www.librettidopera.it

Samson et Dalila

SAMSON ET DALILA

Opéra en trois actes.

Version synthétique édité par www.operalib.eu.

D'ici on accède à la version étendu du livret .
D'ici on accède à la version en PDF du livret .

QR code:
QR code

Livret de Ferdinand LEMAIRE.
Musique de Camille SAINT-SAËNS.

Première représentation : 3 mars 1890, Rouen.


Personnages:

SAMSON chef des Israélites

ténor

DALILA prêtresse de Dagon

mezzo-soprano

ABIMÉLECH satrape de Gaza

basse

LE GRAND-PRÊTRE de Dagon

baryton

UN VIEILLARD HÉBREU

basse

PREMIER PHILISTIN

ténor

DEUXIÈME PHILISTIN

baryton

Un MESSAGER Philistin

ténor


Chœur de Hébreux, Chœur de Philistins.

Ville de Gaza, en Palestine.

Acte premier
Scène première

Samson, Les Hébreux.

Une place publique dans la ville de Gaza, en Palestine. À gauche le portique du temple de Dagon. Au lever du rideau une foule d'Hébreux, hommes et femmes, sont réunis sur la place dans l'attitude de la douleur et de la prière. Samson est parmi eux. Il fait nuit.

LES HÉBREUX

(derrière la toile)

Dieu! Dieu d'Israël! Ecoute la prière

de tes enfants t'implorant à genoux.

Prends en pitié ton peuple et sa misère!

Que sa douleur désarme ton courroux!

Un jour, de nous tu détournas ta face,

et de ce jour ton peuple fut vaincu!

Quoi! veux-tu donc qu'à jamais on efface

des nations, celle qui t'a connu!

Mais vainement tout le jour je l'implore;

sourd à ma voix, il ne me répond pas!

Et cependant, du soir jusqu'à l'aurore,

j'implore ici le secours de son bras!

Nous avons vu nos cités renversées,

et les gentils profanant ton autel;

et sous leur joug nos tribus dispersées

ont tout perdu, jusqu'au nom d'Israël!

N'es-tu donc plus ce dieu de délivrance

qui de l'Égypte arrachait nos tribus ?

Dieu! As-tu rompu cette sainte alliance,

divins serments, par nos aïeux reçus ?

SAMSON

(sortant de la foule, à droit)

Arrêtez, ô mes frères!

Et bénissez le nom

du dieu saint de nos pères!

Car l'heure du pardon

est peut-être arrivée!

Oui, j'entends dans mon cœur

une voix élevée!

C'est la voix du seigneur

qui parle par ma bouche.

Ce dieu plein de bonté,

que la prière touche,

promet la liberté!

Frères, brisons nos chaînes,

et relevons l'autel

du seul dieu d'Israël!

LES HÉBREUX

Hélas! paroles vaines!

Pour marcher aux combats,

où donc trouver des armes ?

Comment armer nos bras ?

Nous n'avons que nos larmes!

SAMSON

L'as-tu donc oublié,

celui dont la puissance

se fit ton allié ?

Lui qui, plein de clémence,

a si souvent pour toi

fait parler ses oracles

et rallumé ta foi

au feu de ses miracles ?

Lui qui, dans l'océan,

sut frayer un passage

a nos pères fuyant

un honteux esclavage ?

LES HÉBREUX

Ils ne sont plus, ces temps

où le dieu de nos pères

protégeait ses enfants,

entendait leurs prières!

SAMSON

Malheureux, taisez-vous!

Le doute est un blasphème!

Implorons à genoux

le seigneur qui nous aime!

Remettons dans ses mains

le soin de notre gloire,

et puis ceignons nos reins,

certains de la victoire!

C'est le dieu des combats,

c'est le dieu des armées!

Il armera vos bras d'invincibles épées!

LES HÉBREUX

Ah! le souffle du seigneur a passé dans son âme!

Ah! chassons de notre cœur

une terreur infâme!

Et marchons avec lui

pour notre délivrance!

Jéhovah le conduit

et nous rend l'espérance!

Scène deuxième

Les mêmes, Abimélech, Satrape de Gaza, Philistins.

Abimélech entre, suivi de plusieurs soldais et guerriers Philistins.

ABIMÉLECH

Qui donc élève ici la voix ?

Encor ce vil troupeau d'esclaves,

osant toujours braver nos lois

et voulant briser leurs entraves!

Cachez vos soupirs et vos pleurs

qui lassent notre patience;

invoquez plutôt la clémence

de ceux qui furent vos vainqueurs!

Ce dieu que votre voix implore

est demeuré sourd à vos cris,

et vous l'osez prier encore,

quand il vous livre à nos mépris ?

Si sa puissance n'est pas vaine,

qu'il montre sa divinité!

Qu'il vienne briser votre chaîne,

qu'il vous rende la liberté!

Croyez-vous ce dieu comparable

à Dagon, le plus grand des dieux,

guidant de son bras redoutable

nos guerriers victorieux ?

Votre divinité craintive,

tremblante fuyait devant lui,

comme la colombe plaintive

fuit le vautour qui la poursuit!

