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Scène première |
Le thèâtre représente la partie la plus solitaire des jardins de l'Alhambra. À droite, vers la seconde coulisse, on aperçoit un tombeau moresque. (On sait que cette nation décorait avec beaucoup de soins et de recherches ces monumens funèbres que les orientaux se plaisent à rapprocher de leur habitations.) Celui que l'on voit sur la scène s'élève dans un bosquet de peupliers; il est orné de fleurs. Le Darro coule au fond du paysage, que la lune éclaire. Noraïme, seul, vétue d'une simple tunique blanche. |
Q
Noraïme
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[Air] | N
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Épaissis tes ombres funèbres,
nuit favorable à mes projets !
Errante au milieu des ténèbres,
de ces lieux je fuis pour jamais.
(Elle s'approche du mausolée.)
Je vois la tombe maternelle...
Hier, à ma douleur fidèle,
j'y pleurais avec Almanzor !
Près de lui, du bonheur des larmes
je venais y goûter les charmes:
que n'en puis-je verser encor !
(Elle entre dans le bosquet, et reste appuyé sur la pierre du monument.)
| S
(♦)
(♦)
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Scène seconde |
Noraïme, Almanzor, vétu en esclave. |
<- Almanzor
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| (On le voit arriver sur une barque, et franchir les rochers qui ferment les jardins du côté du fleuve.) | |
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ALMANZOR |
Protége-moi, dieu tutélaire;
de mon audace téméraire
ne hâte point le châtiment;
que je revoie encor celle qui m'est ravie,
dussé-je payer de ma vie
le bonheur d'un moment !
(Il reconnaít le lieu où il se trouve, et s'approche du mausolée.)
Hélas ! d'une mère adorée
c'est ici la tombe sacrée...
Salut, paisible monument !...
(Il s'agenouille près du tombeau et du côté opposé à celui où se trouve Noraïme, dont il n'est pas d'abord aperçu.)
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NORAÏME |
C'en fait, je te suis, Almanzor...
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ALMANZOR |
Qui m'appelle ?
Noraïme... ?
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NORAÏME |
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ALMANZOR |
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NORAÏME |
Tous mes sens sont glacés.
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ALMANZOR |
Dissipe ton effroi:
Noraïme, reconnais-moi;
c'est Almanzor.
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NORAÏME |
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[Duo] | N
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ALMANZOR |
Providence céleste,
soutiens la force qui lui reste;
ranime ses esprits !
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NORAÏME |
(revenant à elle)
Almanzor, est-ce toi ?
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ALMANZOR |
Noraïme, tu m'es rendue !
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NORAÏME |
Fuyons, on peut te découvrir.
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ALMANZOR |
Tu m'aimes, je t'ai vue;
ah ! maintenant je puis mourir.
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NORAÏME |
Non, pour moi tu dois vivre:
partons; je suis prête à te suivre.
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ALMANZOR |
Moi ! que je t'associe à mon destin errant,
que la fille des rois à l'exil condamnée... !
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NORAÏME |
De la foi que je t'ai donnée
la fortune n'est point garant.
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NORAÏME
Hâtons-nous, craignons que l'aurore
ne nous surprenne dans ces lieux:
tes ennemis veillent encore;
trompons leurs projets odieux.
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Ensemble
ALMANZOR
Ah ! pour un peuple qui t'adore
conserve des jours precieux;
et du roi la justice encore
peut nous réunir dans ces lieux.
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NORAÏME |
J'ai vu cet Alémar; dans sa féroce joie,
de ses regards brûlans il dévorait sa proie:
peut-être en ce moment... ah ! fuyons... ! je le veux.
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ALMANZOR |
Je n'en crois que l'amour, et je cède à ses vœux.
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ALMANZOR, NORAÏME
Mànes sacrés, j'atteste
des sermens formés devant vous !
Loin de ce rivage funeste,
Noraïme suit son époux.
Le sort qu'avec toi je partage
n'a point de pénible retour:
ton regard soutient mon courage;
le danger fuit devant l'amour.
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ALMANZOR |
Derrière ces rochers, une barque légère
va nous porter sur l'autre bord.
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NORAÏME |
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Scène troisième |
Les mêmes, Alémar, Kaled, Alamir, Gardes, Esclaves, avec des flambeaux. |
<- Alémar, Kaled, Alamir, Gardes, Esclaves
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ALÉMAR |
Arrête, téméraire !
(aux gardes)
Saisissez-le... c'est Almanzor.
