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Damnation de Faust

DAMNATION DE FAUST

Légende dramatique en quatre parties.

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Livret de Hector BERLIOZ, Almire GANDONNIÈRE.
Musique de Hector BERLIOZ.

Première représentation : 6 Décembre 1846, Paris.


Personnages:

MARGUERITE

mezzo-soprano

FAUST

ténor

MÉPHISTOPHÉLÈS

baryton

BRANDER

basse


Paysans, Étudiants, Bourgeois, Soldats, Gnomes, Sylphes, Follets, Voisins et voisines, Démon et damnés, Esprit célestes, Anges.

Plaine de Hongrie, Nord de l’Allemagne, Bosquets et prairies du bord de l’Elbe, Chambre de Marguerite, Forêts, cavernes, Plaines, montagnes et vallées, Enfer, Sur la terre, Dans le ciel.

Note

La page de titre du manuscrit autographe de la partition porte la note suivante de la main de Berlioz: "Les paroles du récitatif de Méphistophélès dans la cave de Leipzig, de la chanson latine des étudiants, du récitatif qui précède la danse des follets, du Final de la 3ème partie, de toute la 4ème (à l’exception de la Romance de Marguerite) et de l’Epilogue, sont de m. H. Berlioz."

Avant-propos

Le titre seul de cet ouvrage indique qu'il n'est pas basé sur l'idée principale du Faust de Goethe, puisque, dans l'illustre poème, Faust est sauvé. L'auteur de la Damnation de Faust a seulement emprunté à Goethe un certain nombre de scènes qui pouvaient entrer dans le plan qu'il s'était tracé, scènes dont la séduction sur son esprit était irrésistible. Mais fût-il resté fidèle à la pensée de Goethe, il n'en eût pas moins encouru le reproche, que plusieurs personnes lui ont déjà adressé (quelques-unes avec amertume), d'avoir mutilé un monument.

En effet, on sait qu'il est absolument impraticable de mettre en musique un poëme de quelque étendue, qui ne fut pas écrit pour être chanté, sans lui faire subir une foule de modifications. Et de tous les poëmes dramatiquea existants, Faust, sans aucun doute, est le plus impossible à chanter intégralement d'un bout à l'autre. Or si, tout en conservant la donnée du Faust de Goethe, il faut, pour en faire le sujet d'une composition nmusicale, modifier le chef-d'œuvre de cent façons diverses, le crime de lèse-majesté du génie est tout aussi évident dans ce cas que dans l'autre et mérite une égale réorobation.

Il s'ensuit, alors, qu'il devrait être interdit aux musiciens de choisir pour thèmes de leurs compositions des poëmes illustres. Nous serions ainsi privés de lopéra de Don Juan, de Mozart, pour le livret duquel Da Ponte a modifié le Don Juan de Molière; nous ne posséderions pas non plus son Mariage de Figaro, pour lequel le texte de la comédie de Beaumarchais n'a certes pas été respecté; ni celui du Barber de Séville, de Rossini, par la même raison; ni l'Alceste de Gluck, qui n'est qu'une paraphrase informe de la tragédie d'Euripide; ni son Iphigénie en Aulide, pour laquelle on a inutilement (et ceci est vraiment coupable) gâté des vers de Racine, qui pouvaient parfaitement entrer avec leur pure beauté dans les récitatifs; on n'eût écrit aucun des nombreux opéras qui existent sur des drames de Shakespeare; enfin, m. Spohr serait paut-être condamnable d'avoir produit une œuvre qui porte aussi le nom de Faust, où l'on trouve les personnages de Faust, de Méphistophélès, de Marguerite, une scène de sorcières, et qui pourtant ne ressemble point au poëme de Goethe.

Maintenant, aux observations de détail qui ont été faites sur le livret de la Damnation de Faust, il sera également facile de répondre.

Pourquoi l'auteur, dit-on, a-t-il fait aller son personnage en Hongrie ?

Parce qu'il avait envie de faire entendre un morceau de musique instrumentale dont le thème est hongrois- Il l'avoue sincérement. Il l'eût mené partout ailleurs, s'il eût trouvé la moindre raison musicale de le faire. Goethe, lui-même, dans le second Faust, n'a-t-il pas conduit son héros à Sparte, dans le palais de Ménélas ?

La légende du docteur Faust peut être traitée de toutes manières: elle est du domaine public; elle avait été dramatisée avant Goethe; elle circulait depuis longtemps sous diverses formes dans le monde littéraire du nord de l'Europe, quand il s'en empara; le Faust de Marlowe jouissait même, en Angleterre, d'une sorte de célébrité, d'une gloire réelle que Goethe a fait pâlir et disparaître.

Quant à ceux des vers allemands, chantés dans la Damnation de Faust, qui sont des vers de Goethe altérés, ils doivent évidemment choquer les oreilles allemandes, comme les vers de Racine, altérés sans raison dan l'Iphigénie de Gluck, choquent les oreilles françaises. Seulement, on ne doit pas oublier que la partition de cet ouvrage fut écrite sur un texte français, qui, dans certaines parties, est lui-même une traduction de l'allemand, et que, pour satisfaire ensuite au désir du compositeur de soumettre son œuvre au jugement du pubblic le plus musical de l'Europe, il a fallu écrire en allemand une traduction de la traduction.

