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| Le théâtre représente un vaste portique du palais d'Agamemnon. |  Q 
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Scène première |
Iphigénie, Femmes de sa suite. |
Iphigénie, Femmes de la suite
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| [N. 18 - Chœur] | N
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CHŒUR
Rassurez-vous, belle princesse;
Achille sera votre époux:
Agamemnon, pour vous plein de tendresse,
sait trop que ce héros est le seul de la Grèce,
qui soit digne de vous.
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| [N. 19 - Récitatif et Air] | N
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IPHIGÉNIE |
Vous essayez en vain de bannir mes alarmes;
Achille est instruit que le roi
le soupçonnoit de mépriser mes charmes
et de trahir sa foi:
sa gloire offensée en murmure;
ce soupçon lui paroît une mortelle injure,
et j'ai lu dans ses yeux tout son ressentiment.
Vous connoissez la fierté de mon père:
ils sont ensemble en ce moment.
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UNE FEMME DE SA SUITE |
L'indomptable lion, ardent, plein de colère,
par les traites de l'amour aisément terrassé,
soumis, en soûpirant, courbe sa tête altière
et caresse la main du dieu qui l'a blessé.
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CHŒUR
L'indomptable lion, ardent, plein de colère,
par les traites de l'amour aisément terrassé,
soumis, en soûpirant, courbe sa tête altière
et caresse la main du dieu qui l'a blessé.
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| [N. 20 - Récitatif et Air] | N
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IPHIGÉNIE |
Vous essayez en vain de bannir mes alarmes;
l'amour n'a que de faibles armes,
quand l'honneur parle au héros offensé.
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Par la crainte et par l'espérance,
ah ! que mon cœur est tourmenté !
Rien n'égale la violence
des mouvemens confus dont il est agité.
Amour, j'implore ta puissance:
fléchis d'Agamemnon l'indomptable fierté,
appaise le courroux d'un amant irrité,
et rétablis entre eux l'heureuse intelligence
d'où dépend ma félicité.
Par la crainte et par l'espérance,
ah ! que mon cœur est tourmenté !
Rien n'égale la violence
des mouvemens confus dont il est agité.
| S
 (♦)
(♦)
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Scène seconde |
Clytemnestre, Iphigénie, Femmes de la suite. |
<- Clytemnestre
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| [N. 21 - Récitatif] | N
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CLYTEMNESTRE |
Ma fille, votre hymen s'apprête,
le roi lui-même, au temple, en ordonne la fête:
quel triomphe pour vous, quelle gloire pour moi !
Aux yeux de tous les Grecs, le fils d'une déesse
va me nommer sa mère et vous donner sa foi.
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IPHIGÉNIE |
Ah, grands dieux ! je renaîs.
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CLYTEMNESTRE |
Tout plein de sa tendresse,
Achille vient.
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Scène troisième |
Clytemnestre, Iphigénie, Achille, Patrocle, Femmes de la suite d'Iphigénie, Thessaliens et Thessaliennes. |
<- Achille, Patrocle, Thessaliens et Thessaliennes, Esclaves lesbiens, Une esclave
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ACHILLE |
Les auteurs de vos jours
consentent que l'hymen m'unisse à ce que j'aime;
de ma félicité suprême,
princesse, rien ne peut interrompre le cours.
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| Les Thessaliens entrent en ordre militaire; ils sont suivis d'esclaves, portant les dépouilles de Lesbos, enlevées par Achille. | |
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| [N. 22 - Marche] | N
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| [N. 23 - Récitatif] | N
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ACHILLE
(présentant Patrocle à Iphigénie) |
Rival de ma valeur, compagnon de ma gloire;
sûr, avec lui, de la victoire,
de tous les biens que je reçus des cieux,
Patrocle est, après vous, le plus cher à mes yeux:
de ses rameaux sacrés l'amitié nous couronne;
heureux par son bonheur, le mien comble ses vœux;
c'est un ami que je vous donne;
je ne saurois vous faire un don plus précieux.
(Se tournant vers les Thessaliens.)