(Ils se jettent sur lui.)
(à Noraïme)
Madame, pardonnez; un devoir nécessaire...
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NORAÏME |
Garde tes respects odieux;
je sais quel sentiment t'anime:
tu ne voulais qu'une victime,
et ce jour t'en réserve deux.
Almanzor, devant eux je n'ai rien à te dire:
tu me connais, ce mot doit te suffire
(Elle sort.)
| Noraïme ->
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ALÉMAR (au chef de la garde) |
Naïr, de ce guerrier banni de nos remparts
annoncez le retour au conseil des vieillards.
Dans la tour du champ clos, vous, gardes, qu'on le mêne.
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| (Almanzor, en sortant, jette sur Alémar un regard de mépris.) | Almanzor, Gardes, Esclaves ->
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Scène quatrième |
Alémar, Kaled, Alamir. |
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ALÉMAR |
Enfin nous l'emportons, et je serai vengé.
D'Almanzor la mort est certaine:
j'ai mesuré l'abyme où mon bras l'a plongè;
nul ne peut l'y sustraire.
Dans la lice qui va s'ouvrir,
qu'interdit à lui seul une loi salutaire,
quel guerrier assez téméraire,
avec lui trop sûr de périr,
à vos coups oserait s'offrir ?
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KALED, ALAMIR |
De notre commune vengeance
saisissons l'instant precieux:
nos bras te répondent d'avance
d'un triomphe peu glorieux.
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ALÉMAR |
(à Alamir)
Songe à l'hymen de la princesse,
à tes vœux que le roi trompa.
(à Kaled)
En tombant, Almanzor te laisse
l'autorité qu'il usurpa.
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KALED, ALAMIR |
De l'orgueilleux Abencérage
un crime a terni la splendeur;
sur le débris de son naufrage
les Zégres fondent leur grandeur.
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ALÉMAR |
Vengeons l'état, notre injure, et nos lois.
Mes ordres sont donnés, le peuple se rassemble
aux lieux où le valeur confirme les arrêts:
à ce grand appareil, vous, présidez ensemble;
allez, que les émirs fassent tous les apprêts.
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| (Kaled et Alamir sortent.) | Kaled, Alamir ->
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Scène cinquième |
Alémar, seul. |
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[Air] | N
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D'une haine long-temps captive
exhalons enfin les transports:
le jour de la vengeance arrive,
et couronne mes longs efforts.
Dans l'ombre et le silence
j'ai dévoré l'offense:
Almanzor, tu t'es endormi,
tandis que sur ta tête
s'amassait la tempête
dont j'écrase mon ennemi.
(Il sort.)
| S
Alémar ->
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Scène sixième |
Le thèâtre change, et représent le champ clos. À gauche, sont élevés des gradins pour le visir et les vieillards. À droite, se trouve une estrade pour les juges du camp. De chaque côté s'éléve une colonne où le combattans attachent leurs bannières. Au fond on découvre les remparts de Grenade, aux sommets desquels conduit une pente rapide. On voit à droite, vers le fond, la tour du champ clos, dans laquelle Almanzor est renfermé. Les juges du camp disposent les troupes autour de l'enceinte, et font placer de distance en distance les faisceaux et les armoiries qui distinguent les différentes tribus des Maures. Les écussons des Zégris et des Abencérages sont les plus apparens. Le visir et deux des vieillards du conseil arrivent suivis de leur escorte, du hèraut d'armes, et des chefs des différentes tribus. Almanzor sort de la tour sous une escorte de Zégris, tandis qu'Alamir et Kaled, armés pour le combat et suivis de leurs écuyers qui portent leurs armes et leurs bannières, s'avancent du côté opposé. |
Q
Peuple
<- Visir, Deux vieillard du conseil, Escorte, Le hèraut, Chefs des tribus, Almanzor, Zégris, Alémar, Alamir, Kaled, Écuyers
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CHŒUR (du peuple pendant la marche)
Grand dieu ! quelle triste journée,
et comme un jour change la sort !
Hier la pompe d'hyménée,
aujourd'hui des apprêts de mort !
De deux amans que l'on opprime,
l'un est plus malheureuse encor;
Almanzor meurt pour Noraïme;
elle vivra sans Almanzor.
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LE HÈRAUT |
Almanzor a perdu l'étendard de l'empire;
de son sein pour jamais il étais rejeté:
il rentre dans nos murs; la loi veut qu'il expire,
que du haut des remparts il soit précipité.