Peut-être ces observations paraîtront-elles puériles à d'excellents esprits qui voient tout de suite le fond des choses et n'aiment pas qu'on s'évertue à leur prouver qu'on est incapable de vouloir mettre à la mair Caspienne ou faire sauter le mont Blanc. M. H. Berlioz n'a pas cru pouvoir s'en dispenser, néanmoins, tant il lui est pènible de se voir accuser d'infidélité à la religion de toute sa vie, et de manquer, même indirectement, de respect au génie.

Première partie
Scène première

Plaine de Hongrie.
Faust seul, dans les champs, au lever du soleil.

Le vieil hiver a fait place au printemps;

la nature s’est rajeunie;

des cieux la coupole infinie

laisse pleuvoir mille feux éclatants.

Je sens glisser dans l’air la brise matinale;

de ma poitrine ardente un souffle pur s’exhale.

J’entends autour de moi le réveil des oiseaux,

le long bruissement des plantes et des eaux.

Oh ! qu’il est doux de vivre au fond des solitudes,

loin de la lutte humaine et loin des multitudes !...

Scène deuxième

Danse des paysans.

[Ronde en chœur]

CHŒUR

Premier couplet.

Les bergers laissent leurs troupeaux;

pour la fête ils se rendent beaux;

rubans et fleurs sont leur parure;

sous les tilleuls, les voilà tous,

dansant, sautant comme des fous.

Ha ! ha ! ha ! ha !

Landerira !

Suivez donc la mesure !

FAUST

Quels sont ces cris ? quel est ce bruit lointain ?

Ce sont des villageois, au lever du matin,

qui dansent en chantant sur la verte pelouse.

De leurs plaisirs ma misère est jalouse.

CHŒUR

Deuxième couplet.

Ils passaient tous comme l’éclair,

et les robes volaient en l’air;

mais bientôt on fut moins agile:

le rouge leur montait au front;

et l’un sur l’autre dans le rond.

Ha ! ha ! ha ! ha !

Landerira !

Tous tombaient à la file.

Troisième couplet.

Ne me touchez donc pas ainsi !

~ Paix ! ma femme n’est point ici !

Profitons de la circonstance !

Dehors il l’emmena soudain,

et tout pourtant allait son train.

Ha ! ha ! ha ! ha !

Landerira !

La musique et la danse.

Scène troisième

Une autre partie de la plaine. Une armée qui s’avance.

FAUST

Mais d’un éclat guerrier les campagnes se parent.

Ah ! les fils du Danube aux combats se préparent !

Avec quel air fier et joyeux

ils portent leur armure ! et quel feu dans leurs yeux !

Tout cœur frémit à leur chant de victoire;

le mien seul reste froid, insensible à la gloire.

[Marche hongroise]

(Le thème de cette marche, que m. Berlioz a instrumenté et developpé, est célèbre en Hongrie sous le nom de Rakoczy: il est très-ancien, d'un auteur inconnu; c'est le chant de guerre des Hongrois.)

Les troupes passent. Faust s’éloigne.

Deuxième partie
Scène quatrième

Nord de l’Allemagne.
Faust, seul dans son cabinet de travail.

Sans regrets j’ai quitté les riantes campagnes

où m’a suivi l’ennui;

sans plaisirs je revois nos altières montagnes;

dans ma vieille cité je reviens avec lui.

Oh ! je souffre ! je souffre ! et la nuit sans étoiles,

qui vient d’étendre au loin son silence et ses voiles,

ajoute encore à mes sombres douleurs.

Ô terre ! pour moi seul tu n’as donc pas de fleurs !

Par le monde, où trouver ce qui manque à ma vie ?

Je chercherais en vain, tout fuit mon âpre envie !

Allons, il faut finir !... Mais je tremble... Pourquoi

trembler devant l’abîme entr’ouvert devant moi ?

Ô coupe trop longtemps à mes désirs ravie,

viens, viens, noble cristal, verse-moi le poison

qui doit illuminer

ou tuer ma raison.

(Il porte la coupe à ses lèvres. Sons des cloches. Chants religieux dans l’église voisine.)

[Hymne de la Fête de Pâques]

CHŒUR

Christ vient de ressusciter !

Quittant du tombeau

le séjour funeste,

au parvis céleste

il monte plus beau.

Vers les gloires immortelles

tandis qu’il s’élance à grands pas,

ses disciples fidèles

languissent ici-bas.

Hélas ! c’est ici qu’il nous laisse

sous les traits brûlants du malheur.

Ô divin maître ! ton bonheur

est cause de notre tristesse.

Maus crayons en sa parole éternelle.

Nous le suivrons un jour

au céleste sejour

où sa voix nous appelle.

Hosanna !

Hosanna !

FAUST

Qu’entends-je ? Ô souvenirs ! Ô mon âme tremblante !

Sur l’aile de ces chants vas-tu voler aux cieux ?...

La foi chancelante

revient, me ramenant la paix des jours pieux,

mon heureuse enfance,

la douceur de prier,

la pure jouissance

d’errer et de rêver

par les vertes prairies,

aux clartés infinies

d’un soleil de printemps !

