Acte troisième

 
Même decoration.
 

Scène première

Dourlinski seul.

 Q 

Dourlinski

 
Parlé

 

Il faut tenter ce dernier moyen. Lodoïska ignore que Floreski est en ma puissance; en la rendant témoin des dangers qu’il court, s’elle résiste à ma volonté, j’obtiendrai du moins par la crainte ce que je ne puis devoir à l’amour.  

 
[N. 14 - Air]

 N 

Oui, par mon heureuse adresse    

je triomphe dans ce jour;

mon rival, en sa ivresse,

s’est perdu par trop d’amour.

Une sage surveillance

vient de me conduire au port;

par sa fougueuse imprudence

je suis maître de son sort.

Bientôt sa foible maîtresse,

craignatnt mon ressentiment,

immolera sa tendresse,

au salut de son amant.

S

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Scène deuxième

Dourlinski, Altamoras.

<- Altamoras

 
Parlé

ALTAMORAS

Seigneur, ces deux étrangers sont enfermés séparément, suivant vos ordres... Avez-vous déterminé quelque chose à leur égard ?  

DOURLINSKI

J'ai changé d'avis; je puis espérer... Le père de Lodoïska est mort. Floreski est en ma puissance... Tout m'assure le secret... Mais il faut dissimuler et profiter de l'heureux hasard qui me l'a livré; faisons-le paraître devant sa maîtresse... Ne promettons sa liberté qu'au prix de la main de Lodoïska... Va-t-elle se rendre en ce lieux ?

ALTAMORAS

Oui, seigneur, elle me suivait.

DOURLINSKI

Conduis vers moi Floreski.

ALTAMORAS

Vous allez être obéi. Voici Lodoïska !

 

Scène troisième

Dourlinski, Lodoïska, Gardes.

<- Lodoïska, Gardes I, Gardes II

 

DOURLINSKI

Un rival pourrait m'enlever tant de charme !  

LODOÏSKA

Cruel ! que me voulez-vous encore !

DOURLINSKI

En effet, vous devez être étonnée de voir à chaque instant mon courroux s'affaiblir, et qu'au lieu de me livrer à mon juste ressentiment, je m'efforce à chaque moment de vous conduire au bonheur.

LODOÏSKA

J'ai déjà répondu. Mon mepris, mon silence, sont désormais les seules armes que je veux employer contre toi.

DOURLINSKI

Il est tems, cependant, de vous former un autre plan, et, pour la dernière fois, je veux bien vous en montrer la nécessité... Ce Floreski qui vous rend aussi rebelle à mes vœux, est aujourd'hui en mon pouvoir.

LODOÏSKA
(avec effroi)

Ô ciel ! c'est tout ce que je craignais. Sans doute, votre barbarie ne l'aura pas plus épargné que sa malheureuse amant !

DOURLINSKI

Je n'ai pas besoin de vous observer que sa vie et sa liberté dépendent de votre obéissance.

 
[N. 15 - Air]

 N 

LODOÏSKA

Tournez sur moi votre colère;    

que j’en subisse la rigueur.

Il eut long-tems l’aveu d’un père;

il a dû compter sur mon cœur.

Seigneur, que son amour extrême

ne soit point un crime à vos yeux,

hélas ! s’il perd tout ce qu’il aime,

n’est-il point assez malheureux ?

S

 
Parlé

DOURLINSKI

Il est aimé !... N'est-ce point assez pour que je le proscrive ?... Soyez mon épouse et Floreski est libre.  

LODOÏSKA

Seigneur, donnez du moins quelque tems.

DOURLINSKI

Non. Il faut se prononcer à l’instant.

LODOÏSKA

Sans mon père, seigneur, je ne puis disposer de moi...

DOURLINSKI

Ne comptez plus sur votre père: il a terminé ses jours.

LODOÏSKA

Grands dieux !... Je me meurs.

 
(Elle s'évanouit; Dourlinski la place dans un fauteuil.)
 

DOURLINSKI

Il fallait lui porter ce coup, et c'étoit le seul pour le réduire.

 

Scène quatrième

Dourlinski, Lodoïska, Floreski, Altamoras, Gardes.

