde
<- Cendrillon

Que venez-vous faire ici, mademoiselle ?

[Trio]

Clorinde, Tisbé, Cendrillon
Vous l'épouserez, vous l'aimerez
Cendrillon
Clorinde, Tisbé ->

C'était le roi !... Ah ! mon dieu !

Cendrillon
<- Le prince

Que vois-je ? une jeune personne en pleurs !

[Duo]

Cendrillon, Le prince
<- Le baron, Clorinde, Tisbé, Alidor, Dandini

Prince, voici le moment de fixer votre choix

Cendrillon, Le prince, Le baron, Clorinde, Tisbé, Alidor, Dandini
<- prêtres, ministres, jeunes filles, gardes

(deux femmes portent sur un riche coussin le petit soulier vert, et un diadème)

[Morceau d'ensemble et marche]

Chœur, Le prince, Cendrillon, Clorinde, Tisbé, Le baron, Alidor, Dandini
À l'instant que tout s'apprête

Dieu ! que vois-je ? Cendrillon !

 
Scène première Scène seconde Scène troisième Scène quatrième Scène cinquième Scène sixième Scène septième Scène huitième Scène neuvième Scène dixième Scène onzième Scène douzième
Le vieux castel du baron de Montefiascone Le palais du prince. Le théâtre représente un salon magnifiquement décoré pour une fête; à droite du théâtre... Même décoration qu'au deuxième acte.
[Trio] [Romance] [Duo] [Duo] [Finale] [Air] [Duo] [Romance] [Duo] [Finale] [Air] [Trio] [Duo] [Morceau d'ensemble et marche]
Acte premier Acte second

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