Ô baiser de l’amour céleste

qui remplissais mon cœur de doux pressentiments

et chassais tout désir funeste !...

Hélas ! doux chants du ciel, pourquoi dans sa poussière

réveiller le maudit ? Hymnes de la prière,

pourquoi soudain venir ébranler mon dessein ?

Vos suaves accords rafraîchissent mon sein.

Chants plus doux que l’aurore

retentissez encore:

mes larmes ont coulé, le ciel m’a reconquis.

Scène cinquième

Faust et Méphistophélès.

MÉPHISTOPHÉLÈS

(apparaissant brusquement)

Ô pure émotion ! Enfant du saint parvis !

Je t’admire, docteur ! Les pieuses volées

des ces cloches d’argent

ont charmé grandement

tes oreilles troublées !

FAUST

Qui donc es-tu, toi dont l’ardent regard

pénètre ainsi que l’éclat d’un poignard,

et qui, comme la flamme,

brûle et dévore l’âme ?

MÉPHISTOPHÉLÈS

Vraiment pour un docteur, la demande est frivole !

Je suis l’esprit de vie, et c’est moi qui console.

Je te donnerai tout, le bonheur, le plaisir,

tout ce que peut rêver le plus ardent désir !

FAUST

Eh bien ! pauvre démon, fais-moi voir tes merveilles !

MÉPHISTOPHÉLÈS

Certes ! j’enchanterai tes yeux et tes oreilles.

Au lieu de t’enfermer, triste comme le ver

qui ronge tes bouquins, viens ! suis-moi ! change d’air !

FAUST

J’y consens.

MÉPHISTOPHÉLÈS

Partons donc pour connaître la vie.

Et laisse le fatras de la philosophie !

(Ils disparaissent dans les airs.)

Scène sixième

La cave d’Auerbach à Leipzig.
Faust, Méphistophélès, Brander, Étudiants, Bourgeois, Soldats.

CHŒUR DE BUVEURS

À boire encor ! du vin

du Rhin !

MÉPHISTOPHÉLÈS

Voici, Faust, un séjour de folle compagnie.

Ici vins et chansons réjouissent la vie.

CHŒUR

Oh ! qu’il fait bon, quand le ciel tonne,

rester près d’un bol enflammé,

et se remplir comme une tonne

dans un cabaret enfumé !

J’aime le vin et cette eau blonde

qui fait oublier le chagrin.

Quand ma mère me mit au monde

j’eus un ivrogne pour parrain.

Oh ! qu’il fait bon, quand le ciel tonne,

etc.

QUELQUES BUVEURS

Qui sait quelque plaisante histoire ?

En riant le vin est meilleur.

À toi, Brander !

AUTRES BUVEURS

Il n’a plus de mémoire !

BRANDER

(ivre)

J’en sais une, et j’en suis l’auteur.

TOUS

Eh bien donc, vite !

BRANDER

Puis qu’on m’invite,

je vais vous chanter du nouveau.

TOUS

Bravo ! bravo !

[Chanson de Brander]

Premier couplet

BRANDER

Certain rat, dans une cuisine

établi, comme un vrai frater,

s’y traitait si bien que sa mine

eût fait envie au gros Luther.

Mais un beau jour le pauvre diable,

empoisonné, sauta dehors

aussi triste, aussi misérable

que s’il eût eu l’amour au corps !

CHŒUR

Que s’il eût eu l’amour au corps !

Deuxième couplet

BRANDER

Il courait devant et derrière;

il grattait, reniflait, mordait,

parcourait la maison entière;

la rage à ses maux ajoutait,

au point qu’à l’aspect du délire

qui consumait ses vains efforts,

les mauvais plaisants pouvaient dire:

il a, ma foi, l’amour au corps.

CHŒUR

Il a, ma foi, l’amour au corps.

Troisième couplet

BRANDER

Dans le fourneau le pauvre sire

crut pourtant se cacher très bien;

mais il se trompait, et le pire,

c’est qu’on l’y fit rôtir enfin.

La servante, méchante fille,

de son malheur rit bien alors !

Ah ! disait-elle, comme il grille !

Il a vraiment l’amour au corps !

CHŒUR

Il a vraiment l’amour au corps !

Requiescat in pace. Amen.

BRANDER

Pour l’amen une fugue ! une fugue, un choral !

Improvisons un morceau magistral !

MÉPHISTOPHÉLÈS

(bas à Faust)

Écoute bien ceci ! nous allons voir, docteur,

la bestialité dans toute sa candeur.

[Fugue sur le thème de la chanson de Brander]

CHŒUR

Amen. A... men. A... men. Amen.

MÉPHISTOPHÉLÈS

(s'avançant)

Vrai dieu, messieurs, votre fugue est fort belle,

et telle

qu’à l’entendre on se croit aux saints lieux !

Souffrez qu’on vous le dise:

le style en est savant, vraiment religieux;

on ne saurait exprimer mieux

les sentiments pieux

qu’en terminant ses prières l’église

en un seul mot résume. Maintenant,

puis-je à mon tour riposter par un chant

sur un sujet non moins touchant

que le vôtre ?

CHŒUR

Ah ça ! mais se moque-t-il de nous ?

Quel est cet homme ?

