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[Introduction] | N
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Chez Madame de la Haltière. | Q
Domestiques, Serviteurs
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Vaste chambre. À droite grande cheminée avec son âtre. | |
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Scène première |
Domestiques, Serviteurs, puis Pandolfe. |
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Coups de sonnette répétés. Des domestiques troublés, ahuris ne savent qui entendre. Quelques-uns courent, affolés. | |
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LES DOMESTIQUES, SERVITEURS (hommes et femmes) |
On appelle, on sonne !
On carillonne!
Que de scènes ! que de cris !
Nous sommes ahuris !
On appelle, on sonne !
C'est par ici ! non ! c'est par là !
On ressonne, on recarillon !
Voilà ! voilà !
On y va !
Mieux vaudrait servir le diable en personne
que cette femme là !...
(les uns aux autres)
Ô mon cher, ô ma chère !
C'est une mégère !
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| <- Pandolfe
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LES DOMESTIQUES, SERVITEURS |
(à la vue de Pandolfe, qui parait, tous s'arrêtent, troublés, interdits)
Monsieur !
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PANDOLFE |
Continuez. Ce n'est que moi. Pourquoi
vous taisez-vous ? Pas besoin de prudence;
ne soyez pas ainsi troublés par ma présence,
et dites, que se passe-t'il ?
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LES DOMESTIQUES |
Monsieur, chacun proclame
que monsieur est gentil, très gentil, très gentil !
Mais c'est madame ! Ah ! madame ! ah ! madame !
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PANDOLFE |
Hein! qu'est-ce à dire ?
(à part)
Au fond, ils ont raison !
(nouveaux et très forts coups de sonnette)
Allez... allez... on vous réclame !
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LES DOMESTIQUES |
Monsieur est si gentil, si gentil...
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PANDOLFE |
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| (En sortant, les domestiques se retournent en disant: « Mais c'est madame ! Ah ! madame ! ») | Domestiques, Serviteurs ->
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Scène deuxième |
Pandolfe. |
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Du côté de la barbe est la toute puissance...
Oui, je devrais le faire voir
et savoir
obtenir de ma femme un peu d'obéissance.
Hélas !
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[N. 1] | N
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Vouloir n'est pas pouvoir !
Pourquoi, grands dieux, veuf et tranquille,
vivant chez moi, loin de la ville,
exempt de soucis et d'émois
près de ma fillette adorable,
ai-je quitté ma ferme et nos grands bois !
Pourquoi ? Pour m'en aller tenter le diable,
en étant le mari
re-mari, très marri
d'une comtesse fière et d'humeur redoutable
qui m'apportait en dot, non ! c'est épouvantable,
deux belles filles, deux ! mon sort est lamentable !
A les chérir, je suis condamné par la loi !
Ombre de Philémon ! plaignez-moi ! plaignez-moi !
Mon sort est vraiment effroyable !
Encore, si j'étais seul à gémir, mais non,
pour toi c'est l'abandon,
ô ma fillette !
Ah ! que je souffre, en te voyant, Lucette,
sans affiquets, ni collerette...
te cacher pour venir me donner un baiser,
sans un regard pour m'accuser
quand au logis, seulette,
je te laisse pendant le bal !
Que veux-tu ! je sens que c'est mal !
mais si ma femme gronde et rage,
je tremble et je ne peux résister à l'orage !
(avec agitation et nervosité)
Ah ! par ma foi,
ce sera pénible, peut-être,
mais il faudra qu'un jour, chez moi,
(avec autorité)
je finisse par être maître !
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| (Les domestiques entrent, précédant madame de la Haltière et ses deux filles.) | <- Domestiques
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(changeant de ton et s'enfuyant)
Ma femme ! hélas ! partons ! Vouloir n'est pas pouvoir !
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| Pandolfe ->
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Scène troisième |
Madame de la Haltière et ses filles. |
<- Madame de la Haltière, Noémie, Dorothée
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[N. 2] | N
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MADAME DE LA HALTIÈRE (à ses filles avec une importance comique) |
Faites-vous très belles, ce soir;
j'ai bon espoir.
| S
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NOÉMIE, DOROTHÉE |
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MADAME DE LA HALTIÈRE |
Peut-on jamais savoir ?
Faites-vous très belles, ce soir !
(à part)
Non, cela n'aurait rien qui me puisse surprendre...
Car c'est plus d'une fois
que l'on a vu des rois...
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NOÉMIE, DOROTHÉE |
Quoi donc, maman ? plus d'un fois
qu'est-ce donc qu'ils ont fait, les rois ?