SAMSON

C'est toi que sa bouche invective,

et la terre n'a point tremblé ?

O seigneur, l'abîme est comblé!

Je vois aux mains des anges

briller l'arme de feu,

et du ciel les phalanges

accourent venger dieu.

Oui, l'ange des ténèbres,

en passant devant eux,

pousse des cris funèbres

qui font frémir les cieux!

Enfin, l'heure est venue,

l'heure du dieu vengeur,

et j'entends dans la nue

eclater sa fureur.

Oui, devant sa colère

tout s'épouvante et fuit!

On sent trembler la terre,

aux cieux la foudre luit!

LES HÉBREUX

Oui, devant sa colère

tout s'épouvante et fuit!

ABIMÉLECH

Arrête! insensé, téméraire,

ou crains d'exciter ma colère!

SAMSON

Israël! romps ta chaîne!

O peuple, lève-toi!

Viens assouvir ta haine!

Le seigneur est en moi!

O toi, dieu de lumière,

comme aux jours d'autrefois

exauce ma prière

et combats pour tes lois!

LES HÉBREUX

Israël! romps ta chaîne!

O peuple, lève-toi!

Viens assouvir ta haine!

Le seigneur est en moi!

O toi, dieu de lumière,

comme aux jours d'autrefois

exauce ma prière

et combats pour tes lois!

SAMSON

Oui, devant sa colère

tout s'épouvante et fuit!

On sent trembler la terre,

aux cieux la foudre luit!

Il déchaîne l'orage,

commande à l'ouragan;

on voit sur son passage

reculer l'océan!

Israël! romps ta chaîne!

LES HÉBREUX, SAMSON

Israël! romps ta chaîne!

O peuple, lève-toi!

Viens assouvir ta haine!

Le seigneur est en moi!

O toi, dieu de lumière,

comme aux jours d'autrefois

exauce ma prière

et combats pour tes lois!

Israël! lève-toi! lève-toi!

Abimélech se précipite sur Samson l'épée à la main pour le frapper; Samson lui arrache l'épée des mains et le frappe. Abimélech tombe en criant: « A moi! ». Les Philistins qui accompagnent le satrape veulent le secourir; Samson, brandissant son épée, les éloigne. Ils occupent la droite de la scène, la plus grande confusion règne parmi eux. Samson et les Hébreux sortent à droite.

Scène troisième

Les mêmes, le Grand-Prêtre, serviteurs, gardes.

Les portes du temple de Dagon s'ouvrent; le Grand-Prêtre, suivi de nombreux serviteurs et gardes, descend les degrés du portique; il s'arrête devant le cadavre d'Abimélech; les Philistins s'écartent devant lui.

LE GRAND-PRÊTRE

Que vois-je ? Abimélech ! frappé par des esclaves !

Pourquoi les laisser fuir' ? Courons, courons, mes braves !

Pour venger votre prince, écrasez sous vos coups

ce peuple révolté bravant votre courroux !

PREMIER PHILISTIN

J'ai senti dans mes veines

tout mon sang se glacer;

il semble que des chaînes

soudain vont m'enlacer.

DEUXIÈME PHILISTIN

Je cherche en vain mes armes,

mes bras sont impuissants,

mon cœur est plein d'alarmes,

mes genoux sont tremblants.

LE GRAND-PRÊTRE

Lâches ! Plus lâches que des femmes !

Vous fuyez devant les combats !

De leur dieu craignez-vous les flammes

qui doivent dessécher vos bras ?

Scène quatrième

Les mêmes, un messager Philistin.

MESSAGER

Seigneur ! la troupe furieuse

que conduit et guide Samson

dans sa révolte audacieuse,

accourt, ravageant a moisson !

DEUX PHILISTINS, MESSAGER

Fuyons un danger inutile !

Quittons au plus vite ces lieux;

seigneur, abandonnons la ville

et cachons notre honte aux yeux.

LE GRAND-PRÊTRE

Maudite à jamais soit la race

des enfants d'Israël !

Je veux en effacer la trace,

les abreuver de fiel !

Maudit soit celui qui les guide !

J'écraserai du pied

ses os brisés, sa gorge aride

sans frémir de pitié !

Maudit soit le sein de la femme

qui lui donna le jour !

Qu'enfin une compagne infâme

trahisse son amour !

Maudit soit le dieu qu'il adore,

ce dieu, son seul espoir

et dont ma haine insulte encore

l'autel et le pouvoir !

MESSAGER, DEUX PHILISTINS

Fuyons dans les montagnes,

abandonnons ces lieux,

nos maisons, nos compagnes,

et jusques à nos dieux !

Ils sortent par la gauche, emportant le cadavre d'Abimélech, suivis du Grand-Prêtre. Entrent les Hébreux, vieillards et femmes, à droite.

Scène cinquième

Les femmes et Les vieillards Hébreux, puis Samson, suivi des Hébreux victorieux.

Le jour se lève progressivement. Le soleil se lève complètement.