Privé du droit de sa propre défense,
si quelque autre guerrier veut être son appui,
sa voix doit, d'Almanzor attestant l'innocence,
vaincre pour le prouver, ou périr avec lui.
Le combat est permis.
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| (Les écuyers d'Alamir et de Kaled entrent dans la lice, et vont planter horizontalement leurs bannières sur une des colonne.) | <- Écuyers d'Alamir et de Kaled
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ALAMIR |
Guerriers dans la carrière,
Alamir et Kaled suspendent leur bannière.
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KALED |
Almanzor est coupable, et de son attentat
c'est à nous de venger et les lois et l'état.
Quel ennemi de la patrie
à son destin voudroit s'unir ?
S'il en est, je l'attends; ce bras qui le défie
à l'instant saura le punir.
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ABENCÉRAGES (entre eux et à demi-voix) |
Braves amis, dans le silence
souffrirons-nous tant d'arrogance ?
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ALMANZOR (à Kaled) |
Modère une si noble ardeur,
en d'autres tems peut-être
Kaled hésiterait à la faire paraître:
je ne veux point de défenseur;
tout m'accuse en ce jour, le sort inexorable,
en cachant le forfait m'a déclaré coupable.
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[Air] | N
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|
Mes amis, ne me plaignez pas:
j'ai vécu pour la gloire;
qu'importe le trépas
le lendemain de la victoire ?
Ne détournez point vos regards;
quel plus beau sort puis-je prétendre ?
Je meurs au pied de ces remparts
que mon courage a su défendre.
| S
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| |
CHŒUR |
Il va mourir au pied de ces remparts
que son courage a su défendre.
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ALMANZOR |
(aux Abencérages, en s'avançant sur le chemin qui conduit au haut des remparts)
Veillez sur Noraïme, épargnez à ses yeux...
C'est elle... je la vois... quel moment, juste cieux !
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Scène septième |
Les mêmes, Noraïme, Un guerrier Abencérage, la visière baissée, suivi des deux écuyers. |
<- Noraïme, Gonzalve, Deux écuyers
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NORAÏME |
(elle descend du rempart par la même chemin où monte Almanzor)
Arrêtez, peuple, on doit m'entendre:
vous allez immoler un héros votre appui:
du plus affreux complot Almanzor est victime,
et je viens le prouver, ou mourir avec lui.
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ALÉMAR |
J'excuse ta douleur, elle est trop légitime;
mais l'inflexibile loi répond à tes regrets.
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NORAÏME |
Qoi ! vous refuseriez une preuve éclatante... ?
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ALÉMAR |
Le combat avant tout ! qu'un guerrier se présente;
la valeur seule ici peut changer les arrêts.
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NORAÏME |
J'implore donc son assistance;
pour combattre en mon nom j'ai choisi ce guerrier.
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ALMANZOR |
(s'approchant de l'inconnu)
Quel est-il ?
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GONZALVE (Le guerrier) |
Ton vengeur, celui de l'innocence.
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NORAÏME |
Je l'accept pour chevalier.
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ALÉMAR |
Réponds; je veux savoir...
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GONZALVE (Le guerrier) |
J'ai voilé ma bannière,
le vainqueur la découvrira;
et peut-être dans la carrière
bientôt on me reconnaîtra.
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| (Son écuyer va suspendre sa bannière voilée ainsi que son bouclier à la colonne, du côté opposé à celui où Kaled et Alamir ont placé la leur.) | |
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ZÉGRIS, KALED, ALAMIR |
Quels est ce fier Abencérage ?
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ABENCÉRAGES, NORAÏME |
Grands dieux, soutenez son courage !
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NORAÏME |
Almanzor est innocent,
je le soutiens, je le jure;
et pour venger son injure,
le ciel arme un bras puissant.
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GONZALVE (Le guerrier) |
(s'adressant aux juges du camp)
Que la mort soit le parlage
de qui trahirait sa foi;
du combat je jette la gage.
(Il jette son gant dans la lice.)
Qui l'ose relever ?
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ALAMIR |
Moi !
(Il fait un signe à son écuyer, qui va prendre le gant et le rapport à son adversaire.)
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CHŒUR
Protége-nous, dieu secourable,
que par toi l'arrêt soit dicté;
ôte la victoire au coupable,
fait triompher la verité.
