Rien.

Mon chapeau.

Non, ma femme, non.

Non, je vais seulement...

Oui, ce matin.

Je ne peux pas.

Ah ! pourquoi, pourquoi ? c'est aujourd'hui le lendemain de la noce de notre cousin Nicaise.

Ce n'est que pour compter, ma petite femme; il y a des restes, je veux leur aider à faire le compte.

La noce doit y venir déjeuner.

Nous venons, monsieur, pour vous éxécuter de la part de M. Pince votre hôte.  

Paix: nous venons, monsieur, pour vous présenter...

Nous venons, monsieur, pour vous éxécuter de la part de mr. Pince votre hôte, huissier à verge au Châtelet de paris, et propriétaire de cette maison.

Morbleu !

Non, morbleu, Mathurin m'attend.

Écrivez, écrivez.

Écrivez une armoire...

De bois de noyer.

Je ne suis plus preſſé de boire ?

Mais que diantre peuvent-ils tant écrire ?  

Ils ne t'écriront pas peut-être.

Je ris de colère, car je crois que je les assommerois.

De bois de noyer.

Madame Pince.

Madame Pince.

L'escabeau,

la lampe et le tréteau.

Une moitié de rideau.

Madame Pince.

Dans quelques instans.

Ah ! Blaisine, ah ! j'enrage.

Ah ! j'enrage.

C'est vrai, j'ai tort.  

Allons, je ne sortirai pas, je vais me mettre à travailler.

Mais Mathurin.

Dis-lui que je n'irai pas.

Écoute, écoute, si j'y allois, moi.

Tu as raison; mais il nous prêteroit peut-être de l'argent.

Pourquoi non ?

Ma petite femme ne te mets pas en colère, me pardonnes-tu ?  

Mais que faire ?

Je sçais bien d'où cela vient.

C'est un tour de madame Pince.

De madame.

De la femme, je te dis.

Mais tu ne sçais pas, toi, que madame Pince m'aimoit.

Oui, et qu'avant leur mariage et le notre...

Mais moi, pendant six mois.

Elle m'attiroit chez elle: et plus de cent fois...

(caché)

Ah! le vieux coquin.

Va vite chercher sa femme  

Ne t'embarrasse pas.

(Blaisine va pour sortir et revient sur ses pas pour répondre à Blaise qui dit :)

Pourquoi es tu si longtems à m'ouvrir ?

Monsieur Pince, monsieur Pince, je ne sçais que devenir; il va descendre.  

J'ai jetté la clé derriere le coffre, vous n'avez qu'une chose à faire.

De vous recommander au ciel.

Paix, paix: le voilà qui revient avec sa massue.

Oh ! tu ne veux pas me donner la clé de cet te armoire où est caché ton favori. Enfonçons, enfonçons.

La vérité ?

Mais prends garde à la vérité que tu vas me dire.

Monsieur Pince, hé bien ?

Hé bien ?

Hé bien ?

Payé, comment payé ?

C'est bon, c'est bon; et cet homme qui est dans cette armoire ?

Il y en a donc un ?

Hé bien ?

Est-ce là la vérité ?

Je te pardonne donc en faveur de la pure vérité. Vous pouvez sortir, monsieur Pince, ne craignez rien.

Quoi ?

Par ici passez-moi la clé.

La clé.

Hé ! oui , la clé, morbleu , la clé, la clé.

Ô ciel !

Ah ! vous vous entendez ensemble.

Ah ! coquine, tu m'as trompé; je sçavois bien qu'il y avoit quelque chose là-dessous; je veux t'écraser sur la place. (tout bas) Fuis-t'en, voici madame Pince.  

Cette glorieuse !

Et quand je te fais caresse, c'est à toi d'y répondre.

Oui, à toi, à toi, trop d'honneur. Ah ! madame, bon jour; vous le sçavez, madame Pince, que je pouvois épouser des femmes qui valoient cent fois mieux qu'elle; mais il faut être discret, et ne jamais nommer personne.

Oui, madame, j'ai payé à votre mari; et voilà mon billet. Cette coquine !

Que diriez-vous d'une femme ?... ah ! madame Pince, j'ai bien du chagrin.

Du dépit.

Du regret.

Vous m'avez autrefois témoigné de la bonne volonté; enfin n'en parlons plus. Je souhaite que vous soyez heureuse avec votre mari; j'en suis bien puni. Que diriez vous d'une femme ?...

Hé ! de qui donc ?

Dites ce qu'elle ne me fait pas. Madame Pince, on est jeune, on est caressant; je suis toujours à lui faire mille'amitiés; si je me croyois, je lui en ferois toute la journée. À l'instant même... mais elle me rebute, elle me repousse, elle m'envoye promener; c'est bien chagrinant, madame Pince, et je suis bien sûr que vous ne faites pas comme cela avec m. Pince.

Comme j'aimerois une femme comme vous ! ah ! si votre mari mouroit...  

Il a un asthme ! ah ! s'il mouroit.

Comme je vous épouserois.

Ah! elle mourroit aussi; je la connois.

Et vous, madame Pince ?

Nous y allons.

Ah ! ah ! ah ! nous allons passer la journée ensemble.

Vive la joie. Tiens ma femme, c'est aujourd'hui la notre aussi.

Bon jour , mon parein.  

Bon jour, mon garçon.

Mon garçon , c'étoit bon hier; je suis un homme à présent.

(La mariée Babiche ricane.)

Hin , hin.

Ça vaut-il mieux que d'être fille ?

Tais toi donc, tu la ferois rire toute la journée.

Imite-nous, mon cher Nicaise,  

aime ta moitié,

de bonne amitié.

Je me crois

Blaisine, avec toi,

plus heureux qu'un roi.

On nous entend bien.

Moi, je n'aim' que ma petit' Babiche.  

D'amitié je n's'erai jamais chiche.

Moi, je danse comme un cabri;

car je n'aim'que ma petit'Babiche.

Ce s'eroit dommag'd'l'aisser en friche

un jardin si beau, si fleuri;

mais j'n'aim' que ma petit'Babiche.

Ne crains pas qu'd'ici l'on t'déniche.

Ah ! bon dieu, que j's'rois bientôt riche !

si dans Paris

l'amour avoit un prix !

car j'n'aim' que ma petit'Babiche.

Sçavez-vous, mam'selle, que vous pourriez bien vous alter promener avec votre chanson ?  

Oui, sans doute; car vous n'seriez pas du repas.

Sçais-tu que ta tante est une drôle de femme ?

Ah ! si j'n'en héritions pas.

Ah ! si j'avois mon habit noir d'hier, je danserois mieux.

Que ne le mettois tu ?

Oh ! ma tante dit que ce n'est pas la politesse, et qu'on est le lendamain autrement que l'jour.

C'est bon, c'est bon, notre bourgeoise.

Allons plutôt joindre la noce, la salle est plus grande.