Oh ! qu’il est pâle, et comme

son poil est roux !

N’importe ! Volontiers ! Autre chanson ! À vous !

[Chanson de Méphistophélès]

MÉPHISTOPHÉLÈS

Premier couplet

Une puce gentille

chez un prince logeait.

Comme sa propre fille,

le brave homme l’aimait,

et, l’histoire l’assure,

à son tailleur, un jour,

lui fit prendre mesure

pour un habit de cour.

Deuxième couplet

L’insecte, plein de joie,

dès qu’il se vit paré

d’or, de velours, de soie,

et de croix décoré,

fit venir de province

ses frères et ses sœurs

qui, par ordre du prince,

devinrent grands seigneurs.

Troisième couplet

Mais ce qui fut bien pire,

c’est que les gens de cour,

sans en oser rien dire,

se grattaient tout le jour.

Cruelle politique !

Ah ! plaignons leur destin,

et, dès qu’une nous pique,

écrasons-la soudain !

CHŒUR

Ha ! ha ! Bravo !

Bravissimo !

Écrasons-la soudain !

FAUST

Assez ! fuyons ces lieux, où la parole est vile,

la joie ignoble et le geste brutal !

N’as-tu d’autres plaisirs, un séjour plus tranquille

à me donner, toi, mon guide infernal ?

MÉPHISTOPHÉLÈS

Ah ! ceci te déplaît ! suis-moi !

(Ils partent à travers les airs sur le manteau de Faust.)

Scène septième

Bosquets et prairies du bord de l’Elbe.
Faust, Méphistophélès, Chœur de gnomes et de sylphes.

Air de Méphistophélès

MÉPHISTOPHÉLÈS

Voici des roses,

de cette nuit écloses.

Sur ce lit embaumé,

ô mon Faust bien-aimé,

repose !

Dans un voluptueux sommeil

où glissera sur toi plus d’un baiser vermeil,

où des fleurs pour ta couche ouvriront leurs corolles,

ton oreille entendra de divines paroles.

Écoute ! les esprits de la terre et de l’air

commencent pour ton rêve un suave concert.

Songe de Faust

CHŒUR DE SYLPHES ET DE GNOMES

Dors, heureux Faust, dors ! Bientôt, sous un voile

d’or et d’azur, tes yeux vont se fermer;

au front des cieux va briller ton étoile.

De sites ravissants

la campagne se couvre,

et notre œil y découvre

des prés, des bois, des champs,

et d’épaisses ramées,

où de tendres amants

promènent leurs pensées.

MÉPHISTOPHÉLÈS, CHŒUR

Une beauté les suit

ingénue et pensive;

à sa paupière luit

une larme furtive.

Faust ! elle t'aimera

bientôt.

FAUST

(endormi)

Margarita !

CHŒUR

À l’entour des montagnes

le lac étend ses flots,

dans les vertes campagnes

il serpente en ruisseaux.

Là, de chants d’allégresse

la rive retentit.

D’autres chœurs là sans cesse

la danse nous ravit.

Les uns gaîment s’avancent

autour des coteaux verts,

de plus hardis s’élancent

au sein des flots amers.

Partout l’oiseau timide,

cherchant l’ombre et le frais,

s’enfuit d’un vol rapide

au milieu des marais.

Tous, pour goûter la vie,

tous cherchent dans les cieux

une étoile chérie

qui s’alluma pour eux.

Dors, dors !

FAUST

(endormi)

Margarita !

CHŒUR

C'est elle

qu’amour te destina. Regarde ! qu'elle est belle !

MÉPHISTOPHÉLÈS

Le charme opère; il est à nous !

C’est bien, jeunes esprits, je suis content de vous.

Bercez, bercez son sommeil enchanté !

Ballet des sylphes

(Les esprits de l’air se balancent quelque temps en silence autour de Faust endormi et disparaissent peu à peu.)

FAUST

(s’éveillant)

Quelle céleste image ! Oh ! qu’ai-je vu ! Quel ange

au front mortel !

Où le trouver ? Vers quel autel

traîner à ses pieds ma louange ?...

MÉPHISTOPHÉLÈS

Eh bien ! il faut me suivre encor

jusqu’à cette alcôve embaumée

où repose ta bien-aimée.

À toi seul ce divin trésor !

Des étudiants voici la joyeuse cohorte

qui va passer devant sa porte;

parmi ces jeunes fous, au bruit de leurs chansons,

vers ta beauté nous parviendrons.

Mais contiens tes transports et suis bien mes leçons.

Scène huitième

Étudiants, Soldats, marchant vers la ville.

[Final]

SOLDATS

Villes entourées

de murs et remparts,

fillettes sucrées,

aux malins regards,

victoire certaine

près de vous m’attend;

si grande est la peine,

le prix est plus grand.

Au son des trompettes,

les braves soldats

s’élancent aux fêtes

ou bien aux combats;

fillettes et villes

font les difficiles;

bientôt tout se rend.

Si grande est la peine,

le prix est plus grand.

ÉTUDIANTS

Jam nox stellata velamina pandit;

nunc bibendum et amandum est !

Vita brevis fugaxque voluptas.

Gaudeamus igitur, gaudeamus !...