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| (Pendant ce chœur, le champ clos se ferme sous les yeux du spectateur par des faisceaux liés ensemble avec des écharpes. L'écuyer de l'inconnu va dèposer ses armes aux pieds de Noraïme, qui les lui présente elle-même; il donne l'accolade à Almanzor, qui va se placer hors de l'enceinte. Les juges du camp visitent les armes des combattans.) | |
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LE HÈRAUT (à l'entrée de la lice) |
Dieu veut, le roi permet, les juges sont contents;
laissez aller les combattans. (1)
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| (1) Ces mots sont textuellement ceux que prononçait le hèraut d'armes en donnant le signal du combat. | |
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Une fanfare donne le signal d'un combat à outrance, à la hache d'arme, au glaive et au poignard. À la dernière passe, Alamir, qui sent son infériorité, tire son poignard et s'élance sur son adversaire qui lui tendait la main pour le relever; l'inconnu, enflammé de colère, lui plonge son poignard dans la gorge et le tue. | |
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ALÉMAR |
Il triomphe ! ô terreur, ô rage !
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CHŒUR |
Victoire au noble Abencérage.
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ALÉMAR |
(allant vers les Zégris)
D'Almanzor pour sauver les jours,
braves Zégris, perdrons-nous la patrie
que sa honte a flétrie ?
Ma voix l'accuse et le poursuit toujours,
il a trahi les devoirs les plus saints;
le dépôt précieux, garant de nos destins,
de l'Espagnol est la conquête.
(à Almanzor)
Grenade l'a mis dans tes mains,
rends-lui son étendard.
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Sur un signe de l'inconnu, son écuyer est entré dans la lice et a découvert sa bannière. L'on reconnaît l'étendard de Grenade. | |
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GONZALVE (Le guerrier) |
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CHŒUR GÉNÉRAL |
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ALMANZOR
Je recouvre à la fois et la vie et l'honneur.
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Ensemble
NORAÏME
Il recouvre à la fois et la vie et l'honneur.
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GONZALVE (Le guerrier) |
(il lève sa visière, on reconnait Gonzalve)
Maintenant, Alémar, tu peux me reconnaître;
j'ai vengé l'innocent, et je démasque un traître.
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CHŒUR |
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GONZALVE |
Illustres ennemis,
je rapporte en vos murs la bannière sacrée
qu'Alémar lui-même a livrée.
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ALÉMAR |
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GONZALVE |
Octaïr en vos mains est remis;
il vous dévoilera son opprobre et son crime.
Mon roi, que l'honneur anime,
même après un revers, rougirait d'accepter
les secours qu'un perfide ose lui présenter.
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CHŒUR
Pour venger nos communs outrages,
contre un perfide unissons-nous;
des Zégris, des Abencérages
qu'il sente à-la-fois le courroux.
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| <- Abderame
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ABDERAME |
(entrant sur la scène)
De toutes parts la verité s'élève,
et trahit d'Alémar les complots insolens:
le roi n'a point rompu la trêve,
il offre, par ma voix, la paix aux Castillans.
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CHŒUR |
(des Zégris et des Abencérages s'avançant contre Alémar)
Vengeance, vengeance implacable !
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ALMANZOR |
Guerriers, contre ce grand coupable
votre juste ressentiment
doit au prince outragé laisser le châtiment.
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ABDERAME (aux gardes) |
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ALÉMAR |
Tremblez de me laisser la vie;
tant qu'elle ne m'est pas ravie,
d'un triomphe insolent,
esclaves d'Almanzor, jouissez en tremblant.
(On l'emmène.)
| Alémar ->
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[Finale] | N
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CHŒUR
Un jour d'allégresse
vient réparer tous nos malheurs;
l'honneur, la gloire, la tendresse,
enivrent tous les cœurs.
La mort planait sur cette enceinte,
Gonzalve a su tout ranimer.
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NORAÏME |
Je puis donc me livrer sans crainte
au bonheur de t'aimer ?
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ALMANZOR (à Gonzalve)
Je vous dois, j'aime à le re redire,
mes jours, ma gloire, et mon bonheur.
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Ensemble
NORAÏME (à Gonzalve)
Je vous dois, j'aime à le re redire,
ses jours, sa gloire, et mon bonheur.
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GONZALVE |
Belle Noraïme, un sourire
a payé ton libérateur.
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ABDERAME |
À la fête de l'hyménée
consacrons nos brillans loisirs;
et que cette heureuse journée
ramène ici tous les plaisirs.
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CHŒUR GÉNÉRAL
Jour de triomphe et d'alégresse,
viens réparer tous nos malheurs;
gloire, plaisirs, honneur, tendresse,
enivrez tous les cœurs.
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Divertissement final. | |
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