VIEILLARDS HÉBREUX

Hymne de joie, hymne de délivrance,

montez vers l'eternel !

Il a daigné dans sa toute-puissance

secourir Israël !

Par lui le faible est devenu le maître

du fort qui l'opprimait !

Il a vaincu l'orgueilleux et le traître

dont la voix l'insultait !

(Les jeunes Hébreux conduits par Samson entrent à droite.)

UN VIEILLARD HÉBREU

Il nous frappait dans sa colère,

car nous avions bravé ses lois.

Plus tard, le front dans la poussière,

vers lui nous élevions la voix.

Il dit à ses tribus aimées:

levez-vous, marchez aux combats !

Je suis le seigneur des armées,

je suis la force dc vos bras !

VIEILLARDS HÉBREUX

Il est venu vers nous dans la détresse,

car ses fils lui sont chers.

Que l'univers tressaille d'allégresse !

Il a rompu nos fers !

Hymne de joie, hymne de délivrance,

montez vers l'eternel !

Il a daigné dans sa toute-puissance

secourir Israël !

Scène sixième

Samson, Dalila, les Philistines, Le vieillard Hébreu, Les Hébreux.

Les portes du temple de Dagon s'ouvrent. Dalila entre suivie des femmes Philistines tenant dans leurs mains des guirlandes de fleurs.

LES PHILISTINES

Voici le printemps nous portant des fleurs

pour orner le front des guerriers vainqueurs !

Mêlons nos accents aux parfums des roses

a peine écloses !

Avec l'oiseau chantons, mes sœurs !

Beauté, don du ciel, printemps de nos jours,

doux charme des yeux, espoir des amours,

pénètre les cœurs, verse dans les âmes

tes douces flammes !

Aimons, mes sœurs, aimons toujours !

DALILA

(s'adressant à Samson)

Je viens célébrer la victoire

de celui qui règne en mon cœur.

Dalila veut pour son vainqeur

encor plus d'amour que de gloire !

O mon bien-aimé, suis mes pas

vers Soreck, la douce vallée,

dans cette demeure isolée

où Dalila t'ouvre ses bras !

SAMSON

(à part)

Ô dieu ! Toi qui vois ma faiblesse,

prends pitié de ton serviteur !

Ferme mes yeux, ferme mon cœur

à la douce voix qui me presse !

DALILA

Pour toi, j'ai couronné mon front

des grappes noires du troène,

et mis des roses de Sharon

dans ma chevelure d'ébène !

UN VIEILLARD HÉBREU

Détourne-toi, mon fils, de son chemin !

Evite et crains cette fille étrangère !

Ferme l'oreille à sa voix mensongère,

et du serpent évite le venin !

SAMSON

(à part)

Voile ses traits dont la beauté

trouble mes sens, trouble mon âme !

Et de ses yeux éteins a flamme

qui me ravit la liberté !

DALILA

Doux est le muguet parfumé;

mes baisers le sont plus encore;

et le suc de la mandragore

est moins suave, ô bien-aimé !

Ouvre tes bras à ton amante,

et dépose-la sur ton cœur,

comme un sachet de douce odeur

dont la senteur est enivrante !

Ah ! viens !

SAMSON

(à part)

Flamme ardente qui me dévore,

et qu'elle ravive en ce lieu,

apaise-toi devant mon dieu !

Pitié, seigneur, pour celui qui t'implore !

UN VIEILLARD HÉBREU

Jamais tes yeux n'auront assez de larmes

pour désarmer la colère du ciel'

Danse des prêtresses de Dagon.

(Les jeunes filles qui ont accompagné Dalila dansent en agitant des guirlandes de fleurs et semblent provoquer les guerriers Hébreux qui accompagnent Samson. Ce dernier, profondément troublé, cherche en vain à éviter les regards de Dalila; ses yeux, malgré lui, suivent au milieu des jeunes Philistines, prenant part à leurs poses et à leurs gestes voluptueux.)

DALILA

Printemps qui commence,

portant l'espérance

aux cœurs amoureux,

ton souffle qui passe,

de la terre efface

les jours malheureux.

Tout brûle en notre âme,

et ta douce flamme

vient sécher nos pleurs;

tu rends à la terre,

par un doux mystère,

les fruits et les fleurs.

En vain je suis belle !

Mon cœur plein d'amour,

pleurant l'infidèle,

attend sou retour !

Vivant d'espérance,

mon cœur désolé

garde souvenance

du bonheur passé !

À la nuit tombante,

j'irai, triste amante,

m'asseoir au torrent,

l'attendre en pleurant !

Chassant ma tristesse,

s'il revient un jour,

à lui ma tendresse

et la douce ivresse

qu'un brûlant amour

garde à son retour !

UN VIEILLARD HÉBREU

L'esprit du mal a conduit cette femme

sur ton chemin pour troubler ton repos.

De ses regards fuis la brûlante flamme !

C'est un poison qui consume les os !

DALILA

Chassant ma tristesse,

s'il revient un jour,

à lui ma tendresse

et la douce ivresse

qu'un brûlant amour

garde à son retour !