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MADAME DE LA HALTIÈRE |
A tout nous devons nous attendre.
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NOÉMIE, DOROTHÉE |
Nous attendre à tout ? mais pourquoi ?
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MADAME DE LA HALTIÈRE |
Parce qu'on va, ce soir, vous présenter au roi !
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NOÉMIE, DOROTHÉE |
Ah ! quel bonheur ! nous allons voir le roi !
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MADAME DE LA HALTIÈRE |
Il vous remarquera, j'espère !
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NOÉMIE, DOROTHÉE |
Alors, qu'est-ce qu'il faudra faire ?
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MADAME DE LA HALTIÈRE |
Il faudra faire comme moi !
Le bal est un champ de bataille...
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NOÉMIE, DOROTHÉE |
Comment,
maman,
le bal est un champ de bataille ?...
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MADAME DE LA HALTIÈRE |
Tenez-vous bien,
ne perdez rien
de votre taille,
pas de mouvements trop nerveux...
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NOÉMIE, DOROTHÉE |
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MADAME DE LA HALTIÈRE |
A-t-on bien frisé vos cheveux ?
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NOÉMIE, DOROTHÉE |
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MADAME DE LA HALTIÈRE (à part, avec volubilité, comme se parlant à elle-même) |
Car je ne veux, ni ne puis me résoudre,
à croire qu'il existe seulement
dans le roman,
le coup de foudre !
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NOÉMIE, DOROTHÉE |
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MADAME DE LA HALTIÈRE (à ses filles) |
Prenez un maintien gracieux
en arrondissant votre bouche.
Bien ! n'ayez pas l'air trop farouche !
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NOÉMIE, DOROTHÉE |
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MADAME DE LA HALTIÈRE |
Parfait ! on ne peut mieux !
Ne soyez pas banales !
Ni trop originales !
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MADAME DE LA HALTIÈRE
Faites-vous très belles ce soir !
Quel succès nous allons avoir !
Mais vous ne devez pas savoir
quel est mon espoir !
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Ensemble
NOÉMIE, DOROTHÉE
Nous serons très belles, ce soir !
Quel succès nous allons avoir !
Et nous croyons déjà savoir
quel est votre espoir !
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Scène quatrième |
Les mêmes, Les domestiques, puis Pandolfe. |
<- Les domestiques
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LES DOMESTIQUES (affairés) |
Madame, ce sont les modistes.
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D'AUTRES I |
Madame, ce sont les tailleurs.
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II |
Madame, ce sont les coiffeurs.
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MADAME DE LA HALTIÈRE (avec ostentation) |
Qu'on introduise ces artistes !
(Pendant que les modistes, les coiffeurs et les tailleurs s'occupent de la toilette des trois femmes.)
De sa robe, il faut que les plis
soient plus légers, plus assouplis.
(à ses filles)
Qu'en dites-vous ?... La ligne est pure...
Très bien cela. Cette coiffure
est concordante à la figure !
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LES DOMESTIQUES (au fond, pouffant de rire) |
Cheveux garantis sur facture.
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NOÉMIE, DOROTHÉE (s'interrogeant mutuellement) |
Sommes-nous bien ainsi ? Oui, véritablement
sans compliment,
c'est charmant ! c'est charmant !
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MADAME DE LA HALTIÈRE |
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NOÉMIE, DOROTHÉE (flattant leu mère) |
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LES DOMESTIQUES (au fond, même jeu) |
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MADAME DE LA HALTIÈRE (flattant ses filles) |
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LES DOMESTIQUES (au fond, même jeu) |
Et Noémie ! et Dorothée ?
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MADAME DE LA HALTIÈRE, NOÉMIE, DOROTHÉE |
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LES DOMESTIQUES (même jeu) |
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Les fournisseurs sont reconduits par les domestiques. | |
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PANDOLFE |
(entrant en grande toilette)
Félicitez-moi donc de mon exactitude.
| <- Pandolfe
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NOÉMIE, DOROTHÉE |
Oui... ce n'est pas votre habitude.
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MADAME DE LA HALTIÈRE |
Vous êtes toujours en retard.
Enfin... cette fois par hasard...
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NOÉMIE, DOROTHÉE (se montrant avec prétention) |
Ne sauriez-vous trouver un mot aimable à dire
en voyant nos beautés ?...
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PANDOLFE (préoccupé) |
Excusez-moi... j'admire...