Nobis sub ridente luna, per urbem quaerentes puellas eamus !

ut cras, fortunati Caesares, dicamus:

Veni, vidi, vici ! Gaudeamus igitur ! gaudeamus ! (1)

(1) Déjà la nuit étend ses voiles étoilés; c'est l'heure de boire et d'aimer. La vie est courte et le plaisir fugitif ! Réjoissons-nous donc, réjoissons-nous ! Pendant que la lune nous sourit, aillons par la ville cherchant les jeunes filles, pour que demain, heureux Césars, nous disions: Je suis venu, j'ai vu, j'ai vaincu ! Réjoissons-nous donc, réjoissons-nous !

Ensemble

SOLDATS

Villes entourées

etc.

ÉTUDIANTS, FAUST, MÉPHISTOPHÉLÈS

Jam nox stellata velamina pandit

etc.

Troisième partie
Scène neuvième

Des tambours et des trompettes sonnant au loin la retraite.
Faust, le soir, dans la chambre de Marguerite

FAUST

Merci, doux crépuscule ! Oh ! sois le bienvenu !

Éclaire enfin ces lieux, sanctuaire inconnu,

où je sens à mon front glisser comme un beau rêve,

comme le frais baiser d’un matin qui se lève.

C’est de l’amour, j’espère... Oh ! comme on sent ici

s’envoler le souci !

Que j’aime ce silence, et comme je respire

un air pur !... Ô seigneur,

après ce long martyre,

que de bonheur !

Ô jeune fille ! ô ma charmante !

Ô ma trop idéale amante !

Quel sentiment j’éprouve en ce moment fatal !

Que j’aime à contempler ton chevet virginal !

Quel air pur je respire !

Seigneur ! Seigneur !

Après ce long martyre,

que de bonheur !

(Faust, marchant lentement, examine avec une curiosité passionnée l’intérieur de la chambre de Marguerite.)

Scène dixième

Méphistophélès, Faust.

MÉPHISTOPHÉLÈS

(accourant)

Le voici, je l’entends ! Sous ces rideaux de soie

cache-toi.

FAUST

Dieu ! mon cœur se brise dans la joie !

MÉPHISTOPHÉLÈS

Profite des instants. Adieu, modère-toi,

ou tu la perds.

(Il cache Faust sous les rideaux.)

Bien. Mes follets et moi

nous allons vous chanter un bel épithalame.

(Il sort.)

FAUST

Oh ! calme-toi, mon âme !

Scène onzième

Marguerite, Faust.

MARGUERITE

(entrant, une lampe à la main)

Que l’air est étouffant !

J’ai peur comme une enfant;

c’est mon rêve d’hier qui m’a toute troublée...

En songe je l’ai vu... lui... mon futur amant.

Qu’il était beau ! Dieu ! j’étais tant aimée !

Et combien je l’aimais !

Nous verrons-nous jamais

dans cette vie ?...

Folie !...

(Elle chante en tressant ses cheveux.)

[Le roi de Thulé – Chanson gothique]

Premier couplet

Autrefois un roi de Thulé,

qui jusqu’au tombeau fut fidèle,

reçut, à la mort de sa belle,

une coupe d’or ciselé.

Comme elle ne le quittait guère,

dans les festins les plus joyeux,

toujours une larme légère

à sa vue humectait ses yeux.

Deuxième couplet

Ce prince, à la fin de sa vie,

lègue ses villes et son or,

excepté la coupe chérie

qu’à la main il conserve encor.

Il fait, à sa table royale,

asseoir ses barons et ses pairs,

au milieu de l’antique salle

d’un château que baignaient les mers.

Troisième couplet

Le buveur se lève et s’avance

auprès d’un vieux balcon doré;

il boit, et soudain sa main lance

dans les flots le vase sacré.

Le vase tombe; l’eau bouillonne,

puis se calme aussitôt après.

Le vieillard pâlit et frissonne:

il ne boira plus désormais.

Autrefois un roi de Thulé...

Jusqu’au tombeau... fut fidèle...

(Profond soupir.)

Ah !...

Scène douzième

Une place devant la maison de Marguerite.
Méphistophélès, Follets.

[Évocation]

MÉPHISTOPHÉLÈS

Esprits des flammes inconstantes,

accourez ! j’ai besoin de vous.

Follets capricieux, vos lueurs malfaisantes

vont charmer une enfant et l’amener à nous.

Au nom du diable, en danse !

Et vous, marquez bien la cadence,

ménétriers d’enfer, ou je vous éteins tous.

(Les follets exécutent des évolutions et des danses bizarres autour de la maison de Marguerite.)

[Ballet]

(faisant le geste d’un homme qui joue de la vielle)

Maintenant,

chantons à cette belle une chanson morale,

pour la perdre plus sûrement.

[Sérénade de Méphistophélès avec Chœur de follets]

Devant la maison

de celui qui t’adore,

petite Louison,

que fais-tu dès l’aurore ?

Au signal du plaisir,

dans la chambre du drille,

tu peux bien entrer fille,

mais non fille en sortir.

Il te tend les bras:

près de lui tu cours vite.

Bonne nuit, hélas !

Bonne nuit, ma petite.

Près du moment fatal

fais grande résistance,

s’il ne t’offre d’avance

un anneau conjugal.