(Dalila regagne en chantant les degrés du temple et provoque Samson du regard. Il hésite, il lutte et trahit le trouble de son âme.)

Acte deuxième

Prelude.

Scène première

Dalila seule. Elle est plus parée qu'au premier acte. Au lever du rideau, elle est assise sur une roche, près du portique de sa maison et semble rêveuse.

Le théâtre représente la vallée de Soreck en Palestine. À gauche, la demeure de Dalila, précédée d'un léger portique et entourée de plantes asiatiques et de lianes luxuriantes. Au lever du rideau la nuit commence et se fait plus complète pendant toute la durée de l'acte.

Samson, recherchant ma présence,

ce soir doit venir en ces lieux.

Voici l'heure de la vengeance

qui doit satisfaire nos dieux !

Amour ! viens aider ma faiblesse !

Verse le poison dans son sein !

Fais que, vaincu par mon adresse,

Samson soit enchaîné demain !

Il voudrait en vain de son âme

pouvoir me chasser, me bannir !

Pourrait-il éteindre la flamme

qu'alimente le souvenir ?

Il est à moi ! c'est mon esclave !

Mes frères craignent son courroux;

moi, seule entre tous, je le brave

et le retiens à mes genoux !

Amour ! viens aider ma faiblesse !

Verse le poison dans son sein !

Fais que, vaincu par mon adresse,

Samson soit enchaîné demain !

Contre l'amour, sa force est vaine;

et lui, le fort parmi les forts,

lui, qui d'un peuple rompt la chaîne,

succombera sous mes efforts !

Éclair lointain.

Scène deuxième

Dalila, le Grand-Prêtre de Dagon.

Le Grand-Prêtre entre et va vers Dalila.

LE GRAND-PRÊTRE

J'ai gravi la montagne

pour venir jusqu'à toi;

Dagon qui m'accompagne

m'a guidé vers ton toit.

DALILA

Salut à vous, mon père !

Soyez le bienvenu, vous qu'ici l'on révère !

LE GRAND-PRÊTRE

Notre sort t'est connu !

La victoire facile

des esclaves Hébreux

leur a livré la ville.

Nos soldats devant eux

ont fui, pleins d'épouvante

au seul nom de Samson,

dont l'audace effrayante

a troublé leur raison.

Fatal à notre race,

il reçut de son dieu

la force avec l'audace.

Enchaîné par un vœu,

Samson, dès sa naissance,

fut marqué par le ciel

pour rendre la puissance

au peuple d'Israël.

DALILA

Je sais que son courage

brave votre courroux,

et qu'il n'est pas d'outrage

qu'il ne garde pour vous.

LE GRAND-PRÊTRE

À tes genoux sa force

un jour l'abandonna;

mais depuis, il s'efforce

d'oublier Dalila.

On dit que, dans son âme

oubliant ton amour,

il se rit de la flamme

qui ne dura qu'un jour !

DALILA

Je sais que de ses frères

écoutant les discours,

et les plaintes amères

que causent nos amours,

Samson, malgré lui-même,

combat et lutte en vain;

je sais combien il m'aime

et mon cœur ne craint rien.

C'est en vain qu'il me brave,

il est fort aux combats,

mais il est mon esclave

et tremble dans mes bras.

LE GRAND-PRÊTRE

Sers-nous de ta puissance,

prête-nous ton appui !

Que surpris, sans défense,

il succombe aujourd'hui !

Vends-moi ton esclave Samson !

Et, pour te payer sa rançon,

je ne ferai point de promesses;

tu peux choisir dans mes richesses.

DALILA

Qu'importe à Dalila ton or !

Et que pourrait tout un trésor,

si je ne rêvais la vengeance !

Toi-même, malgré ta science,

je t'ai trompé par cet amour.

Samson sut vous dompter un jour;

mais il n'a pu me vaincre encore,

car, autant que toi, je l'abhorre !

LE GRAND-PRÊTRE

J'aurai dû deviner ta haine et ton dessein !

Mon cœur en t'écoutant tressaille d'allégresse.

Mais sur son cœur déjà n'aurais-tu pas en vain

mesuré ta puissance, essayé ton adresse ?

DALILA

Oui, déjà, par trois fois, déguisant mon projet,

j'ai voulu de sa force éclaircir le secret.

J'allumai cet amour, espérant qu'à sa flamme

je lirais l'inconnu dans le fond de son âme.

Mais, par trois fois aussi, déjouant mon espoir,

il ne s'est point livré, ne m'a rien laissé voir.

En vain d'un fol amour j'imitai les tendresses,

espérant amollir son cœur par mes caresses !

J'ai vu ce fier captif, enlacé dans mes bras,

s'arracher de ma couche et courir aux combats.

Aujourd'hui cependant il subit ma puissance,

car je l'ai vu pâlir, trembler en ma présence,

et je sais qu'à cette heure, abandonnant les siens,

il revient en ces lieux resserrer nos liens.

Pour ce dernier combat j'ai préparé mes armes:

Samson ne pourra pas résister à nies larmes.

