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Scène première |
Le thèâtre représente un appartement du pavillon de Noraïme. Noraïme, Femmes de la suite, dans le fond. |
Q
Noraïme, Femmes de la suite
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NORAÏME |
Il est vainqueur ! son triomphe s'apprête,
et ma main de lauriers va couronner sa tête.
Reviens, ah ! reviens prés de moi !
Almanzor, j'ai besoin de te voir, de t'entendre
pour calmer un reste d'effroi
dont je veux en vain me défendre.
| S
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[Air] | N
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Ô toi, l'idole de mon cœur
et la gloire de ta patrie,
hâte l'instant de mon bonheur;
rends-moi ta présence et la vie !
Cher Almanzor,
je tremble encor;
viens fixer ma joie incertaine;
mon esprit d'une image vaine
sans cesse tourmenté,
à sa félicité
ne s'abandonne qu'avec peine.
Ô toi, l'idole de mon cœur,
etc.
(à ses femmes)
Vous avez partagé mes regrets, mes soupirs,
partagez mon bonheur, et goûtez mes plaisirs.
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CHŒUR DES FEMMES |
Ô jeune et charmante princesse,
de ces lieux l'amour et l'honneur,
nos cœurs avec ivresse
jouissent de votre bonheur !
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Scène seconde |
Les mêmes, Femmes du palais, qui entrent. |
<- Femmes du palais
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CHŒUR
(melé de danse)
Livrons nos cœurs à l'allégresse;
d'Ismaël généreux enfans,
partageons son heureuse ivresse.
La gloire a tenu sa promesse,
et nos guerriers sont triomphans.
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NORAÏME
Livrez vos cœurs à l'allégresse;
d'Ismaël généreux enfans,
partageons son heureuse ivresse.
La gloire a tenu sa promesse,
et nos guerriers sont triomphans.
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PREMIÈRE CORYPHÉE |
De lauriers immortels leur traces sont marquées
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SECONDE CORYPHÉE |
Les drapeaux ennemis vont orner nos mosquées.
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NORAÏME |
Almanzor, hâte-toi; viens délivrer mon cœur
du souvenir cruel d'une nuit de terreur.
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CHŒUR |
Livrons nos cœurs à l'allégresse,
etc.
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Scène troisième |
Les mêmes, Égilone. |
<- Égilone
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NORAÏME (courant à Égilone) |
C'est Égilone... eh bien !... quel sinistre présage !
Explique-toi.
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ÉGILONE |
Princesse, armez-vous de courage.
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NORAÏME |
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ÉGILONE |
Il est victorieux;
et bientôt ce guerrier va paraître vos yeux.
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NORAÏME |
Que plus-je craindre encore ?
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ÉGILONE |
Des malheurs trop certains,
dont vous allez frémir, qu'un peuple entier déplore:
le divin étendard n'est plus entre nos mains.
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NORAÏME |
Que dis-tu... ? Je frissonne...
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CHŒUR
La gloire le couronne,
et la mort l'environne
au sei de ses foyers:
la loi, que rien n'arrête,
à le frapper s'apprête,
et menace sa tête
couverte de lauriers.
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ÉGILONE |
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| (Sur un signe de Noraïme, toutes les femmes sortent.) | Femmes de la suite, Femmes du palais, Égilone ->
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Scène quatrième |
Noraïme, Almanzor. |
<- Almanzor
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[Duo] | N
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NORAÏME (courant à lui) |
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ALMANZOR |
(dans le plus grand désordre)
Arrête Noraïme,
je ne suis plus digne de toi.
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NORAÏME |
À la fortune qui t'opprime
j'oppose et mon cœur et ma foi.
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ALMANZOR |
Fuis, abandonne un misérable
que le jour, que le ciel accable.
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NORAÏME |
Prends pitié de mon sort,
calme ce désespoir extrême.
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ALMANZOR |
J'espérais le bonheur suprême,
je trouve la honte et la mort.
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NORAÏME |
La honte ! au sein da la victoire,
tout parle en ces lieux de ta gloire,
et je suis auprès d'Almanzor.
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ALMANZOR |
J'espérais le bonheur suprême.
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NORAÏME |
Va ! mon cœur est toujours le même.
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NORAÏME
L'avenir ne peut m'alarmer;
et toujours sûre de te suivre,
en perdant le droit de t'aimer
je perdrais le pouvoir de vivre.
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Ensemble
ALMANZOR
Le trépas ne peut m'alarmer;
de mes tourmens il me délivre:
en perdant le droit de t'aimer
j'ai perdu le pouvoir de vivre.
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ALMANZOR |
Tu m'aimes encore, Noraïme ?
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NORAÏME |
À la fortune qui t'opprime
j'oppose et mon cœur et ma foi.
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ALMANZOR |
J'attends mon arrêt sans effroi,
je suis aimé de Noraïme.