CHŒUR

Il te tend les bras

etc.

MÉPHISTOPHÉLÈS

Chut ! chut ! disparaissez !... silence !...

(Les follets s'abiment.)

Allons voir roucouler nos tourtereaux.

Scène treizième

Chambre de Marguerite.
Faust, Marguerite.

MARGUERITE

(apercevant Faust)

Grands dieux !

Que vois-je ! est-ce bien lui ? dois-je en croire mes yeux ?...

FAUST

Ange adoré dont la céleste image

avant de te connaître illuminait mon cœur,

enfin je t’aperçois, et du jaloux nuage

qui te cachait encor mon amour est vainqueur.

Marguerite, je t’aime !

MARGUERITE

Tu sais mon nom ? Moi-même

j’ai souvent dit le tien:

Faust !...

FAUST

Ce nom est le mien;

un autre le sera, s’il te plaît davantage.

MARGUERITE

En songe je t’ai vu tel que je te revois.

FAUST

En songe !... tu m’as vu !...

MARGUERITE

Je reconnais ta voix,

tes traits, ton doux langage...

FAUST

Et tu m’aimais ?

MARGUERITE

Je... t’attendais.

FAUST

Marguerite adorée !

MARGUERITE

Ma tendresse inspirée

était d’avance à toi.

FAUST

Marguerite est à moi !

Ensemble

MARGUERITE

Mon bien-aimé, ta noble et douce image

avant de te connaître illuminait mon cœur,

enfin je t’aperçois, et du jaloux nuage

qui te cachait encor mon amour est vainqueur.

FAUST

Ange adoré dont la céleste image

avant de te connaître illuminait mon cœur,

enfin je t’aperçois, et du jaloux nuage

qui te cachait encor mon amour est vainqueur.

Ensemble

FAUST

(avec élan)

Marguerite ! ô tendresse !

Cède à l’ardente ivresse

qui vers toi m’a conduit.

MARGUERITE

Je ne sais quelle ivresse,

brûlante enchanteresse,

dans ses bras me conduit.

MARGUERITE

Quelle langueur s’empare de mon être !...

FAUST

Au vrai bonheur dans mes bras tu vas naître.

Viens...

MARGUERITE

Dans mes yeux des pleurs...

Tout s’efface... Je meurs...

Scène quatorzième

Faust, Marguerite, Méphistophélès.

MÉPHISTOPHÉLÈS

(entrant brusquement)

Allons, il est trop tard !

MARGUERITE

Quel est cet homme ?

FAUST

Un sot.

MÉPHISTOPHÉLÈS

Un ami.

MARGUERITE

Son regard

me déchire le cœur.

MÉPHISTOPHÉLÈS

Sans doute je dérange...

FAUST

Qui t’a permis d’entrer ?

MÉPHISTOPHÉLÈS

Il faut sauver cet ange !

Déjà tous les voisins, éveillés par nos chants,

accourent, désignant la maison aux passants;

en raillant Marguerite, ils appellent sa mère.

La vieille va venir...

FAUST

Que faire ?

MÉPHISTOPHÉLÈS

Il faut partir !

FAUST

Damnation !

MÉPHISTOPHÉLÈS

Vous vous verrez demain; la consolation

est bien près de la peine.

MARGUERITE

Oui, demain, bien-aimé ! Dans la chambre prochaîne

déjà j’entends du bruit.

FAUST

Adieu donc, belle nuit

à peine commencée ! Adieu, festin d’amour

que je m’étais promis !

MÉPHISTOPHÉLÈS

Partons, voilà le jour !

FAUST

Te reverrai-je encor, heure trop fugitive,

où mon âme au bonheur allait enfin s’ouvrir !

MÉPHISTOPHÉLÈS

La foule arrive:

hâtons nous de partir !

CHŒUR DE VOISINS ET VOISINES

(dans la rue)

Holà ! mère Oppenheim, vois ce que fait ta fille !

L'avis n'est pas hors de saison:

un galant est dans ta maison,

et tu verras dans peu s'accroître ta famille.

MARGUERITE

Ciel ! entends-tu ces cris ? Devant dieu, je suis morte

si l’on te trouve ici !

MÉPHISTOPHÉLÈS

Viens ! on frappe à la porte !

FAUST

Ô fureur !

MÉPHISTOPHÉLÈS

Ô sottise !

MARGUERITE

Adieu, adieu, par le jardin

vous pouvez échapper.

FAUST

Ô mon ange ! à demain !

MÉPHISTOPHÉLÈS

À demain ! à demain !

Ensemble

FAUST

Je connais donc enfin tout le prix de la vie,

le bonheur m’apparaît, il m’appelle et je vais le saisir.

L’amour s’est emparé de mon âme ravie,

il comblera bientôt mon dévorant désir.

MARGUERITE

Ô mon Faust bien-aimé, je te donne ma vie !

Pourrai-je te charmer au gré de mon désir ?...

L'amour s'est emparé de mon âme ravie.

Il m'entraîne vers toi: te perdre, c'est mourir.

MÉPHISTOPHÉLÈS

Je puis donc à mon gré te traîner dans la vie,

fier esprit ! Sans combler ton dévorant désir,

l’amour en t’enivrant doublera ta folie,

et le moment approche où je vais te saisir.