LE GRAND-PRÊTRE

Que Dagon, notre dieu, daigne étendre son bras !

Tu combats pour sa gloire, et par lui tu vaincras !

DALILA

Il faut, pour assouvir ma haine,

il faut que Dalila l'enchaîne !

Je veux que, vaincu par l'amour,

il courbe le front à son tour !

LE GRAND-PRÊTRE

Je veux, pour assouvir ma haine,

je veux que Dalila l'enchaîne;

il faut que, vaincu par l'amour,

il courbe le front à son tour !

En toi seule est mon espérance,

à toi l'honneur de la vengeance !

DALILA

À moi l'honneur de la vengeance !

À moi l'honneur ! à moi !

Ensemble

LE GRAND-PRÊTRE

À toi l'honneur de la vengeance !

Je veux, pour assouvir ma haine,

je veux que Dalila l'enchaîne;

il faut que, vaincu par l'amour,

il courbe le front à son tour !

Unissons nous tous deux !

Mort au chef des Hébreux !

DALILA

À moi l'honneur de la vengeance !

Il faut, pour assouvir ma haine,

il faut que mon pouvoir l'enchaîne;

je veux que, vaincu par l'amour,

il courbe le front à son tour !

Unissons nous tous deux !

Mort au chef des Hébreux !

LE GRAND-PRÊTRE

Samson, me disais-tu, dans ces lieux doit se rendre ?

DALILA

Je l'attends !

LE GRAND-PRÊTRE

Je m'éloigne, il pourrait nous surprendre.

Bientôt, je reviendrai par de secrets chemins.

Le destin de mon peuple, ô femme, est dans tes mains.

Déchire de son cœur l'invulnérable écorce,

et surprends le secret qui nous cache sa force !

(Il sort. Dalila se rapproche de la gauche de la scène vers le portique de sa maison et s'appuie, rêveuse, contre un des piliers.)

DALILA

Se pourrait-il que sur son cœur

l'amour eût perdu sa puissance ?

La nuit est sombre et sans lueur

rien ne peut trahir sa présence.

Hélas !

Il ne vient pas !

Scène troisième

Dalila, Samson.

Samson arrive par la droite; il semble ému, troublé, hésitant; il regarde autour de lui. La nuit s'assombrit de plus en plus.

Éclairs lointains.

SAMSON

En ces lieux, malgré moi, m'ont ramené mes pas...

Je voudrais fuir, hélas ! et ne puis pas.

Je maudis mon amour et pourtant j'aime encore...

Fuyons, fuyons ces lieux que ma faiblesse adore !

DALILA

(s'avançant vers Samson)

C'est toi, c' est toi, mon bien-aimé !

J'attendais ta présence !

J'oublie, en te voyant, des heures de souffrance !

Salut ! salut ! ô mon doux maître !

SAMSON

Arrête ces transports !

Je ne puis t'écouter sans honte et sans remords !

DALILA

Samson ! ô toi ! mon bien-aimé,

pourquoi, repousser ma tendresse ?

Pourquoi, de mon front parfumé,

pourquoi détourner tes caresses ?

SAMSON

Tu fus toujours chère à mon cœur,

et tu n'en peux être bannie !

J'aurais voulu donner ma vie

à l'amour qui fit mon bonheur !

DALILA

Près de moi pourquoi ces alarmes ?

Aurais-tu douté de mon cœur ?

N'es-tu pas mon maître et seigneur ?

L'amour a-t-il perdu ses charmes ?

SAMSON

Hélas ! esclave de mon dieu,

je subis sa volonté sainte;

il faut, par un dernier adieu,

rompre sans murmure et sans crainte

le doux lien de notre amour.

D'Israël renaît l'espérance.

Le seigneur a marqué le jour

qui verra notre délivrance !

II a dit à son serviteur:

je t'ai choisi parmi tes frères,

pour les guider vers le seigneur

et mettre un terme à leurs misères.

DALILA

Qu'importe à mon cœur désolé

le sort d'Israël et sa gloire !

Pour moi le bonheur envolé

est le seul fruit de ta victoire.

L'amour égarait ma raison

quand je croyais à tes promesses,

et je n'ai bu que le poison

en m'enivrant de tes caresses.

SAMSON

Ah ! cesse d'affliger mon cœur !

Je subis une loi suprême.

Tes pleurs ravivent ma douleur !

Dalila ! Dalila ! je t'aime !

Éclairs lointains.

DALILA

Un dieu plus puissant que le tien,

ami, te parle par ma bouche:

c'est le dieu d'amour, c'est le mien !

Et, si ce souvenir te touche,

rappelle à ton cœur ces beaux jours

passés aux genoux d'une amante

que tu devais aimer toujours,

et qui seule, hélas ! est constante !

SAMSON

Insensée ! oser m'accuser !

Quand pour toi tout parle à mon âme !

Oui ! dût la foudre m'écraser,

dussé-je périr de sa flamme,

Éclairs plus rapprochés.

Pour toi si grand est mon amour,

que j'ose aimer malgré dieu même !