(à part, pendant que les trois femmes se pavanent)
Ne disons rien, restons tranquille en notre coin,
ne voulant de près ou de loin
ajouter même une parole,
un doux espoir me soutenant,
me caressant, me consolant...
(montrant sa femme, joyeusement)
On va l'enfermer, elle est folle !...
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MADAME DE LA HALTIÈRE (brusquement) |
Eh ! bien! qu'avez-vous donc ? Vous restez comme un pieu
planté là !
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NOÉMIE |
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DOROTHÉE |
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MADAME DE LA HALTIÈRE |
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PANDOLFE |
Tout de suite ! de suite !
(à part, avec émotion)
Ma Lucette... je pars... sans t'avoir dit adieu !...
Je te laisse encor seule, ô ma pauvre petite !
Je pars sans même oser
te donner un baiser !
Sans bercer ta tristesse
d'un seul mot de tendresse !...
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MADAME DE LA HALTIÈRE (regardant ses filles) |
Quand le prince aura vu leurs attraits enchanteurs,
la fortune est à nous... Le trône et ses grandeurs !
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MADAME DE LA HALTIÈRE, NOÉMIE, DOROTHÉE
De la race,
de la prestance,
de l'audace,
de l'élégance,
de la finesse,
ensorcelante,
une souplesse
un peu troublante,
lèvre mutine
et délicate,
le mot qui flatte,
grâce assassine,
des yeux de chatte.
Elles ont tout, oui, vraiment tout !
Le prince est pris s'il a du goût !
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| (Sortie générale. Les domestiques emportant les candélabres et les flambeaux pour accompagner le départ. - Obscurité.) | Madame de la Haltière, Noémie, Dorothée, Pandolfe ->
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Scène cinquième |
Cendrillon. |
<- Cendrillon
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(paraissant) |
Ah ! que mes sœurs sont heureuses ! Pour elles
c'est chaque jour nouveau plaisir !
Elles n'ont pas le temps de former un désir...
et le bonheur aussi je crois les rend plus belles !...
Elles vont à la cour... à la cour ! oh ! ce bal !...
On y viendra de toutes les provinces;
tous les seigneurs seront au moins marquis ou princes
à l'entour du trône royal !
Et mes sœurs seront là... tandis que moi... je rêve...
Et j'ai tort, oui, j'ai tort... ces rêves-là font mal !
Ma besogne est là qu'il faut que j'achève...
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[N. 3] | N
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Reste au foyer, petit grillon,
car ce n'est pas pour toi que brille
ce superbe et joyeux rayon...
Ne vas-tu pas porter envie au papillon ?
A quoi penses-tu, pauvre fille ?
Travaille, Cendrillon,
résigne-toi, Cendrille !
C'est une joie aussi de faire son devoir !
Débarrassons la table et rangeons le dressoir !
Je suis décidément paresseuse ce soir.
J'ai beau vouloir... j'entends toujours des bruits de fête
dont les échos troublants bourdonnent dans ma tête...
Reste au foyer, petit grillon,
car ce n'est pas pour toi que brille
ce superbe et joyeux rayon...
Ne vas-tu pas porter envie au papillon ?
À quoi penses-tu, pauvre fille ?
Résigne-toi, Cendrille !
Travaille, Cendrillon !
Voyons, j'ai bien fait tout ce que j'avais à faire.
Je puis me reposer. Comme la nuit est claire !
Les étoiles ont l'air de me sourire, aux cieux !
C'est étrange ! on dirait que le sommeil m'accable !
Je ne suis plus à l'âge où le marchand de sable
venait si tôt, jadis, fermer mes yeux !
Dormons; souvent, on est heureux
quand on dort... et qu'on fait des songes merveilleux !
(en s'endormant, Cendrillon dit encore:)
Reste au foyer, petit grillon,
résigne-toi ! résigne-toi !
| S
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Scène sixième |
Cendrillon endormie, La fée, puis Les esprits et Les follets. |
<- La fée
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LA FÉE |
(apparaissant, à Cendrillon endormie)
Douce enfant, ta plainte légère
comme l'haleine d'une fleur,
vient de monter jusqu'à mon cœur.
Ta marraine te voit et te protège... espère !...
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VOIX LONTAINS |
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LA FÉE |
Sylphes, lutins, follets, accourez à ma voix,
de tous les horisons, à travers les espaces...
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| (Les esprits et les follets apparaissent.) | <- Les esprits, Les follets
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LA FÉE |
Suivez exactement mes lois,
apportez-moi tous vos talents, toutes vos grâces !