CHŒUR

(au dehors)

Holà ! mère Oppenheim, vois ce que fait ta fille

etc.

Quatrième partie
Scène quinzième

Chambre de Marguerite.
Marguerite, seul.

[Romance]

I

D’amour l’ardente flamme

consume mes beaux jours.

Ah ! la paix de mon âme

a donc fui pour toujours !

II

Son départ, son absence

sont pour moi le cercueil,

et loin de sa présence

tout me paraît en deuil.

III

Alors ma pauvre tête

se dérange bientôt,

mon faible cœur s’arrête,

puis se glace aussitôt.

IV

Sa marche que j’admire,

son port si gracieux,

sa bouche au doux sourire,

le charme de ses yeux,

V

sa voix enchanteresse,

dont il sait m’embraser,

de sa main la caresse,

hélas ! et son baiser,

VI

d’une amoureuse flamme,

consument mes beaux jours.

Ah ! le paix de mon âme

a donc fui pour toujours !

VII

Je suis à ma fenêtre,

ou dehors, tout le jour:

c’est pour le voir paraître,

ou hâter son retour.

VIII

Mon cœur bat et se presse

dès qu’il le sent venir;

au gré de ma tendresse

puis-je le retenir !

IX

Ô caresses de flamme !

Que je voudrais un jour

voir s’exhaler mon âme

dans ses baisers d’amour !

(Tambours et trompettes sonnant la retraite. Chœur de soldats et d’étudiants qui se font entendre dans le lointain.)

CHŒUR

Villes entourées

de murs et remparts,

fillettes parées,

aux malins regards,

victoire certaine

près de vous m’attend !

Si grande est la peine,

le prix est plus grand.

MARGUERITE

Bientôt la ville entière au repos va se rendre;

clairons, tambours du soir déjà se font entendre

avec des chants joyeux,

comme au soir où l’amour offrit Faust à mes yeux.

CHŒUR

Jam nox stellata velamina pandit.

Per urbem quaerentes puellas eamus.

MARGUERITE

Il ne vient pas !

Hélas !

Scène seizième

Forêts, cavernes.
Faust seul.

[Invocation à la nature]

Nature immense, impénétrable et fière,

toi seule donnes trêve à mon ennui sans fin.

Sur ton sein tout-puissant je sens moins ma misère,

je retrouve ma force, et je crois vivre enfin.

Oui, soufflez, ouragans ! Criez, forêts profondes !

Croulez, rochers ! Torrents, précipitez vos ondes !

À vos bruits souverains ma voix aime à s’unir.

Forêts, rochers, torrents, je vous adore ! Mondes

qui scintillez, vers vous s’élance le désir

d’un cœur trop vaste et d’une âme altérée

d’un bonheur qui la fuit.

Scène dix-septième

Méphistophélès.

MÉPHISTOPHÉLÈS

(gravissant les rochers)

À la voûte azurée

aperçois-tu, dis-moi, l’astre d’amour constant ?

Son influence, ami, serait fort nécessaire,

car tu rêves ici, quand cette pauvre enfant,

Marguerite...

FAUST

Tais-toi !

MÉPHISTOPHÉLÈS

Sans doute il faut me taire,

tu n’aimes plus ! Pourtant en un cachot traînée,

et pour un parricide à la mort condamnée...

FAUST

Quoi !

(J’entends des chasseurs qui parcourent les bois.)

FAUST

Achève, qu’as-tu dit ? Marguerite en prison ?...

MÉPHISTOPHÉLÈS

Certaine liqueur brune, un innocent poison,

qu’elle tenait de toi, pour endormir sa mère

pendants vos nocturnes amours,

a causé tout le mal. Caressant sa chimère,

t’attendant chaque soir, elle en usait toujours.

Elle en a tant usé que la vieille en est morte.

Tu comprends maintenant.

FAUST

Feux et tonnerre !

MÉPHISTOPHÉLÈS

En sorte

que son amour pour toi la conduit...

FAUST

Sauve-la,

sauve-la, misérable !

MÉPHISTOPHÉLÈS

Ah ! je suis le coupable !

On vous reconnaît là,

ridicules humains ! N’importe !

Je suis le maître encor de t’ouvrir cette porte;

mais qu’as-tu fais pour moi

depuis que je te sers ?

FAUST

Qu’exiges-tu ?

MÉPHISTOPHÉLÈS

De toi ?

Rien qu’une signature

sur ce vieux parchemin.

Je sauve Marguerite à l’instant, si tu jures

et signes ton serment de me servir demain.

FAUST

Eh ! que me fait demain quand je souffre à cette heure ?

Donne !

(Il signe.)

Voilà mon nom ! Vers sa sombre demeure

volons donc maintenant ! Ô douleur insensée !

Marguerite, j’accours !

MÉPHISTOPHÉLÈS

À moi, Vortex ! Giaour !

Sur ces deux noirs chevaux, prompts comme la pensée,

montons et au galop ! La justice est pressée.

(Ils partent.)

Scène dix-huitième

Plaines, montagnes et vallées.
Faust, Méphistophélès galopant sur deux chevaux noirs, Paysans.