Oui ! dussé-je en mourir un jour,

Dalila ! Dalila ! je t'aime !

DALILA

Mon cœur s'ouvre à ta voix comme s'ouvrent les fleurs

aux baisers de l'aurore !

Mais, ô mon bien-aimé, pour mieux sécher mes pleurs,

que ta voix parle encore !

Dis-moi qu'à Dalila tu reviens pour jamais !

Redis à ma tendresse

les serments d'autrefois, ces serments que j'aimais !

Ah ! réponds à ma tendresse,

verse-moi, verse-moi l'ivresse !

Réponds à ma tendresse.

Ah ! verse-moi, verse-moi l'ivresse !

SAMSON

Dalila ! Dalila ! je t'aime !

DALILA

Ainsi qu'on voit des blés les épis onduler

sous la brise légère,

ainsi frémit mon cœur, prêt à se consoler,

à ta voix qui m'est chère !

La flèche est moins rapide à porter le trépas

que ne l'est ton amante à voler dans tes bras !

Ah ! réponds à ma tendresse !

Verse-moi, verse-moi l'ivresse !

SAMSON

Par mes baisers je veux sécher tes larmes,

et de ton cœur éloigner les alarmes !

Dalila ! Dalila ! je t'aime !

Éclair. - Violent coup de tonnerre.

DALILA

Mais ! non ! que dis-je ? hélas !

la triste Dalila doute de tes paroles !

Égarant ma raison, tu me trompas déjà

par des serments frivoles !

SAMSON

Quand pour toi j'ose oublier dieu,

sa gloire, mon peuple et mon vœu !

Ce dieu qui marqua ma naissance

du sceau divin de sa puissance !

DALILA

Eh bien ! connais donc mon amour !

C'est ton dieu même que j'envie !

Ce dieu qui te donna le jour,

ce dieu qui consacra ta vie !

Le vœu qui t'enchaîne à ce dieu

et qui fait ton bras redoutable,

à mon amour fais-en l'aveu,

chasse le doute qui m'accable !

Éclairs et tonnerre lointains.

SAMSON

Dalila ! que veux-tu de moi ?

Crains que je ne doute de toi !

DALILA

Si j'ai conservé ma puissance,

je veux l'essayer en ce jour.

Je veux éprouver ton amour,

en réclamant ta confiance !

Éclairs et tonnerre de plus en plus rapprochés.

SAMSON

Hélas ! qu'importe à ton bonheur

le lien sacré qui m'enchaîne,

ce secret que garde mon cœur ?

DALILA

Par cet aveu soulage ma douleur !

SAMSON

Pour le ravir, ta force est vaine !

Éclairs sans tonnerre.

DALILA

Oui ! vain est mon pouvoir,

car vaine est ta tendresse !

Quand je veux le savoir,

ce secret qui me blesse,

dont je veux la moitié,

oses-tu dans ton âme

sans honte et sans pitié,

m'accuser d'être infâme ?

SAMSON

D'une immense douleur

ma pauvre âme accablée

implore le seigneur

d'une voix désolée.

DALILA

J'avais paré pour lui

ma jeunesse et mes charmes !

Je n'ai plus aujourd'hui

qu'à répandre des larmes.

SAMSON

Dieu tout-puissant, j'invoque ton appui !

DALILA

Pour ces derniers adieux

ma voix est impuissante.

Fuis ! Samson, fuis ces lieux

où mourra ton amante !

SAMSON

Laisse-moi !

DALILA

Ton secret ?

SAMSON

Je ne puis !

DALILA

Ton secret ?

Ce secret qui cause mes alarmes !

Éclairs sans tonnerre.

SAMSON

L'orage sur ces monts

déchaîne sa colère.

Le seigneur sur nos fronts

fait gronder son tonnerre.

DALILA

Je le brave avec toi !

Viens !

SAMSON

Non !

DALILA

Viens !

SAMSON

Laisse-moi !

DALILA

Que m'importe la foudre !

SAMSON

Je ne puis m'y résoudre -

c'est la voix de mon dieu.

DALILA

Lâche ! cœur sans amour,

je te méprise. Adieu !

Éclairs et tonnerre.

Dalila court vers sa demeure; l'orage est dans toute sa fureur. Samson, levant les bras au ciel, semble invoquer dieu. Il s'élance à la suite de Dalila, hésite et entre enfin dans sa demeure. Par la droite arrivent des soldats Philistins qui s'approchent de la demeure.

Violent coup de tonnerre.

Dalila parait à sa fenêtre.

DALILA

À moi ! Philistins ! à moi !

SAMSON

Trahison !

Les soldats se précipitent dans la demeure de Dalila.

Violent coupe de tonnerre.

Acte troisième

Premier tableau.

Scène première

La prison de Gaza. Samson, enchaîné, aveugle, les cheveux coupés, tourne la meule. Dans la coulisse, chœur des Hébreux captifs.
Samson, les Hébreux

SAMSON

Vois ma misère, hélas ! vois ma détresse !

Pitié, seigneur ! pitié pour ma faiblesse !