<- Floreski

 

FLORESKI

(arrive lentement et ne se meut que lorsqu'il apperoçoit Lodoïska; il court à ses pieds)  

Eh quoi ! elle est évanouie ?... Ma chère Lodoïska, ouvre les yeux et reconnais ton malheureux amant.

DOURLINSKI

(séparant Floreski de Lodoïska)

Perfide !

LODOÏSKA

(dans le delire)

Mon père !... mon... père... Flo... Floreski !

FLORESKI

Me voici... Lodoïska ! Elle ne m'entend point.

LODOÏSKA

(revenant à elle par degrés)

Où suis-je !... Est-ce un songe ? Dourlinski me trompe... Mais, non; je sense à ma douleur, qu'il est trop vrai que je n'ai plus mon père... Que vois-je ?... Ah ! c'est toi, Floreski.

(Elle vole dans ses bras)

Nous somme perdus !

DOURLINSKI

Vous voilà certaine qu'il est en ma puissance; je n'ai plus rien à dire, c’est à vous de prononcer si vous voulez le sauver, en acceptant ma main.

LODOÏSKA

Tu vois à quel prix il m’offre ta liberté.

FLORESKI

Pourrais-tu consentir à délivrer ton amant d’une captivité qui lui devient chère, puisqu’il la partage avec toi ?

 
[N. 16 - Quatuor]

 N 

 

 

Quoi ! t’unir à ce barbare ?    

Cet hymen ferait horreur.

S

LODOÏSKA

Que plutôt, je le déclare,

son bras me perce le cœur !

DOURLINSKI

Puis-je endurer cet outrage ?

ALTAMORAS

Quelle audace ! Vengez-vous.

DOURLINSKI

Rien n’est égal à ma rage.

ALTAMORAS

Suivez donc votre courroux.

LODOÏSKA, FLORESKI

Oui, jurons de mourir ensemble,

les victimes de sa fureur;

et que l’instant qui nous rassemble

soit un supplice pour son cœur.

ALTAMORAS

Oui, contre tous les deux ensemble,

livrez-vous à votre fureur;

(à part)

dan se instant qui les rassemble,

tout doit augmenter sa fureur.

Ensemble

DOURLINSKI

Oui, contre tous les deux ensemble,

je vais exercer ma fureur.

Ô ciel ! l’instant qui les rassemble

est un supplice pour mon cœur.

 

ALTAMORAS

Qu’ordonnez-vous ?

DOURLINSKI

Ah ! je m’égare...

FLORESKI

Lodoïska !...

LODOÏSKA

Ô mon ami !

ALTAMORAS

Audacieux !

FLORESKI

Tyrans barbare !

DOURLINSKI

Mon cœur s’indigne...

LODOÏSKA

Ah ! je frémis !

 
(On entend plusieurs sons de trompette.)
 

Scène cinquième

Dourlinski, Lodoïska, Floreski, Altamoras, Gardes, Un soldat.

<- Le soldat

 
(On entend des coups de canons.)
 
Parlé

LE SOLDAT

Seigneur, le château est attaqué de toutes les côtés, il faut voler à sa défense; la feu s’est déjà communiqué... Un instant peut tout embraser.  

DOURLINSKI

Allez ! je vais vous rejoindre... Altamoras, le tems presse... Éloignez Lodoïska. Je ne retarde ma vengeance que pour un mieux jour ! Ces perfides amans veulent être unis; eh bien ! je saurai les unir par des nœuds éternels... Que des gardes veillent ici sur l'audacieux qui voulut me braver. (à una partie des gardes) Marchons !

 

Dourlinski, Altamoras, Lodoïska, Gardes I ->

 

Scène sixième

Floreski, Gardes.

 

FLORESKI

Grands dieux !... où est Lodoïska ?... Traîtres, laissez-moi sortir... Hélas ! ils sont cruels ainsi que leur maître.  

 
(Ici commence la symphonie guerrière, qui s'interrompt de tems en tems; le bruit du canon augmente, et les coups sont plus précipités.)
 