[La course à l’abîme]

FAUST

Dans mon cœur retentit sa voix désespérée...

Ô pauvre abandonnée !

CHŒUR DES PAYSANS

(agenouillés devant une croix champêtre)

Sancta Maria, ora pro nobis.

Sancta Magdalena, ora pro nobis.

FAUST

Prends garde à ces enfants, à ces femmes priant

au pied de cette croix.

MÉPHISTOPHÉLÈS

Eh ! qu’importe ! en avant !

CHŒUR

Sancta Margarita, ora pro... ~ Ah ! ! !

(Cris d'effroi. Le chœur se disperse en tumulte. Les cavaliers passent.)

FAUST

Dieux ! un monstre hideux en hurlant nous poursuit !

MÉPHISTOPHÉLÈS

Tu rêves !

FAUST

Quel essaim de grands oiseaux de nuit !

Quels cris affreux !... ils me frappent de l’aile !

MÉPHISTOPHÉLÈS

(retenant son cheval)

Le glas des trépassés sonne déjà pour elle.

As-tu peur ? retournons !

(Ils s’arrêtent.)

FAUST

Non, je l’entends, courons !

(Les chevaux redoublent de vitesse.)

MÉPHISTOPHÉLÈS

(excitant son cheval)

Hopp ! hopp ! hopp !

FAUST

Regarde, autour de nous, cette ligne infinie

de squelettes dansant !

Avec quel rire horrible ils saluent !

MÉPHISTOPHÉLÈS

(animant les chevaux)

Hop ! hop !... pense à sauver sa vie !

Hop !... et ris-toi des morts !

FAUST

(de plus en plus épouvanté, et haletant)

Nos chevaux frémissent,

leurs crins se hérissent,

ils brisent leurs mors !

Je vois onduler

devant nous la terre;

j’entends le tonnerre

sous nos pieds rouler !

Il pleut du sang ! ! !

MÉPHISTOPHÉLÈS

(d’une voix tonnante)

Cohortes infernales !

Sonnez vos trompes triomphales !

Il est à nous !

FAUST

Horreur !

MÉPHISTOPHÉLÈS

Je suis vainqueur !

(Ils tombent dans un gouffre.)

Scène dix-neuvième et dernière

L'enfer.
Faust est livré aux flammes.

[Pandæmonium - Chœur en langue inconnu]

Cette langue est celle que Swedenborg appelait la langue infernale, et qu'il croyait en usage parmi les démons et les damnés.

CHŒUR DE DÉMONS ET DAMNÉS

Has ! Irimiru Karabrao !

LES PRINCES DES TÉNÈBRES

(à Méphistophélès)

De cette âme si fière

à jamais es-tu maître et vainqueur, Méphisto ?

MÉPHISTOPHÉLÈS

J’en suis maître à jamais.

LES PRINCES DES TÉNÈBRES

Faust a donc librement

signé l’acte fatal qui le livre à la flamme ?

MÉPHISTOPHÉLÈS

Il signa librement.

(Orgie infernale. Triomphe de Méphistophélès.)

CHŒUR

Tradioun marexil fir trudinxé burrudixé !

Fory my dinkorlitz Hor meak omévixe !

Uraraiké !

Muraraiké !

Diff ! Diff ! merondor mit aysko !

Has ! Has ! Satan, Belphégor, Méphisto.

Has ! Has ! Kroïx, Astaroth, Belzébuth.

Sat, satrayk irkimour.

Has ! Has ! Méphisto !

Has ! Has ! Has ! Has !

Irimiru Karabrao !

Épilogue
I

Sur la terre.

QUELQUES VOIX

Alors l’enfer se tut.

L’affreux bouillonnement de ces grands lacs de flammes,

les grincements de dents de ses tourmenteurs d’âmes,

se firent seuls entendre; et dans ses profondeurs,

un mystère d’horreur s’accomplit.

CHŒUR

Ô terreurs !...

II

Dans le ciel.

(Séraphins inclinés devant le très-haut)

CHŒUR D’ESPRITS CÉLESTES

Laus !... Hosanna !

Elle a beaucoup aimé, seigneur !...

(Silence... Murmure harmonieux.)

UNE VOIX DANS LES HAUTEURS DES CIEUX

Margarita ! ! !...

[Apothéose de Marguerite]

CHŒUR D'ANGES

Remonte au ciel, âme naïve

que l’amour égara;

viens revêtir ta beauté primitive

qu’une erreur altéra.

Viens, les vierges divines,

tes sœurs, les séraphines,

sauront tarir les pleurs

que t’arrachent encor les terrestres douleurs.

L'eternel te pardonne, et sa vaste clémence

un jour sur Faust aussi peut-être s'étendira.

Conserve l'espérance

et souris au bonheur. Viens, viens, Margarita !

Fin du livret.

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Locandina Première partie Scène première Scène deuxième Scène troisième Deuxième partie Scène quatrième Scène cinquième Scène sixième Scène septième Scène huitième Troisième partie Scène neuvième Scène dixième Scène onzième Scène douzième Scène treizième Scène quatorzième Quatrième partie Scène quinzième Scène seizième Scène dix-septième Scène dix-huitième Scène dix-neuvième et dernière Épilogue I II