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NORAÏME
L'avenir ne peut m'alarmer;
et toujours sûre de te suivre,
en perdant le droit de t'aimer
je perdrais le pouvoir de vivre.
|
Ensemble
ALMANZOR
Le trépas ne peut m'alarmer;
de mes tourmens il me délivre:
en m'ôtant le droit de t'aimer
on m'ôte le pouvoir de vivre.
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NORAÏME |
Mais dans Grenade enfin quand tu rentres vainqueur,
par quel événement funeste
ce fatal étendard...
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ALMANZOR |
La colere céleste
voile encore à mes yeux ce secret plein d'horreur.
Mon ame flotte incertaine,
cependant d'Octaïr je supçonne la foi...
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NORAÏME |
C'est l'ami d'Alémar... Il soupira pour moi...
Gardien de l'étendard... quelle clarté soudaine !
C'est lui, n'en doute pas.
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Scène cinquième |
Les mêmes, Kaled. |
<- Kaled
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KALED |
Organe de nos lois,
au palais des guerriers le conseil doit se rendre,
Almanzor, il doit vous entendre.
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ALMANZOR |
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NORAÏME |
Tes vertus, ta valeur, tes exploits,
du peuple en ta faveur soulevant la justice,
vont de tes ennemis confondre l'artifice,
et contre leur fureur te prêteront leur voix.
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ALMANZOR |
Ah ! c'est à la victoire à défendre mes droits.
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| (Ils sortent.) | Noraïme, Almanzor, Kaled ->
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Scène sixième |
Le thèâtre change et représente la galerie des armes du palais de l'Alhambra. Les cinq vieux guerriers qui composent le conseil, entrent, suivis de leur escorte et des grands de l'empire; il vont prendre place sur l'estrade qui leur est préparée. |
Q
(aucun)
<- Abderame, Vieux du conseil, Zégris, Abencérages, Alémar
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[Chœur] | N
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| (pendant la marche du cortége) | |
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ZÉGRIS
Ô victoire fatale !
De la cité royale
tu combles le malheur:
l'Espagnol à sa suite
enchaîne dans sa fuite
notre espoir, notre honneur;
et, vaincu par nos armes,
il abandonne aux larmes
son superbe vainqueur
|
Ensemble
ABENCÉRAGES
O victoire fatale !
De la cité royale
console la douleur:
l'Espagnol à sa suite
n'entraîne dans sa fuite
qu'un objet de terreur;
et, vaincu par nos armes,
ne jouit que des larmes
qu'il arrache au vainqueur.
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ALÉMAR |
Vénérables guerriers, l'Espagne vous contemple,
le salut de l'empire exige un grand exemple;
je réclame avec douleur;
organe d'une loi terrible,
de son ministere inflexibile
exercez la rigueur.
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[Air] | N
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Des cités reine triomphante,
quel effroi trouble ton repos ?
Tu gémis confuse et tremblante;
la patrie accuse un héros.
Noble guerriers, sa voix sublime
en ce moment parle à vos cœurs,
et vous demande une victime
que la gloire a paré de fleurs.
| S
(♦)
(♦)
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| (Il va prendre sa place vis-à-vis les vieillards. Almanzor entre accompagné d'Alamir, de Kaled, et de son écuyer, qui porte ses armes.) | <- Almanzor, Alamir, Kaled, Écuyer
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ABDERAME (chef du conseil) |
Noble et vaillant Abencérage,
Grenade, qui chérit tes vertus, ton courage,
a remis en tes mains le signe révéré,
garant de sa puissance;
Almanzor, tu devais mourir pour sa défense:
qu'as-tu fait du dépôt sacré ?
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ALMANZOR |
J'ai vaincu; j'ai rempli tous les vœux de la gloire:
la nuit, témoin de ma victoire,
l'est aussi d'un malheur que je ne conçois pas.
Triomphante, l'armée entière
a salué notre sainte bannière.
Je la portais moi-même au milieu des combats,
Octaïr au retour fut commis à sa garde,
l'ombre couvrait encor les cieux;
nous marchons, le jour naît, j'appelle, je regarde:
Octaïr, l'étendard, rien ne s'offre à mes yeux.
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ALÉMAR |
Ainsi donc loin de toi pour détourner l'orage
d'un illustre Zégris tu flétris le courage,
tu l'accuse de trahison ?
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ALMANZOR |
Et peut-être plus loin je porte le soupçon !
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ABDERAME |
Quelle preuve autorise un semblable langage ?
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ALMANZOR |
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ABDERAME |
Qui peut aujourd'hui te défendre ?
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Scène septième |
Les mêmes, Abencérages. |
<- Plusiers Abencérages
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| (Plusiers Abencérages se présentent, tenant en main les drapeaux et les armes conquises sur les Espagnols, et les présentent aux vieillards.) | |
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ABENCÉRAGES
Princes, voilà les défenseurs
et les témoins qu'il faut entendre;
contre ses cruels oppresseurs
leur voix saura se faire entendre.