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| [N. 24 - Solo et Chœur] | N
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Chantez, célébrez votre reine:
l'hymen qui sous ses loix m'enchaîne,
va vous rendre à jamais heureux.
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CHŒUR |
Chantons, célébrons notre reine;
l'hymen qui sous ses loix l'enchaîne,
va nous rendre à jamais heureux.
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| [N. 25 - Ballet] | N
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| [N. 26 - Chœur] | N
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CHŒUR
La Grece à peine assembloit son armée,
que les Grecs outragés
sur Lesbos enflâmée
par l'invincible Achille étoient dejà vengés.
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PATROCLE
Hector et les Troyens, par la honte pressés,
en vains'opposeront à sa valeur altière;
sous les murs d'Ilion, atteints et renversés,
Hector et les Troyens vont mordre la poussière.
La Grece à peine assembloit son armée,
que les Grecs outragés
sur Lesbos enflâmée
par l'invincible Achille étoient dejà vengés.
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| [N. 27 - Air] | N
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UNE THESSALIENNE
Son front est couronné des mains de la Victoire,
et l'hymen et l'amour le parent tour-à-tour;
ah ! qu'il est doux d'unir au laurier de la gloire
les myrtes de l'amour !
La Grece à peine assembloit son armée,
que les Grecs outragés
sur Lesbos enflâmée
par l'invincible Achille étoient dejà vengés.
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| [N. 28 - Ballet] | N
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ESCLAVES LESBIENNES |
Les filles de Lesbos viennent vous faire entendre,
par l'ordre du vainqueur, leurs suppliantes voix.
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UNE ESCLAVE |
Il combattoit pour vous, et ses premiers exploits
ont réduit ma patrie en cendre.
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LES ESCLAVES |
En daignant nous donner des loix,
vous tarirez les pleurs qu'il nous a fait répandre.
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IPHIGÉNIE |
J'ai causé vos malheurs; je dois, par mes bienfaits,
vous consoler de vos pertes cruelles,
et vous faire oublier les maux qu'on vous a faits.
Venez, et vous serez mes compagnes fidèles.
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| [N. 29 - Quatuor et Chœur] | N
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ACHILLE, CLYTEMNESTRE, IPHIGÉNIE, PATROCLE
Jamais à tes autels le plus saint des sermens,
favorable hyménée,
n'enchaîna la destinée
de plus heureux époux, de plus tendres amans.
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| | <- Arcas
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Scène quatrième |
Les acteurs de la scène précédente, Arcas, qui est entré vers la fin du divertissement. |
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| [N. 30 - Récitatif et Chœur] | N
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ACHILLE |
Princesse, pardonnez à mon impatience.
Agamemnon nous attend à l'autel;
venez combler les vœux du plus heureux mortel.
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ARCAS
(se jetant au devant) |
Je ne puis plus garder un coupable silence.
Infortunés amans, où courez-vous ? ô ciel !
non, non, vous n'irez pas à cet autel funeste.
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ACHILLE |
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CLYTEMNESTRE |
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ARCAS |
Votre époux, instrument de la fureur céleste,
attend sa fille au temple, et c'est pour l'immoler.
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CLYTEMNESTRE |
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IPHIGÉNIE |
Ensemble
ACHILLE |
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CLYTEMNESTRE |
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TOUS |
Fut-il jamais conçu de projet plus affreux !
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ARCAS |
Oui, c'est Iphigénie, oui, voilà la victime
que demandent les dieux.
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LES THESSALIENS
(s'avançant en tumulte)
Nous ne sonffrirons point ce sacrifice impie:
c'est notre reine, Achille est son époux;
et nous périrons tous,
pour conserver les jours d'Iphigénie.
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CLYTEMNESTRE
(tombant aux genoux d'Achille) |
Seigneur, j'embrasse vos genoux !
Ayez pitié de cette infortunée:
sur ces bords malheureux je l'avois amenée,
dans l'espoir de l'unir à vous.
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| [N. 31 - Air] | N
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Par un père cruel à la mort condamnée,
et par les dieux abandonnée;
elle n'a que vous seul; vous êtes dans ces lieux
son père, son époux, son asyle et ses dieux.