J'ai détourné mes pas de ton chemin:

bientôt de moi tu retireras ta main.

Je t'offre, ô dieu, ma pauvre âme brisée.

Je ne suis plus qu'un objet de risée.

Ils m'ont ravi la lumière du ciel;

ils m'ont versé l'amertume et le fiel !

CHŒUR DES HÉBREUX

(derrière la scène)

Samson, qu'as-tu fait de tes frères ?

Qu'as-tu fait du dieu de tes pères ?

SAMSON

Hélas ! Israël dans les fers,

du ciel attirant la vengeance,

a perdu jusqu'à l'espérance

par tous les maux qu'il a soufferts !

Que nos tribus à tes yeux trouvent grâce !

Daigne à ton peuple épargner la douleur !

Apaise-toi devant leurs maux, seigneur,

toi, dont jamais la pitié ne se lasse !

LES HÉBREUX

Dieu nous confiait à ton bras

pour nous guider dans les combats;

Samson, qu'as-tu fait de tes frères ?

SAMSON

Frères ! votre chant douloureux,

pénétrant dans ma nuit profonde,

d'une angoisse mortelle inonde

mon cœur coupable et malheureux.

Dieu ! prends ma vie en sacrifice

pour satisfaire ton courroux !

D'Israël détourne tes coups,

et je proclame ta justice !

LES HÉBREUX

Pour une femme il nous vendait,

de Dalila payant les charmes.

Fils de Manoah, qu'as-tu fait

de notre sang et de nos larmes ?

SAMSON

À tes pieds, brisé, mais soumis,

je bénis la main qui me frappe.

Fais, seigneur, que ton peuple échappe

à la fureur des ennemis !

LES HÉBREUX

Samson, qu'as-tu fait de tes frères ?

Qu'as-tu fait du dieu de tes pères ?

Les Philistins entrent dans la prison; ils entraînent Samson.

Deuxième tableau.

Scène deuxième

Intérieur du temple de Dagon. Statue du dieu, table des sacrifices. Au milieu du sanctuaire deux cotonnes semblent supporter l'édifice.
Le Grand-Prêtre, Dalila, Les Philistins.

Le Grand-Prêtre de Dagon entouré des princes Philistins. Dalila, suivie des jeunes femmes Philistines, couronnées de fleurs, des coupes à la main. Le peuple remplit le temple. Le jour se lève.

LES PHILISTINS

L'aube qui blanchit déjà les coteaux

d'une nuit si belle éteint les flambeaux;

prolongeons la fête, et malgré l'aurore,

aimons encore !

L'amour verse au cœur l'oubli de nos maux.

Au vent du matin, l'ombre de la nuit

comme un léger voile à l'horizon fuit.

L'orient s'empourpre, et sur les montagnes

le soleil luit,

dardant ses rayons au sein des campagnes.

Bacchanale.

Scène troisième

Les mêmes, puis Samson.

Entre Samson conduit par un enfant.

LE GRAND-PRÊTRE

(à Samson)

Salut ! salut au juge d'Israël,

qui vient par sa présence égayer notre fête !

Dalila ! par tes soins qu'une coupe soit prête !

Verse à ton amant l'hydromel !

Il videra sa coupe en chantant sa maîtresse

et sa puissance enchanteresse !

LES PHILISTINS

Samson ! nous buvons avec toi

à Dalila, ta souveraine !

Vide la coupe sans effroi !

L'ivresse dissipe la peine !

SAMSON

(à part)

L'âme triste jusqu'à la mort,

devant toi, seigneur, je m'incline;

que par ta volonté divine

ici s'accomplisse mon sort !

DALILA

(s'approchant de Samson, une coupe à la main)

Laisse-moi prendre ta main

et te montrer le chemin,

comme dans la sombre allée

qui conduit à la vallée,

le jour où, suivant mes pas,

tu m'enlaçais de tes bras !

Tu gravissais les montagnes

pour arriver jusqu'à moi,

et je fuyais mes compagnes

pour être seule avec toi.

Souviens-toi de nos ivresses !

Souviens-toi de mes caresses !

L'amour servait mon projet,

pour assouvir ma vengeance

je t'arrachai ton secret:

je l'avais vendu d'avance.

Tu croyais à cet amour:

c'est lui qui riva ta chaîne.

Dalila venge en ce jour

son dieu, son peuple et sa haine.

LES PHILISTINS

Dalila venge en ce jour

son dieu, son peuple et sa haine.

SAMSON

(à part)

Quand tu parlais, je restais sourd;

et dans le trouble de mon âme,

hélas ! j'ai profané l'amour

en le donnant à cette femme.

LE GRAND-PRÊTRE

Allons, Samson, divertis-nous,

en redisant à ton amante

les doux propos, les chants si doux

dont la passion s'alimente !

Que Jéhovah compatissant

à tes yeux rende la lumière !

Je servirai ce dieu puissant

s'il peut exaucer ta prière !

Mais, incapable à te servir,

ce dieu que tu nommes ton père,

je puis l'outrager, le haïr,

en me riant de sa colère !