 

Mais que signifie cette alarme ?... Je suis désarmé !... Que faire ?... Affreuse situation !... Ô ciel !... Quelle clameur aux portes de cette galerie !...

 
(Le portes de la galerie sont renversées; on apperçoit une horde de Tartares; Titzikan est à leur tête. Les gardes polonaises se sauvent.)

<- Titzikan, Tartares

Gardes II ->

 

Scène septième

Floreski, Titzikan.

 

TITZIKAN

Eh quoi ! brave jeune homme ! c’est toi que je retrouve ici.  

FLORESKI

(se jette dans les bras de Titzikan)

Généreux Titzikan, le ciel t’envoie vers moi... Lodoïska !... Une femme !... La plus belle des femmes !... Dans une tour... Elle va y être consumé... Vole à sa défense... Arme mon bras... Laisse-moi la sauver, ou me précipiter avec elle dans les flammes.

 
(Titzikan prend un sabre des mains d'un Tartare et le donne à Floreski.)
 

TITZIKAN

Nous la sauverons, ami; la valeur est notre partage... Marchons.

 
(La symphonie guerrière dure tout le tems de l’attaque et ne s'interrompt plus jusqu'à la finale.)
 
Le fond de la galerie écroule et laisse voir à découvert le reste des fortifications, différentes tours, des ponts qui y communiquent; le tout paraît au feu; l'incendie fait un très-grand ravage; à l'instant le thèâtre est rempli de combattans, Tartares contre Polonais; sur des remparts on voit aussi d'autres combattans Polonais qui repoussent les Tartares; ce momens doit être le plus vif du combat; l'incendie aussi doit augmenter; au milieu de ce désordre, le feu se communique à la tour où est enfermée Lodoïska; une partie de cette tour creule; Lodoïska au milieu des flammes est prête à en devenir la victime, lorsque Floreski, au sommet de la forteresse, traverse un pont que communique à la prison de sa maîtresse; il vole auprès d'elle, la saisit et veut repasser avec elle par le même pont sur lequel il est venu; mais à l'instant le feu coupe le pont et le deux amans tombent dans le bras des Tartares: Varbel qui étoit également enfermé dans une tourelle, saute sur le thèâtre par la brèche que l'incendie y a faite, et vole au secours de son maître: Titzikan et quelques Tartares portent Lodoïska évanouie au bord de l'avant-scène, et Varbel apporte aussi dans ses bras Floreski sur l'autre côté de l'avant-scène. Dourlinski furieux, sort de la mêlée un poignard à la main, et vient pour en frappé Floreski; Titzikan s'en apperçoit, quitte Lodoïska, traverse le thèâtre et vien arracher le poignard des mains du tyran, tandis que Varbel, un genouil en terre, pare du bras le coup prêt à être porté par Dourlinski; des Tartares se jettent sur Dourlinski et Altamoras et les enchaínent. L'incendie augment toujours.

<- Dourlinski

<- Lodoïska

 
(Au moment où Titzikan arrache le poignard des mains du tyran, la finale commence.)
 
[N.17 - Final]

 N 

 

TITZIKAN

Tyran, au nombre de tes crimes,  

tu ne joindras pas ce forfaits.

DOURLINSKI
(enchaíné)

Le sort épargne mes victimes,

voilà mon plus cruel regret !

FLORESKI
(courant à Lodoïska)

Mon amie, ouvre la paupière,

il n’est plus des danger pour toi.

LODOÏSKA
(revenant à elle même)

Je revois encor la lumière.

(regardant autour d'elle)

Ciel ! des brigands autour de moi !

FLORESKI

(montrant Titzikan)

Rassure-toi, daigne m’entendre,

rends grâce à l’ami généreux...

TITZIKAN

Content d’avoir pu vous défendre

en vous vengeant d’un malheureux

DOURLINSKI

Tartare, au sein de ta victoire

qu’exiges-tu pour ma rançon ?

TITZIKAN

Tu voudrais donc souiller ma gloire ?...

aux méchant,va... Sers de leçon...

quand on étouffe dans son âme

tout sentiment d’humanité;

le prix d’une odieuse trame,

c’est l’affreuse captivité.