Vous remplirez mon espérance,
vous défendrez des jours si précieux;
le courroux éclatant qui paroît dans vos yeux
m'en donne l'assurance.
Par un père cruel à la mort condamnée,
et par les dieux abandonnée;
elle n'a que vous seul; vous êtes dans ces lieux
son père, son époux, son asyle et ses dieux.
| S
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| [N. 32 - Récitatif] | N
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ACHILLE |
Reine, rassurez-vous, et n'appréhendez pas
que son père et les Grecs l'arrachent de vos bras:
rentrez, je vais ici l'attendre.
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IPHIGÉNIE |
Je ne vous quitte pas; seigneur, daignez m'entendre.
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ACHILLE |
Le cruel, sous mon nom, vous donnoit le trépas !
À ma juste fureur rien ne peut le soustraire.
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IPHIGÉNIE |
Seigneur, au nom des dieux, songez qu'il est mon père.
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ACHILLE |
Votre père, cet inhumain !
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| [N. 33 - Trio] | N
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IPHIGÉNIE |
C'est mon père, seigneur; c'est un père que j'aime.
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CLYTEMNESTRE |
Son père ! et le cruel veut lui percer le sein !
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IPHIGÉNIE |
Un père infortuné, qui me chérit lui-même.
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ACHILLE |
Je ne vois plus en lui qu'un perfide assassin.
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CLYTEMNESTRE |
Ciel, soutiens mon courage;
je n'espère qu'en toi !
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IPHIGÉNIE |
Ciel, détourne l'orage,
dissipe mon effroi !
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ACHILLE |
Ciel, dévoue à ma rage
un inhumain, sans foi.
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CLYTEMNESTRE, IPHIGÉNIE, ACHILLE |
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| | Clytemnestre, Iphigénie, Femmes de la suite, Thessaliens et Thessaliennes, Esclaves lesbiens, Une esclave, Arcas ->
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Scène cinquième |
Achille, Patrocle. |
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| [N. 34 - Récitatif et Air] | N
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ACHILLE |
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PATROCLE |
Et que voulez-vous faire ?
Voulez-vous, n'écoutant qu'un aveugle transport,
aussi cruel que les dieux et son père,
vous-même lui donner la mort ?
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ACHILLE |
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Cours, et dis-lui qu'elle n'a rien à craindre,
qu'outragé, furieux, mais vaincu par l'amour,
quelque soit mon courroux, je saurai me contraindre,
et respecter celui qui lui donna le jour.
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| | Patrocle ->
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Scène sixième |
Agamemnon, Achille, Arcas, Gardes. |
<- Agamemnon, Arcas, Gardes
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| [N. 35 - Récitatif] | N
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ACHILLE |
Je le vois, ciel ! retiens la fureur qu'il m'inspire.
Arrêtez !
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AGAMEMNON
(à part) |
C'est Achille ! Auroit-on pu l'instruire ?
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ACHILLE |
Je sais vos barbares projets;
je sais qu'inhumain et parjure,
vous vouliez, sous mon nom, consommer des forfaits
dont frémit la nature:
j'en saurai, malgré vous, prévenir les effets.
Mais, vous, qui m'avez fait la plus sensible injure,
rendez grâce à l'amour, si mon bras furieux
n'a pas encor vengé...
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AGAMEMNON |
Jeune présomptueux,
vous, dont l'audace et m'indigne et me blesse,
oubliez-vous qu'ici je commande à la Grèce;
que je ne dois qu'aux dieux compte de mes desseins,
et que vingt rois, soumis à mon pouvoir suprême,
doivent, sans murmurer, que vous devez vous-même,
attendre, avec respect, mes ordres souverains ?
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ACHILLE |
Dieux ! faudra-t-il souffrir ce superbe langage ?
Votre fille est à moi; mes droits sont vos sermens;
de mon bonheur votre aveu fut le gage:
vous tiendrez vos engagemens.
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AGAMEMNON |
Cessez un discours qui m'offense.
Quelque sort aujourd'hui qui lui soit destiné,
c'est à vous d'attendre en silence
ce qu'un père et les dieux en auront ordonné.