SAMSON

Tu permets, ô dieu d'Israël,

que ce prêtre imposteur outrage,

dans sa fureur et dans sa rage,

ton nom, à la face du ciel !

Que ne puis-je venger ta gloire,

et par un prodige éclatant

retrouver pour un seul instant

les yeux, la force et la victoire !

LES PHILISTINS

Ah ! ah ! ah ! Rions de sa fureur !

Tu ne nous fais pas peur !

Dans ta rage impuissante,

Samson, tu n'y vois pas !

Prends garde à tes pas !

Sa colère est plaisante !

Ah ! ah ! ah ! ah !

LE GRAND-PRÊTRE

Viens, Dalila, rendre grâce à nos dieux

qui font trembler Jéhovah dans les cieux !

Du grand Dagon consultons les auspices !

Versons pour lui le vin des sacrifices !

Dalila et le Grand-Prêtre se dirigent vers la table des sacrifices sur laquelle se trouvent les coupes sacrées. Un feu brûle sur l'autel qui est orné de fleurs. Dalila et le Grand-Prêtre, prenant les coupes, font une libation sur le feu sacré qui s'active, puis disparaît, pour reparaître au troisième couplet de l'invocation. Samson est resté au milieu de la scène, ayant près de lui l'enfant qui le conduit; il est accablé par la douleur et semble prier.

Ensemble

LE GRAND-PRÊTRE

Gloire à Dagon vainqueur !

Il aidait ta faiblesse,

inspirant à ton cœur

et la force et l'adresse.

Ô toi ! le plus grand entre tous !

Toi qui fis la terre où nous sommes,

que ton esprit soit avec nous,

ô maître des dieux et des hommes !

DALILA

Gloire à Dagon vainqueur !

Il aidait ma faiblesse,

inspirant à mon cœur

et la force et l'adresse.

Ô toi ! le plus grand entre tous !

Toi qui fis la terre où nous sommes,

que ton esprit soit avec nous,

ô maître des dieux et des hommes !

LES PHILISTINS

Marqué d'un signe

nos longs troupeaux:

mûris la vigne

sur nos coteaux !

Rends à la plaine

notre moisson

que, dans sa haine,

brûla Samson !

DALILA, LE GRAND-PRÊTRE

Reçois sur nos autels

le sang de nos victimes

que t'offrent des mortels

pour expier leurs crimes.

Aux yeux de tes prêtres divins,

pouvant seuls contempler ta face,

montre l'avenir qui se cache

aux regards des autres humains !

LES PHILISTINS

Dieu, sois propice

à nos destins !

Que ta justice

aux Philistins

donne la gloire

dans les combats !

Que la victoire

suive nos pas !

DALILA, LE GRAND-PRÊTRE, LES PHILISTINS

Dagon se révèle !

La flamme nouvelle

sur l'autel

renaît de la cendre.

L'immortel

pour nous va descendre !

C'est le dieu

qui par sa présence

montre sa puissance !

Ah ! L'immortel

pour nous va descendre !

C'est le dieu

qui par sa présence

montre sa puissance

en ce lieu.

Sur l'autel,

renaît de la cendre !

Dagon se révèle !

LE GRAND-PRÊTRE

(à Samson)

Pour que le sort soit favorable,

allons, Samson, viens avec nous,

à Dagon, le dieu redoutable,

offrir ta coupe à genoux !

LE GRAND-PRÊTRE

(à l'enfant)

Guidez ses pas vers le milieu du temple,

pour que de loin le peuple le contemple.

SAMSON

Seigneur, inspire-moi, ne m'abandonne pas !

(à l'enfant)

Vers les piliers de marbre, enfant, guide mes pas !

(L'enfant conduit Samson entre les deux piliers.)

LES PHILISTINS

Dagon se révèle,

la flamme nouvelle,

sur l'autel

renaît de la cendre;

c'est le dieu

qui par sa présence

montre sa puissance

en ce lieu !

Dieu, sois propice

à nos destins !

Que ta justice

aux Philistins

donne la gloire

dans les combats !

Que la victoire

suive nos pas !

Devant toi, d'Israël

disparaît l'insolence !

Nos bras guidés par ton esprit,

dans les combats

ou par tes charmes,

ont vaincu ce peuple maudit,

bravant ta colère et tes armes.

À nos destins,

dieu, sois propice !

Gloire à Dagon !

SAMSON

(placé entre les deux piliers, cherchant à les ébranler)

Souviens-toi de ton serviteur

qu'ils ont privé de la lumière !

Daigne pour un instant, seigneur,

me rendre ma force première !

Qu'avec toi je me venge, ô dieu !

en les écrasant en ce lieu !

Le temple s'écroule au milieu des cris.

Rideau.

Fin du livret.

Generazione pagina: 13/02/2016
Pagina: ridotto, rid
Versione H: 3.00.40 (D)

Locandina Acte premier Scène première Scène deuxième Scène troisième Scène quatrième Scène cinquième Scène sixième Acte deuxième Scène première Scène deuxième Scène troisième Acte troisième Scène première Scène deuxième Scène troisième