 

(à Floreski)

Jeune homme, que l’amour t’unisse  

au digne objet de ton ardeur...

et voilà ton premier supplice !

FLORESKI

Ami, je te dois mon bonheur !

Lodoïska !...

LODOÏSKA

Ah ! je respire !

TITZIKAN

Mes chers enfans !

FLORESKI

Quels doux moments !

LODOÏSKA

Je suis à toi...

TITZIKAN

Je les admire.

Époux soyez toujours amants !

(aux Tartares)

Votre fureur est légitime...

engloutissez ces lieux affreux !

ce spectacle sied à son crime,

vous pouvez l’offrir à ses yeux !

CHŒUR DES TARTARES

Notre fureur est légitime,

engloutissons ces lieux affreux !

ce spectacle sied à son crime,

nous pouvons l’offrir à ses yeux !

CHŒUR DES POLONAIS

Dans le fureur qui les anime,

quel spectacle on offre à nos yeux;

ciel ! falloit-il servir son crime

pour partager ce sort affreux !

 
Sur le mot ciel ! la mine fait sauter le reste de la forteresse. Les Polonais mettent tous le genouil à terre, et les Tartares font avec leurs armes le signe de la victoire.
 

Fin (Acte troisième)

Acte premier Acte deuxième Acte troisième

Même decoration.

Dourlinski
 

Il faut tenter ce dernier moyen

[N. 14 - Air]

Dourlinski
<- Altamoras

Seigneur, ces deux étrangers

Dourlinski, Altamoras
<- Lodoïska, Gardes I, Gardes II

Un rival pourrait m'enlever tant de charme !

[N. 15 - Air]

Il est aimé !... N'est-ce point assez

Dourlinski, Altamoras, Lodoïska, Gardes I, Gardes II
<- Floreski

Eh quoi ! elle est évanouie ?...

[N. 16 - Quatuor]

Floreski, Lodoïska, Dourlinski, Altamoras
Quoi ! t’unir à ce barbare ?

(On entend plusieurs sons de trompette.)

Dourlinski, Altamoras, Lodoïska, Gardes I, Gardes II, Floreski
<- Le soldat

(On entend des coups de canons.)

Seigneur, le château est attaqué

Gardes II, Floreski, Le soldat
Dourlinski, Altamoras, Lodoïska, Gardes I ->

Grands dieux !... où est Lodoïska ?...

(Le portes de la galerie sont renversées; on apperçoit une horde de Tartares; Titzikan est à leur tête.)

Gardes II, Floreski, Le soldat
<- Titzikan, Tartares
Floreski, Le soldat, Titzikan, Tartares
Gardes II ->

Eh quoi ! brave jeune homme !

(Le fond de la galerie écroule et laisse voir à découvert le reste des fortifications.)

(À l'instant le thèâtre est rempli de combattans, Tartares contre Polonais.)

Floreski, Le soldat, Titzikan, Tartares
<- Dourlinski
Floreski, Le soldat, Titzikan, Tartares, Dourlinski
<- Lodoïska

[N.17 - Final]

Tyran, au nombre de tes crimes

Titzikan, Floreski, Lodoïska, Chœur
Jeune homme, que l’amour t’unisse
 
Scène première Scène deuxième Scène troisième Scène quatrième Scène cinquième Scène sixième Scène septième
Le thèâtre représente une forêt. On voit au fond un château antique, en avant une tour très-élevée... Le thèâtre représente une galerie antique, très-profonde, extraimement riche d'architecture, ornée... Même decoration.
[Ouverture] [N. 1 - Introduction] [N. 2 - Air] [N. 3 - Aria] [N. 4 - Quatuor] [N. 5 - Trio et chœur] [N. 6 - Polonaise] [N. 7 - Final] [N. 8 - Récitatif et Air] [N. 9 - Duo] [N. 10 - Septuor et Chœur] [N. 11 - Trio] [N. 12 - Air] [N. 13 - Final II] [N. 14 - Air] [N. 15 - Air] [N. 16 - Quatuor] [N.17 - Final]
Acte premier Acte deuxième

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