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ABENCÉRAGES
Voyez ces nombreux étendards,
ces faisceaux de glaives, de dards,
ces armes, ces divises,
sur l'ennemi conquises;
tout ce vaste amas de lauriers
est le prix glorieux du sang de vos guerriers.
|
Ensemble
ZÉGRIS
Voyez ces nombreux étendards,
ces faisceaux de glaives, de dards,
ces armes, ces divises,
sur l'ennemi conquises;
et sur cet amas de lauriers
condamnez à la mort le plus grand de guerriers.
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ABDERAME |
Almanzor, tes juges en larmes
partagent en ce jour la publique douleur:
peuple, nous devons à ses armes
nos prospérités; nos alarmes,
nos triomphes, notre malheur;
la loi, l'honneur, et la patrie,
imposent à nos cœurs un double engagement.
Qu'ils soient tous satisfaits: nous lui lassons la vie,
l'exil seul est son châtiment.
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ZÉGRIS
Des juges la clémence
remplit notre vengeance.
ALÉMAR
Leur funeste clémence
commence ma vengeance.
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Ensemble
ALAMIR, KALED
Leur fatale clémence
trahit notre vengeance.
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ABDERAME |
Ma voix prononce sur ton sort;
du saint drapeau l'Espagnol est la maître,
de sa perte en ces lieux tout accuse Almanzor;
sans ce gage sacré tu n'y peux reparaître,
que pour trouver la mort.
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| (Les vieillards sortent.) | Abderame, Vieux du conseil ->
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[Finale] | N
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ALMANZOR (à son écuyer) |
Suspendez à ces murs mes armes, ma bannière,
et du sol paternel quand je vais me bannir,
que cette voûte hospitalière
conserve au moins mon souvenir.
| S
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ABENCÉRAGES |
Restez, gages de sa victoire,
dernier de ses nombreux bienfaits:
(aux Zégris)
oui, quand vous exilez sa gloire,
ces murs garderont sa mémoire
et feront vivre nos regrets
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ALMANZOR
C'en est fait, j'ai vu disparaître
l'espoir dont j'osais me nourrir;
lieux chéris qui m'ayez vu naître,
vous ne me verrez pas mourir.
(1)
Noraïme, après la patrie,
l'objet le plus cher à mes yeux,
je te perds: mon âme flétrie
t'adresse d'éternels adieux.
Tout finit pour moi sur la terre,
et du sort jouet malheureux,
cette mort même que j'espère
m'attend sur la rive étrangère,
et devient un supplice affreux.
Adieu, chers compagnons, adieu; le sort barbare
de vous m'éloigne pour jamais
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| (1) Chalieu a dit: | |
| Beaux arbres qui m'avez vu naître | |
| bientôt vous me verrez mourir. | |
| Ces vers sont trop connus pour qu'en les empruntant on puisse être soupçonné d'avoir voulu les prendre. | |
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ABENCÉRAGES
Dans ce moment qui nous sépare,
reçois le tribut de nos pleurs;
le destin cruel et barbare
ne peut te bannir de nos cœurs.
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Ensemble
ZÉGRIS
Dans ce moment qui nous sépare,
nous plaignons aussi tes malheurs;
et du sort le décret barbare
des Zégris attendrit les cœurs.
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ALÉMAR, KALED, ALAMIR |
De ce moment qui les sépare
abrégeons les vaines douleurs;
peut-être le sort leur prépare
un plus juste sujet de pleurs.
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ALÉMAR (à Almanzor) |
Almanzor, le jour s'avance.
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ALMANZOR |
Je vous entends; de ma présence
je délivre ces bords,
et puisse mon absence
ne vous laisser aucun remords.
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ALÉMAR, KALED, ALAMIR |
Dans ce moment qui nous sépare,
etc.
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ALMANZOR |
Noraïme, le sort barbare
a voulu combler mes douleurs;
et quand son courroux nous sépare
je ne puis essuyer tes pleurs.
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| (Almanzor sort avec les Abencérages.) | Almanzor, Abencérages, Plusiers Abencérages, Écuyer ->
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Scène huitième |
Alémar, Kaled, Alamir, Zégris. |
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ALÉMAR (aux Zégris, après la sortie d'Almanzor) |
Les Zégris sont vengés, et de tant d'arrogance
l'orgueilleux Almanzor reçoit la récompense;
je le connais, j'ai lu son espoir dans ses yeux;
qu'il tremble, mes regards le suivront en tous lieux.
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CHŒUR FINAL
Grenade est libre; à l'espérance
ouvrons nos cœurs, livrons nos vœux.
À la victoire, à la vengeance
nous consacrons ce jour heureux.
Cet orgueilleux Abencérage
vouloit marcher l'égal des rois.
Que désormais sur ce rivage
les seuls Zégris donnent des lois.
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