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[N. 4] | N
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Je veux que cette enfant charmante, que voici,
soit aujourd'hui hors de souci
et que par vous, splendidement parée,
elle connaisse enfin le bonheur à son tour...
Je veux qu'aux fêtes de la cour
elle soit la plus belle et la plus admirée.
| (♦)
(♦)
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Ô Cendrillon, ma fleur d'innocence et d'amour,
sur toi je veille !
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CENDRILLON (endormie) |
Vision ravissante ! étonnnante merveille !
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LES ESPRITS |
Cendrillon, tu seras la beauté sans pareille!
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LA FÉE |
(aux follets)
Pour en faire un tissu magiquement soyeux
dont vu composerez sa robe,
que votre main adroitement dérobe
aux astres radieux
la subtile splendeur de leurs rayons joyeux,
à l'arc-en-ciel ses harmonies,
au clair de lune empruntez ses pâleurs.
Et que pour son bouquet soient par vous réunies,
en un philtre d'amour, les plus douces senteurs.
(à un groiup de follets)
Et vous, préparez l'attelage!
(à un follet)
Toi, tu seras cocher.
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UN ESPRIT |
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LA FÉE |
Tu seras page!
(à d'autres)
Et vous serez les postillons!
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LA FÉE ET LES ESPRITS (aux follets)
Tous les petits oiseaux nous prêteront leurs ailes,
les coursiers seront les insectes frêles,
les phalènes, les papillons,
et les légères demoiselles.
Habiles artisans,
fournissez-nous des pierreries
en butinant dans les prairies,
coccinelles et vers luisants !
Que les moucherons, et les scarabées
égalent des rubis les purs scintillements.
Aux larmes de la nuit, sur les roses pâmées
donnez l'éclat de diamants.
Vous cacherez des lucioles,
pour éclairer son chemin,
au fond des tremblantes corolles
des tulipiers et du jasmin.
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LA FÉE (à Cendrillon, toujours endormie) |
Tous est donc prêt. Eveille-toi, petite !
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LES ESPRITS (à Cendrillon) |
C'est ta marraine qui t'invite,
ô Cendrillon! ô fleur d'amour !
On t'attend au bal de la cour !
Tes vœux sont exaucés. Éveille-toi, petite !
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CENDRILLON |
(en rêvant)
Enfin... je connaîtrai le bonheur à mon tour !
(tristement)
On ne va pas au bal... à la cour, en guenille...
(avec ravissement))
Que vois-je ? Suis-je folle ?
(avec stupeur et joie en se voyant superbement parée)
Est-ce de l'or qui brille?
À la place de mon haillon,
cette robe splendide et ce manteau qui traîne !
Ah ! je ne suis plus Cendrillon !
Ni Lucette !... je suis princesse... je suis reine...
(à la fée avec effusion)
Merci, merci, bonne marraine !
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LA FÉE |
Écoute bien. Quand sonnera minuit,
ici, je veux que tu sois revenue.
Donc, par quelque plaisir que tu sois retenue,
du bal tu partiras sans bruit.
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LES ESPRITS |
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CENDRILLON |
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LA FÉE, LES ESPRITS |
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CENDRILLON |
À l'heure convenue
(Cendrillon sur le point de partir, s'arrête et avec un découragement soudain)
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CENDRILLON |
Mais, hélas ! c'en est fait déjà de mes bonheurs !
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LA FÉE |
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CENDRILLON |
Ma mère et mes sœurs
sont à ce bal... je serai reconnue.
Et...
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LA FÉE |
Calme tes vaines frayeurs.
Cette pantoufle mignonne,
que je te donne,
est un talisman précieux
qui rendra ma Lucette inconnue à leur yeux.
En route, maintenant, en route, le temps presse.
(montrant la carosse)
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Voici ton carrosse, princesse !
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CENDRILLON (avec une joie naïve) |
Qu'il est joli !... qu'il est petit !...
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LA FÉE |
Tous les esprit,
lutins, follets, seront à tes ordres.
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CENDRILLON (avec une gaieté débordante) |
Je ris !
Ne fût-ce qu'une fois, qu'une heure dans ma vie,
moi qui ne connaissais encore que les mépris,
des plus belles j'aurai pu mériter l'envie !
Je ris ! je ris !
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LA FÉE, LES ESPRITS |
Partez, madame la princesse,
mais, fidèle à votre promesse,
minuit sonnant, soyez de retour en ces lieux !
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CENDRILLON |
Fidèle à ma promesse,
à minuit, je serai de retou en ces lieux !
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LA FÉE, LES ESPRITS |
Partez ! partez ! madame la princesse !
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