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ACHILLE |
Est-ce à moi que l'on parle, et pourroit-on le croire ?
Pensez-vous, qu'insensible à la gloire, à l'amour,
je vous laisse immoler votre fille en ce jour,
et des horreurs consommer la plus noire ?
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AGAMEMNON |
Pensez-vous, qu'oubliant et mon rang et ma gloire,
je souffre plus long-tems vos superbes discours ?
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| [N. 36 - Duo] | N
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De votre audace téméraire,
j'arrêterai le cours.
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ACHILLE |
De votre fureur sanguinaire
je sauverai ses jours.
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AGAMEMNON |
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ACHILLE |
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AGAMEMNON
Tremblez, redoutez ma colère:
craignez l'effet de mon ressentiment !
Je vous ferai connoître,
si l'on me brave impunément.
Tremblez, redoutez ma colère;
craignez l'effet de mon ressentiment !
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Ensemble
ACHILLE
Tremblez, redoutez ma colère:
craignez l'effet de mon ressentiment !
Vous apprendrez, peut-être,
si l'on m'offense impunément.
Tremblez, redoutez ma colère;
craignez l'effet de mon ressentiment !
|
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| [N. 37 - Récitatif et Air] | N
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ACHILLE |
Je n'ai plus qu'un mot à vous dire;
et, si vous m'entendez, ce seul mot doit suffire.
Avant que votre fureur
immole ce que j'aime
il faut que votre rage extrême
s'apprête à me percer le cœur.
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| | Achille ->
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Scène septième |
Agamemnon, Arcas, Gardes. |
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AGAMEMNON |
Tu décides son sort;
ton insolente audace
hâte le coup qui la menace;
elle va recevoir la mort.
A moi, soldats !... Ô dieu ! que vais-je faire !
C'est ta fille, cruel, que tu leur vas livrer;
ta fille, si long-tems à ton amour si chère;
tout mon cœur se sent déchirer:
non, qu'elle vive !... Ah ! qu'elle est ma foiblesse !
Pour conserver ses jours que les dieux ont proscrits,
faut-il sacrifier l'intérêt de la Grèce ?
Faut-il d'Achille endurer les mépris ?
Non ! que plutôt cent fois à l'autel entraînée,
ma fille par sa mort... ma fille ! je frémis !
Iphigénie, ô ciel ! de festons couronnée,
à l'homicide acier présentera son sein !
Je verrai tout son sang couler ? ... Père inhumain !
N'entends-tu pas déjà les cris des Euménides ?
L'air retentit des affreux sifflements
de leurs serpens homicides:
vengeresses des parricides,
elles commencent tes tourmens.
Barbares ! arrêtez ! les dieux ont fait mon crime,
ils ont conduit ma main, ils ont porté les coups;
eux seuls immolent la victime.
Quoi ! rien ne peut fléchir votre courroux,
cruelles !... mais en vain votre fureur s'irrite.
Le remord dévorant qui me presse et m'agite,
pour déchirer mon cœur est plus puissant que vous.
Avec ma garde, Arcas, accompagnez la reine;
qu'elle prenne, à l'instant, le chemin de Mycène;
qu'avec ma fille, abandonnant ces lieux,
elle la cache à tous les yeux.
Allez.
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| (Arcas et les gardes sortent.) | Arcas, Gardes ->
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Ô toi, l'objet le plus aimable,
que tant de vertus font chérir,
pardonne à ton père coupable,
en faveur de son repentir.
Hélas ! c'est toi qui la première
d'un nom si doux sut m'appeler;
et déjà ma main sanguinaire
se préparoit à t'immoler !
Non, que plutôt des dieux l'implacable colère
à tes yeux me puisse accabler.
Ô toi, l'objet le plus aimable,
que tant de vertus font chérir,
pardonne à ton père coupable,
en faveur de son repentir.
Et toi, déesse impitoyable,
perce mon cœur, au lieu du sien;
satisfais ta rage implacable:
tu veux du sang, répands le mien !
| S
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| Fin du second acte. | |
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